29 juin 2017
Propagande intense pour la
privatisation des ports
Les vandales néolibéraux
dépeints
comme des penseurs et des experts
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Les travailleurs maritimes manifestent à Vancouver le 23
février 2017 contre le Rapport Emerson.
Propagande intense pour la
privatisation des ports
• Les vandales néolibéraux
dépeints comme des penseurs et des experts
La communauté
de Churchill au Manitoba abandonnée à elle-même
• Les
résidents et les communautés avoisinantes demandent une
aide immédiate
et un changement de modèle de propriété pour le
port et le
chemin de fer - Pierre Chénier
Entrevue
• L'aéroport devient de plus en plus un
endroit de travail précaire et nous luttons pour y
améliorer les normes de travail -
Dan Janssen, Conseil des travailleurs de l'aéroport de Toronto,
vice-président de la section locale 2323 de l'Association
internationale
des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale
Propagande intense pour la privatisation
des ports
Les vandales néolibéraux dépeints
comme des penseurs et des experts
Les travailleurs marquent le 1er Mai 2017 par une action à
l'Aéroport international Pearson de
Toronto contre la privatisation des aéroports.
Depuis un bon moment, des représentants de
gouvernements, de
soi-disant groupes de réflexion et des experts de même que
les médias
monopolisés font une propagande intense en faveur de la
privatisation
des ports et des aéroports canadiens. Le gouvernement
fédéral lui-même
fait la promotion du Rapport Emerson qui a été
commandé par
le gouvernement Harper afin d'examiner les systèmes de transport
au
Canada et qui recommande ouvertement la plus grande
déréglementation et
privatisation de ces systèmes. En 2016, le gouvernement
Trudeau a
embauché Crédit Suisse AG pour enquêter sur les
options de
privatisation des principaux aéroports canadiens et il a
engagé la banque
d'investissement Morgan Stanley Canada pour étudier la
privatisation
possible de 18 ports. Bien que leurs rapports ont
été remis au
gouvernement fédéral depuis longtemps, leur contenu est
gardé
rigoureusement secret. Cela montre que le gouvernement
fédéral
considère que la prise de décision sur des questions
aussi importantes
doit être
laissée entre les mains des principaux ministres, de
l'oligarchie
financière et de ses monopoles privés et non des
Canadiens. Le 25
janvier, le ministre des Transports, Marc Garneau, a
déclaré lors d'une
séance de questions-réponses suite à un discours
prononcé à la Chambre
de commerce du Vancouver métropolitain : « Ce n'est
pas
déjà décidé. Il s'agit juste d'un nouveau
gouvernement qui explore
différentes possibilités ». Nous sommes
censés trouver quelque chose de
positif et de rassurant dans le fait que le gouvernement
fédéral nous
fait la grâce de juste « explorer les
possibilités ».
Une promotion très ouverte de la privatisation
des ports canadiens
a été faite dans un article signé par Charles
McMillan et George Stalk
dans le Globe and Mail du 17 février 2014,
intitulé « It is
time to privatize Canada's leading ports and airports »
(« Il est temps
de privatiser les principaux ports et aéroports du
Canada »).
Il y est dit :
« L'infrastructure du transport au Canada a
besoin d'un bon coup de pinceau. Le vaste réseau d'entreprises
qui englobe les ports et
les
aéroports a besoin d'un nouveau modèle de gouvernance qui
rivalise avec
les concurrents mondiaux. Elles ont besoin d'une vision mondiale, d'une
base de talents internationaux et d'outils pour agir rapidement et de
manière intelligente face à des rivaux comme Los Angeles,
Singapour,
Dubaï ou Amsterdam. Les gouvernements devraient se concentrer sur
ce
qu'ils font le mieux, sur la production des meilleurs modèles en
santé
et en sécurité, sur le dédouanement et des outils
similaires qui feront de
nos aéroports et de nos ports les meilleurs au monde, et
perçus
comme les meilleurs par les clients, les gouvernements et les
multinationales les plus importantes.
« Des aéroports
et ports triés sur le volet et privatisés abandonneraient
leur
modèle traditionnel de gouvernance politique, avec le concours
du
gouvernement fédéral et du Parlement. Cela permettrait
aux entreprises
privées et aux individus de prendre part à un
modèle de gouvernance qui
est concurrentiel à l'échelle mondiale et fonctionne en
collaboration
avec les principales parties prenantes, y compris ses
employés. »
Le message est clair. Les ports, les aéroports
et les systèmes de
transport doivent être remis intégralement entre les mains
des
consortiums privés et de l'oligarchie financière pour
l'édification
d'empire, et la gouvernance devrait également être
directement entre
les mains de ceux qui parcourent le monde à la poursuite de
leurs
propres intérêts
étroits . Cela signifie construire des systèmes de
transport qui font
partie de plaques tournantes et de corridors internationaux qui sont
des instruments de lutte et de collusion dans le but d'assurer le
profit, la domination et le pouvoir de certains intérêts
privés
mondiaux et de puissances impérialistes auxquelles ils sont
associés.
L'édification
nationale prosociale pour le bien-être de tous, dans laquelle les
systèmes de transport servent une économie de production
de masse
industrielle totalement socialisée et interdépendante,
n'est jamais
prise en compte dans ces machinations et, dans les faits, est
sacrifiée.
Parlant de machinations, la dernière provient de
l'institut C.D.
Howe, le groupe de réflexion néolibéral
étroitement associé au Parti
libéral, au point que le ministre des Finances Bill Morneau en a
été
son président avant d'être élu député
libéral.
Dans un document de recherche publié le15 juin
et intitulé «
Casting Off : How Ottawa Can Maximize the Value of Canada's Major
Ports
and Benefit Taxpayers » ( « Larguons les
amarres : Comment Ottawa peut
maximiser la valeur des principaux ports du Canada et en faire profiter
les contribuables »), l'auteur
Steven Robins propose que le gouvernement fédéral vende
des
participations financières dans les 18 administrations
portuaires
canadiennes (APC), les quatre plus grandes étant Vancouver,
Prince
Rupert, Montréal et Halifax. Ces APC ont été mises
en place en 1998 par
une loi fédérale pour exploiter sur une base commerciale
les
principaux ports sur les terres appartenant au gouvernement
fédéral,
mais avec certaines restrictions sur les hausses des frais
qu'ils peuvent demander pour diverses activités, sur les
montants d'argent qu'ils
peuvent emprunter auprès des banques, etc.
Manifestation en janvier 2017, à Saint-Jean, Terre-Neuve, pour
s'opposer à l'AÉCG et au
démantèlement de la réglementation sur le cabotage
Dans le même ordre d'idées, l'article
suggère que le gouvernement
canadien pourrait introduire et vendre des participations
financières
dans la propriété des ports, qui pourraient
atteindre 2 à 3
milliards $, voire jusqu'à 5 milliards $, si le
gouvernement accordait
à des intérêts privés une participation
financière
totale. C'est de l'argent, déclare de manière
irrationnelle l'auteur,
qui pourrait aller dans les coffres du gouvernement pour investir dans
l'infrastructure tant nécessaire !
Un autre aspect frappant de l'article c'est à
quel point il suggère
de simplement hisser le drapeau blanc parce que la privatisation des
biens publics est déjà pratiquement chose faite, alors
pourquoi perdre
son temps à essayer de la combattre et ne pas simplement mettre
le clou
sur le cercueil de tout ce qui ressemble à de
l'édification nationale.
L'auteur écrit :
« Les APC sont un
lien dans les chaînes d'approvisionnement qui
caractérisent le commerce international du Canada. Il est
intéressant
de noter que ce sont les derniers liens qui sont encore de
propriété
publique : la plus grande partie du commerce est
déjà facilitée par des
entreprises privées. Les APC fonctionnent dans un environnement
très concurrentiel et ont une capacité limitée
à influencer les coûts
totaux d'expédition, du point d'origine au lieu de
destination. »
L'auteur s'essaie ensuite de manière honteuse à
démontrer que les coûts
pour les expéditeurs et le public ne vont pas
nécessairement augmenter
car il y a tellement de concurrence entre les ports et les compagnies
maritimes que, même sous propriété privée,
les APC ne pourront pas
augmenter les frais comme bon leur semble. C'est une réponse
absurde
qui contredit l'expérience de la privatisation d'autres avoirs
publics.
On peut certes s'attendre à des hausses vertigineuses de tous
les coûts
afférents des ports sous propriété privée
directe. En outre, l'article
ramène tout le problème à une question de
coûts monétaires comme si la
question en jeu n'était pas la propriété et le
contrôle des ports par
les monopoles étrangers privés qui leur permet de
décider directement
du sort de ces actifs, de la main-d'oeuvre et de tous ceux dont les
moyens de subsistance dépendent du transport maritime.
Les travailleurs s'opposent à juste titre
à tout plan visant à
déréglementer et à privatiser davantage les
systèmes de transport y
compris les ports et les aéroports. Le gouvernement
fédéral doit rendre
des comptes du fait qu'il envisage et met en oeuvre ces
stratagèmes qui
contredisent l'intérêt public et l'opposition
exprimée clairement par
les
travailleurs et les communautés.
Les temps exigent que les avoirs publics soient
défendus et
renouvelés afin d'être des instruments d'un projet moderne
d'édification nationale qui sert le peuple et son
économie socialisée
et dans lequel le pouvoir décisionnel est entre les mains des
travailleurs et du peuple.
La communauté de Churchill au
Manitoba abandonnée à elle-même
Les résidents et les communautés
avoisinantes demandent une aide
immédiate et un changement de modèle de
propriété pour le port et le
chemin de fer
- Pierre Chénier -
Piquetage à Churchill au Manitoba en septembre 2016 contre
l'annulation du transport
du grain au port de Churchill
Une situation des plus difficile a été
créée pour la communauté
d'environ 900 personnes de Churchill et les communautés
avoisinantes
dans le nord du Manitoba. Le chemin de fer maintenant privé qui
relie
ces communautés entre elles et au reste de la province a
été
sérieusement endommagé par les inondations du printemps
et
requiert de sérieuses réparations pour être
à nouveau utilisable. Au
lieu de tout de suite mobiliser ses ressources pour réparer la
ligne
ferroviaire, son propriétaire Omnitrax a annoncé la
fermeture de la
Hudson Bay Railway Company et de la ligne ferroviaire qui relie le port
de Churchill sur la Baie d'Hudson à ses communautés
avoisinantes et au
sud de la province. Omnitrax refuse de connaître que cette
situation
est une urgence publique et de réparer la ligne
immédiatement. Omnitrax
est une compagnie qui fait partie du consortium américain Broe
Group
qui a ses quartiers-généraux à Denver au Colorado.
Manifestation à Winnipeg le 21 septembre 2016 contre
l'annulation du transport du grain à Churchill
|
La ligne ferroviaire endommagée est le seul lien
de transport
terrestre qui relie Churchill au reste de la province. Les seules
autres voies de communication qui sont disponibles pour rejoindre
Churchill sont l'avion et le bateau qui sont plus coûteux et le
port
lui-même n'est navigable que de juin à octobre en raison
de la glace.
La perte du lien
ferroviaire ajoute encore aux problèmes que vivent Churchill et
les
autres communautés du nord du Manitoba. Omnitrax est aussi le
propriétaire du port privatisé qu'il a fermé
à l'été 2016. Le port
employait environ 10 % de la population.
La ligne ferroviaire est une infrastructure vitale
à
l'approvisionnement en nourriture et en d'autres produits , le propane
notamment qui est expédié vers le nord et
différentes marchandises qui
sont expédiées vers le sud. La ligne ferroviaire joue
aussi un rôle
important dans le transport des personnes. La majorité des
foyers dans
le nord du
Manitoba se chauffent au propane. Transporter la nourriture, le propane
et les autres produits à Churchill ou hors de Churchill par air
ou par
bateau augmente de beaucoup les prix pour les résidents et
ceux-ci font
déjà état de grandes hausses de prix de
différents produits.
Les résidents rejettent l'indifférence
manifestée par Omnitrax face
à l'urgence qui les frappe. Avec l'arrogance d'un empereur
lointain,
Omnitrax a recommandé aux communautés de trouver des
sources «
alternatives » d'approvisionnement en produits de
première nécessité en
disant qu'il faudra un an pour réparer la ligne ferroviaire si
bien sûr elle est réparée.
Les résidents du nord rejettent l'ultimatum de
la compagnie. Ils
ont tenu des réunions et des manifestations à la mi-juin
où ils ont mis
de l'avant que la réparation de la voie ferrée doit
être faite
maintenant, que les gouvernements fédéral et provincial
doivent
intervenir immédiatement pour assurer que cela se fasse, et
qu'on doit
mettre en
oeuvre un nouveau modèle de propriété de la ligne
de chemin de fer et
du port qui n'en soit pas un de propriété privée
d'une grande
entreprise, encore moins américaine ou de quelque autre pays.
Le gouvernement
fédéral a montré un grand détachement,
exprimé en
un langage libéral d'appui moral vide que les gens ne veulent
simplement plus entendre. Une résidente qui participait à
une
manifestation à Churchill le 15 juin a
dénoncé l'inaction
gouvernementale en ces mots : « Ils nous ignorent
totalement. Même si
c'est un
Américain qui possède la ligne ferroviaire, Churchill est
bien toujours
au Canada, n'est-ce pas ? Faites quelque chose pour
nous. »
Le gouvernement dit étudier la situation et
qu'il va attendre les
études des ingénieurs d'Omnitrax avant de décider
ce qu'il va faire.
Quelle ineptie vraiment ! Omnitrax a déjà
annoncé publiquement qu'il
n'a pas les fonds nécessaires pour effectuer les
réparations qui
s'imposent bien que son groupe se vante des milliards de dollars qu'il
rafle dans l'immobilier et d'autres secteurs. Les gens
interprètent cela
comme une demande de subsides publics pour payer les riches ou
peut-être même une façon de se préparer
à se placer sous la protection
de la faillite.
Les communautés du nord du Manitoba demandent
une aide immédiate et
un changement dans la propriété et le contrôle de
cette infrastructure
qui est vitale à leur existence et à leur
développement. Mettre
l'infrastructure essentielle comme les ports et les chemins de fer dans
les mains des intérêts privés et des
bâtisseurs d'empire et de leur
objectif de profit maximum n'est rien d'autre que de la destruction
nationale. La fermeture du port de Churchill et ce désastre
maintenant
de la destruction du lien ferroviaire montrent bien
l'instabilité qui
est créée quand on remet les avoirs du peuple aux
oligarques.
Les alternatives prosociales existent
Les résidents demandent que les gouvernements
prennent le contrôle
de la situation et s'assurent que les réparations sont faites de
façon
sécuritaire et dans les délais les plus brefs possible.
Il y a une
entreprise de chemin de fer qui est gérée par les
Premières Nations de
la région qui dit avoir la main d'oeuvre nécessaire et
l'expertise de
telles
réparations. Le maire de la ville a dit que cette proposition
mérite
attention et que les gouvernements doivent bouger pour débloquer
la
situation. Une autre proposition que la communauté a
avancée est que
Churchill se voit accorder un subside de fret par les gouvernements
afin de stabiliser les prix des produits qui arrivent par avion. On a
aussi
demandé que le chemin de fer et le port soient
re-nationalisés car ils
ont tous deux été vendus à Omnitrax en 1997
par le gouvernement de Jean
Chrétien. Une coalition s'est aussi formée qui comprend
des Premières
Nations et des municipalités de la région qui offre
d'acquérir le
chemin de fer et le port.
La criminalité de la privatisation des avoirs
publics
La situation à Churchill illustre de
façon dramatique la
criminalité de l'offensive antisociale et de ses vagues sans fin
de
dérèglementation et de privatisation des avoirs publics.
Favoriser et
servir les intérêts privés des oligarques mondiaux
est en contradiction
complète avec l'édification nationale moderne qui
favorise et sert le
bien-être de tous
et met sous le contrôle du peuple toutes les affaires qui le
concernent.
En 1997, le gouvernement libéral de Jean
Chrétien a vendu la
ligne de chemin de fer menant à Churchill à Omnitrax.
Cette vente a été
facilitée par les lois fédérales et était
dans la foulée de la
dérèglementation des chemins de fer et de la
privatisation subséquente
du CN en 1995 à qui cette ligne appartenait. Un aspect de
cette
dérèglementation et de cette privatisation a
été l'abandon des lignes
de chemin de fer desservant des régions moins peuplées et
des régions
comme le nord du Manitoba où les conditions naturelles
requièrent plus
de maintenance et où le revenu brut est bas.
Les actions de compagnies comme le CN sont
dictées par le profit
privé maximum. Les dirigeants des compagnies sont les premiers
à dire
que les lignes ferroviaires et les autres entreprises qui ne produisent
pas un certain niveau de revenu brut et de profit doivent être
abandonnées sinon les riches investisseurs vont leur montrer la
porte.
Le gouvernement Chrétien a vendu le port de
Churchill à Omnitrax
pour 1 $! Cette vente a été accompagnée
de subsides gouvernementaux
constants à Omnitrax soi-disant pour le bon entretien de la voie
ferrée
et du port, des montants que le monopole américain a très
bien pu
disperser ailleurs dans ses possessions mondiales. Les
gens se demandent si ce n'est pas ça qui a mené à
un entretien de la
voie ferrée en-dessous des normes et aux déraillements
qui
se sont
produits et à ce nouveau désastre où même le
lien ferroviaire est
détruit.
Lorsque le gouvernement Harper a tué la
Commision canadienne du blé
en 2011, cela a été un nouveau coup dur pour
Churchill. Le monopole
public de guichet unique de la Commission canadienne du blé
avait
recours à Churchill et son port pour expédier le grain.
Pour les
fermiers du nord de la Saskatchewan et du Manitoba, expédier
le grain par le port de Churchill était moins dispendieux et
plus
rapide. La Commission possédait une quantité
donnée de wagons lesquels
amenaient le grain au port. Les grandes compagnies de grain qui se sont
emparées de la mise en marché suite à la
destruction de la Commission
canadienne du blé ne se soucient pas des besoins des fermiers,
des
communutés, des Canadiens ou de l'économie. Elles
bâtissent leurs
propres installations portuaires dans les grands centres pour
concentrer et contrôler la richesse et bâtir leurs empires
qui se font
la concurrence.
La chute de la Commission canadienne du blé a
grandement réduit la
quantité de grain qui est expédiée par rail au
port de Churchill. Pour
ajouter à l'injure, le gouvernement conservateur de Stephen
Harper, une
fois qu'il eut détruit la Commission canadienne du blé, a
accordé des
subsides pour une période de cinq ans à Omnitrax en guise
d'indemnisation pour les pertes du transport du grain par la voie
ferrée et le port. En 2016, Omnitrax a tout simplement
annulé la saison
de transport de grain par le port, qui n'a pas repris depuis, mettant
au chômage une partie importante de la population, dont plusieurs
résidents qui n'avaient pas accumulé assez d'heures pour
toucher de
l'assurance-emploi.
Avant que les inondations
printanières de cette
année n'endommagent
la ligne ferroviaire et n'arrêtent le transport ferroviaire,
Omnitrax a
réduit le service du transport des marchandises de deux
transports par
semaine à un seul. Cela a grandement nui à l'accès
de la communauté à
des produits frais et la disponibilité des autres produits de
première nécessité.
La privatisation des avoirs publics de base, comme
l'infrastructure
de transport, bénéficie aux intérêts
privés étroits des bâtisseurs
d'empires. Elle place leur objectif de profit maximum aux commandes des
affaires qui affectent directement la vie des gens. La situation
précaire qui prévaut dans le nord du Manitoba, les
nombreux
déraillements
de trains et l'explosion désastreuse à
Lac-Mégantic au Québec nous
montrent qu'il faut mettre fin à la privatisation des secteurs
de base
de l'économie et la rejeter comme étant une
activité hostile au peuple
et à la société. L'économie de base a
besoin d'un nouvel objectif qui
est celui de servir le peuple.
Dans le nord du Manitoba, toutes sortes de projets
prosociaux ont
été suggérés qui pourraient être
organisés autour de la ligne
ferroviaire et du port de Churchill. Les gens dépendent de
l'économie
de base et demandent voix au chapitre et contrôle sur ses
activités.
Cela ne peut pas se réaliser si une élite dominante
impérialiste
mondiale prive le
peuple et sa société du contrôle de leur
économie de base par la
privatisation et d'autres moyens. Les communautés demandent le
contrôle
et l'habilitation qui viennent d'un projet d'édification
nationale afin
que l'économie de base serve leurs besoins et garantisse le
bien-être
de tous.
Plein appui à la communauté de Churchill
et aux communautés environnantes luttant pour leurs droits et
leur avenir !
Entrevue
L'aéroport devient de plus en plus un endroit
de
travail précaire et nous luttons pour y
améliorer les
normes de travail
- Dan Janssen, Conseil des travailleurs
de
l'aéroport de Toronto, vice-président de la section
locale 2323 de
l'Association internationale des machinistes et
des travailleurs de
l'aérospatiale -
Action du Premier Mai 2017 du Conseil des travailleurs de
l'aéroport à l'Aéroport
international Pearson
Forum ouvrier :
Qu'est-ce que le Conseil des travailleurs de l'aéroport de
Toronto et quel est son objectif ?
Dan Janssen : Le Conseil des
travailleurs de
l'aéroport de Toronto est un groupe de représentants
syndicaux de
l'aéroport de Toronto. La plupart d'entre nous travaillons sur
le
plancher mais certains sont des représentants syndicaux à
temps plein.
Nous nous sommes unis pour tenter d'apporter des améliorations
à
l'aéroport Pearson en matière de conditions de travail,
de santé et de
sécurité, de salaire minimum ; en somme, nous
voulons être une voix
pour tous les travailleurs qu'ils soient syndiqués ou non. Six
syndicats sont représentés au conseil : l'Alliance
de la fonction
publique du Canada, le Syndicat international des employés de
service,
l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de
l'aérospatiale, Unifor, les Teamsters et le Syndicat canadien de
la
fonction publique. Ce sont les plus gros syndicats à Pearson
mais il y
a beaucoup d'autres syndicats à l'aéroport. Ce sont les
six plus
grands. Il y a aussi un grand nombre de travailleurs qui ne sont pas
syndiqués parmi
les travailleurs au sol, les travailleurs de la vente au détail,
les
travailleurs de services aux passagers, et, bien sûr, il y a
plusieurs
groupes de cadres qui ne sont pas syndiqués. Le nombre de
travailleurs
à Pearson est évalué à 49 000.
C'est le plus grand endroit de travail
au Canada. Le Conseil des travailleurs représente un grand
éventail
de travailleurs, les travailleurs de la vente au détail, les
travailleurs au sol, les manutentionnaires, les agents de bord, les
mécaniciens d'aéronefs, les mécaniciens des
services au sol, les
ravitailleurs, etc.
FO : Quels problèmes
avez-vous pris en main pour améliorer les conditions des
travailleurs a Pearson ?
DJ : Nous nous battons pour le
salaire minimum
de 15 $ et le gouvernement de l'Ontario vient d'annoncer
qu'il compte
augmenter le salaire minimum à 15 $ de l'heure
le 1er janvier 2019.
Nous avons mené cette bataille pour l'augmentation des salaires
à la
fois contre les
autorités de l'aéroport et le gouvernement de l'Ontario.
Nous avons eu
gain de cause sur cette question auprès du gouvernement
ontarien.
Une autre question importante ce sont les changements
continuels de
contrats de travail. Cela se produit lorsqu'on fait des appels d'offre
de services et qu'il y a des offres de la part de plusieurs compagnies
et que l'autorité de l'aéroport ou la compagnie
aérienne fait son choix
de fournisseur selon les soumissions reçues. Lorsque le nouveau
fournisseur arrive, la plupart du temps ce qui se produit c'est que les
travailleurs vont aller travailler pour lui sans la moindre protection.
Ils doivent tout recommencer selon les salaires de base offerts par les
nouveaux fournisseurs. Parfois leur ancienneté prend le bord ou
ils
doivent repartir à zéro en ce qui concerne leurs
périodes de vacances,
leur
période de probation, ce qui fait que leurs conditions reculent.
Certains travailleurs font exactement le même travail depuis dix
et
même quinze ans mais ils l'ont fait pour quatre compagnies
différentes
pour un salaire d'environ 12 ou 13 $ de l'heure.
À titre d'exemple, les travailleurs de
Consolidated Aviation
Fueling ont vécu un changement de contrat en 2015. Certains
d'entre eux
travaillaient à Pearson depuis 25 et 30 ans ou
même plus et
gagnaient 22 $ de l'heure et davantage lorsque leur contrat a
été
changé. Les travailleurs se sont retrouvés avec cette
nouvelle compagnie, gagnant des salaires qui ne dépassaient
pas 14 $
l'heure. Ils devaient repartir à zéro en fait de
vacances, de période
de probation, etc. Ce qui veut dire que tu retournes travailler
mais 90
jours plus tard tu peux soit garder ton emploi ou le perdre selon que
tu as réussi ta période de probation ou pas. Si tu ne
travailles pas directement pour une compagnie aérienne et que tu
es
contractuel, tu peux devenir une victime des changements contractuels.
Ceux qui travaillent aux emplois de service à l'aéroport
sont aussi
sujets aux changements de contrats continuels.
Les autorités de l'aéroport gèrent
tous ces contrats de service et
ce sont elles qui font les appels d'offres environ à tous les
trois
ans. L'aéroport devient de plus en plus un endroit de travail
précaire
et nous luttons pour y améliorer les normes de travail. Les
changements
de contrats sont certainement un sérieux problème et il
en est de même
des salaires.
Ce qui se produit aussi avec les changements de
contrats c'est que
les représentants syndicaux, les représentants en
santé et sécurité,
ceux qui parlent au nom des travailleurs à l'endroit de travail
sont
rejetés à la fin de leur probation. Ils sont
ciblés comme des
trouble-fêtes et on les vire. Aussi les travailleurs se
promènent
parfois d'un syndicat
à l'autre. Nous avons vu des situations où des
travailleurs qui étaient
membres du syndicat des machinistes devaient dorénavant
travailler, en
vertu du nouveau contrat, pour une compagnie où le syndicat est
Unifor
et devenir forcément membres d'Unifor. Cela n'a rien à
voir avec les
syndicats comme tels, c'est le système qui fonctionne comme
ça.
Nous luttons aussi pour de meilleures conditions de
santé et de
sécurité à Pearson. Nous avons connu un certain
nombre d'accidents dans
les endroits de travail et des blessures sérieuses et même
un décès.
Nous luttons pour de meilleures conditions en santé et en
sécurité aux
endroits de travail, pour une meilleure formation, etc. Lorsque nous
nous assoyons à la table pour discuter des problèmes de
santé et de
sécurité, nous le faisons en tant que grand groupe
à l'aéroport plutôt
qu'en silos de plusieurs comités de santé et
sécurité isolés les uns
des autres. Nous confrontons toutes ces questions de santé et
sécurité
qui sont typiques d' un endroit de travail précaire. Lorsque tu
travailles pour
le salaire minimum ce qui te préoccupe c'est de passer à
un nouvel
emploi, c'est comment tu vas réussir à nourrir ta
famille, et par
conséquent les questions de sécurité deviennent
secondaires. Lorsque
les employeurs ont des taux de roulement élevé, ils
forment constamment
de nouveaux travailleurs pour que ceux-ci se mettent au travail au plus
vite ce qui affecte directement la santé et la
sécurité parce que ces
travailleurs ne sont pas vraiment formés pour le travail qu'ils
font.
Avec ces changements de contrats et ce travail précaire un
travailleur
ne peut pas acquérir l'expérience qui vient seulement
avec les années.
FO : Quelles actions
organisez-vous dans ce contexte ?
DJ : Nous venons de tenir
notre action du Premier
Mai qui a été très réussie. La
participation a été assez forte en dépit
de la pluie. Nous avons revendiqué auprès des
autorités de l'aéroport
le salaire minimum de 15 $ et avons demandé qu'on
mette fin aux
changements continuels de contrats. Nous avons
aussi soulevé les problèmes de santé et de
sécurité et celui de la
privatisation.
FO : Quelle est votre position
sur la privatisation des aéroports ?
DJ : La privatisation va
avoir comme seul
résultat de nuire au public en général et aux
travailleurs des
aéroports. Si ces aéroports fonctionnent sur la base du
profit, les
gens vont finir par payer davantage pour les services. Je ne crois pas
que les changements contractuels vont arrêter de sitôt non
plus parce
que comme
nous l'avons vu par le passé la privatisation est un nivellement
vers
le bas. Les entreprises tentent de réduire leurs coûts en
produits, en
main d'oeuvre et en services. C'est un nivellement constant vers le bas
de même qu'une augmentation des frais de service pour les
passagers.
Notre PDG et son équipe à Pearson ont des
idées de grandeur pour ce
qui est du transport. Ils tentent de créer une plaque tournante
de
transport et ils ont besoin d'une tonne d'argent pour le faire.
D'après
ce que j'ai entendu, ils préconisent la privatisation partielle
comme
moyen de les aider à financer ce projet, en particulier le
projet de
construire une plaque tournante de transit qui comprend le transport
ferroviaire et les services d'autocar. Cette plateforme multimodale
serait située à proximité de l'aéroport.
La privatisation canalise l'argent vers quelques mains
seulement.
Une fois l'aéroport privatisé, l'argent va se rendre
uniquement dans
les mains d'une élite qui va former un monopole. Je crois que
les
libéraux tentent de financer leur Banque de l'infrastructure de
cette
manière. Les aéroports sont ce qui rapportent le plus
quand on les vend
ce
qui va aider les libéraux à mettre sur pied leur Banque
de
l'infrastructure.
FO : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
DJ : Tous les syndicats du
Conseil des
travailleurs travaillent fort pour améliorer les conditions de
travail
à Pearson. Nous n'arrêterons pas avant d'avoir obtenu des
gains pour
les travailleurs de cet aéroport pour rendre ce dernier meilleur
à la
fois pour les passagers et pour les travailleurs.
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