Les travailleurs marchent pour l'énergie et
déclarent que le lockout n'est pas une force majeure et qu'Alcoa
doit payer ce qu'elle doit
Devant
l'Assemblée nationale à Québec le 27 mars 2019
Les 26 et 27 mars derniers, les travailleurs
en lockout de l'aluminerie ABI à Bécancour ont
organisé la Marche de l'énergie à
Trois-Rivières et à Québec.
La marche avait comme but de demander au gouvernement
Legault d'intervenir auprès des dirigeants d'ABI, le cartel
Alcoa/Rio Tinto, pour que le lockout prenne fin d'une manière
acceptable pour les travailleurs. Elle visait également à
lui demander de rouvrir le contrat d'énergie entre Alcoa, le
gouvernement du Québec et Hydro-Québec
afin qu'Alcoa paie pour le bloc d'énergie qui lui est
réservé à tarif préférentiel.
Les travailleurs ont dit clairement qu'en aucune
façon ce lockout planifié et décrété
par la compagnie ne peut constituer une « force
majeure », un « Act of God » en anglais,
qui la libère de ses responsabilités de payer pour son
énergie. Alcoa doit payer ce qu'elle doit à
Hydro-Québec et au peuple québécois !
Trois-Rivières, le 26 mars
Environ 200 travailleurs d'ABI ont fait une marche
de deux heures vers le bureau de circonscription du ministre du Travail
Jean Boulet à Trois-Rivières et une autre marche de deux
heures dans les rues de la ville. Partout, ils ont reçu un
très bon accueil de la part de la population alors que les gens
klaxonnaient, saluaient de la
main et venaient serrer la main des marcheurs, appréciant la
prise de position déterminée des travailleurs d'ABI
à la défense de leurs droits et des intérêts
du Québec.
Le président de la section locale 9700 du
Syndicat des Métallos, Clément Masse, s'est
adressé aux marcheurs. Il leur a rappelé que pendant la
campagne électorale, le premier ministre actuel François
Legault avait dit que la position d'Alcoa n'était pas
sérieuse en ce qui concerne ses demandes de concessions et son
refus de négocier une
convention acceptable pour les travailleurs. Si c'est le cas, pourquoi
le premier ministre n'a-t-il pas fait appliquer le contrat
d'électricité ? Il faut agir maintenant.
« Si le lockout est si long, plus de 14 mois
maintenant, c'est parce qu'ABI ne subit pas pleinement les
conséquences économiques de sa décision.
C'est 165 millions qui ont ainsi été
économisés par Alcoa en 2018 seulement, sur le dos
d'Hydro-Québec et de tous les Québécois. Comme
citoyens, c'est outrageux de voir notre
gouvernement complice de ce lockout », a dit Clément.
Au 30 mars 2019, Alcoa devait 275 millions de dollars
à Hydro-Québec pour le bloc d'énergie qui lui est
réservé à tarif préférentiel en
vertu d'un contrat à long terme.
Québec, le 27 mars
Des centaines de travailleurs venus de Québec,
de la Beauce, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et d'aussi loin que Fermont
sur la Côte-Nord ont accueilli avec enthousiasme les
quelque 300 travailleurs d'ABI à leur arrivée devant
l'Assemblée nationale le 27 mars.
Il y avait parmi eux des
membres et des représentants de plusieurs syndicats, dont le
Syndicat des Métallos, le Syndicat des travailleurs et
travailleuses des postes, les Teamsters et le Syndicat canadien de la
fonction publique. Des retraités d'Arcelor Mittal à
Contrecoeur y étaient aussi, de même que des
étudiants de l'Université Laval qui ont
fait un don de 600 $ aux travailleurs d'ABI.
Plusieurs orateurs se sont adressés à la
foule. Clément Masse a dit que le premier ministre Legault a
déclaré à la presse que le contrat
d'énergie, avec sa clause de force majeure qui permet à
Alcoa de ne pas assumer sa responsabilité de payer ce qu'elle
doit à Hydro-Québec , est un contrat d'« enfant
d'école ».
Quelqu'un a fait remarquer que des arrérages
de 275 millions de dollars envers Hydro-Québec ne sont pas
vraiment une affaire d' « enfant d'école ».
Le président du syndicat a dit qu'il va falloir
que le premier ministre prenne ses responsabilités et «
fasse preuve de leadership, modifie cette clause-là et
rééquilibre le rapport de forces qu'on a avec notre
employeur. » Le fait qu'Alcoa ne soit pas forcée de
payer pour son bloc d'électricité explique en partie
qu'elle soit capable d'adopter
la ligne dure et demande toute une série de concessions
antitravailleurs et antisyndicales et refuse systématiquement de
négocier pour mettre fin au lockout, a-t-il ajouté.
On a appris lors des événements que le
premier ministre Legault allait rencontrer le syndicat et des
représentants de la compagnie le lundi 1er avril.
Même avant que les rencontres aient lieu, le premier ministre a
exprimé son point de vue antiouvrier de manière
grossière. Il a laissé entendre dans les médias
qu'il s'attendait à ce que le
syndicat fasse d'autres concessions et qu'il ne touchera pas au contrat
d'énergie. Ces déclarations sont inacceptables et
démontrent que le gouvernement n'est pas le représentant
du peuple québécois mais bien des intérêts
privés étrangers cherchant à s'enrichir au
détriment des travailleurs du Québec et des ressources
naturelles de la nation.
Plusieurs ont fait remarquer que même si le
contrat d'énergie est un contrat de diktat à sens unique,
qui fournit aux monopoles comme Alcoa et à d'autres cartels
industriels de l'électricité en dessous de son prix de
production, il demeure que le contrat stipule qu'un lockout est une
« force majeure » qui libère Alcoa de ses
responsabilités
de payer pour son énergie seulement s'il est un
événement « imprévisible,
irrésistible et échappant au contrôle d'une Partie
qui retarde, interrompt ou empêche l'exécution, totale ou
partielle par cette Partie de ses obligations en vertu du
Contrat ».
Le lockout d'ABI a été planifié de
a à z pour attaquer les travailleurs, la communauté et le
syndicat. Il était entièrement prévisible et est
contrôlé par Alcoa qui l'utilise pour extorquer des
concessions antiouvrières qui sont inacceptables dans une
société moderne.
Le
lockout n'est pas une force majeure.
Alcoa doit payer ce qu'elle doit !
Mettons fin au lockout
d'ABI dans des termes qui sont acceptables aux travailleurs !
(Photos :
Chantier politique, Syndicat des Métallos)
Cet article est paru dans
Numéro 11
- 4 avril 2019
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travailleurs marchent pour l'énergie et déclarent que le
lockout n'est pas une force majeure et qu'Alcoa doit payer ce qu'elle
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