6 avril 2017
Stelco et Essar Steel Algoma
Les faillites frauduleuses de
l'oligarchie financière
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Stelco
et
Essar
Steel
Algoma
• Les faillites frauduleuses de l'oligarchie
financière
• La conspiration autour d'Essar Steel Algoma
- K.C. Adams
• Le rapport du contrôleur de la LACC
à Essar Steel Algoma
Grève chez
CEZinc
• Joignez-vous à l'action du 28 avril
à Toronto! Manifestons avec les travailleurs
de l'affinerie CEZinc!
• Manifestation militante dans les rues de
Salaberry-de-Valleyfield -
Pierre Chénier
L'examen de Postes
Canada
• Préparation de nouvelles attaques
contre les postiers - Louis Lang
Stelco et Essar Steel Algoma
Les faillites frauduleuses de l'oligarchie
financière
US Steel/Stelco et Essar Steel Algoma sont
présentement sous la protection de la faillite en vertu de la Loi
sur
les
arrangements
avec
les
créanciers
des compagnies
(LACC). Les deux fabricants d'acier cependant profitent d'un secteur en
reprise
et font de l'argent. Stelco a annoncé qu'elle va
accumuler 300
millions $ en liquidités d'ici juin et Algoma Steel semble
être en
plein essor selon le plus récent rapport du contrôleur de
la LACC.
Pourquoi alors sont-ils sous la protection de la loi de
la faillite
et demandent-ils d'énormes concessions aux travailleurs, aux
retraités,
aux créanciers non garantis, aux municipalités et
à d'autres ? Pourquoi
Stelco continue-t-elle de nier aux retraités les avantages
sociaux qui
leur appartiennent légalement ? C'est tout simplement parce
qu'ils ont le pouvoir de le faire en ayant recours aux pouvoirs de
police de la LACC.
Les faits ont démontré que sous la LACC la
protection de faillite
accordée aux grandes entreprises ne vise pas à
résoudre des problèmes
spécifiques ayant trait à la production et à la
distribution ou les
problèmes généraux d'un secteur. Une faction
donnée de l'oligarchie
financière a recours à la LACC pour tirer profit d'un
ralentissement ou
de
difficultés qui peut-être ne sont même pas
reliées à cette entreprise
en particulier en s'attaquant à ses concurrents, aux
travailleurs aux
retraités et à tant d'autres. Cette faction a recours
à la LACC dans un
but intéressé qui n'a rien à voir avec la solution
des problèmes de
l'économie et de l'industrie.
Dans le cas de Stelco, US Steel a clairement
cherché à éliminer ou affaiblir
sérieusement un fabricant d'acier concurrent. Il a
poussé
Stelco dans les câbles en détruisant sa capacité
productive, surtout à
Hamilton. US Steel s'est ensuite placé sous la protection de la
LACC
pour rescaper pour lui-même quelques morceaux de ce qui restait
de ce
qu'il avait détruit délibérément et pour
mettre un mur entre ses actifs
américains et les travailleurs, les retraités et d'autres
au Canada ayant des réclamations légitimes sur
Stelco.
Si la proposition Bedrock qui permet à Stelco/US
Steel de sortir de
la LACC est mise en oeuvre, US Steel va se retirer avec un gain
de 126 millions $, avec de nouveaux clients canadiens (des
anciens
clients de Stelco) à servir à partir de ses usines
américaines, et un
concurrent Stelco considérablement affaibli. En plus, qui
connaît vraiment les liens internes qui existent au sein de
l'oligarchie financière et ce que ces gens-là mijotent
entre eux ? Les
oligarques américains de Bedrock qui s'apprêtent à
prendre le contrôle
de Stelco après avoir retiré des livres de Stelco les
pensions, les
avantages sociaux à la retraite et la restauration
environnementale
pourraient
bien être des partenaires financiers de ceux qui
contrôlent présentement
US Steel. Chose sûre, ils représentent les
mêmes
intérêts de classe.
Certains oligarques milliardaires américains ayant des
investissements
dans tel ou tel fonds pourraient bien détenir de la richesse
sociale et
des positions de contrôle à la fois chez Bedrock et US
Steel.
Par exemple, voici ce que Jim Skinner disait en
entrevue
avec Forum ouvrier
: « En plus, Cliffs [Cliffs Natural Resources de
Cleveland]était
également
propriétaire des installations du
Lac Bloom au Québec. Ils les ont achetées pour 4,3
milliards $ et les
ont revendues (à Champion) pour 10,3 millions $. Nous
ne l'acceptons
pas parce qu'un
des membres du Conseil d'administration de Champion est aussi
vice-président de Cliffs. C'est une vente de feu et nous pensons
qu'il
y a collusion dans cettte affaire. »[1]
En s'appuyant sur la LACC et ses pouvoirs de police,
Bedrock est
en train de conspirer avec les autorités étatiques
canadiennes pour
retirer des livres comptables les pensions et les avantages sociaux
à
la retraite de Stelco et nier sa responsabilité envers la
restauration
environnementale une fois qu'il sera sorti de la
LACC.
C'est ainsi que Stelco/Bedrock deviendra lui-même une
cible pour
un gros coup d'argent de la part des oligarques américains de
Bedrock,
comme cela s'est produit en 2007. À ce moment-là,
Stelco avait été
dépouillée de 1,2 milliard $ par les oligarques
qui avaient pris le
contrôle de Stelco en vertu de la LACC
entre 2004 et 2006.
Il est fort possible que ceux qui manipulent ces
procédures de la
LACC en ce moment soient les associés de ceux qui sont en
position de
contrôle chez US Steel et agissent en collusion. Cela ne doit pas
passer ! Les Canadiens demandent que Stelco continue de produire
de
l'acier et respecte ses obligations sociales envers les travailleurs,
les retraités, la communauté et l'économie.
Non aux manoeuvres des
oligarques ayant recours à la LACC. Non, c'est non !
Note
1. Jim Skinner est membre du
Comité des retraités de Wabush qui mène une lutte
déterminée à la
défense des droits des travailleurs et des retraités
contre le diktat
antiouvrier des tribunaux de la LACC. Jim a été
président de la section
locale 6285 du Syndicat des Métallos représentant
les travailleurs de
Wabush Mines au Labrador dont le propriétaire, Cliffs Natural
Resources, est présentement sous la protection des pouvoirs
policiers
de la LACC.
La conspiration autour d'Essar Steel Algoma
- K.C. Adams -
La situation à Essar Steel Algoma est une
histoire de conspirations
sur la toile de fond de la LACC qui rappelle celle de US Steel/Stelco.
Dans le cas d'Algoma Steel cependant, de puissants oligarques mondiaux
luttent ouvertement pour le contrôle. Examiner une faillite de la
LACC
c'est comme allumer soudainement les lumières dans un
hôtel à bon marché du sud des États-Unis et
regarder tous les cafards
se précipiter pour se cacher. Les oligarques ont sorti les
couteaux et
pas un d'entre eux n'a à coeur les intérêts de
l'économie et des
travailleurs canadiens. Au contraire, les oligarques qui se battent
pour le butin Algoma Steel sont une véritable bande de voyous
agissant
à
l'échelle mondiale.
Le spectacle a maintenant comme acteur le sinistre
Cliffs Natural
Resources de Cleveland qui amène au Canada sa lutte et sa
concurrence
avec Essar Global Funds pour le contrôle des gisements de minerai
de
fer et de l'exploitation minière du Minnesota. Cliffs accuse
Essar
Global d'être instable et incapable de gérer Algoma en
raison de ses
problèmes financiers au Minnesota, où Cliffs et Essar
sont dans une
bataille ouverte pour le contrôle des ressources en minerai de
fer et
des droits miniers. Cliffs a même introduit une clause dans son
contrat
d'approvisionnement en minerai de fer avec Algoma, qui interdit
à
l'entreprise d'envisager une quelconque proposition de restructuration
d'Essar Global sous la LACC. Dans cette comédie macabre, le
même Cliffs
qui dénonce Essar Global pour son instabilité est
engagé dans sa propre
frauduleuse faillite de la LACC au Labrador et au Québec,
essayant de
détruire à la fois les producteurs de minerai de fer
concurrents au
Canada et Essar Global au Minnesota.
La liste des oligarques qui luttent pour le butin
Algoma Steel
contient certains des oligarques les plus puissants du monde :
Deutsche
Bank et Essar Global Fund, bien sûr, mais aussi Golden Tree et
Bain
Capital des États-Unis, les deux plus grands créanciers
garantis
conspirant pour défendre leurs intérêts
privés étroits et leurs
empires.
Dans le cadre de la lutte destructrice qui se
mène parmi les
oligarques, le processus de la LACC vise également les
métallos et les
salariés d'Algoma dont on exige plus de quarante concessions
dans de
nouvelles conventions collectives, dont une réduction de salaire
de 10 %. L'objectif d'un processus particulier de la LACC n'a
rien à voir avec la résolution des problèmes au
sein de l'économie, du
secteur et d'une entreprise mais tout à voir avec l'exercice des
pouvoirs de police pour servir les intérêts privés
étroits des
oligarques en position de contrôle qui s'opposent aux
intérêts des
travailleurs et de l'économie et de la société
canadiennes.
Le rapport du contrôleur de la LACC à
Essar Steel Algoma
Le contrôleur de la procédure de
protection de faillite Ernst &
Young rapporte qu'Essar Steel Algoma a expédié plus
d'acier par jour et
à un prix plus élevé en février qu'en
janvier. Le contrôleur affirme
qu'« Algoma a connu une amélioration de son prix de vente
moyen en même
temps que de forts volumes de production ». Cela
représente 194 000 tonnes nettes
expédiées ou 6928 tonnes nettes par
jour. Le prix de vente moyen a augmenté
jusqu'à 739 $ (par tonne) par
rapport à 700 $ en janvier et on s'attend à ce
que les prix de vente
augmentent dans les mois qui viennent. Algoma Steel, sous la protection
de la loi sur les
faillites de la LACC, a déclaré des profits de 28
millions $ pour le
mois plus court de février sur un revenu brut de 157
millions $ (tous
les prix sont en dollars américains). On lit dans le document de
la
cour : « Le prix de l'acier a augmenté
de 72 % entre décembre 2015 et
mars 2017 et
les prévisions indiquent des augmentations continues au cours
des
prochains
mois. »
Les revenus et les perspectives solides n'ont pas
empêché ceux qui
contrôlent le processus de la LACC de demander des concessions
des
métallos et des salariés. Pour satisfaire leur objectif
antiouvrier et
exercer une pression sur les travailleurs, le juge de la LACC a
ordonné
que les comités de négociation des sections
locales 2251
et 2724 des métallos soient séquestrés
incommunicado à Toronto du 22 au 30 mars.
Divers oligarques qui rôdent autour d'Algoma
demandent leur part du
gâteau des revenus tout en rejetant les réclamations
légitimes des
vrais producteurs et des retraités. Les prêteurs
débiteurs exploitants
(DE) dirigés par la Deutsche Bank réclament des montants
toujours
croissants de la valeur que produisent les travailleurs d'Algoma. Les
prêteurs DE ont reçu le 31 mars un autre
prépaiement de 10 millions $,
plus un montant supplémentaire de 2,1 millions $ en
frais mensuels en
vertu de la troisième modification de l'accord DE et une
pénalité
de 1,25 million $ que le juge leur a accordée parce
qu'Algoma Steel n'a
pas réussi jusqu'à
présent à soutirer 22,2 millions $ de
concessions des travailleurs qui
ont tenu ferme et déclaré Non, c'est Non !
Note du rapport du contrôleur
Le contrôleur indique qu'Algoma Steel s'est
conformé aux
exigences de prépaiement dans le cadre des arrangements du
prêt-DE,
principalement à la Deutsche Bank. Rien que dans six
dernières
semaines, Algoma a prépayé environ 42,7
millions $US (57,1 millions $
canadiens) en intérêts et en capital.
Les paiements sont effectués par
l'intermédiaire d'une « saisie
de liquidités » ordonnée par la
cour, payable aux
prêteurs DE chaque semaine. Si l'encaisse de l'aciérie
dépasse 25
millions $US à la fin de chaque vendredi, l'excédent
doit en être « saisi » (calculé
au 100 000 $ US le plus proche) en faveur des
prêteurs DE.
Pendant ce temps, en vertu d'une ordonnance de la LACC,
aucun
paiement ne peut être versé aux régimes de retraite
sous-financés des
métallos et des salariés ou pour les dizaines de millions
de dollars
qui sont dûs à la Ville de Sault-Ste-Marie pour les taxes
foncières ou
pour d'autres sommes dues à des fournisseurs et entrepreneurs
locaux.
En plus de la saisie de liquidités pour la
période du 25 mars au 5
mai, Algoma devrait payer 7 millions $US pour les
intérêts et les
honoraires (excluant le capital) pour les arrangements avec les DE
et 6
millions $ pour les honoraires des avocats et des tribunaux de la
LACC.
Grève chez CEZinc
Joignez-vous à l'action du 28 avril
à
Toronto! Manifestons avec les travailleurs
de l'affinerie CEZinc!
Manifestation des travailleurs de CEZinc le 29 mars 2017 à
Salaberry-de-Valleyfield au Québec
Vendredi
28
avril
--
10
heures
Toronto Stock Exchange, TMX Broadcast
Centre
130 rue King ouest, Toronto
|
|
Vendredi le 28 avril prochain, les travailleurs en
grève de
l'affinerie de zinc CEZinc de Salaberry-de-Valleyfield au Québec
seront
à Toronto pour tenir une manifestation à l'occasion de
l'Assemblée
générale des actionnaires du Fonds de Revenu Noranda. Le
Fonds de
revenu est le propriétaire de CEZinc. D'autres métallos
et leurs alliés
du Québec et de l'Ontario y viendront pour appuyer les
travailleurs de
CEZinc. Tous les amis et les alliés du mouvement ouvrier sont
invités à
y participer et à montrer à l'oligarchie
financière que les
travailleurs sont fermement unis à la défense de leurs
droits.
Forum ouvrier lance l'appel aux travailleurs
à se joindre
à la manifestation de Toronto et à se tenir aux
côtés des travailleurs
de Valleyfield qui luttent pour leurs droits contre l'oligopole minier
mondial Glencore et le Fonds de revenu Noranda. Glencore contrôle
le
fonds en y détenant 25 % des actions et c'est lui qui
exploite l'affinerie.
Un appel du directeur québécois des
Métallos Alain Croteau
Lors de la manifestation de plus de 400 personnes
qui s'est tenue à
Valleyfield en appui aux travailleurs en grève le 29 mars
dernier,
Alain Croteau a lancé un appel à tous les travailleurs
à venir
manifester à Toronto le 28 avril :
« On sait que
c'est Glencore qui
tire les ficelles par en arrière avec le Fonds de revenu
Noranda et il va y avoir une assemblée générale
des actionnaires le 28
avril à Toronto. Les métallos du Québec et de
l'Ontario vont être
devant l'assemblée et sur le plancher de l'assemblée pour
revendiquer
leurs droits devant les actionnaires pour que ceux-ci sachent
exactement ce qui se passe », a-t-il dit.
« Par la suite, on va lancer une campagne partout
aux
États-Unis et dans le monde s'il le faut. C'est difficile une
grève,
mais on a de bons secours de grève et l'aide financière
de plusieurs
sections locales au Québec et plusieurs sections locales du
reste du
Canada se sont aussi engagées à fournir de l'aide
financière », a-t-il
ajouté.
Glencore et le Fonds de revenu Noranda
Le Fonds de Revenu Noranda est propriétaire de
l'affinerie CEZinc.
L'empire mondial Glencore possède 25 % des actions du
Fonds inscrites à
la Bourse de Toronto et exploite l'affinerie. Glencore est aussi le
fournisseur exclusif du concentré de zinc de CEZinc et
l'acheteur
exclusif du métal de zinc et des sous-produits qui
sortent de l'usine.
Les 371 travailleurs de CEZinc sont en
grève depuis le 12
février contre les demandes de concessions de la compagnie
qui touchent en particulier le régime de retraite. CEZinc
demande que
soit introduit un système graduel de contributions des
travailleurs au
régime de retraite, qui équivalent à une coupure
de salaires et
à un transfert de ces montants au régime de retraite. La
compagnie
réduirait d'autant la valeur qu'elle met dans le régime
de retraite.
Cela abaisse directement les salaires des travailleurs alors que ces
montants se retrouvent dans les coffres du Fonds en tant que valeur
ajoutée. La compagnie demande également que l'âge
de départ des
travailleurs à
la retraite anticipée soit reporté dans le temps. Cela
affecte en
particulier les travailleurs qui pourraient bénéficier
d'une retraite
anticipée à cause de l'usure et de la fatigue de leur
corps ou pour
d'autres raisons personnelles.
Les travailleurs rejettent les concessions comme une
attaque à
leurs droits. Ils considèrent ces changements comme une
tentative
d'abaisser leurs conditions de travail et leurs salaires, une tentative
qui va se poursuivre. Les concessions pourraient ensuite servir de
modèle à appliquer aux autres travailleurs de l'empire
Glencore.
Déjà Glencore a
menacé les travailleurs de la Fonderie Horne à
Rouyn-Noranda que leur régime de retraite pourrait faire l'objet
d'attaques semblables lors du renouvellement de leur convention
collective en 2018. Les travailleurs de CEZinc blâment
l'oligopole
mondial Glencore et le Fonds de revenu Noranda pour ces demandes de
concessions et exigent leur retrait. Leur slogan est « Nous ne
reculerons pas ! ». C'est ce message qu'ils
amènent aux actionnaires et
aux résidents de Toronto ce 28 avril.
Manifestation militante dans les rues
de Salaberry-de-Valleyfield
- Pierre Chénier -
Le 29 mars dernier, plus de 400 travailleurs
de CEZinc et leurs
alliés ont manifesté en début de soirée
dans les rues de
Salaberry-de-Valleyfield. Ils ont marché en solidarité
avec cette juste
grève contre le Fonds de revenu Noranda et l'oligopole minier
mondial
Glencore.
Les travailleurs de CEZinc, en grève maintenant
depuis le 12
février, portaient avec fierté les drapeaux de leur
syndicat et
marchaient derrière leur bannière disant « Nous ne
reculerons pas ! ».
De nombreux métallos d'autres endroits de travail ont
participé à la
manifestation dont les travailleurs de Samuel et Fils, eux aussi
en grève depuis le 4 février, et les travailleurs de
Ciment Lafarge.
La manifestation a été marquée par
la participation d'une vingtaine
de travailleurs de la Fonderie de cuivre Horne de Rouyn-Noranda qui ont
fait douze heures en autobus pour se joindre à l'action. La
Horne est
elle aussi contrôlée par le géant minier Glencore
Les manifestants, avec bannières, drapeaux et
pancartes, ont marché
dans les rues de cette ville industrielle traversée par le
fleuve
Saint-Laurent, au sud-ouest de Montréal. Pendant toute la
marche, ils
ont été salués par les résidents et les
commerçants qui sortaient de
leurs maisons et de leur commerce pour exprimer leur appui. Les gens
savent
à quel point le travail qu'effectuent les travailleurs de CEZinc
est
difficile et souvent pénible, avec tous les produits toxiques
qui sont
utilisés et une bataille constante qui doit être
menée pour la santé et
la sécurité des travailleurs et celle de la population
environnante.
Les manifestants ont été émus que
l'action se termine devant les
sculptures « Le Sou ffle d'Éole », un
symbole de
la grève héroïque de
plus de 3000 travailleurs et travailleuses du textile de la
« Montreal
Cottons » en 1946 à Valleyfield. Les
travailleurs y ont mené une lutte
courageuse pour l'amélioration de leurs
conditions de travail et la reconnaissance de leurs droits, ce qui
comprenait la reconnaissance légale de leur syndicat dans une
ville que
la compagnie contrôlait pratiquement. Les travailleurs n'ont pas
reculé
devant les pouvoirs de police et la violence du gouvernement Duplessis.
La manifestation du 29 mars 2017 se termine devant les sculptures
« Le
Souffle
d'Éole ».
Ce qu'ont dit les représentants syndicaux Manon
Castonguay
et Mario Montmigny
Manon Castonguay, la présidente de la section
locale 6486 du
Syndicat des Métallos représentant les travailleurs de
CEZinc a
déclaré : « Nous sommes très heureux de
la visite de nos confrères et
consoeurs de la Fonderie Horne. Nous nous battons pour préserver
les
conditions que les générations avant nous se sont battues
pour
obtenir, ici comme à Rouyn-Noranda ou chez Glencore à
Montréal-Est.
Notre lutte résonne chez d'autres parce qu'elle est universelle.
Partout, les grandes compagnies cherchent à empocher plus de
profits en
siphonnant les travailleurs. On refuse, on résiste ! On
peut le faire
grâce à notre solidarité ! »
Mario Montmigny, le président du Syndicat des
travailleurs de
la Mine Noranda, a dit pour sa part : « Le combat des
syndiqués de
CEZinc, c'est aussi le nôtre. Nous avons le même
régime de retraite
qu'eux et il y a de fortes chances pour qu'on ait à faire face
aux
mêmes demandes gourmandes lors de notre prochaine
négociation que
celles formulées ici. Devant des multinationales comme Glencore,
nous
puisons notre force dans notre solidarité. C'était
important pour nous
de venir appuyer d'autres syndiqués qui résistent
à des demandes de
recul. »
Unité d'action
Depuis 2016, des travailleurs de Glencore au
Québec ont développé
une coopération intersyndicale au delà des affiliations
de chacun. Ils
ont tenu des actions communes pour s'appuyer mutuellement, comme cette
manifestation du 29 mars en appui à la grève
à CEZinc, et défendre leur
régime de retraite qui est le même et
s'opposer à la sous-traitance.
Ces actions communes réunissent
présentement les travailleurs
de la Horne, qui sont syndiqués CSN (Fédération de
l'industrie
manufacturière) et les travailleurs de Glencore qui sont membres
du
Syndicat des Métallos, soit les travailleurs de CEZinc, ceux de
l'affinerie de cuivre et de métaux précieux CCR à
Montréal-Est et ceux
de la
Fonderie générale du Canada à Lachine.
Les métallos de
Glencore, dont des représentants des grévistes de
la CEZinc, ont rendu visite aux travailleurs de Rouyn plus tôt et
les
travailleurs de Rouyn leur ont rendu la pareille le 29 mars en
participant à la manifestation avec leur bannière «
Sur la route des
négociations ». L'enthousiasme des travailleurs des
différents
syndicats pour cette précieuse unité d'action pour une
cause commune
était palpable à chaque fois que les travailleurs se sont
appuyés
mutuellement.
L'examen de Postes Canada
Préparation de nouvelles attaques contre les
postiers
- Louis Lang -
La dernière ronde de négociations entre
Postes Canada et le
Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes s'est
terminée
sans résolution des questions sur la table. Pendant les dix mois
de ce
qu'on a appelé des négociations, Postes Canada a
refusé de négocier et
a eu recours à des menaces de lock-out et à des menaces
brutales pour
forcer le syndicat à accepter des reculs mais l'intimidation n'a
pas
fonctionné.
Finalement, suite à l'intervention de
médiateurs fédéraux, une
entente de principe a été conclue en septembre 2016
et ratifiée plus
tard par les travailleurs en dépit du fait que le nouveau
contrat est
d'une durée de deux ans seulement et se termine le 31
janvier 2018.
L'insécurité que vivent les travailleurs se poursuit
alors
qu'ils ont fait face à des attaques
répétées
contre leurs régimes de
retraite, leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail et que
la convention est de courte durée.
Devant la détermination des travailleurs
à ne pas accepter les
reculs, les libéraux de Justin Trudeau, qui avaient fait
campagne en
promettant de restaurer la livraison du courrier à domicile et
de
renverser les concessions imposées par Postes Canada, n'ont pas
été
capables d'imposer les reculs aux travailleurs par la force.
Le contrat de courte durée n'a résolu
aucune des questions
importantes auxquelles les travailleurs font face, comme l'ultimatum de
la société d'éliminer le régime de retraite
à prestations déterminées,
la privatisation accrue des services postaux par l'élimination
des
comptoirs de vente au détail au personnel STTP qui va
entraîner la perte de milliers d'emplois, et les problèmes
d'effectifs
avec le recours accru aux emplois précaires à temps
partiel et
temporaires et l'élimination d'emplois à temps plein.
Alors que le gouvernement Trudeau prétend
appuyer des négociations
« équilibrées » et « de bonne
foi » pour résoudre les problèmes,
l'expérience des postiers est tout autre.
Pendant la dernière ronde de
négociations, alors que les postiers
étaient menacés par Postes Canada de lock-out et de
changements
unilatéraux à leurs conditions de travail s'ils
n'acceptaient pas les
reculs dévastateurs, l'engagement du gouvernement à des
« négociations
collectives libres » était totalement absent. [1]
Plutôt que d'ordonner à la
société d'État de négocier
sérieusement,
les libéraux de Justin Trudeau ont lancé un examen de
Postes Canada
afin de s'ingérer directement dans les négociations et de
tenter de
faire pression sur le syndicat et sur les travailleurs pour qu'ils
acceptent volontairement les concessions.
Le 2 septembre 2016,
un groupe de travail
composé de quatre membres
nommés par le gouvernement a publié un rapport
intitulé : « Postes
Canada à l'ère du numérique ». Sous
prétexte d'informer les Canadiens
et les parlementaires de la situation financière de Postes
Canada et
des « besoins des Canadiens et des
options viables », le document de travail a
été utilisé pour répandre
la désinformation au sujet d'une « crise »
affectant le régime de
retraite et placer les Canadiens devant le fait accompli que la «
situation financière intenable » de la
société rend les coupures aux
services inévitables. Le gouvernement s'est assuré que la
consultation publique sur l'avenir de Postes Canada soit limitée
à la
question de ce qui doit être coupé et de l'étendue
des coupures.
Le soi-disant document de travail a ensuite
été envoyé au Comité
permanent des opérations gouvernementales et des
prévisions budgétaires
de la Chambre des communes qui à son tour a émis un
rapport le 13
décembre 2016, « La voie à suivre pour Postes
Canada », qui comprend «
des recommandations au gouvernement
du Canada sur l'avenir de Postes Canada ».
L'expérience que nous avons des libéraux
de Trudeau nous montre que
le gouvernement va faire ce qu'il veut du rapport. Il devrait annoncer
dans les jours et semaines qui viennent ses décisions sur
«
l'orientation future de Postes Canada ».
Toute cette démarche en dit long sur
l'hypocrisie d'un gouvernement
qui jure de respecter « un équilibre dans les
négociations » mais qui fait
tout ce qu'il peut pour empêcher toute discussion sur les
revendications des travailleurs ou sur la nécessité d'un
service postal
public.
La direction de Postes Canada se prépare elle
aussi à une nouvelle
ronde d'attaques contre les postiers. Sachant très bien que le
plan du
gouvernement va être annoncé bientôt, la
société d'État a initié une
série de changements unilatéraux dans les conditions de
travail en
violation de la convention collective.
Le 10 mars 2017, le jour même où
la société a organisé des réunions
sur le plancher, elle a annoncé au syndicat qu'elle allait
mettre en
oeuvre une restructuration majeure des opérations de livraison
dans
l'unité urbaine. Ce changement ferait en sorte que des trieurs
de nuit
seraient embauchés dans les dépôts des facteurs
pour faire
le travail normalement effectué par les facteurs soit le tri et
la
préparation du courrier pour la livraison.
Sans aucune consultation avec le syndicat sur comment
ce changement
va affecter le travail des facteurs, y compris la longueur des routes
et la réorganisation du travail requis, la société
a annoncé aux
travailleurs que les changements seraient effectifs dès
le 18
septembre 2017.
Cette méthode d'avoir recours à des
trieurs de nuit a déjà été
essayée il y a plus de 25 ans mais les travailleurs s'y
étaient tout de suite opposés parce qu'elle est
inefficace et visait avant tout
à
accroître la charge de travail des facteurs en allongeant leurs
routes
et le temps passé sur leurs routes. Les plans de la
société étaient
alors
tombés à l'eau et n'avaient pas refait surface depuis.
Le fait d'imposer des changements aussi draconiens sans
aucune
consultation est une bonne indication de comment la
Société des postes
compte s'y prendre dans ses préparations pour la prochaine ronde
de
négociations.
De plus, en coordination avec les attaques du
gouvernement contre
les postiers, la Société des postes a récemment
annoncé au syndicat qu'elle allait
mettre en oeuvre le modèle à « risques
partagés » des régimes de
retraite en remplacement du régime à prestations
déterminées qui existe
présentement. Cela fait suite à la présentation du
projet de
loi C-27 du ministre des Finances Bill Morneau, Loi modifiant la
loi sur les normes de prestation de pensions. Ce projet de loi,
s'il est adopté, va accorder aux sociétés
d'État le
pouvoir de mettre en oeuvre des régimes à prestations
cibles qui
remplaceraient les régimes à prestations
déterminées et éliminer le
droit des travailleurs à une
pension assurée et absoudre la société de sa
responsabilité de fournir
aux travailleurs un niveau de vie décent à la retraite.
Il est clair que l'impasse provisoire des
négociations de l'an
dernier et la convention de deux ans ont été un
prélude à de nouvelles
attaques contre les postiers qui luttent pour leurs droits.
Avec son examen de Postes Canada et le projet de loi
C-27, le
gouvernement Trudeau a l'intention de ne pas soumettre des questions
aussi importantes que les régimes de retraite et les conditions
de
travail et l'avenir de Postes Canada à la discussion ou aux
négociations mais plutôt d'imposer son diktat aux
travailleurs et à
tous les
Canadiens.
Dans la période qui vient, la force et
l'unité des travailleurs des
postes et leur capacité de lutter à la défense de
leurs droits seront
renforcées par l'appui de tous les Canadiens qui veulent que
l'avenir
du service postal public soit entre les mains des travailleurs et du
peuple et non du diktat de l'élite dominante.
Note
1. LML du 29 août 2016
- Numéro 114 -
Défendons le droit des travailleurs des postes de décider
de leurs
conditions de travail !
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