28 novembre 2016
31e Congrès statutaire de la
Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec
La situation difficile à laquelle est
confrontée la FTQ
PDF
31e Congrès statutaire de la Fédération
des travailleurs et
travailleuses du Québec
• La situation difficile à laquelle est
confrontée la FTQ
• Discussion sur le thème du Congrès
31e Congrès statutaire de la Fédération
des
travailleurs et travailleuses du Québec
La situation difficile à laquelle est confrontée la FTQ
Le 31e Congrès statutaire de la Fédération des
travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ) se tient à Montréal du 28 novembre
au 2
décembre. Pour les délégués qui viennent de toutes les régions du
Québec, le congrès est l'occasion de se donner un plan d'action face
aux conséquences brutales de l'offensive antisociale. Ils viennent au
congrès avec un riche bilan de ferme opposition à l'austérité
antisociale des riches et des gouvernements à leur service, au Québec
comme au niveau fédéral. Ils sont aussi très inquiets au sujet de la
direction de l'économie et de l'avenir de la société québécoise,
d'autant plus que les élections aux États-Unis ont porté au pouvoir
Donald Trump qui promet de gouverner le pays comme une entreprise et
tout ce que cela signifie pour le Québec, le Canada et le reste du
monde.
Dans les conditions
actuelles, l'offensive antisociale se présente
comme la concentration du pouvoir dans les mains des oligopoles
mondiaux de l'oligarchie financière.[1]
Leurs arrangements supranationaux
sont conçus pour mettre à leur disposition toute la richesse sociale
que les travailleurs produisent de même que les ressources naturelles
de la
nation afin de les mettre au service de leur édification d'empire
privée. Au
coeur de l'attaque des oligopoles contre l'édification nationale et la
société se trouve la tentative d'écraser la résistance organisée des
travailleurs et de leurs syndicats. L'oligarchie financière sait très
bien qu'une classe ouvrière organisée et consciente est la plus grande
ligne de
défense des droits et du bien-être de tous et de l'intérêt général de
l'édification nationale et de la société.
Lorsque les oligopoles veulent quelque chose, ils
s'emparent des institutions d'État et font adopter des lois et
règlements qui leur donnent ce qu'ils veulent. Il n'y a que la lutte
des travailleurs pour la justice, la dignité humaine et les droits de
tous et toutes pour faire le front de défense entre le peuple et
l'appauvrissement et l'asservissement sans retenu au nom de la
prospérité, de la liberté, des droits humains et de la démocratie.
C'est ce
qu'on voit avec l'attaque en règle menée contre le droit des
travailleurs municipaux de négocier leurs conditions de travail, qui
sont les conditions mêmes de la livraison des services publics. En
niant aux
travailleurs municipaux leur droit de participer à la prise de décision
en ce qui concerne leurs conditions de travail et le développement
économique et social des villes où ils travaillent, les oligopoles
mondiaux cherchent à éliminer tous les obstacles à leur prise de
contrôle des
avoirs municipaux au Québec et de leur capacité à générer de la valeur
nouvelle. Ils ont décrété ouverte la chasse à la richesse collective
des municipalités et à la richesse sociale que les travailleurs
produisent.
Le gouvernement libéral du Québec a adopté la
loi 110 pour prendre
le contrôle des négociations dans le secteur municipal afin de remettre
le contrôle des services publics aux oligopoles et à leur ordre du jour
antisocial supranational qu'ils imposent notamment par le biais des
accords de libre-échange qui sont sous leur contrôle. Un
accord comme l'Accord économique et commercial global (AECG) avec
l'Union européenne considère les services publics comme des actifs et
des marchés à exploiter. Les oligopoles mondiaux veulent écarter de
leur chemin tout gouvernement des lois ou toute prise de décision
nationale qui pourrait servir le bien-être du peuple et de la société
et
reconnaître les droits des travailleurs. Ils demandent la liberté de
commerce à leurs propres conditions afin de servir leurs intérêts
privés étroits et ils demandent aussi le droit de poursuivre les
gouvernements qui pourraient restreindre leur exploitation des
travailleurs et des actifs et des ressources naturelles de la nation.
On peut voir également le diktat des oligopoles
mondiaux aux
tentatives des gouvernements à leur service d'imposer des « zones
franches ». Les oligopoles réclament des zones franches où ils
vont
être exemptés des réclamations que fait l'État à la nouvelle valeur que
les travailleurs produisent et où les lois et les réglementations du
travail, commerciales ou relatives à l'environnement n'existent pas ou
sont bafouées au nom de la nécessité « d'être compétitifs » et d'
«
attirer l'investissement ».
Les libéraux de Philippe
Couillard prévoient notamment imposer des
zones franches dans le cadre de leur Stratégie maritime. Le
gouvernement promet aux oligopoles qu'il ne fera pas dans ces zones de
réclamation à leur revenu net. Il s'engage à leur fournir tous les
privilèges et toutes les exemptions possibles par rapport à la
réglementation si
telle est la demande des investisseurs internationaux. Le gouvernement
est même prêt à abaisser le taux de syndicalisation au Québec et
à
prendre des mesures drastiques contre la résistance organisée des
travailleurs pour permettre à l'oligarchie financière d'exploiter
librement et à volonté les travailleurs et les ressources, à
l'extérieur de tout
gouvernement de lois ouvrières. Le Plan Nord du gouvernement Couillard
est lui-même une vaste zone franche organisée pour servir le pouvoir,
le privilège et l'édification d'empire des oligopoles miniers à qui les
ressources et les droits sont sacrifiés.
Le mouvement ouvrier met à son ordre du jour la
nécessité
d'intensifier sa résistance organisée à la défense de ses droits et des
droits de tous et toutes à l'heure où planent de graves dangers. Le
congrès se tient dans le contexte de la criminalisation des luttes de
résistance, du vol et du pillage des ressources et de l'exploitation
insouciante de l'environnement naturel, en plus du danger de guerre qui
continue de grandir.
Le mouvement ouvrier est son propre sauveur et il a la
capacité de
tracer une nouvelle direction pour l'économie qui garantit les droits
et le bien-être de tous et affirme l'intérêt général de la nation et de
la société. Le mouvement ouvrier doit mettre de côté tout doute et
toute hésitation en ce qui concerne sa capacité d'exercer son contrôle
sur
les affaires économiques, politiques et sociales de la nation et de la
défendre contre les aventures de l'oligarchie financière. Notre avenir
est dans nos propres mains.
La FTQ fait face à une situation difficile en ce moment
car ses membres sont menacés de différentes manières s'ils refusent de
coopérer avec les objectifs antisociaux de ceux qui gouvernent. Ce
n'est que la par la ferme défense d'objectifs sociaux justes et par la
défense des droits de tous et toutes que le mouvement ouvrier et la
FTQ, en tant qu'une des principales centrales au Québec, peuvent faire
des avancées dans ces circonstances difficiles. Forum ouvrier souhaite aux délégués
pleins succès dans leurs délibérations.
Note
1. Les trois
traits caractéristiques de l'oligopole sont communément : 1) une
industrie dominée par un petit nombre de grandes sociétés ; 2) ces
sociétés vendent des produits identiques ou différenciés ; et 3)
l'industrie est protégée par des barrières (exemples : Coca Cola/Pepsi
Cola, l'industrie pharmaceutique, les communications,
l'assurance-santé, la technologie de pointe, etc.), par des pratiques
non concurrentielles, par mandat de gouvernement ou par l'expertise
technologique, ces entreprises profitent de leur position pour
accroître leur profitabilité.
Discussion sur le thème du Congrès
Les délégués se présentent
au 31e Congrès de la FTQ dans le
contexte au Québec où les droits des travailleurs sont de plus en plus
bafoués et niés, dont le droit de négocier leurs conventions
collectives. Le climat politique qui règne en Amérique du Nord suite à
l'élection de l'oligarque Donald Trump comme président des États-Unis
préoccupe aussi grandement les travailleurs. Il faut discuter
sérieusement de la réalité telle qu'elle existe en ce moment dans un
climat calme mais résolu de résistance à toutes les attaques qui sont
faites contre les droits et de reconnaissance de la nécessité d'une
nouvelle direction pour l'économie et la nation.
Dans les conditions concrètes auxquelles les
travailleurs font
face, le thème qui est mis de l'avant par le Congrès, soit la lutte aux
inégalités sociales et la transition vers une économie plus verte, dans
la perspective en particulier de la transition des emplois, est
problématique. Ce thème n'offre pas de tranchant qui contribue à
défaire l'assaut
contre les droits et à ouvrir une nouvelle voie pour l'économie.
Des déclarations générales sur les inégalités sociales
et
l'économie verte n'ont de sens que si la FTQ, comme toute autre
organisation, met à son ordre du jour de façon audacieuse la défense de
tous ceux qui sont attaqués et reconnaît la nécessité de mettre tout le
poids du mouvement ouvrier organisé derrière des luttes définies. Cela
comprend
tous les travailleurs qui se battent pour leurs droits, leurs pensions
et leur salaire ou contre la sous-traitance et la privatisation ;
cela
comprend les travailleurs qui se battent contre des compagnies qui
renient les accords conclus comme Rio Tinto et ceux qui se battent
contre les actions du gouvernement qui nient aux travailleurs leur
droit
fondamental de négocier leurs conventions collectives, comme on le voit
avec la loi 110 injuste du gouvernement Couillard contre les
travailleurs municipaux.
Les travailleurs des postes
mènent une lutte de tous les instants
pour stopper le démantèlement et la privatisation de Postes Canada et
contre les consultations-bidons du gouvernement Trudeau qui ont été
lancées sur la base même de la prémisse antiouvrière à l'effet que le
temps de travail des postiers serait un coût pour l'économie et ne
créerait pas de valeur. Ces luttes sont aussi celles des jeunes, dont
les plus vulnérables viennent d'être frappés de plein fouet par
l'adoption de la loi 70 qui s'attaque aux assistés sociaux plutôt
que
de changer les conditions sociales qui engendrent l'inégalité, la
pauvreté et le désespoir. Elles comprennent aussi les femmes, les
peuples
autochtones, les étudiants, les aînés et tous ceux dont la dignité et
les droits sont attaqués.
Toutes ces luttes spécifiques requièrent un ordre du
jour
spécifique de résistance qui doit comprendre la mise en jeu du plein
poids du mouvement ouvrier organisé. Une déclaration générale sur
l'inégalité sociale et sur l'économie verte a peu de poids quant il est
question de batailles concrètes que les travailleurs mènent pour
défendre leurs
droits. C'est la même chose en ce qui concerne la transition vers
l'économie verte dans la perspective des emplois. La question à
résoudre au sujet de cette transition et de tous les aspects de la vie
au Québec, c'est qui contrôle la transition et qui elle va servir.
Est-ce que les travailleurs vont la contrôler ? La réalité nous
dit que
les travailleurs
en ce moment ne contrôlent rien de l'économie socialisée et de la
société sauf certaines affaires privées et leurs propres organisations
et institutions indépendantes.
Personne ne peut nier que
l'économie fondamentale aujourd'hui est
sous le contrôle de l'oligarchie financière. Tout changement qui s'y
fait l'est fait sous son contrôle. Puisque tel est le cas, la question
qui se pose c'est comment faire en sorte que les travailleurs vont
contrôler toute transition vers une économie verte ou la lutte contre
l'inégalité et tenir à distance les forces qui sont présentement au
contrôle de l'économie et qui s'organisent pour que tout changement
leur profite ? Seules les forces sociales qui défendent leurs
droits
par des actions avec analyse, de façon indépendante de la classe
dominante privilégiée, sont capables d'établir un ordre du jour qui
s'attaque à
ces problèmes, de fournir un objectif au mouvement pour le changement
et de décider au service de qui les changements vont être faits et qui
va en contrôler les résultats.
Les déclarations générales sur les questions sociales
et politiques
d'importance doivent d'abord traiter concrètement de toutes les luttes
spécifiques et de la question de qui contrôle la lutte pour remédier à
ce qui va mal dans l'économie et la société. Les déclarations générales
ne servent à rien à moins que le plein poids du mouvement ouvrier
ne soit mis derrière toutes les luttes spécifiques que mènent les gens
à la défense de leurs droits. C'est dans le cours de ces luttes à la
défense des droits que ceux qui y participent peuvent placer en
position de contrôle ceux parmi leurs collègues qui sont fidèles à
cette bataille et y ont fait leurs preuves et qui cherchent à obtenir
des résultats qui
servent le peuple et non l'oligarchie financière.
L'élection de l'oligarque Donald Trump
L'élection de l'oligarque
Donald Trump à la présidence des
États-Unis est un sujet de préoccupation pour les délégués et les
travailleurs en général et en fait pour toute l'humanité. Son élection
renforce le règne des oligopoles par le recours aux pouvoirs policiers
sans limites, des pouvoirs qui fonctionnent à la répression et à la
criminalisation,
niant même l'existence d'un peuple qui se bat pour ses droits. Ceux qui
résistent à l'offensive antisociale et luttent pour leurs droits et les
droits de tous sont qualifiés de « fauteurs de trouble », de «
manifestants professionnels » et d'autres épithètes appartenant à
des
catégories de choses, et le tout sert à justifier le recours aux
pouvoirs
policiers contre eux pour les écraser. L'élection de Trump est une
pierre de plus qui est lancée aux travailleurs et à la société. Les
provocations constantes et les menaces provenant des plus hautes
autorités aux États-Unis et la désinformation médiatique montrent
combien il est nécessaire de discuter de ces choses dans un
climat calme et
rationnel afin de trouver des solutions au moyen d'actions avec analyse
qui sont à l'avantage des travailleurs.
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|