2 février 2017
Des tentatives organisées par
l'État d'imposer des concessions
Opposons-nous à l'attaque contre
le droit de grève des
métallos d'Essar Algoma
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Des tentatives organisées par
l'État d'imposer des concessions
• Opposons-nous à l'attaque
contre le droit de grève
des métallos d'Essar Algoma
Entrevue
• Les
travailleurs de la Société de transport de l'Outaouais
confrontent les attaques à leurs conditions de travail - Un chauffeur d'autobus de
Gatineau
La lutte des
travailleurs pour leur santé et leur sécurité aux
endroits de travail
• Mettons fin aux tragédies
dans l'industrie du camionnage - Normand Chouinard
• Les travailleurs de la construction
de New York demandent «Combien d'entre-nous devront mourir
encore!»
Des tentatives organisées par
l'État d'imposer des concessions
Opposons-nous à l'attaque contre le droit de
grève des métallos d'Essar Algoma
Les 2100 métallos d'Essar Steel Algoma font
face à une attaque
organisée par l'État contre leur droit de grève.
Dans un geste très
provocateur, les dirigeants actuels du fabricant d'acier de Sault Ste.
Marie ont envoyé une note à la section locale 2251
des métallos
d'Algoma à l'effet qu'ils pourraient demander au
ministère du
Travail de l'Ontario un rapport recommandant de ne pas instituer une
commission de
conciliation et imposer unilatéralement des concessions dans la
convention collective vers le 20 février.
Les membres de la
section 2251 du Syndicat des Métallos ont tenu
des réunions pour préparer un plan d'action afin de
défendre leurs
droits. Ils ont discuté de la provocation et des concessions que
les
dirigeants d'Algoma menacent d'imposer. Celles-ci comprennent notamment
une diminution de salaire de 10 % pour tous les
travailleurs, l'élimination des ajustements au coût de la
vie et la
réduction des vacances payées.
Dans une entrevue à SooToday, le
président de la
section 2251 Mike Da Prat a dit qu' « une fois que le
rapport
recommandant de ne pas instituer une commission de conciliation est
émis, s'ouvre une période de 14 jours à la
fin de laquelle la compagnie
peut nous mettre en lock-out et le syndicat aller en grève,
faute de
quoi la compagnie pourrait unilatéralement changer notre
convention.
Une fois que ce rapport sera émis, nous allons certainement
tenir un
vote de grève. Nous devons maintenant tout mettre en place pour
nous
préparer à une grève. »
Cette provocation contre les métallos survient
dans le contexte du
conflit inter-impérialiste qui vise à décider qui
va posséder et
contrôler Essar Steel Algoma. Cet intense conflit international
se
tient à la fois au sein du processus canadien de protection de
la
faillite régi par la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies (LACC) et au Minnesota où
une entreprise
affiliée d'Essar Global
s'est placée sous la protection du
chapitre 11 de la loi sur les faillites. Le conflit portant sur le
contrôle de la production d'acier
d'Algoma
met aux prises de puissants membres de l'oligarchie financière
d'Allemagne, des États-Unis et de l'Inde. Il semble que
les
débiteurs-exploitants ayant à leur tête la
Deutsche Bank AG
d'Allemagne, appuyés par les oligarques d'Ernst & Young (EY)
du
Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Inde aient
présentement le dessus au sein
du
processus régi par la LACC. C'est eux qui contrôlent le
contrôleur de
la LACC et le juge de la Cour supérieure de l'Ontario qui est
chargé
des
procédures, Frank Newbould, leur accorde tout ce qu'ils
demandent.
Le contrôle et l'arrogance des oligarques se
voient clairement dans
le 24e rapport du contrôleur qui a été
publié le 26 janvier 2017 sur le
site web d'EY. Le rapport comprend une menace directe contre le droit
de grève des métallos. On y lit au
paragraphe 33 : « Le contrôleur note
également que le
déclenchement de toute perturbation du travail (grève,
arrêt de travail, ralentissement de travail
et toute
autre forme de perturbation) de la part des employés demandeurs
pourrait interrompre l'accord de débiteur-exploitant (DIP) qui a
été
prolongé. »
Le rapport du contrôleur révèle
l'ingérence directe des
débiteurs-exploitants dans l'organisation de l'usine et dans les
relations avec les métallos et les salariés. Le
contrôleur ajoute : «
L'amendement qui a prolongé le DIP comprend le jalon important
à
l'effet que les dépenses d'opérations d'Algoma doivent
être réduites
de 22 200 000 $ sur une base annualisée
d'ici le 15 mars 2017. À défaut
de la conclusion d'un règlement global entre les prêteurs
et les
syndicats, la seule façon concrète qui restera à
Algoma
de réaliser ce
jalon est de décréter la rémunération
de ses
employés
par un processus de conciliation après que le
rapport du ministre du Travail recommandant de ne pas instituer une
commission de conciliation aura été émis et sera
arrivé à terme. » (le souligné est
de nous)
La menace vise directement les 2770 travailleurs d'Essar Steel
Algoma,
soit les 2161 métallos membres de la section
locale 2251 et les 609
salariés
membres de la section locale 2724.
Les débiteurs-exploitants sont
considérés comme les premiers sur la
liste des détenteurs garantis d'avoirs en vertu de la LACC.
Le 24 janvier, le juge Newbould a émis une
ordonnance dans laquelle
il déclare qu'il va décider, le 5 février
prochain, si c'est légal de
la part d'une entreprise qui est sous la protection de la LACC de
demander un rapport recommandant de ne pas instituer de commission de
conciliation. Newbould a utilisé cette occasion pour
exprimer une fois de plus son accord avec le contrôleur et
dénoncer la
section locale 2251 parce qu'elle se prépare à
se défendre en retirant la capacité de
ses membres de travailler en réponse aux menaces de lock-out ou
d'une imposition unilatérale de concessions. Au lieu de
critiquer
ceux qui
contrôlent Essar Steel Algoma pour leurs menaces contre les
métallos qui ne leur laissent d'autre choix que de se
défendre au moyen
d'une grève, le juge de la Cour supérieure de l'Ontario
écrit qu'il est
« très perturbateur pour le processus de restructuration
que les
représentants du syndicat discutent publiquement de la
possibilité
d'une grève. Cela affecte la performance d'Algoma et n'aide
personne. »
L'attaque contre les droits qui est faite en vertu de
la LACC fait
partie d'un problème plus grand, soit le fait que les secteurs
essentiels de base de l'économie sont sous le contrôle de
l'oligarchie
financière mondiale et que les structures de l'État
avec leur pouvoir de police facilitent et perpétuent ce
contrôle.
Le juge est contrarié
Le juge de la Cour supérieure n'est pas
contrarié par la
provocation faite par les oligarques qui contrôlent Essar Steel
Algoma
en ce moment et menacent maintenant de changer unilatéralement
les
conditions de travail. Ce sont plutôt les travailleurs canadiens
qui
produisent la valeur que convoitent les oligarques qui suscitent sa
colère.
Le juge n'est pas contrarié non plus par le
combat à mort
destructeur qui se mène au sein de l'oligarchie
financière pour le
contrôle d'Algoma Steel.
Il n'est pas plus contrarié par le pouvoir de
police de la LACC
d'arrêter les paiements mensuels mandatés par la loi dans
les trois
régimes de retraite d'Algoma. Les régimes comprennent
plus de 2000
membres actifs et 6451 retraités et personnes à
charge et souffrent
d'un déficit de 527 millions $ qui augmente à
chaque mois.
Notre juge ne voit rien de mal non plus dans le refus
de la
compagnie de payer les taxes municipales qu'elle doit à la ville
pendant qu'elle est sous la protection de la LACC.
Rien de mal non plus dans l'effondrement des
comités de
santé-sécurité d'Algoma Steel et dans
l'invalidation de la législation
relative aux droits humains en vertu du pouvoir de police de la LACC.
Le juge ne trouve rien à redire non plus aux
conditions
outrageantes qui ont été imposées à Algoma
Steel par son fournisseur
américain de minerai de fer, Cliffs Natural Resources, à
cause de son
conflit violent avec Essar Global pour le contrôle des
dépôts de
minerai de fer et de l'activité minière au Minnesota, ni
à la
confirmation de ce
diktat par le contrôleur.
Le juge n'est pas contrarié par l'inclusion dans
le prêt de
débiteur-exploitant d'une clause qui entraîne son
annulation immédiate
et l'effondrement subséquent de la compagnie advenant le
déclenchement
d'une grève à la défense des droits des
métallos.
Finalement, le juge n'est pas contrarié le moins
du monde par le
fait que par trois fois Algoma Steel a été pris dans le
filet
paralégal de pouvoir de police de la LACC, une institution de
l'État qui
nie les
droits, émet des diktats juridiques et ne fait absolument rien
pour
résoudre les problèmes de l'économie, se
contentant de restructurer et
redistribuer
la richesse sociale existante parmi les membres de l'oligarchie
financière qui se déchirent entre eux.
En résumé, le juge n'est pas
contrarié par l'institution d'État
anachronique qu'est la LACC parce qu'il doit sous serment imposer une
loi dont l'objectif est de générer le maximum de profits
aux riches détenteurs de capital, sans égard à la
misère que cela apporte aux travailleurs, à leurs
familles et à leurs communautés.
Le juge Newbould dirige ses attaques contre les
droits des métallos qui sont déterminés avec
raison à défendre leurs
emplois, leurs salaires, leurs avantages sociaux et leurs pensions de
même que l'économie de l'acier qui est si importante pour
leur
communauté
nordique. Il démontre par ses actions un mépris pour le
bien-être des travailleurs et l'absence de préoccupation
envers la santé de
l'économie de l'acier et le
bien-être des communautés du nord. Il est
uniquement
préoccupé par les droits et le bien-être des
oligarques financiers et
le pouvoir de leurs institutions d'État de priver les
travailleurs de
leurs
droits.
S'organiser pour établir un objectif moderne
Les structures d'État actuelles, comme la LACC,
sont contrôlées par
des gens qui ne partagent pas la vie des travailleurs canadiens. Ces
institutions d'état sont désuètes et en mal de
changement radical, de
vision moderne et d'un objectif moderne qui sont au service du
bien-être
et de
la sécurité du peuple et de son économie
socialisée. Le contrôle des
secteurs de base de l'économie et des institutions d'État
doit être
dans les mains de ceux dont les intérêts correspondent
à ceux du pays,
de leurs communautés et de l'économie, soit les
producteurs véritables
qui créent la richesse sociale dont le peuple et la
société dépendent
pour leur existence.
Le mobile et l'objectif des oligarques financiers
recherchant
l'enrichissement, le pouvoir et l'édification d'empire
privés sont très
étroits, destructeurs et détachés de la solution
des problèmes réels
auxquels le peuple et l'économie socialisée moderne dont
il dépend font
face L'économie moderne a besoin d'un objectif large qui permet
le
fonctionnement continu de tous ses secteurs interreliés
conformément à
son caractère socialisé, afin de servir et de garantir le
bien-être de
tous et l'intérêt général de la
société.
Le contrôle par l'oligarchie financière
internationale des secteurs
de base de l'économie canadienne et les attaques
organisées par l'état
contre les droits des travailleurs sont une expression de l'ancien, qui
doit être remplacé par un objectif moderne et une
façon moderne de
résoudre les problèmes de l'économie et des
relations entre les gens, conformément au caractère
socialisé des forces de
production modernes. La classe ouvrière doit prendre en main et
résoudre la question de qui décide, qui a le
contrôle et qui a le
pouvoir de régler les problèmes et de faire avancer
l'économie et la
société dans une nouvelle direction. Les
préoccupations, les besoins,
la sécurité et le
bien-être des travailleurs, de leur économie et de la
société doivent
devenir la priorité, la motivation et l'objectif d'un Canada
moderne.
Entrevues
Les travailleurs de la Société de
transport de
l'Outaouais confrontent les attaques à
leurs conditions de travail
« La STO a entrepris de changer nos conditions
de
travail unilatéralement »
- Un chauffeur d'autobus de Gatineau -
Les quelque 600 chauffeurs d'autobus et
travailleurs d'entretien de
la section locale 591 du Syndicat uni du transport (SUT) dans la
région de l'Outaouais tentent
depuis
maintenant deux ans de négocier une nouvelle convention
collective qui
soit acceptable pour eux. Leur convention collective est échue
depuis
le 31 décembre 2014. La Société de
transport de l'Outaouais (STO) cherche à leur imposer des reculs
dans leurs conditions de travail. Depuis que les travailleurs ont
entrepris un
ralentissement légal de travail le 20 janvier suite
à l'envoi de leur avis
de grève, la STO a entrepris d'imposer des changements en ce qui
concerne notamment les effectifs et les politiques relatives aux
absences pour cause de maladie. Forum
ouvrier
a demandé à un chauffeur d'autobus qui
est membre de la section locale de nous parler de la situation à
laquelle les travailleurs font face.
***
Forum ouvrier : Quels sont
les principaux enjeux de votre lutte actuelle contre la
Société de
transport de l'Outaouais ?
Chauffeur : Il y en a
plusieurs, notamment les
horaires de travail, les pauses entre les voyages, les billets
médicaux
dans les cas de maladie, les relèves sur la route, la
contribution de
l'employeur à nos assurances et au régime de retraite. La
STO cherche à
nous imposer des reculs en nous enlevant des choses que nous
avions gagnées dans le passé.
Au mois de septembre 2016, nous avons reçu
le deuxième dépôt
patronal qui était pire que la première offre patronale
présentée un an
auparavant. La STO veut nous faire reculer par exemple sur la question
des horaires de travail, qui sont très importants pour nous
parce
qu'ils sont directement liés à notre qualité de
vie. Une de nos
demandes c'est qu'une plus grande partie de nos horaires soient des
horaires en continu, c'est-à-dire plus de quarts de travail de
huit
heures en continu plutôt que des horaires brisés. Un
horaire brisé est celui par exemple où le chauffeur
travaille de 5h30
à 9h30 puis revient
travailler de 15h à 18h et est libre entre les deux
périodes. Nous
avons déjà une proportion d'horaires en
continu, 28 % environ, et la
STO veut réduire ce pourcentage. Pour l'employeur, plus
d'horaires
brisés, cela veut dire qu'il a besoin d'engager moins de
chauffeurs.
Pour nous cela signifie une diminuation de la qualité de vie,
surtout
qu'avec l'ancienneté accumulée, les chauffeurs plus
anciens
peuvent choisir les horaires de travail qui leur conviennent le plus,
avec des congés la fin de semaine par exemple. En changeant les
paramètres, la valeur de l'ancienneté est affaiblie.
Un autre recul, c'est le retour à ce qu'on
appelait le taxi, les
relèves sur la route. Ils ont ouvert cette année un
deuxième centre de
transport, un deuxième garage comme on dit. Avec cela, tu vas
finir ton
premier bout quelque part ou dans un terminus, et c'est à toi de
te
débrouiller pour rentrer au garage. En ce moment, tous nos
horaires
sont
garage-garage et on veut maintenir cette situation.
Sur la question des congés de maladie, on avait
gagné dans la
convention l'élimination de l'obligation de présenter un
billet médical
si on est absent pour cause de maladie. Ils veulent ramener les billets
de médecin sinon tu n'es pas payé.
En ce moment, aussi, nous n'avons aucune pause garantie
dans aucun
horaire, ou alors un minimum de pauses garanties. Si tu es pris dans la
circulation, tu perds ta pause. Nous voulons changer cela. Nous
demandons également que la STO augmente sa contribution à
notre régime
d'assurances et à notre régime de retraite. Dans le
dépôt
patronal de septembre 2016, l'employeur demandait que la portion
qu'il
assume pour les primes d'assurances passe de 92 %
à 80 %.
On ne peut pas accepter ces demandes.
FO : Depuis le
début de votre ralentissement de travail, la STO a entrepris de
modifier unilatéralement vos
conditions
de travail pour vous imposer des reculs.
Chauffeur : Oui.
Depuis que nous avons
commencé notre ralentissement de travail suite à l'envoi
de notre avis
de grève légale, en refusant de faire du temps
supplémentaire par
exemple, la STO a entrepris de changer nos conditions de travail
unilatéralement. Elle utilise le prétexte d'un manque
d'autobus pour
retourner les chauffeurs à la maison sans leur payer leur
journée de
travail de 8 heures. Si les chauffeurs travaillent deux heures
dans une
journée, ils sont payés pour deux heures alors que dans
la convention
nous avons une garantie de huit heures. Les chauffeurs commencent
à le
savoir d'avance qu'ils vont être renvoyés à la
maison parce
qu'ils vont voir sur le site web de la STO la veille et ils voient que
des voyages sont annulés. Ce n'est pas un manque d'autobus, les
voyages
sont annulés d'avance. Ils se présentent au travail, ils
sont renvoyés
chez eux. Donc, pour certains chauffeurs, la garantie de 8 heures
ne
s'applique plus. C'est une contre-mesure de l'employeur face à
notre ralentissement légal de travail. C'est eux maintenant qui
décident qui travaille et qui ne travaille pas. On
retourne 100 ans en
arrière quand tu te présentais à l'ouvrage et que
les employeurs
faisaient travailler leurs amis et les autres rentraient chez eux.
En plus de couper les heures et de renvoyer les
travailleurs chez
eux, la STO refuse toutes les demandes de congé mobile, de
congé sans
solde, d'échange de journée entre employés, etc
Elle applique sa
demande d'avoir à fournir un billet de médecin en cas de
maladie sinon
on n'est pas payé.
Les travailleurs en ont assez. Notre mandat de
grève, je n'ai
jamais vu ça dans toutes mes années à la STO, a
été pris à 98,3 % ,
avec un taux de participation de 75 % des membres.
Nous sommes très unis et l'employeur essaie de
créer des divisions.
Il blâme le syndicat pour le fait que la négociation
n'avance pas. La
STO a suspendu récemment à plusieurs reprises le
président du syndicat
et des membres de l'exécutif pour avoir effectué leur
rôle de
représentation des membres, en disant que la mesure
disciplinaire
n'avait
rien à voir avec les négociations. Quand le syndicat
s'est retiré de la
table de négociation, l'employeur a blâmé le
syndicat disant qu'il
prend les choses personnellement et bloque les négociations.
L'appui du public est bon. Plusieurs personnes viennent
nous voir
et nous disent de continuer. On se sent appuyé par le public en
général.
Les travailleurs veulent une conclusion à tout
cela. Ils veulent que leurs conditions de travail avancent au lieu de
régresser.
La lutte des travailleurs pour leur
santé et leur sécurité aux endroits de travail
Mettons fin aux tragédies dans
l'industrie du camionnage
- Normand Chouinard -
Un convoi de camions arrive à Québec pour une
manifestation à l'Assemblée nationale pour affirmer la
dignité et les droits des camionneurs, le 19 novembre 2016.
L'industrie du camionnage, qui comprend plusieurs
milliers de
travailleurs, fait régulièrement les manchettes pour les
accidents
graves et même des décès. C'est
particulièrement le cas
en ce début
d'année 2017 alors que trois camionneurs sont
décédés dans des
accidents de travail au Québec en seulement une semaine. Dans
les trois
cas, il s'agissait de camions avec bennes et de camions de types
conteneurs ou semi-remorque conteneurs. Ce type d'équipement est
utilisé dans l'industrie de la construction, le secteur
agricole, la
récolte des déchets, le recyclage de matériaux, le
ramassage de la
neige etc... Les camions bennes sont des machines-outils qui
nécessitent un haut niveau
de formation et de compétence incluant une formation en
santé-sécurité
très pointue. La formation des travailleurs de
ce
genre de transport est cependant tout à fait inadéquate
selon les
dires mêmes des
camionneurs en question. En fait, la formation continue pour pouvoir
exercer leur métier en toute sécurité est une des
demandes les plus
pressantes dans ce secteur, compte tenu du caractère dangereux
de leur
travail.
Les lois de la santé
et sécurité du
travail au niveau provincial et
fédéral rendent les entreprises responsables d'assurer un
milieu de
travail sécuritaire pour leurs employés. Mais la
réalité est tout
autre. Les privatisations massives des dernières années,
l'accélération
des cadences, la compétition effrénée entre les
compagnies de transport
et la
pression budgétaire exercée sur les industries et surtout
les
chauffeurs indépendants ont chamboulé les conditions de
travail sur le
terrain. Les camionneurs se font régulièrement
blâmer lorsqu'arrive un
incident ou même un accident grave. La
déresponsabilisation des
entreprises manufacturières et de transport qui pointent le
doigt
constamment en
direction des camionneurs pour les accidents mène aux
tragédies et ce,
tous genres de transport confondus.
Les camionneurs se rendent compte que la situation ne
cesse de se
dégrader. La Commission des normes, de l'équité,
de la santé et de la
sécurité au travail (CNESST) a beau effectuer ses
enquêtes lorsque
survient un incident, les rendre publiques, en référer au
ministère du
Transport ou encore à l'association du camionnage qui chapeaute
les
grandes entreprises de transport, rien ne change pour les camionneurs
en matière de santé et sécurité. Selon
l'institut Robert Sauvé en santé
et en sécurité au travail (IRSST), « les
décès liés à un accident
routier représentent entre 25 % et 30 % de
tous les décès accidentels
au travail ». De ce
pourcentage, 83 % des victimes sont les chauffeurs.
Que doivent faire les camionneurs pour assurer leur
sécurité
lorsque toutes les institutions, lois, normes et obligations ne
réussissent pas à le faire ? Sur quelle
autorité doivent-ils s'appuyer pour leur protection en
matière de santé et
sécurité au travail ?
De plus en plus de camionneurs en sont rendus à
la conclusion
qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ils se rendent
compte que
bien que des lois, des règlements et des obligations existent en
santé
et sécurité, rien ne va changer si les camionneurs ne
s'organisent pas
pour les faire appliquer et les développer. Plusieurs collectifs
de
camionneurs joignent un syndicat affilié ou créent des
comités
paritaires en santé-sécurité dans leurs
entreprises. L'idée de former
une association nationale des camionneurs continue aussi de faire son
chemin au Québec et au Canada. Mais ce qui est le plus important
est la détermination d'un nombre toujours plus grand de
camionneurs de décider
eux-mêmes des questions
qui les concernent, qui affectent leurs métiers et leurs vies.
En
prenant position fermement pour mettre fin aux tragédies qui
secouent
régulièrement l'industrie du transport, les camionneurs
contribuent à donner une nouvelle direction à leur
industrie.
Les travailleurs de la construction de
New York
demandent «Combien d'entre nous
devront mourir encore!»
Tel est le cri d'alarme lancé par les
travailleurs de la
construction de New York, regroupés au sein du syndicat «
Greater New
York Laborers-Employers Cooperation & Education Trust ».
La
campagne « How many more must Die » (Combien d'entre
nous devront
mourir encore !) veut dénoncer le refus des
autorités de prendre leurs responsabilités en assurant la
sécurité
des travailleurs de la construction. Les travailleurs informent la
population sur le fait que plus de 30
travailleurs de la construction sont morts ces deux dernières
années.
Les travailleurs veulent que le gouvernement municipal adopte des lois
garantissant leur santé et
sécurité et empêche les entrepreneurs d'envoyer en
sous-traitance des
travaux à des entreprises dont les travailleurs sont moins bien
formés
et qui connaissent moins bien le métier, des ouvriers non
syndiqués
dans la majorité des cas.
Le 18 janvier dernier, lors d'une marche dans les
rues de New York,
les travailleurs de la construction ont organisé une action dans
laquelle chacun d'entre eux était vêtu
de noir et portait un numéro qui représentait un
travailleur tué à l'ouvrage et tenait une plaque
funéraire portant le nom
des
travailleurs décédés. On lisait sur les
plaques: « Cause of Death : Greed,
Exploitation » ( La cause de la
mort : la cupidité et l'exploitation). Les travailleurs
tenaient des pancartes disant notamment « Safety Before
Profits » ( La sécurité avant les profits) et
« Need Over Greed,
Safety First » (Les besoins et non la cupidité :
la sécurité d'abord).
Les médias ont rapporté qu'au moins 31 travailleurs
ont été arrêtés
pendant l'action.
Le 13 janvier dernier, devant les bureaux de
travail de la Gilbane
Building Company situés en plein coeur de Manhattan, les
travailleurs ont dénoncé le recours à des
sous-traitants non syndiqués et non formés sur les
chantiers. Une vigile a aussi eu lieu sur les marches de
l'hôtel de ville pour
exiger des comptes des élus et exiger qu'ils renforcent les
mesures
protégeant les travailleurs de la construction. Plusieurs autres
actions
sont
prévues pour faire avancer cette lutte qui en
est une de
vie ou de mort pour les travailleurs de la construction.
Forum ouvrier transmet
son
appui
aux
travailleurs
de
la construction de New York qui luttent
avec courage pour défendre leurs droits et leurs vies. Les
travailleurs du Canada et du Québec se tiennent fermement aux
côtés des travailleurs américains dans la lutte
contre la régression et pour défendre la dignité
du travail.
(Photo: LECET)
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