24 novembre 2016
Le gouvernement de
Colombie-Britannique forcé d'augmenter
ses investissements dans le système d'éducation public
La convention collective est rétablie
grâce à la résistance des enseignants
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Les
enseignants de Colombie-Britannique manifestent à Vancouver le 5
septembre 2014 à la défense de leurs droits et du système public
d'éducation.
Le gouvernement de Colombie-Britannique
forcé d'augmenter ses investissements dans le système d'éducation public
• La convention collective est rétablie grâce à
la résistance des enseignants
• La lutte pour le contrôle du système
d'éducation
• Les enseignants défendent leur
convention collective
• Le gouvernement réagit au jugement de la Cour
suprême
Les camionneurs
affirment leur dignité et leurs droits
• Un convoi de centaines de camions converge
vers l'Assemblée nationale
Entrevues
• Les travailleurs de Rio Tinto à Alma -
Alexandre
Fréchette,
président
du
Syndicat
des
travailleurs
de
l'aluminium
d'Alma
• Les travailleurs de Ciment Lafarge à
Saint-Constant au Québec - François Cardinal,
vice-président
de la section locale 6658 du Syndicat des Métallos
L'aciérie
d'ArcelorMittal en Indiana
• La compagnie doit être tenue responsable de
la mort d'un travailleur à contrat
Le gouvernement de Colombie-Britannique
forcé d'augmenter
ses investissements dans le système d'éducation public
La convention collective est rétablie grâce
à la résistance des enseignants
Quatorze années de résistance de la part des
enseignants, des
procédures de longue haleine devant les tribunaux et la condamnation
par les étudiants, les parents et les communautés de la destruction de
l'éducation publique ont mené au succès du 10 novembre. Dans un
jugement de sept contre deux, la Cour suprême du Canada,
après avoir entendu les arguments de la Fédération des enseignants et
enseignantes de la Colombie-Britannique (BCFT) et du gouvernement de la
province, a rendu un jugement oral séance tenante en faveur du
syndicat. Conformément à la pratique habituelle, le jugement a ensuite
été écrit et affiché sur le site web de la Cour suprême. En voici le
texte entier :
« À la majorité, la Cour
est d'avis d'accueillir l'appel,
essentiellement pour les motifs du juge Donald. Les juges Côté et Brown
sont dissidents et rejetteraient le pourvoi, principalement pour les
motifs exposés par les juges majoritaires de la Cour d'appel. »
Le syndicat et le gouvernement ne s'attendaient pas à
une décision
de la cour avant le printemps. Un journaliste a fait le commentaire
suivant : « À peine 20 minutes après avoir entendu les
arguments des
deux parties, les juges ont repris la session et annoncé un verdict sur
le banc. Par un vote de 7-2, le haut tribunal a
restauré le jugement à l'effet qu'il y avait eu négociation de mauvaise
foi, laissant les
libéraux Gros-Jean comme devant. »
En indiquant qu'elle accueillait l'appel «
essentiellement pour les
motifs du juge Donald », la cour a statué que les actions du
gouvernement de la Colombie-Britannique, qui ont retiré de la
convention collective des professeurs les clauses relatives à la taille
et à la composition des classes, étaient inconstitutionnelles.[1]
Plutôt
que de rendre
une décision complète, la cour a adopté le remède prescrit par le juge
Donald du Tribunal d'appel de la Colombie-Britannique.
Le juge Donald avait produit
un long jugement dissident de la
décision majoritaire de cette cour le 30 avril 2015, qui
avait
elle-même renversé la décision rendue en 2014 par la juge de la
Cour suprême de Colombie-Britannique, Susan Griffin, qui était
favorable à la BCTF. En
conclusion de sa décision, le juge Donald avait
écrit :
« [...] Je rejeterais l'appel en rapport au jugement de
la
juge au
procès à l'effet que la loi 22 était inconstitutionnelle.
J'accueillerais l'appel en ce qui concerne la réparation des dommages
telle que décidée par la juge au procès et sa déclaration à l'effet que
la Loi 28 est déclarée inopérante dès la date de son
adoption
mais je
substituerais une réparation en vertu de la section 24(1) de la
Charte
et ordonnerais au ministre de l'Éducation de demander à
l'administrateur public de la Loi visant les employeurs du secteur
public nommé en vertu de la section 9.1 de la loi de rétablir
immédiatement les conditions de travail dans la convention
collective. »
En langage simple, cela veut dire que la décision
originale de la
juge Susan Griffin de la Cour suprême de Colombie-Britannique à l'effet
que la loi 22 est inconstitutionnelle est maintenue. L'amende
de 2
millions $ qu'elle a imposée au gouvernement provincial et son
jugement
à l'effet que la loi 28 est inopérante à compter de la date de son
adoption ne sont pas
maintenus. En essence, le jugement signifie que l'association qui
représente les employeurs, l'Association des employeurs des écoles
publiques de Colombie-Britannique, doit immédiatement rétablir les
clauses relatives à la taille et à la composition des classes et les
limites négociées qui
existaient dans la convention collective de 2002 et rétablir ces
conditions en pratique.
Note:
1. En 2002, le gouvernement
libéral
de
Gordon
Campbell a adopté la loi 28, la Loi
sur la flexibilité et le choix dans
l'éducation publique, qui interdisait la négociation collective
en ce qui a trait à la taille et à la composition des classes, aux
niveaux des effectifs, aux ratios d'enseignants spécialistes et aux
charges de travail. En 2011, la juge Susan Griffin de la Cour suprême
de la Colombie-Britannique a statué que certaines sections de la loi 28
étaient inconstitutionnelles parce qu'elles « s'interféraient dans le
processus de négociation collective ». En 2012, la première ministre
Christy Clark, elle-même ancienne ministre de l'Éducation, y est allée
d'un nouvel assaut contre les conditions de travail des enseignants et
le système d'éducation avec la loi 22, la Loi de l'amélioration de l'éducation,
une
version
révisée
de la loi 28. Les enseignants ont aussi contesté en
cour la loi 22 et, en janvier 2014, la juge Griffin a déclaré que cette
loi est elle aussi inconstitutionnelle. Le gouvernement libéral a
réussi à faire renverser ce jugement en avril 2015 à la Cour d'appel de
la Colombie-Britannique. Le syndicat des enseignants a alors porté la
cause devant la Cour suprême du Canada.
La lutte pour le contrôle du système d'éducation
L'attaque du gouvernement
libéral de Colombie-Britannique contre la
convention collective des enseignants visait à affaiblir toute
résistance à la tentative de faire du secteur de l'éducation une
entreprise plus lucrative pour les oligopoles mondiaux. Les entreprises
privées basées aux États-Unis considèrent le secteur de l'éducation au
Canada comme un secteur lucratif leur permettant d'étendre leur
domination sur la fourniture de matériel, sur la construction,
l'entretien et la gestion des institutions d'éducation publiques comme
privées. Pour que se réalise l'expansion de leurs profits et de leurs
empires, les oligopoles et leurs représentants au sein de l'État sont
déterminés à écraser la résistance des enseignants, des travailleurs de
l'éducation, des
étudiants et d'autres
couches de la population et leur opinion que l'éducation est un
droit et que les ressources collectives de l'économie doivent servir à
garantir à chaque membre de la société le droit à une éducation selon
les standards les plus élevés.
Les oligopoles luttent pour contrôler le secteur de
l'éducation pour qu'il serve leur objectif de profit et d'édification
d'empire. Comme c'est le cas de tous les secteurs de l'économie, les
oligopoles considèrent les producteurs véritables, ceux qui font le
travail, comme leurs principaux ennemis dans cette lutte pour le
contrôle, le profit
privé et l'édification d'empire. Dans le secteur de l'éducation, les
enseignants de même que les autres travailleurs de l'éducation et leurs
étudiants sont les cibles principales des oligopoles dans la lutte pour
le contrôle du système. Les oligopoles veulent s'assurer que l'objectif
du système d'éducation n'est pas de garantir le droit à l'éducation
pour tous au niveau le plus élevé possible mais de garantir leurs
profits et leur édification d'empire privés.
Les enseignants défendent leur convention
collective
Dès
son
élection
en 2001,
le gouvernement libéral Gordon Campbell a
déclenché une série d'attaques antisociales sans
précédent contre l'objectif partagé largement à l'effet que l'éducation
et les soins de santé doivent être garantis pour tous les membres de la
société, aux niveaux les plus élevés possible. Dans le cadre de
l'offensive antisociale, le gouvernement s'est attaqué aux conditions
de travail des enseignants et des travailleurs de la santé de même
qu'aux moyens de protéger ces conditions de travail qui sont inscrits
dans leurs conventions collectives négociées. Ces
protections assurent la qualité de l'éducation et des soins de santé et
sont des contributions importantes
à la garantie d'une éducation et de soins de santé pour tous.
Pancarte de la grève des enseignants de 2014
|
La loi 28, qui a été adoptée au début de
l'année 2002, a éliminé
des conventions collectives des enseignants toutes les clauses qui
établissent les normes qui régissent la taille et la composition des
classes et a rendu illégale la négociation de telles normes par les
enseignants. Les écoles publiques ont été celles qui ont le plus
souffert de ces attaques alors que les fonds publics accordés aux
écoles privées ont grandement augmenté, affectant une génération
entière d'élèves. La plupart des écoles privées exigent d'importants
frais d'inscription, ce qui limite les inscriptions à ceux qui sont
capables de payer ces frais d'usagers additionnels. Alors que la Cour
suprême a statué en 2011 que la loi 28 était inconstitutionnelle, les
mesures qui y étaient comprises ont été incorporées à la loi 22 qui a
été adoptée en 2012.
Les quatorze années qui se sont écoulées depuis
l'adoption de la
loi 28 ont été des années de résistance de la part des enseignants
et
de leurs alliés dans un contexte de sous-financement chronique de
l'éducation publique et de diffamation et d'attaques contre les
enseignants lors de plusieurs rondes de négociations. La dernière
convention
a été réglée en 2014 suite à une grève qui, en dépit des efforts
de la
part du gouvernement et des médias de faire passer les enseignants pour
des gens égocentriques, anti-étudiants et déraisonnables, a suscité un
appui sans précédent pour l'éducation publique et pour ses enseignants,
et a réaffirmé l'opinion générale à l'effet que l'éducation est
un droit et que l'État a la responsabilité de la rendre accessible à
tous au niveau de qualité le plus élevé possible.
Tentant désespérément de venir à la rescousse des
objectifs antisociaux de leurs lois de 2002 et 2012, les libéraux
de la Colombie-Britannique, par le biais de
leur
porte-parole, l'Association des employeurs des écoles publiques de la
Colombie-Britannique, ont tenté de forcer le syndicat à accepter que,
peu importe la décision que prendrait Cour suprême,
la convention comprenant les clauses touchant au nombre d'élèves par
classe et à leur composition serait immédiatement terminée et
renégociée,
bien avant son échéance de juin 2019.
Le gouvernement libéral n'était pas sans savoir qu'il
enfreignait
la loi et que la Cour suprême allait certainement faire respecter la
loi sous peine de perdre toute crédibilité. Le syndicat n'a pas plié
devant cette pression et aujourd'hui les tribunaux ont décidé qu'il
n'est pas question de « négocier de nouvelles clauses dans la
convention »
mais bien de rétablir les clauses qui ont déjà été négociées et qui
ont été éliminées de façon illégale. Selon les estimés du syndicat, il
en coûtera au gouvernement de 250 à 350 millions $
supplémentaires en
investissements dans l'éducation publique pour ramener les ratios
enseignants-élèves au niveau de 2002 et pour
embaucher le nombre d'enseignants et de spécialistes qui s'impose.
Dans un document déposé à
la cour, l'association des directeurs
d'écoles déclare qu'il ne suffira pas d'augmenter les investissements
de façon à ramener les classes au niveau de 2002 parce que la
situation
est devenue plus complexe. Elle suggère que les attaques contre
l'éducation publique et le manque de vision du ministère de
l'Éducation ont mené à la fermeture d'écoles et au surpeuplement
d'autres écoles. Le gouvernement fait maintenant face à la tâche
d'augmenter le nombre d'enseignants et de petites classes, ce qui
pourrait vouloir dire la réouverture ou la construction de nouvelles
écoles.
La décision du 10 novembre de la Cour suprême est
une victoire
remportée grâce à la persistance et à la position de principe adoptée
par les enseignants de la Colombie-Britannique et leurs alliés. Ce
n'est pas pour autant la fin de l'offensive antisociale contre la
classe ouvrière et contre les droits de tous. La prochaine étape pour
les
enseignants est de forcer le gouvernement à mettre en oeuvre la
décision des tribunaux.
Le gouvernement réagit au jugement
de la Cour suprême
La première ministre de la Colombie-Britannique,
Christy Clark,
était ministre de l'Éducation en 2002 lorsque fut adoptée la
Loi 28. En
tant que ministre de l'Éducation à l'époque et première ministre
aujourd'hui, elle a présidé à l'éviscération du système d'éducation
public de la province et à la rétrogression de la marche vers la
garantie du droit de tous et toutes à la meilleure éducation que
permette le développement de la société. Elle répète le même refrain
que les autres gouvernements libéraux : il faut aider les
oligopoles du
secteur du gaz naturel liquéfié à réaliser leurs rêves car cela
entraînera des retombées pour l'éducation et la santé.
En attendant, son
gouvernement a fait appel de tous les jugements des
tribunaux qui lui ordonnent de rétablir les normes négociées sur la
taille et la composition des classes. Mais maintenant la Cour suprême
maintient la légalité des conventions collectives et il n'y a plus
d'appel possible.
La décision du tribunal semble avoir fait naître des
idées de
grandeur chez la première ministre puisqu'elle se prétend maintenant
celle qui préconise le plus l'augmentation des investissements en
éducation. Madame Clark a dit au Vancouver Sun : « Nous
avons
déjà mis 100 millions $ de côté dans un fonds pour
l'amélioration de l'apprentissage en réponse aux prévisions des
besoins. Si cela coûte plus, ce sera tant mieux à bien des égards parce
que c'est une bonne idée que d'investir dans nos classes et nos
enfants. Reste maintenant à décider comment nous allons allouer cet
argent. »
Si le gouvernement croit que « c'est une bonne idée que
d'investir
dans nos classes et nos enfants », pourquoi a-t-il adopté des lois
anticonstitutionnelles et violé les droits des enseignants et continué
de gaspiller des fonds publics sur
des interjections en appel des jugements de la cour obligeant le
respect des conventions collectives des enseignants ? Pourquoi
a-t-il refusé d'allouer les fonds nécessaires pour maintenir la taille
et la composition des classes selon les normes négociées ?
Madame Clark espérait sans doute effacer la mémoire
collective
concernant l'offensive antisociale de son gouvernement quand elle a
dit, parlant des négociations avec la Fédération des enseignants et
enseignantes de la Colombie-Britannique (BCTF) sur l'application
pratique du jugement de la cour : « Nous avons tous le même
objectif
en fin de compte, et c'est d'avoir des classes qui fonctionnent et plus
d'aide spécialisée. » Permettez-nous d'en douter !
Le communiqué officiel du 10 novembre sur le site
du gouvernement
ne cite pas le ministre de l'Éducation mais bien le ministre des
Finances, Mike de Jong. En fait, le ministre de l'Éducation a fait très
peu de sorties publiques depuis qu'il a congédié tous les élus de la
Commission scolaire de Vancouver parce qu'ils refusaient de se plier à
l'offensive du gouvernement en éducation. C'est donc le ministre des
Finances qui a parlé. Il a dit :
« Nous accueillons favorablement la décision de la Cour
suprême car elle met fin à l'incertitude dans les relations de travail.
« La convention collective de 2014 était la
convention de la plus
longue durée de toute l'histoire des négociations avec la BCTF et elle
avait créé la paix dans les relations de travail et la stabilité dans
nos classes.
« Je désire rassurer les élèves, parents, enseignants
et employés
du système d' éducation : cette stabilité sera maintenue et ce
jugement
ne va pas perturber nos salles de classe.
« Ce jugement concerne la procédure à suivre dans les
relations de
travail et l'importance des consultations que prévoit la constitution.
« La Cour a confirmé que les gouvernements sont
habilités à
apporter des amendements aux conventions collectives. Or, la procédure
pour les amendements spécifiques de la loi 22, la Loi sur
l'amélioration de l'éducation (2020), avait des lacunes.
« Le gouvernement désire assurer les parents et les
élèves que nous
allons continuer de mettre toute notre attention sur les résultats des
élèves. Nous avons un des meilleurs systèmes d'éducation au
monde ; les
résultats des élèves se sont beaucoup améliorés au cours des quinze
dernières années. Nous avons aussi ajouté des
investissements, comme les 100 millions $ du Fonds pour
l'amélioration
de l'apprentissage qui appelle à la collaboration des enseignants pour
déterminer la meilleure façon de répondre aux besoins uniques de leurs
élèves et de leurs classes. Nous nous sommes engagés à travailler de
façon constructive avec la BCTF pour continuer
d'améliorer nos salles de classe. »
Les enseignants, élèves et
parents ont une interprétation très
différente de la convention collective de 2014. Les enseignants
ont été
forcés de la signer avec un fusil sur la tempe. Ils ont été forcés par
l'intimidation à accepter une convention semblable à celles des autres
syndicats du secteur public, c'est-à-dire des conventions bourrées de
concessions extirpées aux travailleurs du secteur public en vigueur
jusqu'en 2019.
La convention collective de six ans des enseignants les
place dans
la même situation que tous les autres employés du secteur public de la
province. Elle n'annonce aucun progrès en réponse aux inquiétudes des
enseignants concernant leurs conditions de travail, lesquelles sont les
conditions d'apprentissage des élèves. Ces conditions ne sont
évidemment pas celles des autres secteurs publics, qui ont chacun leurs
considérations objectives.
Le gouvernement n'a pas réussi à atteindre son objectif
principal,
qui était de mettre fin à la résistance des enseignants à l'offensive
contre l'enseignement public en acceptant d'avance de rouvrir leur
convention collective une fois que la Cour suprême aurait rendu son
jugement. S'ils s'étaient laissés flouer, ils seraient maintenant
forcés de
renégocier ce qu'ils avaient déjà gagné au prix de beaucoup de
sacrifices. Le jugement de la cour rétablit « immédiatement » le
texte
déjà négocié. Dans les remarques du ministre des Finances on décèle une
menace à peine voilée quand il dit que le problème n'était pas la loi
contre les enseignants et élèves comme telle mais bien le «
procédé ». Cela laisse entendre que le gouvernement a l'intention
de
poursuivre l'assaut contre le droit à l'éducation pour tous et toutes
en s'attaquant aux conditions de travail des enseignants.
Les camionneurs affirment leur dignité et
leurs droits
Un convoi de centaines de camions converge
vers l'Assemblée nationale
Des centaines de camions arrivent à Québec au son des flûtes et klaxons.
Plus de 500 camions,
accompagnés de dizaines de voitures, ont
convergé vers l'Assemblée nationale le 19 novembre dans ce qui a
été le
plus
grand rassemblement de camionneurs à Québec depuis plusieurs années.
C'est de manière disciplinée et ordonnée que les camions ont fait leur
entrée dans la capitale nationale au son de leurs klaxons. Ces
camionneurs sont venus manifester leur
mécontentement face à la manière dont le gouvernement libéral de
Philippe Couillard et le ministère du Transport ont modifié certaines
dispositions de la loi sur le transport relatives aux véhicules lourds.
Leur colère était aussi dirigée contre la Société d'assurance
automobile du Québec
qui est chargée de l'application des différents règlements concernant
la circulation routière, Les nouvelles réglementations établissent une
nouvelle ronde de sécurité obligatoire pour tous les chauffeurs de
véhicules de plus de 4500 kilos. Elles ont été imposées, sans même
que
les gens directement affectés aient eu leur mot à dire, aient décidé
leur contenu ou les aient approuvées.
Toutes les rues environnant l'édifice de l'Assemblée
nationale
étaient remplies de camions poids lourds, dont plusieurs arboraient
l'effigie du rassemblement et son slogan « Unis pour la cause- assez,
c'est assez ». Selon les organisateurs et les participants, ce
premier
rassemblement avait surtout pour objectif de redonner confiance aux
camionneurs qu'une nouvelle unité est possible. Des camionneurs de
toutes sortes de secteurs et industries du transport se
côtoyaient. Voituriers indépendants, contractuels, chauffeurs employés
de
compagnies de transport ou d'agences, chauffeurs de vrac, d'autobus
et d'autres travailleurs de l'industrie ne faisaient qu'un. Tous
étaient là
pour dire au gouvernement que leur droit de décider de leurs
conditions de vie et de travail leur revient.
Les porte-paroles du rassemblement Daniel Beaulieu et Lyne Gilbert
saluent avec
enthousiasme les centaines de camions qui passent devant l'Assemblée
nationale.
Le slogan « assez, c'est assez », était le cri de
ralliement pour
dire « n'en rajoutez pas, la coupe est pleine ». Plusieurs
discours,
notamment, celui de Lyne Gilbert, porte-parole de l'événement et de
Daniel Beaulieu, un des principaux organisateurs du rassemblement ont
traité de l'importance des camionneurs pour l'économie et du
besoin de défendre le droit de vivre dans le respect et la dignité.
Suzan Sidwell, une ancienne camionneuse accidentée du travail de même
que d'autres intervenants du secteur ont aussi pris la parole. Madame
Sidwell a initié une pétition pour faire reconnaître la profession par
le gouvernement fédéral. Les gens peuvent la signer jusqu'au 30
décembre 2016.[1]
Les participants ont observé une minute de silence en l'honneur de tous
les camionneurs et camionneuses
du Québec morts au travail cette année.
Le rassemblement s'est terminé dans un climat de ferme
intention
de
poursuivre le mouvement jusqu'à ce que les autorités fédérales, y
compris la Chambre des communes, reconnaissent les camionneurs comme
des professionnels ayant des droits. Cette reconnaissance doit avoir
force de loi et répondre à la demande des camionneurs et de leurs
familles
d'avoir leur mot à dire et de contrôler les décisions qui affectent
leurs conditions de vie et de travail.
Bref arrêt du convoi de Montréal et de la Rive-Sud en route pour Québec
Note
1. https://petitions.parl.gc.ca/fr/Petition/Details ?Petition=e-513
Entrevues
Les travailleurs de Rio Tinto à Alma
« On connait un
déséquilibre dans notre relation avec Rio Tinto et on demande
réparation pour le corriger »
- Alexandre Fréchette, président du
Syndicat des
travailleurs de l'aluminium d'Alma -
Un des enjeux les plus importants pour nous,
certainement au niveau
régional, c'est le Pacte social avec Rio Tinto. Il faut s'assurer que
nous obtenions une juste contre-partie en échange de l'utilisation par
la compagnie de nos ressources
naturelles pour son hydroélectricité. Comme on le sait, la production
de l'hydroélectricité n'a pas été nationalisée dans notre région comme
elle l'a été dans le reste du
Québec. Dans le fond elle a été privatisée parce qu'on avait les
emplois et la richesse dans la région. Cependant, c'est Rio Tinto qui a
le bon côté
des choses alors que nous autres on n'a plus d'emplois et on a de moins
en moins de richesses. En plus, dans l'entente de 2007, l'entente
secrète, il y a des promesses d'agrandissement, des projets d'AP-60
et d'Alma 2, qui devraient corriger une partie du déséquilibre.
C'est
là-dessus qu'on travaille, on met de la pression sur la compagnie et
surtout sur les décideurs politiques qui dorment au gaz littéralement.
Les promesses d'investissement ne sont pas réalisées,
et le
gouvernement, plutôt que de mettre de la pression sur la compagnie pour
qu'elle les réalise, et je pense en particulier au premier ministre qui
est député de Roberval qui est dans notre région, défend la compagnie
au lieu de lui mettre de la pression. Il lui trouve des excuses, des
prétextes pour ne pas avoir investi encore. Alors on est dans une
relation malsaine. Nous on demande la juste part qui nous revient en
échange de nos ressources naturelles.
La baisse des emplois a été constante depuis les
années 1980. Sur
une base de 10 ans, on est parti de 4800 syndiqués environ à
environ
à 2300 au total au Québec au 31 décembre 2015. On a
perdu plus de 50 %
des emplois syndiqués. En dehors du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il reste
une petite
usine à Beauharnois qui a environ 35 travailleurs et l'usine de
Shawinigan est maintenant fermée.
La baisse d'emplois n'arrête pas mais eux ont gardé les
mêmes
avantages. Dans certains cas ils ont remplacé des bons emplois par du «
cheap labour », la sous-traitance à bas coût, des emplois de
mauvaise
qualité. Les sous économisés sur les salaires et les avantages sociaux
s'en vont littéralement à Londres et en Australie. Dans
l'ensemble, ce qui se passe, c'est que le retour d'investissement de
nos ressources naturelles est à la baisse.
Présentement il y a un désengagement de Rio Tinto envers
le Québec,
que cela soit via ce qui se passe au Saguenay et ce qui se passe
également au siège social à Montréal. Ils y ont annoncé coupures après
coupures, pourtant il y avait supposément un engagement dans
l'entente 2007 de maintenir le siège social. Ce n'est pas ce qui
se
passe, mais pendant ce temps-là personne ne dit rien et le gouvernement
laisse cela aller, mais on garde quand même les subventions, les tarifs
énergétiques à rabais, les crédits d'impôt. Rio Tinto a encore tous ses
avantages mais ses engagements sont constamment à la baisse.
Dans un premier temps, nous demandons que Rio Tinto
réalise ses
promesses dans l'entente de continuité de 2007 c'est-à-dire la
Phase 2
d'Alma et AP-60 Phase 2 et 3 à Arvida. Qu'il réalise au moins
les
promesses du passé. Ensuite, compte tenu du fait que Rio Tinto est
constamment en demande d'avantages auprès
du gouvernement, que ce soit des tarifs ou d'autres avantages, nous
disons que les prochains avantages consentis à Rio Tinto devront
obligatoirement comporter un niveau d'emplois pour éviter l'érosion.
Dans le cadre de notre travail sur cette question, nous
avons
participé et été partenaires du Forum sur le Pacte social qui a été
organisé le 2 septembre dernier par l'Université du Québec à
Chicoutimi. Nous sommes allés rencontrer plusieurs élus
politiques pour leur faire prendre conscience d'où nous en sommes
rendus dans notre relation avec Rio Tinto. Nous faisons aussi des
sorties médiatiques pour faire une pression médiatique sur la compagnie
pour démontrer qu'on n'obtient plus notre juste part avec Rio Tinto à
l'heure actuelle.
On connaît un déséquilibre dans notre relation avec Rio
Tinto et on demande réparation pour le corriger.
Les travailleurs de Ciment Lafarge à
Saint-Constant au Québec
« On ne veut pas
qu'il y ait deux classes de travailleurs ! »
- François Cardinal, vice-président de la
section locale 6658
du Syndicat des Métallos -
Les travailleurs de la cimenterie Lafarge à
Saint-Constant, qui
fait partie du géant des matériaux de construction LafargeHolcim, ont
mené une grève cette année contre l'imposition d'un régime de retraite
inférieur aux nouveaux engagés. Ils ont réussi à maintenir leur régime
de retraite à prestations déterminées pour tous et continuent leur
travail dans le cadre de la campagne de la FTQ pour demander l'adoption
d'une loi contre les régimes de retraite à deux vitesses. Forum
ouvrier
a interviewé récemment François Cardinal qui est vice-président de la
section locale 6658 du Syndicat des Métallos représentant les plus
de 60 travailleurs de la cimenterie.
***
Forum ouvrier : Les
travailleurs de
Ciment Lafarge ont mené une grève d'un peu plus de trois mois cette
année à la défense de leur régime de retraite. Peux-tu nous en résumer
les aspects principaux ?
François Cardinal : Nous
avions
commencé à négocier à la fin septembre 2015 et il n'y avait pas
beaucoup d'avancées à la table de négociation. En décembre, l'employeur
a présenté une demande à l'effet de changer complètement notre régime
de retraite. Au début, la proposition de l'employeur était que le
régime de
retraite changeait pour tout le monde, qu'il passait d'un régime à
prestations déterminées à un régime à cotisations déterminées qui est
un régime très inférieur. Voyant que cela ne passait pas, surtout que
nous avions un mandat de grève à 100 % à utiliser au moment
opportun,
il nous a proposé que le nouveau régime allait s'appliquer
aux nouveaux travailleurs alors que les travailleurs déjà à l'emploi
gardaient leur régime à prestations déterminées. Pour nous c'était
clair qu'on ne voulait pas deux classes de travailleurs. On a fait
comprendre à nos membres pourquoi on ne voulait pas cela.
Voyant que l'employeur ne voulait pas retourner au
statu en ce qui
concerne notre régime de retraite, nous sommes sortis en grève en
février.
Nous avons fait comprendre à nos membres que lorsque
l'employeur
dit que nous ne serons pas touchés, ce n'est pas nécessairement vrai,
que les nouveaux engagés doivent aussi bénéficier de ce dont nous avons
bénéficié, que cela ne doit pas s'éteindre avec nous. Nos membres
étaient bien conscientisés aussi parce qu'ils voyaient dans les médias
que
c'est la tendance à l'heure actuelle de mettre la hache dans les
régimes de retraite, même ceux qui vont bien parce que le nôtre allait
bien, il était capitalisé à 112 %. Ils n'ont pas voulu que
cela se
passe ici, que les nouveaux qui travaillent à côté de nous, qui font le
même travail, n'aient pas les mêmes conditions de travail que nous.
Il faut voir aussi ce qui va arriver si ça passe, qu'un
jour les
nouveaux qu'on a laissé tomber vont être majoritaires. Alors peut-être
que dans 15 ans le fonds de pension qu'on a présentement va coûter
plus
cher à l'employeur, parce qu'il n'y aura plus d'entrée dedans,
peut-être que l'employeur va vouloir le fermer et alors la solidarité
ne
sera plus là.
En plus, le travail qu'on fait est dur physiquement, on
vit ici
avec des maladies professionnelles, la surdité, on a beaucoup de bruit,
de machinerie lourde, du travail minier dans une carrière, on a des
broyeurs, des concasseurs, l'air comprimé, les travailleurs quittent
avec une
atteinte auditive. Ils ont des risques de maladie pulmonaire, on a un
cas de
silicose.
Nous avons réussi à préserver le régime de retraite à
prestations
déterminées pour tous. On a aussi réussi à préserver le fait que l'on
peut partir à la retraite après 30 ans de service sans pénalité.
On a
besoin de garder cela. Ils proposaient aussi qu'on soit pénalisé si on
part à la retraite avant 65 ans. Je ne vois pas personne
travailler
jusqu'à 65 ans dans une cimenterie. Cela n'a pas passé.
FO : Vous avez
continué d'être actifs une fois la grève terminée.
FC : Nous sommes allés
un peu partout pour
expliquer notre combat, surtout quand la nouvelle s'est répandue qu'on
avait gagné. Ce n'est pas un combat facile, il y en a peu qui ont été
gagnés sur le régime de retraite au Québec. Beaucoup de travailleurs
craignent que cela leur arrive.
On est vraiment actifs dans la campagne de la FTQ , il
y a beaucoup
d'affiliés qui embarquent, les métallos on est très forts là-dedans.
C'est important parce que cela revient à toutes les négociations. Pour
nous autres, cela n'est pas fini, tant que la loi sur les
clauses-orphelins ne sera pas adoptée on ne lâchera pas le morceau On
ne laissera pas
tomber les autres qui vont passer par là. On a besoin d'une loi pour
protéger les travailleurs contre les clauses de disparité de traitement
dans les régimes de retraite. Cette bataille est de plus en plus
importante parce que c'est trop facile de sortir les gens des bons
fonds de pension. C'est trop facile parce qu'il n'y a pas de loi et en
plus, pour les
jeunes, la retraite c'est comme trop loin, et ils se font sortir
facilement. Je pense aux grandes entreprises comme la mienne qui ont
les moyens de payer. Les bons régimes de retraite sont en voie de
disparition. C'est pour cela que pour nous c'est important.
L'aciérie d'ArcelorMittal en Indiana
La compagnie doit être tenue responsable de la mort
d'un travailleur à contrat
Manifestation des métallos à Gary Works, le 26 août 2016, contre les
attaques de la compagnie contre leurs droits, notamment la
détérioration des conditions de sécurité à l'usine (B. Taylor)
Le 4 novembre, alors qu'il tentait d'arrimer un
chargement d'acier
à l'aciérie d'ArcelorMittal à Burns Harbor, le chauffeur de camion
Kevin Campbell a été happé et tué par un autre camion. Selon les
métallos, l'incident a été particulièrement horrible et les témoins ont
dû obtenir du soutien psychologique tant ils étaient bouleversés.
Les métallos des aciéries du nord-ouest de l'Indiana ont connu une
année dévastatrice en fait de décès aux endroits de travail. Le 15
juin, Charles Kremke, un métallo de 67 ans à l'aciérie Gary Works
de
US Steel est mort électrocuté. Le 30 septembre, le métallo
Jonathan
Arizzola a été tué dans un accident impliquant une grue
à la même usine. Moins d'une semaine avant sa mort, Jonathan avait
survécu à une décharge électrique. Et maintenant, à peine un mois après
la mort d'un autre travailleur, Kevin Campbell a péri en transportant
des produits pour l'aciérie d'Indiana.
En moyenne ces dernières années, il y a 14 décès
au travail chaque
année dans les aciéries aux États-Unis. Ces décès sont un rappel brutal
aux travailleurs que pour rendre leurs endroits de travail sécuritaires
il faut que le facteur humain/conscience sociale soit mis de l'avant
comme priorité. Il faut pour cela qu'un front des travailleurs à
la défense de leurs droits confronte l'objectif pragmatique, périmé et
inhumain du profit privé et de l'édification d'empire qui domine
présentement aux endroits de travail et force ceux qui sont en position
de contrôle à reconnaître les droits des travailleurs.
En Indiana, les agences d'État de l'oligarchie
financière qui
habituellement se disent préoccupées de la sécurité des travailleurs
ont même refusé de mener une enquête sur cette mort tragique du
chauffeur de camion Kevin Campbell à l'aciérie d'ArcelorMittal.
L'administration de la santé et de la sécurité au travail de l'Indiana
(OSHA) a émis
un communiqué pathétique dans lequel elle dit que « nous n'enquêterons
pas sur cet incident parce que l'agence ne s'occupe pas de travailleurs
à contrat comme M. Campbell ». L'OSHA se trouve ainsi à déclarer
que la
chasse est ouverte contre les chauffeurs de camion comme Kevin Campbell
et les autres travailleurs à contrat pour qui les
normes de la société civile ne s'appliquent pas et pas même les droits
élémentaires d'un « vrai employé ».
Pour des motifs intéressés, l'oligarchie financière se
plaît à
considérer que le travail des chauffeurs de camions à contrat ne fait
pas vraiment partie du travail fait en commun par tous ceux qui
produisent l'acier et réalisent sa valeur par la distribution et les
ventes. C'est ainsi que les oligopoles comme US Steel et ArcelorMittal
nient aux
travailleurs « indépendants », occasionnels et à contrat leur
droit de
réclamer une partie de la valeur que produisent les métallos pour
satisfaire à leurs besoins en soins de santé, en pensions à la retraite
et en autres besoins nécessaires de la vie moderne comme une formation
adéquate au travail et en sécurité, des prestations
d'assurance-emploi, un plancher de salaire garanti et le paiement des
heures supplémentaires. Le chauffeur de camion Kevin Campbell est loin
d'être le premier travailleur à contrat à mourir à Burns Harbor. Il y a
à peine un an, un travailleur à contrat de 53 ans chez KONE
Elevators
and Escalators, Gregory Sebahar, a été tué après avoir été
écrasé alors qu'il réparait un ascenseur à l'aciérie.
Il est frappant à cet égard qu'ArcelorMittal ait fait
pression sur
ses 14 000 métallos aux États-Unis il y a quelques mois
seulement pour
qu'ils acceptent un contrat truffé de concessions dont l'une d'elles
est précisément l'augmentation du nombre de travailleurs à contrat et
occasionnels. La convention collective prévoit un gel de
salaire de trois ans et accorde à l'oligopole le droit d'embaucher
davantage de travailleurs indépendants comme les chauffeurs de camion
et d'autres travailleurs à contrat et occasionnels qui officiellement
ne sont pas considérés comme faisant partie de la main-d'oeuvre de la
compagnie. Pour chaque quatre nouveaux employés, ArcelorMittal peut
maintenant embaucher un travailleur occasionnel ou contractuel non
syndiqué.
Un nombre grandissant d'employés à ArcelorMittal n'ont
pas
les mêmes avantages sociaux que les employés permanents parce qu'ils ne
sont pas considérés comme de véritables employés. Ils n'ont même pas le
droit légalement de devenir membres d'un syndicat existant
ou de se joindre à quelque effort collectif pour se défendre. Cela
illustre bien la disparition de la société civile aux États-Unis alors
que les syndicats ne jouent plus un rôle significatif tel celui
d'établir un équilibre dans les relations entre les employés et leurs
employeurs. Telle est la dictature de l'oligarchie financière et de son
objectif en ce
moment de gouverner au moyen de pouvoirs policiers sans limites.
Le département du Transport d'Indiana s'est joint lui
aussi au
choeur de ceux qui nient aux producteurs véritables leur droit à des
conditions de travail sécuritaires en déclarant à son tour qu'il « ne
va pas enquêter sur l'accident puisque celui-ci s'est produit sur une
propriété privée ». Selon ces institutions d'État, la propriété
privée
des
oligopoles jouit de droits mais pas la classe ouvrière. Cette approche
irrationnelle est en contradiction avec la réalité moderne qui nous dit
que la production industrielle de masse est sociale et se fait sur
une propriété sociale où se trouvent des milliers de travailleurs
mobilisés dans des activités interreliées. Un travail accompli sur une
propriété
sociale et qui produit de la richesse sociale ne peut pas être
considéré comme une affaire privée.
Les cadres supérieurs des compagnies aiment même se
vanter de leurs
décisions de mettre à pied des travailleurs et de les remplacer par des
travailleurs occasionnels ou contractuels moins rémunérés, ayant moins
d'expérience et de formation tout en forçant les autres travailleurs à
travailler de longues heures. Les barons de l'acier se vantent
dans les médias impérialistes de leur succès à « réduire les
coûts ».
US Steel a même donné à sa campagne anti-travailleurs le beau titre de
« Carnegie Way », une campagne hostile visant à augmenter les
profits
privés de l'oligarchie financière aux dépens des vrais producteurs, de
leurs conditions de travail et de leur sécurité.
Le Centre ouvrier du PCC(M-L) exprime sa profonde
tristesse face
aux récents décès dans les aciéries d'Indiana et affirme sa
détermination à redoubler d'efforts pour organiser et mobiliser la
classe ouvrière à la défense de ses droits. La classe ouvrière possède
une immense force latente par laquelle elle est capable d'affronter
l'oligarchie
financière dans une lutte à la défense des droits des travailleurs.
Pour y arriver, il faut un effort collectif et conscient d'organisation
de la classe ouvrière pour et par elle-même afin de briser les chaînes
de la domination des oligarques. La classe ouvrière peut et doit
devenir indépendante dans tous les aspects y compris dans l'élaboration
de son
propre ordre du jour à la fois dans les conditions actuelles de défense
de droits et pour une direction et un objectif prosociaux futurs pour
l'économie et la société qui habilitent les vrais producteurs et les
place au centre de la vie et en position de contrôle de la propriété
sociale, du travail qu'ils font et de la richesse sociale qu'ils
produisent.
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