6 juillet 2017
L'Alliance syndicale de la
construction au Québec conteste
la loi qui a rendu la grève des travailleurs illégale
Les travailleurs de la construction
défendent leurs droits contre l'arbitraire
et la répression de l'État
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Les travailleurs de la construction à Montréal le premier
jour de la grève le 24 mai 2017
L'Alliance syndicale de la construction
au Québec conteste la loi qui a rendu la grève
des travailleurs illégale
• Les travailleurs de la construction
défendent leurs droits contre l'arbitraire et la
répression de l'État
La lutte pour le droit
à la santé
• La population demande un
réinvestissement massif au Centre universitaire de santé
McGill
L'Alliance syndicale de la construction
au Québec conteste la loi qui
a rendu la grève des travailleurs illégale
Les travailleurs de la construction défendent
leurs droits contre l'arbitraire et la répression de
l'État
Les travailleurs de la construction manifestent à
l'Assemblée nationale le 29 mai 2017 contre l'adoption de la loi
de retour au travail
Le 29 juin dernier, les cinq organisations
syndicales qui
représentent les travailleurs de la construction au
Québec ont annoncé qu'ils ont déposé devant
la Cour supérieure du
Québec une requête pour
défendre leur droit de grève. Les cinq syndicats, qui ont
formé l'Alliance syndicale de la construction, contestent la
constitutionnalité de la loi de retour au travail adoptée
le 30 mai par
l'Assemblée nationale qui a rendu leur grève
illégale.
Les travailleurs de la construction ont fait la
grève pour se
défendre contre les demandes injustes de concessions de leurs
employeurs. Ceux-ci, avec l'appui de l'État, cherchent à
déstabiliser
les travailleurs avec des horaires de travail qui sont encore plus
arbitraires et difficiles que ceux qui existent déjà.
La loi spéciale de retour au travail impose un
processus de
négociation au sujet duquel les travailleurs et les syndicats
n'ont pas
eu leur mot à dire. Ce processus de négociation
imposé interdit aux
travailleurs d'entreprendre quelque moyen d'action que ce soit qui
force les employeurs à reconnaïtre leurs droits et à
négocier d'une
façon qui est
généralement considérée comme étant
de bonne foi. La loi interdit aux
travailleurs d'exercer une pression réelle sur les employeurs
pour les
amener à abandonner leurs demandes de concessions qui
s'attaquent à
leur dignité et à leurs droits.
L'Alliance syndicale de la construction entend plaider
que cette
loi qui interdit aux travailleurs de défendre leurs droits
contrevient
à la Charte canadienne des droits et libertés de
même qu'à la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne. L'Alliance annonce
qu'elle va plaider que la loi spéciale
« porte
atteinte de
façon injustifiée au droit de grève des
travailleurs en leur
interdisant complètement l'exercice de ce droit » et
que « la liberté
d'expression des travailleuses et travailleurs de la construction est
aussi restreinte par cette loi spéciale ».
La requête va invoquer différents
jugements récents de la Cour
suprême qui se sont penchés sur la question de la
négociation
collective et du droit de grève, en rapport avec la
liberté
d'association que la Charte déclare être une des
libertés fondamentales
officiellement reconnues par celle-ci. Les jugements de la Cour
suprême se sont aussi
référés aux limites
raisonnables que la Charte prévoit à la reconnaissance
des droits et
des libertés. L'Alliance est optimiste à l'effet que
l'interdiction
pure et simple du droit de grève des travailleurs de la
construction
par la loi spéciale sera jugée inconstitutionnelle.
La requête de l'Alliance demande aussi à
la Cour suprême de
déclarer inconstitutionnelle l'interdiction de négocier
des demandes de
salaire rétroactives dans le secteur de la
construction qu'impose la loi R-20, la loi qui gouverne les relations
de travail dans cette
industrie.[1]
En effet, dans le
secteur de la construction, les demandes salariales que les
travailleurs obtiennent sont applicables seulement à partir du
moment
où la convention collective entre en vigueur et non à
partir du moment
où l'ancienne convention collective se termine.
Les travailleurs de la construction soulignent que les
employeurs
n'ont aucun intérêt à négocier quand ils
savent que l'État va les empêcher de mener des actions
à la défense de
leurs droits.
Sans rétroactivité remontant à la date
d'expiration de la convention
collective, les employeurs paient l'ancien salaire jusqu'à ce
qu'une
nouvelle
convention collective entre en vigueur. Cela exerce une pression
supplémentaire sur les travailleurs pour qu'ils acceptent des
arrangements arbitraires dans leurs conditions de travail, en
particulier dans leurs horaires de travail. Les travailleurs demandent
que la rétroactivité soit automatique pour que
les employeurs ne
puissent plus l'utiliser
comme une arme contre eux.
L'Alliance va plaider aussi pour l'inclusion des
clauses
anti-briseurs de grève dans l'industrie de la construction.
À l'heure
actuelle, le secteur de la construction est exclu des maigres
dispositions sur les briseurs de grève qui sont comprises dans
le Code du travail du Québec.
Les travailleurs de la construction dénoncent
les employeurs et
leur État qui déclarent qu'ils travaillent dans des
conditions
exceptionnelles et doivent donc subir l'arbitraire et les attaques
à
leurs droits et leur dignité. Les travailleurs demandent que les
droits
de tous soient reconnus et respectés sans exception.
L'arbitraire qui règne dans la construction
s'étend même à la Loi sur la santé et la
sécurité du travail.
Loin d'être traités avec compassion et avec un sentiment
d'urgence
compte tenu des niveaux inacceptables de décès et de
blessures dans le
secteur, les travailleurs de la construction sont victimes d'abus et de
mesures punitives et
accusés d'intimidation quand ils demandent des conditions de
travail
qui sont sécuritaires. [2]
La loi R-20 accuse aussi les travailleurs
de la construction de faire de l'intimidation quand ils
cherchent à mettre fin aux attaques contre eux et prennent des
mesures
pour dénoncer les conditions de travail non sécuritaires
et mener une
grève efficace. Le gouvernement a recours aux pouvoirs de
police de l'État, qui servent la classe dominante, pour
protéger
les privilèges des employeurs. Il déclare que les
chantiers de construction peuvent
rester grand ouverts pendant une grève et que les briseurs de
grève y
sont les bienvenus.
En ce qui à la lutte pour des conditions de
travail sécuritaires, le gouvernement déclare que les
conditions dans le secteur sont
exceptionnelles et il prive les travailleurs de la construction de
l'accès aux
clauses
relatives à la construction de la Loi sur la santé et
la sécurité du travail
qui a été adoptée il y a près de 40
ans. Lorsque les
travailleurs protestent et revendiquent leurs droits, l'État et
les
employeurs les accusent d'intimidation et les menacent. Le fait, pour
un gouvernment, de déclarer qu'une grève ou la demande de
conditions de travail
sécuritaires
constituent de l'« intimidation » allant à
l'encontre de la loi et le déploiement des pouvoirs de police
arbitraires
contre les
travailleurs pour les priver de leurs droits doivent être
considérés comme acte criminel. Cela ne doit pas
passer !
Les travailleurs de la construction ont fait la
grève au printemps
pour s'opposer à cet arbitraire dans leurs conditions de travail
et à
la négation de leurs droits. Ils ont déclenché la
grève pour défendre
leur dignité et leurs droits en tant que travailleurs. Les
travailleurs
de la construction produisent une immense valeur pour la
société en
construisant les établissements résidentiels,
industriels, commerciaux
et institutionnels. Les employeurs veulent leur imposer des changements
intenables et arbitraires à leurs horaires de travail, qu'ils
peuvent
changer à volonté, au nom du caractère
exceptionnel des conditions dans
le secteur de la construction. Si ces mesures entrent en vigueur, les
travailleurs ne pourrront même plus savoir d'avance quand ils
vont
travailler et à quelles heures. Comment peut-on vivre dans ces
conditions ? Le travail dans la construction est
déjà très dangereux.
Des heures de travail arbitraires et des endroits de travails
arbitraires vont le rendre encore plus dangereux. Les travailleurs font
valoir qu'avec
l'arbitraire des horaires de travail, les employeurs peuvent même
tricher en ce qui concerne le décompte des heures
travaillées. En
faisant la grève, les travailleurs ont mis de l'avant des
demandes pour
la rétroactivité salariale, pour la fermeture des
chantiers pendant les
grèves, pour des mesures de sécurité d'emploi et
pour une meilleure
organisation des horaires de travail, et pour des conditions de travail
plus sécuritaires. Ils ont aussi mis de l'avant des propositions
concrètes sur la façon dont l'exercice de leurs droits
pourrait se
faire.
Le gouvernement du Québec a
déclaré que leur grève endommageait
l'économie et a adopté une loi spéciale pour la
rendre illégale. L'État
et les employeurs ont déversé un flot de propagande
hostile, accusant
les travailleurs de faire de l' « intimidation » et
déclarant que le
caractère exceptionnel du secteur de la construction allait
exiger
une interdiction pure et simple du droit de grève dans le
secteur et
l'interdiction aux travailleurs de se défendre
individuellement
et collectivement.
Les travailleurs de la construction n'acceptent pas ces
attaques
contre leurs droits. Leur contestation de la loi spéciale et
d'autres
clauses et lois arbitraires qui en font des cibles est juste et tous
doivent appuyer leur juste cause.
L'État ne veut pas
améliorer les conditions d'emplois des
travailleurs de la construction. Le gouvernement du Québec et
les
employeurs sont engagés dans une campagne visant à
abaisser les
salaires et les conditions de travail et priver les travailleurs de
leurs droits par le recours aux pouvoirs de police de l'État.
Les
accusations d'intimidation
et la négation des droits visent à affaiblir
l'unité des travailleurs
et de leurs organisations et à aggraver les conditions de
travail.
Cette vaste campagne contre les travailleurs de la
construction
montre la
domination et la prise de contrôle croissante qui s'y mène
de la part
d'oligoples qui agissent à l'échelle mondiale. Elle
indique aussi qu'on est
en
train de mettre de vastes sommes de fonds publics à la
disposition de
ces oligopoles afin de faciliter leurs projets tant vantés
d'infrastructure et de partenariats public-privé. Déja,
la construction
des chemins forestiers a été retirée du domaine de
la construction ce
qui fait que les employeurs n'ont plus à engager des
travailleurs
syndiqués de la construction régis par les normes de
l'industrie. Il en
est de même du travail de construction dans de grandes villes
comme
Montréal. Le gouvernement est en train de mettre de l'avant des
mesures
en vue de ce qu'il appelle du «
bénévolat » dans la construction, dans
le secteur de l'éducation par exemple. Ces changements sont plus
que
suspects et inquiétants parce que ce travail «
hors-construction » et «
bénévole » sur ces sites va se faire en dehors
des normes de l'industrie , des normes par exemple en
santé-sécurité,
en formation, etc .
Les travailleurs de la construction résistent
à cet arbitraire et à
ces attaques à leurs droits qui sont organisées par
l'État. Ils
prennent position et font ainsi une contribution à la lutte de
tous les
travailleurs pour leurs droits et leur dignité.
Notes
1. Loi R-20, Loi sur les relations du travail,
la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction.
2. En ce qui concerne la santé et la
sécurité, le gouvernement et les employeurs
déclarent que la prévention
sur les sites est quelque chose d'impossible. Selon eux, il est
pratiquement impossible d'avoir des représentants en
prévention sur les
chantiers et des comités de santé et
sécurité pour faire en sorte que
les
conditions sont sécuritaires parce que les conditions dans la
construction sont particulières et exceptionnelles. Il y aurait
trop de
petits employeurs, trop de syndicats et trop de sites pour qu'on puisse
faire de la prévention active et fairer respecter la
sécurité.
Face à cette indifférence envers leur
sécurité, les travailleurs de
la construction ont fait des proposotions concrètes. Le
très
grand nombre de chantiers et les changements de chantiers sont un
facteur
qui contribue aux risques en matière de sécurité
et rendent la
prévention encore plus nécessaire. En ce qui concerne
l'argument qu'il
y a un grand
nombre de syndicats dans le secteur, le fait que l'Alliance existe
montre que les syndicats sont prêts à travailler ensemble
pour le bien
commun. Les syndicats ont proposé des mesures concrètes
en vertu
desquelles ils vont s'entendre entre eux pour nommer un
représentant en
prévention qui va parler au nom de tous les travailleurs d'un
chantier sans
égard à
leur
affiliation syndicale. Le gouvernement ne veut rien savoir parce que
cela va à l'encontre de son ordre du jour qui est de remettre le
secteur aux grands consortiums de la construction pour leur
laisser le champ libre de la gérer selon leurs propres
intérêts étroits.
La lutte pour le droit à la
santé
La population demande un réinvestissement massif
au Centre universitaire de santé McGill
Le 29 juin, le Syndicat des professionnelles en
soins du Centre
universitaire de santé McGill (CUSM) a tenu une
conférence de presse à
Montréal pour demander un réinvestissement massif de la
part du
gouvernement du Québec au nouveau CUSM pour qu'il puisse fournir
les services requis. Le CUSM est un centre de
santé
universitaire qui offre un vaste
éventail de services cliniques et fait de la recherche et de la
formation.
Le CUSM a été rebâti il y a quelques
années en Partenariat
public-privé. Plusieurs centres de santé y ont
déménagé tandis que le
Montreal General Hospital et l'Hôpital de Lachine, qui font
partie du
CUSM et ont été rénovés, ne vont pas
déménager au nouveau site.
L'Institut et hôpital neurologiques de Montréal qui fait
lui aussi
partie du
CUSM doit y déménager plus tard. Le nouveau site, qui
porte le nom de
Site Glen, a ouvert ses portes au printemps 2015.
Le syndicat, qui fait partie de la
Fédération interprofessionnelle
de la santé du Québec (FIQ) a annoncé lors du
point de presse qu'il remet une pétition au ministre de la
Santé
Gaétan Barrette signée
par plus de 14 000 personnes qui demande l'arrêt des
coupures de
budgets au CUSM et un financement adéquat qui va lui permettre
de jouer son rôle crucial. La
présidente
du syndicat, Denyse Joseph, a dit que les coupures de budget à
l'ancien
et au nouveau CUSM ont atteint plus de 120 millions $
depuis 2012
dont 60 millions $ depuis que les patients et les
travailleurs ont
déménagé au nouveau site.
La présidente a donné les exemples
suivants de coupures et de
décisions irrationnelles qu'ont prises les autorités du
centre de
santé :
- Abolition d'environ 200 postes vacants de
professionnelles en
soins et ce, malgré la surcharge de travail qui afflige les
équipes ;
- Augmentation des unités de soins en situation
de fardeau de
tâche, sans qu'une solution ait été apportée
et un financement accordé
pour régler ces situations ;
- Absence du financement nécessaire au niveau de
soins offerts par le CUSM ;
- Augmentation du temps d'attente à l'urgence,
par manque de lits disponibles pour les patients.
« Le CUSM devrait être un exemple pour la
dispensation des soins.
C'est un centre universitaire de santé de renommée
mondiale laissé à
lui-même et abandonné par le gouvernement. La situation ne
peut durer.
Nous avons besoin d'actions immédiates et de financement
à la hauteur
des ambitions du CUSM », a dit Denyse Joseph.
Le syndicat mène une campagne depuis des mois
à la défense des
services aux patients, tenant des réunions communautaires et des
points
de presse pour exiger que le centre de santé respecte les
attentes
qu'il a créées au Québec, au Canada et même
dans le monde au sujet du
haut niveau de soins de santé qu'il est censé fournir.
Lors de points de presse
antérieurs, le syndicat a expliqué en
détail comment les coupures affectent directement les soins aux
patients et mettent même à risque la
sécurité des patients et des
travailleurs de la santé. L'aménagement du site, par
exemple, y est
différent de ce qu'il est habituellement dans les centres de
santé. Il
est divisé en unités
qui sont formées de 12 lits et chaque unité est
séparée des autres par
une assez grande distance. Chaque unité est censée
être pourvue en tout
temps d'un minimum de 2 à 3 infirmières, mais
les coupures ont fait en
sorte que le ratio d'infirmières par unité a
été réduit, ce qui crée
un sérieux problème en ce qui a trait aux soins et
à la sécurité des patients.
Le syndicat a aussi expliqué qu'au nouveau CUSM,
dont la
restructuration fait partie de l'offensive antisociale brutale du
gouvernement du Québec contre le système public de
santé, les lignes de
communications entre les travailleurs et les autorités du centre
ont
pratiquement été coupées. Tout ce que le syndicat
reçoit, ce sont des
ordres et des
diktats sans qu'on sollicite ou accepte les opinions de ceux et celles
qui fournissent les soins de santé. Cela est dû en grande
partie, selon
le syndicat, au fait que le PDG de l'hôpital travaille
directement sur
une base quotidienne avec deux représentants du ministère
de la Santé
qui ont été assignés au centre. Les travailleurs
de la santé parlent
maintenant d'une « omerta » dans la santé, une
loi du silence style
mafia qui entoure l'imposition des coupures de budget. Dans ce
contexte, les autorités nient l'existence des coupures et
imposent un
régime de silence aux travailleurs.
Le syndicat demande donc aussi la tenue d'une
enquête sur la
gestion du centre de santé et sur les plans concrets de la
direction du
CSUM pour l'avenir. Selon le syndicat, le CUSM a besoin d'un
réinvestissement significatif pour que les attentes face au
centre, en ce qui
concerne les besoins des gens en santé et les objectifs et
aspirations des
travailleurs et
travailleuses de répondre à ces besoins, soient
comblées.
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