10 novembre 2016
Restructuration de US Steel
Éliminer les pensions de Stelco
du bilan financier
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Restructuration de US Steel
• Éliminer les pensions de Stelco du bilan
financier
• La démocratie impérialiste en action -
Rolf
Gerstenberger
Le gouvernement du
Québec adopte le projet de loi 110 restructurant les relations de
travail dans le secteur municipal
• Le coup de Philippe Couillard contre les
droits des travailleurs
• La loi antiouvrière du gouvernement
libéral
• Des municipalités Québec critiquent la loi
110
• Choc de droits, choc de démocraties -
Pierre
Chénier
Les travailleurs de la
santé du Québec s'opposent à l'offensive antisociale
• Les travailleurs du secteur préhospitalier
demandent des conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils
font -
Entrevue avec Jean Gagnon, Confédération
des syndicats nationaux
Restructuration de US Steel
Éliminer les pensions de Stelco du bilan financier
La proposition de Bedrock pour prendre le contrôle des
anciennes
usines de production d'acier de Stelco est axée sur l'élimination des
régimes de retraite du bilan financier. Pourquoi l'oligarchie
financière est-elle si obsédée par cette exigence ? Semble-t-il
que
sans éliminer les pensions du bilan financier, Bedrock n'achètera pas
les
actifs productifs de Stelco. Cela rappelle la combine des oligarques
financiers en 2006 quand ils ont manoeuvré un gros coup d'argent
pour faire émerger Stelco de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers
des compagnies
(LACC). Le succès de cette escroquerie dépendait de la complicité du
gouvernement ontarien. Celui-ci a violé ses
propres lois en permettant que les régimes de pension
soient sous-financés pendant dix ans. Le hooliganisme du gouvernement
de l'Ontario ne
s'est pas arrêté là. Il a remis 150 millions $ aux
comploteurs et a
dit sans rire que si les pensions n'étaient pas
entièrement financées d'ici la fin de 2015, il leur faudrait
rembourser le prêt ! Par contre si elles l'étaient, ils pourraient
conserver 100 millions $ et ne rembourser que 50 millions $. Merci
beaucoup, ont dit les oligarques en
riant
dans leur barbe, et l'année suivante ils se sont enfuis avec 1,2
milliard $ en remettant Stelco à US Steel. Les nouveaux
oligarques au
pouvoir à Pittsburgh et à New York ont ensuite dit que nous n'allons
pas payer notre part pour renflouer les régimes de retraite
et nous ne remboursons pas le prêt provincial. Nous exigeons 126
millions $ pour nos efforts à détruire Stelco et un juge du
tribunal
de faillite leur a donné raison. Alors voilà, mets ça dans ta
pipe !
Les retraites à prestations
définies de l'entreprise Stelco sont
liées à la nouvelle valeur que produisent les métallos. Les régimes de
retraite à prestations déterminées ont besoin d'une nouvelle valeur
pour répondre aux réclamations déterminées des retraités. La valeur
passée produite par les métallos se retrouve dans les actifs des
régimes de
retraite et dans les usines productives de Hamilton et de Nanticoke. La
nouvelle valeur ajoutée aux régimes comprend les réclamations à la
nouvelle valeur que les travailleurs des aciéries de Stelco produisent
en plus des revenus de placements provenant des régimes, lesquels
proviennent de la nouvelle valeur que d'autres travailleurs produisent.
Afin de maintenir les prestations déterminées des retraités de
Stelco, les régimes de retraite doivent inclure les actifs accumulés
dans les régimes, les revenus provenant des placements de ces actifs et
une réclamation continue à la nouvelle valeur que produisent les
métallos de Stelco. Lorsqu'une valeur ajoutée suffisante n'est pas
régulièrement réclamée à la production ou aux actifs investis, les
régimes ne sont pas suffisamment financés pour payer les prestations
déterminées des retraités quand et si l'entreprise cesse
ses activités et qu'aucune nouvelle valeur produite n'est disponible.
En raison des réclamations moins élevées que
nécessaires à la
nouvelle valeur créée depuis les années 1990, lorsque le
gouvernement
provincial a décidé de violer ses propres lois sur les régimes de
retraite pour les entreprises jugées « trop grandes pour
échouer », les
régimes de Stelco sont maintenant sous-financés à raison
de 800 millions $. Bedrock et d'autres oligarques qui veulent
mettre la
main sur la capacité de production des métallos et des aciéries de
Stelco refusent de permettre aux retraités de continuer de réclamer la
nouvelle valeur de Stelco pour leurs prestations déterminées bien que
tel était l'engagement solennel que les propriétaires des aciéries
avaient pris envers les travailleurs en échange de leur capacité de
travailler.
Éliminer les régimes de retraite du bilan financier
revient à les
terminer sauf que les oligarques refusent d'assumer leur part de
responsabilité pour que le régime soit entier et en mesure de verser à
tous les retraités leurs prestations déterminées jusqu'à leur
décès, ce qui exigerait environ 800 millions $. Au lieu de
cela, ils
font des promesses en l'air concernant les terrains pollués, ce qui
exige des investissements importants et coûteux. En d'autres termes,
non seulement ils n'assument pas leur responsabilité envers le
financement des régimes de retraite mais ils se lavent aussi les mains
d'un énorme problème environnemental. Quelle arnaque !
Les riches impérialistes
semblent peu disposés à respecter quelque accord que ce soit et les
travailleurs doivent se battre constamment. Bedrock et le
gouvernement provincial offrent les terrains situés près de l'usine
comme une ruse pour que les travailleurs acceptent d'éliminer les
pensions du bilan financier, ce qui signifie en gros la terminaison des
régimes
sans les avoir entièrement financés.
Les terrains de Stelco à Hamilton sont très précieux
car ils
pourraient être utilisés comme nouveau port mais il y a un gros
problème. Ils ont été soumis à la pollution industrielle pendant plus
d'un siècle sans beaucoup, voire sans aucun effort d'assainissement. Un
investissement énorme serait nécessaire pour les nettoyer et les rendre
aptes à être utilisés de façon productive ou pour n'importe
quel autre usage. Or, la proposition officielle de Bedrock stipule que
la partie responsable de cette situation, US Steel, doit être libérée «
de toutes réclamations envers elle en ce qui a trait aux obligations
environnementales, pensions et autres obligations ». Bedrock sera
libérée de la
responsabilité envers les retraites et l'assainissement de
l'environnement en les éliminant du bilan financier et en transférant
les terrains pollués à une fiducie administrée par la province. Après
quelques années de grâce, Bedrock va revendre Stelco pour
empocher un joli magot, merci beaucoup.
Comme seules les grandes lignes de la proposition de
Bedrock sont
connues parce que les détails sont « confidentiels » et se
retrouvent
présumément dans un courriel de Hillary Clinton que Wikileaks n'a pas
encore
divulgué, le plan d'éliminer les pensions du bilan
financier n'est pas un point de départ. Cette proposition est même pire
que la dernière escroquerie issue du processus de protection de
faillite de 2006, lorsque les oligarques ont obtenu un prêt
provincial
de 150 millions $ et ont reçu une pénalité sans
impact réel
pour avoir refusé de financer entièrement les régimes de retraite avant
la fin de 2015.
La proposition de Bedrock
est une mauvaise farce. Les représentants
politiques des oligarques au provincial et au fédéral devraient avoir
honte de se prosterner devant ces impérialistes américains et de ne pas
exiger que US Steel s'acquitte de ses obligations envers les retraités
et l'environnement, qu'il respecte ses promesses concernant la
production et l'emploi et qu'il soit imputable pour la destruction de
la capacité de production de Stelco et pour avoir volé son carnet de
commandes. Les autorités canadiennes, y compris les tribunaux, laissent
US Steel s'en retourner aux États-Unis avec un butin de 126
millions $
et offrent les travailleurs et les retraités en sacrifice
pour que les oligarques de Bedrock puissent faire un coup d'argent. Ça
ne doit pas passer !
Une alternative prosociale est possible. Il est
possible de
redonner à Stelco une vie productive et les moyens d'assumer toutes ses
responsabilités économiques et sociales. Il s'agit d'avoir le cran de
mettre ces oligarques à leur place.
La démocratie impérialiste en action
- Rolf Gerstenberger -
La démocratie impérialiste
en action : ceux qui sont les plus touchés par les décisions n'ont
aucune idée de ce qui se passe. On ne
leur permet pas de savoir ce qui se prépare et ils n'ont aucun droit de
regard sur le processus et les décisions qui en sortent. Les
métallos, les employés salariés, tous les retraités et même les
Canadiens préoccupés par l'état de l'économie et de la société sont
tenus à l'écart jusqu'à que tout soit finalisé, après quoi tout le
monde peut se lamenter et critiquer, contester et s'époumonner, les
grandes lignes ont déjà été tracées et le retour en arrière ou une
nouvelle direction ne sont ni possibles ni permises.
La conciliation libérale avec la démocratie
impérialiste rend cela possible en entravant le développement de la
voix
et des
institutions indépendantes de la classe ouvrière. La classe ouvrière se
retrouve avec peu d'options puisque les travailleurs et leurs
vrais dirigeants, qui sont en petit nombre, sont bombardés
d'appels à être pragmatiques et à aller chercher
ce qui est possible dans la situation donnée.
Rien ne va être réglé. La magouille est inévitable.
Quand il ne sera plus possible de cacher le vol, ceux qui y ont
participé diront: bon, mais c'est fait maintenant, alors pourquoi
revenir sur le passé ?
Le gouvernement du Québec adopte le
projet de loi 110 restructurant
les relations de travail dans
le secteur municipal
Le coup de Philippe Couillard contre
les droits des
travailleurs
Les travailleurs municipaux manifestent le 17 octobre contre le projet
de loi 110 lors d'une conférence de presse de la Société de transport
de Montréal marquant le 50e anniversaire du métro de Montréal.
Le 2 novembre, le gouvernement libéral de Philippe
Couillard a adopté le projet de loi 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions collectives et de règlement des
différends dans le secteur municipal.
Le projet de loi a été adopté en dépit de la ferme opposition des
travailleurs municipaux, qui sont
ceux qui font le travail et livrent les services. Les syndicats qui
représentent les travailleurs municipaux, forts de l'appui organisé de
leurs membres à l'échelle du Québec, ont dénoncé la loi 110 comme
une
attaque contre le droit des travailleurs de négocier leurs conditions
de travail. Suite à l'adoption du projet de loi, les syndicats ont
annoncé qu'ils vont contester la loi devant les tribunaux pour la faire
déclarer inconstitutionnelle.
Le gouvernement a adopté le projet de loi en dépit de
l'opposition
de plusieurs municipalités et maires. Plusieurs conseils de ville ont
adopté à l'unanimité des résolutions dénonçant la Loi comme une attaque
au droit fondamental des travailleurs municipaux de négocier leurs
conditions de travail et une attaque contre les municipalités
elles-mêmes. Certains ont dit que la municipalité n'entend pas
appliquer la loi.
Le ministre des Affaires municipales, à qui la
Loi 110 donne tout
pouvoir en ce qui concerne les relations de travail dans le secteur
municipal, n'a écouté personne qui s'opposait au projet de loi et l'a
simplement adopté à toute vapeur afin de réaliser le coup du cabinet
Couillard en ce qui a trait aux relations avec les travailleurs
municipaux.
Ce coup est au service de la prise de contrôle par les intérêts privés
des services publics dans le cadre des accords néolibéraux de
libre-échange et de leur processus de décision supranational.
L'adoption du projet de loi a été faite quelques jours à peine après
que le premier ministre Justin Trudeau se soit envolé vers Bruxelles
pour signer l'AECG,
l'accord de libre-échange avec l'Union européenne au nom des oligopoles
pour qui la privatisation et la mainmise sur les services municipaux
est un objectif important.
La seule conclusion que les travailleurs du Québec
peuvent tirer de
tout cela, c'est que, de concert avec les travailleurs du reste du
Canada, ils doivent intensifier leur lutte contre ceux qui violent
leurs droits et les droits de tous et bradent les avoirs de la société.
Le coup de Philippe Couillard contre le droit des travailleurs
municipaux de
négocier de façon collective leurs salaires, leurs avantages sociaux,
leurs pensions et leurs conditions de travail avec leurs employeurs
montre bien que le gouvernement libéral n'est pas apte à gouverner.
La loi antiouvrière du gouvernement libéral
La Loi 110 du
gouvernement libéral québécois de Philippe Couillard
enchâsse l'utilisation de la loi spéciale de décret des conditions de
travail dans le régime de relations de travail dans le secteur
municipal en vigueur au Québec. Elle établit un mécanisme sous le
contrôle du ministre des Affaires municipales qui mène directement à la
mise en oeuvre de la loi spéciale. À chaque étape, le ministre se voit
donner le pouvoir d'intervenir dans les négociations entre les
travailleurs municipaux et leurs employeurs, en commençant par
l'imposition de la médiation aux deux parties. La Loi crée des
instances dont les membres sont nommés par le ministre et qui lui sont
directement
redevables. Elle leur confère le pouvoir de déclarer que les
négociations ne se déroulent pas selon les souhaits du gouvernement ce
qui met en branle une loi spéciale de décret unilatéral des conditions
de travail. La Loi force ces instances à rendre leurs décisions sur les
conditions de travail faisant l'objet de conventions collectives sur la
base des
budgets définis d'avance par les municipalités et le gouvernement du
Québec. Elles ne peuvent pas prendre en compte les opinions des
travailleurs municipaux et de leur syndicat sur leurs besoins de
salaires, avantages sociaux et pensions à un niveau de vie canadien et
sur les conditions de travail dont ils ont besoin pour livrer les
services
municipaux selon les standards que la population demande et auxquels
elle s'attend. [1]
Avec l'adoption de la Loi, les négociations dans le
secteur
municipal vont se tenir dans un contexte de pressions extrêmes exercées
sur les travailleurs municipaux et leur syndicat pour qu'ils
acceptent tout ce que les employeurs amènent à la table de
négociation. Cela est vrai en particulier des villes de Montréal et de
Québec dont les
autorités sont montées au front pour réclamer les pouvoirs qui sont
conférés par cette loi. La pression visant à faire accepter des
conditions de travail imposées sous la menace de l'imposition d'un
décret législatif s'accompagne de la criminalisation des travailleurs
et des syndicats qui refusent de le faire. Cette dictature et cette
négation ouverte du droit
des travailleurs de négocier les termes de la vente de leur capacité de
travailler sont inacceptables dans un Québec et un Canada moderne et ne
peuvent mener qu'à un déséquilibre perpétuel dans les rapports de
production.
Note
1. Pour de plus amples informations sur la
loi 110, lire le numéro du 8 septembre
de Forum
ouvrier.
Des municipalités au Québec critiquent la Loi 110
Le gouvernement libéral du Québec a refusé et refuse
toujours de
reconnaître la position légitime qu'ont prise bon nombre de
municipalités contre cette loi de même que l'opposition
unanime exprimée par les travailleurs qui ont demandé son retrait. Le
gouvernement a simplement écarté du revers de la main la position prise
par
les municipalités et déclaré que la Loi va les forcer à renoncer à
leurs négociations avec les travailleurs puisque la Loi va s'appliquer
à tous également.
Les libéraux de Philippe Couillard tenaient tellement à
utiliser
leur pouvoir politique pour prémunir le projet de loi contre les
actions des
municipalités qui ne veulent pas attaquer le droit de leurs
travailleurs de négocier leurs conditions de travail que le ministre
responsable de la Loi a modifié par un amendement l'article 5 du
projet
de loi qui
se lisait ainsi à l'origine :
« Sur réception de l'avis prévu à l'article 4 ( l'avis
que
l'employeur
envoie
à
l'effet
qu'il
n'y
a
pas
d'entente après la
période initiale de négociations - NDLR
) le ministre responsable de l'application du Code du travail nomme un
médiateur pour aider les parties à régler leur différend. »
Le ministre a fait ajouter ce paragraphe :
« Le ministre peut agir de son propre chef s'il n'a
reçu aucun avis
le quinzième jour suivant celui de l'expiration de l'un ou l'autre des
délais prévus à cet article, selon celui qui est applicable. »
Cet amendement est une réponse directe aux
municipalités et aux
syndicats qui voudraient continuer de négocier entre eux sans se faire
imposer un médiateur par le ministre, sachant que l'imposition du
médiateur mène tout droit à la loi spéciale de décret des conditions de
travail.
Parmi les municipalités qui s'opposent à la loi, on
compte des
municipalités de taille moyenne comme celle de Sorel-Tracy en
Montérégie et d'autres comme celle de Grande-Rivière en Gaspésie qui a
environ 3500 habitants. En octobre, les conseils de ville de ces
deux
municipalités ont adopté à l'unanimité une résolution s'opposant au
projet de loi. Les maires de Rouyn-Noranda et de Ville-Marie en
Abitibi-Témiscamingue s'y sont eux aussi opposés.
La résolution du conseil de ville de Sorel-Tracy se lit
ainsi :
IL EST PROPOSÉ
QUE le conseil informe le ministre des Affaires
municipales et de
l'Occupation du territoire qu'il est d'avis que l'adoption de la Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal par l'Assemblée
nationale pourrait venir nuire au droit fondamental de négocier, causer
un
déséquilibre entre les parties en matière de relations de travail et
pourra avoir des répercussions négatives sur le climat et les relations
de travail dans le secteur municipal,
QUE le conseil demande au gouvernement du Québec de
laisser aux
municipalités leur pleine autonomie pour fixer les conditions de
travail de leurs employés,
QUE le conseil informe le gouvernement du Québec qu'il
n'entendra
pas recourir à l'application d'une telle loi si elle est adoptée tel
que rédigée,
QUE le conseil demande au gouvernement du Québec de
modifier le
projet de loi no 110 de manière à donner aux municipalités le
pouvoir
de se soustraire de l'application de celle-ci et ainsi négocier
librement avec les associations syndicales qui représentent ses
employés.
Adoptée à l'unanimité des membres du conseil.
Pour essayer d'enrayer les critiques sur le projet de
loi, le
ministre a déposé des amendements qui selon lui donnent plus de «
flexibilité » aux négociations. Ces amendements ne font rien pour
traiter de la question centrale à savoir que les travailleurs doivent
avoir leur mot à dire et exercer un contrôle sur leurs conditions de
travail, leurs
salaires, leurs avantages sociaux et leurs pensions. Par exemple, il a
fait passer un amendement à l'article 4 pour allonger la période
de
négociations permise avant que le ministre n'impose une médiation en
nommant lui-même un médiateur, la faisant passer de 120 jours
à 240
jours, mais dorénavant la négociation devra
débuter 90 jours avant le jour de l'expiration de la convention
collective et non le jour de l'expiration.
En dépit de l'opposition qui ne cesse de croître, le
gouvernement
Couillard a foncé tête baissée pour perpétrer son coup qui lui donne la
mainmise sur les négociations dans le secteur municipal. Ce coup sert
l'ordre du jour antisocial de gouvernements municipaux comme ceux de
Montréal et Québec qui
veulent privatiser les services municipaux. Le gouvernement libéral de
Philippe Couillard et d'autres néolibéraux au sein de certaines villes
partagent l'obsession du gouvernement libéral de Justin Trudeau pour
les traités de libre-échange qui sont contrôlés par les oligopoles
mondiaux cherchant à s'emparer des services et de l'infrastructure
publics pour les exploiter dans leur intérêt. Un de ces traités est
l'AECG,
l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. L'AECG
considère notamment les services publics comme des marchés et garantit
l' « accès » à ces marchés. Il permet aux oligopoles mondiaux
d'intenter des poursuites contre les gouvernements en les accusant
d'entraver l'« accès » aux services publics. Pour réaliser
leur objectif antisocial de contrôler et d'exploiter les travailleurs
municipaux et les services qu'ils dispensent, les oligopoles cherchent
à briser la résistance des travailleurs à la défense de leurs droits et
le front du peuple à la défense de ses services publics et de la
société. Tous les travailleurs, les jeunes et les aînés doivent se
tenir aux côtés des
travailleurs municipaux dans la lutte contre le coup perpétré par le
gouvernement Couillard contre les travailleurs municipaux.
Nous rejetons ce coup perpétré contre les droits des
travailleurs !
Choc de droits, choc de démocraties
- Pierre Chénier -
Le ministre des Affaires municipales Martin Coiteux a
clairement
dit dans la période qui a mené à l'adoption du projet de loi 110
que le gouvernement n'allait pas permettre de discussion
sur les salaires et les conditions de travail véritables ou sur
l'histoire de la négociation collective
dans le
secteur municipal. Selon la vision intéressée du gouvernement, les
négociations en général ont maintenant tourné à l'avantage des
travailleurs
et elles endommagent les finances des villes. Selon le ministre, le
gouvernement devait intervenir d'une main ferme et fouler aux pieds les
droits des
travailleurs municipaux, et l'affaire s'arrête là.
Le ministre a clairement
fait savoir qu'il n'était pas intéressé
aux faits, à clarifier les questions ou à établir quelque équilibre
avec la classe ouvrière. Il n'a fait que répéter, comme si c'était une
formule magique, qu'une
municipalité est une « institution démocratique » redevable devant
les
contribuables.
En partant de cette construction mentale, il se sentait justifier
d'attaquer les droits
des
travailleurs. Il a donc dit que le gouvernement avait besoin d'une loi
pour établir un équilibre entre les attentes des travailleurs syndiqués
et une
saine gestion des finances de cette « institution démocratique ».
Pour atteindre cet équilibre le gouvernement a déclenché une campagne
haineuse et punitive contre les travailleurs municipaux. L'équilibre
des libéraux en faveur de l'oligarchie financière ne peut se réaliser
qu'au
détriment des droits des travailleurs et de tout espoir d'équilibre
dans les relations entre les employés et les employeurs.
Le ministre Coiteux a transformé l'expression «
institution
démocratique » en désinformation de type relations publiques
grossières pour justifier la négation des droits des travailleurs,
qui ne se justifie pas dans un monde moderne. Les gouvernements
municipaux
des grandes villes sont sous le contrôle de l'oligarchie financière.
Ils appliquent des mesures néolibérales très spécifiques comme la
privatisation des services, la sous-traitance d'emplois, la réduction
des salaires et des pensions et les hausses de taxes et de
frais d'usager. Ce programme antisocial est au service des
intérêts privés de ceux qui possèdent et contrôlent une grande quantité
de richesse sociale,
soit les oligopoles de l'oligarchie financière. Les gouvernements des
grandes villes de
même que les gouvernements fédéral et québécois sont largement passés
sous le contrôle supranational des oligopoles mondiaux et ils
s'attaquent systématiquement aux intérêts des travailleurs.
Ces gouvernements sont des institutions démocratiques
de type
ancien, au service de l'oligarchie financière qui possède et contrôle
une énorme quantité de richesse sociale. Ils fonctionnent de manière à
priver les travailleurs de leurs droits et des moyens d'exercer un
contrôle sur leurs affaires. Ils ne sont pas des institutions
démocratiques d'un type
renouvelé qui donnent aux travailleurs les moyens d'exercer un contrôle
sur leur travail et
leur vie et de donner une nouvelle direction prosociale à l'économie et
à la société.
Au service des intérêts privés étroits de l'oligarchie
financière,
le ministre Coiteux fait la promotion de la démocratie impérialiste
pour justifier les attaques aux droits des travailleurs municipaux,
l'accroissement de leur exploitation et la mainmise sur la valeur
qu'ils produisent. Les oligopoles cherchent à priver les travailleurs
municipaux de
leur ligne de défense, pour la défense de leurs droits et des services
publics qu'ils
dispensent. Ils cherchent à priver les travailleurs municipaux de leur
droit de regard sur leurs conditions de travail qui sont les conditions
mêmes de la livraison des services publics. Ils veulent amener les
travailleurs municipaux plus solidement sous le contrôle
direct
des oligopoles mondiaux afin que les intérêts privés étroits de ceux-ci
soient servis.
Les travailleurs municipaux qui
luttent à la défense de leurs
droits et des services publics qu'ils dispensent constituent une
première ligne de défense contre les oligopoles, leurs institutions
démocratiques impérialistes et leur ordre du jour antisocial
supranational. Ils luttent pour priver les institutions démocratiques
impérialistes de leur pouvoir
de priver les travailleurs de leurs droits. Les travailleurs municipaux
sont ceux qui sont les mieux placés pour contribuer à l'exercice d'un
contrôle prosocial sur la direction que prennent les municipalités où
ils travaillent, ce qui comprend leurs conditions de travail et la
livraison des services, mais les institutions démocratiques
impérialistes font
entrave à ce développement positif. Le choc des droits des travailleurs
et de ceux des monopoles est également un choc de démocraties :
une
démocratie renouvelée qui investit les travailleurs du pouvoir versus
la démocratie impérialiste enracinée des oligopoles.
Toute autorité ou institution, publique ou privée, qui
attaque les
droit des travailleurs montre qu'elle est un instrument impérialiste
servant
à priver les travailleurs de leur mot à dire et de leur contrôle sur
les affaires qui les concernent. Toute autorité ou institution qui
habilite les travailleurs à prendre contrôle de leur travail et de leur
vie joue un rôle positif dans le renouveau de la démocratie et la
préparation d'une nouvelle direction pour l'économie et la société.
Les travailleurs de la santé du Québec
s'opposent à l'offensive antisociale
Les travailleurs du secteur préhospitalier
demandent des conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils
font
- Entrevue avec Jean Gagnon le
représentant du
secteur préhospitalier de la Fédération de la santé et des services
sociaux de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) -
Les paramédics et d'autres travailleurs de la santé manifestent à
Québec le 27 octobre 2016.
Les paramédics, répartiteurs et employés de soutien du
secteur
hospitalier intensifient leur lutte pour améliorer leurs conditions de
travail qui déterminent la qualité des services qu'ils dispensent à la
population. Les travailleurs membres de la Fédération de la santé et
des services sociaux-CSN sont en train d'obtenir des mandats de grève
de
leurs membres dans tout le Québec. Les travailleurs du secteur membres
de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du
Québec, affiliée à la FTQ, intensifient eux aussi leur mobilisation à
la défense de leur dignité de travailleurs et des services.
Les
conventions collectives du secteur préhospitalier sont maintenant
échues depuis
le 31 mars 2015. Les travailleurs dénoncent le refus du
gouvernement de
négocier avec eux des ententes qui reconnaissent le travail important
qu'ils font pour la population dans des conditions très difficiles.
Voici une entrevue qui a été faite avec Jean Gagnon, le
représentant du
secteur hospitalier de la Fédération de la santé et des
services sociaux-CSN.
***
Forum ouvrier :
Quelles sont les principales demandes des travailleurs du secteur
préhospitalier en ce moment ?
Jean Gagnon : Il y a les
augmentations de salaires
et la bonification du régime de retraite. Il y a aussi deux enjeux
majeurs. D'une part, pour les grands centres comme Montréal et Laval,
c'est la charge de travail, qui est rendue tellement élevée. Déjà que
dans notre domaine c'est très stressant, c'est démontré que dans
le milieu on ne fait pas autant d'années qu'ailleurs. La charge de
travail présentement est tellement lourde que les paramédics s'épuisent
sur la route en donnant le service.
De l'autre côté, l'autre enjeu, qu'on retrouve dans les
petits
centres et en région, c'est ce qu'on appelle les horaires de faction.
Ce sont des horaires 7/14 pendant lesquels les gens sont en
fonction 7
jours sur sept, 24 heures sur 24 et après cela ils ont une
semaine de
congé. Ces horaires ont été créés dans le passé pour
une question de coûts dans des endroits où il y avait peu d'appels,
alors on mettait des horaires de faction mais ces horaires sont désuets
aujourd'hui.
Il y a des endroits où la charge de travail est
tellement élevée
que les gens font plus de 16 heures sur la route. Pour ce qui est du
service à la population, ce n'est pas normal en 2016 que les gens
doivent se réveiller, s'habiller pour monter dans l'ambulance et aller
répondre à un appel. C'est pour cela qu'on réclame en région d'avoir
des horaires à l'heure.
La charge de travail a augmenté, parce que d'une part,
au cours des
années, le volume d'appels a augmenté, le temps d'intervention a aussi
augmenté beaucoup parce que maintenant on donne plus de soins, on
stabilise les patients avant de partir, on a plus de choses à faire, on
doit évaluer les bénéficiaires et cela prend du temps. Pendant ce
temps-là, le nombre des véhicules et des effectifs n'a pas suivi cette
augmentation. Ce qui fait qu'on se retrouve par moment à Montréal ou
Laval avec des gens ayant subi des arrêts cardiaques qui sont en
attente et il n'y a pas de véhicules de disponibles pour y répondre.
Maintenant ce n'est pas rare qu'une ambulance va partir de Montréal
pour
aller répondre à un appel à Laval.
FO : Les travailleurs
protestent également contre
la façon dont le gouvernement se comporte dans les négociations.
Peux-tu nous en dire plus ?
JG : Le problème c'est
que d'un côté le
ministre de la Santé tient un discours à l'effet que nos conditions de
travail sont largement négociées centralement, ce avec quoi nous sommes
d'accord, et d'autre part il nous dit maintenant que nous allons
négocier séparément avec les différents employeurs pour lesquels on
travaille, ce qui veut dire des conditions différentes pour le même
travail.
Par exemple, depuis quelques années, ils ont mis en
place un
registre national, ce qui fait que l'ensemble des paramédics
travaillant au Québec doivent avoir le même niveau de formation, ce qui
est positif. Le ministre a aussi annoncé en avril dernier qu'il voulait
faire centralement l'achat d'équipements et de fournitures pour des
économies
d'échelle. En même temps, le ministre nous dit maintenant que le
ministère se désengage des négociations, qu'il n'est plus aux tables de
négociation et que nous devons négocier nos conventions collectives
avec nos employeurs. Il faut savoir que depuis 1984, nous avons
une
table de négociation nationale. Même si nous avions des
employeurs séparés, le ministère était assis à la table avec les
représentants des employeurs et on négociait des choses comme les
régimes de retraite, les assurances et les salaires. En ce qui concerne
les assurances, nous avons présentement un comité paritaire où l'on
s'assoit et tous les paramédics CSN ont la même assurance. Ils veulent
maintenant qu'avec la Corporation des services d'ambulance du Québec,
qui représente la majorité des employeurs privés, on ait une assurance,
et une assurance différente pour les paramédics d'Urgences-Santé, et
une autre encore avec d'autres employeurs, Ils sont en train de nous
diviser et on comprend qu'on n'a pas d'intérêt à aller vers
cela.
L'objectif semble être de sauver des coûts aux dépens
de nos
conditions de travail. D'ailleurs ils nous disent ouvertement qu'ils
veulent piger dans nos conditions travail pour réinvestir dans le
système.
C'est seulement au cours des dernières années qu'on a
obtenu un
rattrapage salarial. On a commencé à être payé comme on devrait être
payé. Notre régime de retraite à l'heure actuelle est un peu
l'équivalent du Régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics (RREGOP), mais nous autres on dure moins longtemps
dans la profession. Il faut qu'on bonifie notre régime de retraite, que
nos augmentations de salaire suivent, sinon on va perdre du terrain à
nouveau. Pas question pour nous d'accepter cela.
Ils veulent qu'on réalise une négociation à coût zéro.
Par exemple,
si on se donne 2 % d'augmentations de salaire, on va se
couper un
équivalent de 2 % de nos journées fériées, ou un équivalent
de 2 % dans
nos vacances. On ne peut pas avoir une négociation à coût nul alors que
le coût de la vie
augmente.
Nous devons améliorer nos salaires et nos conditions de
travail et nous ne retournerons pas en arrière, ça c'est certain.
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