27 octobre 2016
Les métallos s'opposent à la
restructuration
au service d'intérêts privés étroits
Un conflit intermonopoliste qui tient
le Canada en otage et cause
beaucoup de dommages
- K.C. Adams -
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Les métallos s'opposent à la
restructuration au service d'intérêts privés étroits
• Un conflit intermonopoliste qui tient le
Canada en otage et cause beaucoup de dommages - K.C.
Adams
• Les rivalités intermonopolistes se
poursuivent dans le secteur de l'acier
Les travailleurs de
Fort McMurray exigent leurs droits
• La lutte pour reconstruire après le feu de
forêts dévastateur - Marie Thibault
Les travailleurs
exigent une vérification des ressources de l'Agence canadienne
d'inspection des aliments
• Nécessité de défendre la salubrité des
aliments que nous consommons - Pierre Chénier
Enseignants,
étudiants, parents et alliés continuent de se battre
pour leurs écoles
• Le gouvernement libéral de la
Colombie-Britannique congédie la Commission scolaire de Vancouver -
Anne
Jamieson
Les métallos s'opposent à la
restructuration au service d'intérêts privés étroits
Un conflit intermonopoliste qui tient le Canada en
otage et cause beaucoup de dommages
- K.C. Adams -
Les travailleurs canadiens doivent
multiplier les efforts
dans la bataille organisée pour arracher le contrôle de leur économie
de base aux monopoles mondiaux.
Essar Global Fund a placé sa filiale Essar Steel Algoma
sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies
(LACC) en novembre 2015. Il disait que sa filiale ne pouvait plus
payer
ses factures ni assumer ses obligations sociales envers les
travailleurs et les retraités, et que de surcroit l'entreprise
américaine Cliffs Natural Resources refusait de livrer les
approvisionnements en minerai de fer malgré l'existence d'un contrat à
cet effet. Essar Global prétend que c'est le conflit qui l'oppose à
l'entreprise américaine au Minnesota qui a motivé Cliffs à stopper les
approvisionnements.
Avant de placer Essar Steel Algoma sous la protection de
faillite,
Essar Global a détaché le port d'Algoma et l'usine de cogénération du
complexe sidérurgique pour les placer sous son contrôle direct.
Certains croient qu'il l'a fait en prévision de la protection de
faillite, puisqu'en excluant ces deux entités de la révision de
faillite, il serait en
meilleure position pour contrôler le processus. L'usine ne peut pas
fonctionner normalement sans les installations portuaires.
Essar Global Fund a connu une expansion rapide avant la
crise
économique de 2008, principalement grâce à l'emprunt. La chute des
prix
de ses marchandises et la baisse de la consommation de l'acier ont
accru les pressions des créanciers. Les requins ont repéré l'odeur du
sang et foncent sur les avoirs les plus vulnérables d'Essar
Global, et cela comprend Essar Steel Algoma. Essar Global semble avoir
espéré que le contrôle des installations portuaires lui serve d'atout
pour le maintien du contrôle de l'aciérie durant la protection de
faillite. Or, le contrôleur nommé par le tribunal, Ernst & Young,
et le principal débiteur-exploitant (financement « DIP »), la
Deutsche
Bank, ont entrepris de s'attaquer directement à ce contrôle des
installations portuaires pour affaiblir la position d'Essar Global.
Essar Global prétend qu'Ernst & Young et la
Deutsche Bank, qui
détient 200 millions $ en financement DIP, ont conspiré pour
prendre le
contrôle du processus et en écarter Essar Global. Anshumali Dwivedi,
président-directeur général du Port d'Algoma, une entreprise possédée
séparément par Essar
Global depuis 2014, affirme qu'il y a
conspiration pour saper la crédibilité d'Essar Global et sa stabilité
financière.
Dans une entrevue accordée au Sault Star,
monsieur Dwivedi
se dit « très déçu » de la décision rendue plutôt ce mois-ci par
le
juge du tribunal de faillite à l'effet qu'Essar Steel Algoma n'avait
pas à payer de frais de manutention au Port d'Algoma selon l'entente en
vigueur. Le juge J. Newbould a également autorisé le
contrôleur Ernst & Young à intenter un « recours en
oppression »
(pour abus de pouvoir) pour déterminer si la séparation du Port
d'Algoma du complexe d'Essar Steel Algoma en 2014 était « juste et
équitable ».
M. Dwivedi dit trouver cette décision «
alarmante » et non conforme
aux faits. Il soutient en entrevue que « le juge s'appuie sur une
information sélective fournie par certaines parties qui veulent
l'amener dans une certaine direction. Je suis la voix solitaire noyée
par les créanciers débiteurs-exploitants et le contrôleur. »
Il affirme que le Port d'Algoma jouit toujours du
soutien de son
parent Essar Global, qui peut lui fournir les capitaux nécessaires pour
élargir les installations portuaires avec l'aide du Nouveau Fonds
Chantiers Canada du gouvernement Trudeau. On a récemment vu M. Dwivedi
en compagnie du ministre d'Innovation, Sciences et
Développement économique Canada. Il aurait ensuite confirmé que tout
est prêt et que les travaux peuvent commencer dès que la protection de
faillite sera levée. Il veut que le gouvernement fédéral
paie 25 % des
coûts du projet d'expansion de 147,5 millions $ et le
gouvernement de
l'Ontario serait prêt à consentir une
somme équivalente.
Les allégations d'abus contre Essar Global Fund sont
semblables à
celle à l'effet que US Steel aurait détourné des clients de sa filiale
canadienne, l'ancienne Stelco, pour l'affaiblir délibérément, qu'il a
surchargé sa filiale canadienne pour les matériaux qu'il lui vendait et
qu'il a manipulé les livres comptables de manière à faire passer ses
investissements pour des prêts. Le juge n'a pas accordé de recours en
oppression contre US Steel malgré la preuve incontestable.
Les Canadiens doivent s'inquiéter de voir leur économie
être en
proie à ces querelles et manoeuvres des monopoles mondiaux. Ces
allégations montrent non seulement l'existence de pratiques abusives
par lesquelles les monopoles mondiaux exploitent la valeur que
produisent les travailleurs canadiens pour servir leurs intérêts privés
étroits,
mais aussi que la rivalité intermonopoliste pour le contrôle mène à des
attaques directes contre les travailleurs et à des demandes de
concessions, à la destruction d'usines, à l'affaiblissement de
l'économie en général et à une perte insensée de valeur en frais de
cours et autres dépenses improductives.
La valeur que les travailleurs produisent doit en
priorité servir
au bien-être des travailleurs eux-mêmes et de leur communauté, ainsi
qu'à la reproduction élargie des usines pour contribuer à l'économie en
général. Les travailleurs canadiens doivent multiplier les efforts dans
leur bataille pour contrôler leur économie de base et restreindre le
comportement destructeur des monopoles mondiaux. De plus en plus de
gens au Canada demandent une économie qui suffit à ses besoins sous le
contrôle des producteurs véritables. Cette économie s'appuierait sur la
force combinée de la classe ouvrière moderne et des ressources
naturelles du Canada pour stabiliser et accroître l'économie nationale,
fournir à la population les programmes sociaux et services publics
nécessaires, pratiquer le commerce pour l'avantage et le développement
mutuels et bâtir la nation en opposition à la destruction nationale des
bâtisseurs d'empire.
Les rivalités intermonopolistes se poursuivent
dans le secteur de l'acier
Les métallos sont alertés au besoin
de défendre leurs droits et
l'intérêt des Canadiens et de leur économie.
Essar Global Fund est un fonds de contrôle de la
richesse sociale
(FCRS) incorporé dans lesÎles Caïmans et dont le siège social se
trouve à Mumbai, en Inde. Il a des opérations partout dans le monde qui
emploient 60 000 personnes dans des secteurs comme l'acier,
les mines,
la
marine marchande (avec 26 navires), les ports (plusieurs en Inde),
la
vente de détail, l'immobilier et les finances. Il contrôle le plus
grand réseau de vente au détail du secteur des télécommunications de
l'Inde et un des plus grands de l'Afrique. Il emploie également en
sous-traitance plus
de 55 000 personnes dans le monde. Il est le propriétaire à
part
entière d'Aegis Limited, une entreprise de sous-traitance et de
services technologiques employant 40 000 personnes partout
dans le
monde. Le monopole Essar a emprunté et dépensé des sommes énormes
pour acquérir différentes entreprises avant la crise économique
de 2008. Depuis, sa richesse sociale est convoitée et prise
d'assaut
par plusieurs autres FCRS.
Essar a placé l'aciérie
Essar Steel Algoma sous la protection de la Loi sur les
arrangements avec les créanciers des compagnies
(LACC) en novembre 2015, mais a vite perdu le contrôle du complexe
sidérurgique et du processus de faillite aux mains du
débiteur-exploitant d'une valeur
de 200 millions $ dominé par la Deutsche Bank et du
contrôleur nommé
par le tribunal, le FCRS américain Ernst & Young.
Essar Global Fund a fait plusieurs tentatives pour
sortir Essar
Steel Algoma du processus de faillite, mais n'y arrive pas à cause de
l'opposition des autres FCRS, notamment Cliffs Natural Resources basé
au Minnesota. Il a aussi tenté d'acheter US Steel Canada cet été, qui
est lui aussi sous la protection de
la loi de faillite, mais en vain.
Essar aurait maintenant fait équipe avec le FCRS
américain Cargill
pour tenter à nouveau d'acheter US Steel Canada. Cargill a lui aussi
son siège social au Minnesota et il est le plus grand FCRS non inscrit
à la bourse aux États-Unis. Une filiale d'Essar Global au Minnesota est
engagée
depuis longtemps dans une rivalité avec Cliffs Natural Resources pour
le contrôle des ressources naturelles du Minnesota et du Michigan,
notamment les exploitations de minerai de fer d'Essar présentement en
phase de construction et qui se sont placées sous la protection de la
loi américaine sur les faillites
(Chapitre 11) en juillet. Cette rivalité intermonopoliste se
poursuit
au Canada où Cliffs refuse d'approvisionner Essar Steel Algoma en
minerai de fer tant que celui-ci ne se voit pas empêché par la loi de
reprendre le contrôle de l'aciérie. US Steel est aussi dans la mêlée
puisqu'il
possède également des réserves de minerai de fer et des exploitations
minières au Minnesota et se trouve en concurrence avec Cliffs pour les
marchés et les ressources. Dans le cadre de la protection de faillite
de US Steel Canada présentement en cours, le tribunal a déclaré que US
Steel
est le principal créancier des avoirs de Stelco qu'il possède (à la
fois créancier et propriétaire !)
L'alliance entre Essar Global et Cargill laisse voir que
certains
des membres les plus influents de l'oligarchie financière se rangent de
son côté dans sa rivalité pour le contrôle de la production de l'acier
et de l'exploitation du minerai de fer. Notons par ailleurs que Cargill
a d'importantes opérations
en Inde, où Essar domine le secteur. [1]
Les opérations énergétiques et industrielles de Cargill comprennent une
importante entreprise mondiale qui contrôle neuf complexes
sidérurgiques aux États-Unis et en Chine où l'acier est transformé
en produits de consommation.
Cette rivalité destructive se poursuit sans restriction
au Canada
parce que les Canadiens n'exercent aucun contrôle sur les secteurs de
base de leur économie. Aucun des FCRS qui rivalisent pour le contrôle
d'Essar Steel Algoma et l'ancienne Stelco n'apporte des solutions aux
problèmes du secteur de l'acier.
Ils ne garantissent pas non plus la production, les emplois, les
pensions et les avantages postérieurs à l'emploi. Leur intervention est
entièrement au service de leurs intérêts privés étroits. Les métallos
et leurs alliés sont très conscients du fait que leur bien-être et
sécurité d'emploi et leurs pensions ne sont pas des considérations
importantes pour ces FCRS et leurs représentants au gouvernement. Les
travailleurs mobilisent leurs communautés et leurs alliés et bâtissent
leurs propres institutions pour défendre leurs droits et l'intérêt
général des Canadiens et de leur économie.
La source du problème est que les Canadiens n'ont aucun
contrôle
sur leur économie de base, sur les affaires politiques et sur leur vie.
C'est ce qu'il faut changer s'ils veulent apporter un degré de
stabilité et de sécurité à leur vie. Ils doivent établir un contrôle
des
secteurs de base de l'économie en opposition directe au front
monopoliste de l'oligarchie financière mondiale. Les travailleurs
organisent un puissant front populaire capable de mobiliser les
Canadiens pour défendre leurs droits face au droit de monopole.
Joignons-nous à eux !
Note
1. Concernant Cargill en Inde, le
FCRS Cargill Foods India
transforme, raffine et met en marché une gamme de produits dérivés de
l'huile comestible, indiens et importés, avec une clientèle dans le
secteur de la vente au détail, de l'alimentation et du breuvage.
Cargill India est un des plus
grands producteurs et metteurs en marché de céréales alimentaires de
l'Inde. Sa filiale commerciale et financière gère Cargill Capital and
Financial Services India. Cargill Energy, Transport and Metals BU a des
opérations dans le transport outremer du charbon, du fer et de l'acier.
Il a
récemment fait l'acquisition de la marque Sunflower Oil de Wipro. Il
est le deuxième plus grand acheteur de céréales de l'Inde, devancé
uniquement par le gouvernement de l'Inde. Cargill contrôle aussi
Mosaic, un des plus grands producteurs au monde d'engrais et possède
d'importantes
opérations minières et de raffinage dans six pays, dont trois mines de
potasse en Saskatchewan.
Les travailleurs de Fort McMurray exigent
leurs droits
La lutte pour reconstruire après
le feu de forêts dévastateur
- Marie Thibault -
Réunion du groupe de soutien aux résidents évacués de Fort McMurray. (S. Legacy)
La ville ouvrière de Fort McMurray se bat pour sa
reconstruction
après le feu dévastateur du mois de mai dernier. Le feux a forcé
l'évacuation de 90 000 habitants qui, pour la plupart,
travaillaient
directement dans les champs pétrolifères à proximité ou dans
l'industrie des services. Au cours des années, leur temps de travail
collectif a produit plus d'un million de barils par jour de pétrole
brut des puits de la région de surface et ajouté une valeur énorme à
l'économie et à la société canadienne. Les travailleurs méritent
que leurs résidences et entreprises locales soient reconstruites avec
des investissements des assureurs privés, des monopoles pétroliers ou
du gouvernement. Les travailleurs disent que c'est loin d'être le cas
et que de nombreuses vies sont toujours bouleversées même si la
production de pétrole dans
la région est redevenue presque normale.
« La bête », comme les habitants ont surnommé
l'incendie, a détruit
ou endommagé 2 793 maisons ou appartements et 3 200
unités ne peuvent
être réoccupées, selon les estimations de juillet de la municipalité
régionale
de Wood Buffalo. Même si les monopoles pétroliers ont rappelé les
travailleurs au travail pour relancer la production et
que 80 000
habitants sont rentrés, le 20 octobre seulement 184 permis de
construction avaient été délivrés pour de nouvelles structures et
seulement 30 maisons avaient été mises en chantier, selon les
responsables de la ville.
Les travailleurs accusent les gouvernements et les
compagnies
d'assurance de bloquer la reconstruction et le rétablissement des
conditions de vie sociales, culturelles et matérielles dans la ville.
Selon les estimations de la Croix-Rouge la plupart de ceux sont revenus
et ont trouvé leurs maisons calcinées,
détruites par le feu, n'ont pas encore commencé à reconstruire parce
qu'ils sont bloqués par un manque de fonds et l'exigence de permis
coûteux.
Kevin Lewis, un propriétaire d'entreprise de démolition
locale, a
déclaré selon Reuters : « les gens sont furieux et les
entreprises sont
furieuses ; il y en a qui ont intenté des poursuites. » La
lenteur des
paiements d'assurance et de la délivrance des permis est
la cause de l'échauffement des esprits. Les gens se demandent pourquoi
les opérations des monopoles pétroliers sont de retour à la normale et
ne semblent pas manquer de fonds pour cela, tandis que pour les
travailleurs du pétrole et des services le retour à la vie normale
avance très
lentement.
Selon le Bureau d'assurance du Canada, en juillet les
résidents
avaient déposé 45 000 réclamations d'assurance-incendie pour
des
dommages estimés à 3,58 milliards $. Les réclamations
résidentielles
représentent à elles
seules 27 000 de ce nombre. Les plaintes contre les
compagnies
d'assurance pour des questions comme le refus de payer pour les dégâts
dus à l'eau sont déjà légion. CBC rapporte que des résidents disent
qu'« ils en ont assez des compagnies d'assurance qui ne
retournent pas les appels et ne répondent pas aux courriels, des
pressions pour leur faire accepter des règlements désavantageux, des
impolitesses et du manque de professionnalisme ».
Les travailleurs, qui font
face aux difficultés de leur travail
quotidiennement, n'apprécient pas les excuses des assureurs et des
représentants du gouvernement, comme ce commentaire d'un représentant
de la municipalité qui a déclaré à CBC : « Nous
espérions avoir un tas de maisons en construction, mais nous avons eu
d'importantes difficultés. » Pourquoi les monopoles pétroliers
ont-ils
pu surmonter leurs « difficultés » pour relancer la
production, mais
que quand il s'agit des conditions de vie des travailleurs, tout à
coup les excuses remplacent l'action concrète ? Cela prouve encore
une
fois que l'économie au Canada est au service des intérêts privés
étroits des riches dans le monde et des monopoles qu'ils contrôlent et
pas au service des droits et du bien-être des travailleurs qui
produisent toute la
richesse sociale dont dépendent l'économie et la société.
Les travailleurs soulignent que la reconstruction
concertée aurait
dû commencer immédiatement après le feu à la fin du printemps, pendant
l'été et le début automne. Maintenant, avec le brutal hiver du Nord de
l'Alberta qui s'installe déjà, de nombreux résidents
devront attendre jusqu'au printemps prochain pour reconstruire leurs
maisons. La température moyenne en hiver est d'environ -10 ° C dans la
journée, elle peut descendre à moins de 40 ° C. De plus, les
entreprises de ciment ajoutent une surtaxe de chaleur de 10 %
l'hiver,
du 1er octobre
au 1er avril, pour couler le béton.
« Beaucoup de gens sont mécontents de la façon
dont se déroulent
les choses. La reconstruction va plus lentement que prévu, je ne suis
pas sûr si c'est des questions d'assurance ou de permis ou d'un mélange
des deux, a déclaré le capitaine des pompiers Damian Asher au
reporter de CBC. Les gens qui louent ou vivent avec des amis sont
impatients de savoir s'ils seront en mesure de commencer à reconstruire
ou pas. »
Monsieur Asher, qui a perdu sa maison alors qu'il
combattait le feu
de forêt dans une autre partie de la ville, dit que ses propres plans
de reconstruction ont été retardés parce qu'il attendait un permis de
démolition, bien qu'il ait déjà dépensé 12 000 $ pour
d'autres permis. Le fait qu'on oblige les résidents qui ont tant perdu
dans l'incendie à payer plusieurs permis de reconstruction et d'autres
frais avant que les travaux puissent commencer a indigné beaucoup de
travailleurs qui étaient revenus. Ils ont commencé une page Facebook
pour aider les autres
évacués et faire pression sur les fonctionnaires. Ils ont dénoncé le
fait que les propriétaires de maisons détruites par le feu doivent
payer pour des permis de construction tout en se démenant pour trouver
de l'argent de leurs épargnes et des assurances. Face à la résistance
organisée, le Conseil municipal de la ville a voté en septembre de
renoncer aux droits de permis, une petite victoire dans la lutte pour
défendre les droits des résidents de cette ville ouvrière en difficulté.
Les travailleurs exigent une vérification
des ressources
de l'Agence canadienne d'inspection des aliments
Nécessité de défendre la salubrité des aliments
que nous consommons
- Pierre Chénier -
Les inspecteurs des aliments canadiens et leur
syndicat, le
syndicat de l'Agriculture (partie de l'Alliance de la fonction publique
du Canada), exigent une vérification immédiate des ressources de
l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) pour veiller à ce
que l'organisme fédéral dispose de ressources suffisantes pour
superviser
l'industrie et faire respecter les normes de salubrité.
Le gouvernement fédéral est
tenu d'effectuer une telle vérification tous les cinq ans comme le veut
la Loi sur la salubrité des aliments au Canada
adoptée en 2012 en réponse à l'éclosion de listériose chez Maple
Leaf
Foods en 2008, qui a tué 22 personnes. À cette époque, il a
été
clairement révélé que la catastrophe
causée par Maple Leaf Foods a été rendue possible par des coupes
majeures au nombre de postes d'inspecteurs des aliments et un
changement dans le rôle des inspecteurs d'aliments — au lieu
d'effectuer des inspections sur le plancher mêmes des usines ils
allaient dorénavant éplucher les rapports des propriétaires d'usines.
Le gouvernement fédéral
a réduit le nombre d'inspecteurs des aliments et déréglementé
l'industrie de la transformation des aliments. La même déréglementation
a eu lieu dans l'industrie ferroviaire, avec les conséquences tout
aussi tragiques que l'on sait.
Quatre ans après l'adoption de la Loi sur la salubrité
des
aliments, aucune vérification des ressources de l'ACIA a été menée
parce que la Loi n'est toujours pas pleinement en vigueur. La
vérification devrait être faite dans les cinq ans qui suivent l'entrée
en vigueur de la Loi.
Le syndicat de l'Agriculture demande aux Canadiens
d'écrire à la
ministre de la Santé Jane Philpott, qui est responsable du dossier,
pour la convier à agir maintenant pour s'assurer que l'ACIA dispose des
ressources humaines et du budget dont elle a besoin avant l'éclosion
d'un nouveau foyer de contamination. Le syndicat souligne que cela
est d'autant plus urgent que, pour la deuxième fois en une décennie, le
gouvernement se penche de nouveau sur le système d'inspection des
aliments. Dans un sondage mené plus tôt cette année,
seulement 14 % des
inspecteurs d'aliments de première ligne interrogés croient que la
haute direction peut introduire le nouveau régime sans
compromettre la sécurité du public.
Forum ouvier a récemment parlé avec Bob
Kingston,
président du syndicat de l'Agriculture. Il a donné quelques exemples
des changements qui ont lieu actuellement dans le système d'inspection
des aliments.
« Ce processus est en cours de modification. Il n'y
aura plus rien
en termes de normes que les gens devront suivre pour accomplir des
tâches. Ils vont laisser cela [aux entreprises] de le déterminer. Ils
ne vont pas exiger des entreprises qu'elles s'en tiennent à des
protocoles spécifiques », a-t-il dit.
« Par exemple, auparavant un
inspecteur pouvait avoir un ensemble
d'exigences réglementaires qu'une usine devait mettre en pratique. Par
exemple, pour se débarrasser de la bactérie E. coli dans la
viande à hamburger, vous deviez avoir une étiquette qui disait que la
viande doit être cuite à une certaine température. Si vous prépariez
un produit qui est appelé 'prêt à manger', il est censé avoir des
additifs qui tuent toutes les bactéries et maintiennent la salubrité
pendant qu'il se trouve sur l'étagère d'un magasin. L'ancienne
législation disait que pour accomplir cela vous deviez faire x, y et z.
Ils ont peur de dire aux gens quoi faire alors ils leur disent tout
simplement de
s'assurer de la salubrité des aliments, sans rien préciser »,
a-t-il
ajouté.
Bob Kingston a également déclaré que le système
d'inspection des
aliments se dirige vers ce qu'on appelle « la consolidation de
l'inspection des aliments ». La loi a dans les faits consolidé de
nombreuses pièces législatives régissant les différents types
d'aliments, de poisson, de viande ou de produits transformés en
conserve sous une
législation unique relative à l'inspection des aliments.
Il poursuit : « Ils croient qu'ils peuvent
fusionner tous les
rôles, de sorte qu'un inspecteur doive examiner cinq produits
différents, qu'il soit formé ou non. Si vous aviez tous les inspecteurs
expérimentés, des inspecteurs qui s'y connaissent dans des produits
particuliers, qui faisaient l'inspection, les gens n'auraient pas à se
préoccuper de
tant de choses. L'inspecteur saurait ce qui est nécessaire. Mais dans
le cadre du nouveau système que les gestionnaires de l 'ACIA ont à
l'esprit, vous allez avoir quelqu'un qui a un diplôme en foresterie qui
examine des poissons, ou quelqu'un qui a un diplôme en sciences qui
examine du maïs en conserve. C'est fou et tout cela se passe dans le
contexte d'une pénurie d'inspecteurs. ».
Le syndicat de l'Agriculture dit que l'ACIA est en
train de réviser
ses systèmes d'inspection pour faire face à la pénurie d'inspecteurs.
Voilà pourquoi il demande une vérification immédiate pour faire la
lumière sur les véritables ressources et budgets plutôt que de voir les
nouvelles réformes mises en oeuvre sans un examen public.
Sur son site Internet, le
syndicat explique l'urgence de la
situation : « Cela ressemble à du déjà vu. L'ACIA a fait quelque
chose
de semblable juste avant l'éclosion de listériose chez Maple Leaf Food
qui a tué 22 personnes. L'enquête sur la tragédie a conclu que
trop peu
d'inspecteurs étaient à l'endroit avant l'éclosion et qu'un
nouveau système avait été mis en place juste avant l'éclosion sans une
évaluation détaillée des ressources disponibles. »
« Ils ont donc fait un changement à partir d'une
pratique
d'inspection directe à un processus de vérification. Ils ne savaient
pas ce que cela signifierait et ce que cela signifiait était que tout
le monde était forcément assis dans les bureaux à éplucher des
documents au lieu d'être sur le plancher de l'usine. Donc, toute cette
histoire à propos des
machines de coupe de viande souillées qui recontaminaient les produits
finis de boeuf chez Maple Leaf, aucun inspecteur n'a vu cela parce
qu'ils étaient trop occupés à éplucher de la paperasse dans les
bureaux. Tout ce qui est arrivé sur le plancher de l'usine n'a même pas
été signalé à l'ACIA. Les inspecteurs doivent être sur le plancher de
l'usine. L'idée de faire la vérification est une bonne chose car c'est
bon d'évaluer le processus de temps en temps, mais ce n'est pas de
l'inspection réglementaire. C'est comme faire un examen annuel. Cela
n'est pas de l'inspection directe. Cela n'a pas de sens de croire
qu'ils peuvent remplacer les inspections par des vérifications en
bureau », a dit Bob Kingston à Forum ouvrier .
« Ils ont besoin de décrire ce qu'ils veulent, décrire
en détail à
quoi le nouveau système pourrait ressembler, et alors nous pourrons
évaluer s'il y a suffisamment de ressources pour le faire ou non. »
Enseignants, étudiants, parents et alliés
continuent de se battre pour leurs écoles
Le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique
congédie la Commission scolaire de Vancouver
- Anne Jamieson -
Rassemblement en appui aux commissaires congédiés le 20 octobre 2016
Le 17 octobre, le
ministre de l'Éducation Mike Bernier a annoncé
que tous les membres de la Commission scolaire de Vancouver étaient
congédiés et seront remplacés par un administrateur nommé par lui. Le
renvoi s'est fait quelques heures avant la réunion budgétaire de la
commission qui devait avoir lieu ce soir-là. « C'est très
bouleversant que la province choisisse de congédier nos commissaires
élus démocratiquement », a dit un parent, qui a ajouté : «
Ils étaient
les seuls représentants à qui nous pouvions exprimer nos préoccupations
et maintenant nous ne savons plus à qui nous adresser. Il y a beaucoup
d'incertitude. »
La raison donnée pour le congédiement ? Les
commissaires n'ont pas « équilibré le budget avant la date
butoir ».
La « Loi sur l'équilibre budgétaire »
La « Loi sur l'équilibre budgétaire » des
commissions scolaires
a été adoptée par le gouvernement libéral précédent, celui de Gordon
Campbell, gouvernement dans lequel la première ministre actuelle,
Christy Clark, était ministre de l'Éducation. Ce gouvernement avait
aussi interdit par la loi aux enseignants de faire la grève et annulé
des clauses de leur convention collective portant sur le nombre
d'élèves par classe, une mesure que deux paliers de tribunaux, dont la
Cour suprême de la Colombie-Britannique, ont jugé illégale. Le
gouvernement libéral, maintenant dirigé par Christy Clark, a néanmoins
utilisé des fonds publics pour faire appel des deux jugements et
continue de
faire des compressions dans l'éducation publique tout en augmentant le
financement des écoles privées. Les commissions scolaires de la
province font des pieds et des mains depuis 15 ans pour équilibre
leurs
budgets, avec des abolitions de postes d'enseignants, de
bibliothécaires, d'administrateurs et de personnes de soutien, et en
coupant dans
les services d'autobus.
Quand les institutions d'enseignement deviennent
des endroits toxiques
Tout comme les conditions de
travail dans les hôpitaux de la
province qui subissent les coups de la « restructuration », les
conditions des employés des écoles publiques sont devenues toxiques
sous cette pression. Plusieurs administrateurs ont dû prendre des
congés de maladie à cause du stress. On ne connaît pas encore le nombre
de
journées de congé de maladie prises par les autres employés des
commissions scolaires.
Le 18 juin, aux prises avec les contraintes de la
Loi sur
l'équilibre budgétaire, la Commission scolaire de Vancouver a annoncé
que plusieurs écoles seraient fermées durant la prochaine année
scolaire. La raison donnée est que les écoles ont besoin d'importantes
rénovations et que le gouvernement provincial accepte de payer
seulement
pour les écoles dont les inscriptions sont à 95 % de leur
capacité.
D'abord il y avait une liste de 21 fermetures possibles mais le
nombre
finalement été réduits à 12, et dans la plupart des cas les écoles
qui
seront fermées se trouvent dans le secteur appauvri de l'est de la
ville. Pendant qu'on jouait ainsi à la chaise musicale,
les enseignants, parents et étudiants des districts concernés étaient
laissés à leurs inquiétudes.
Plutôt que de rivaliser les uns avec les autres, ils
ont décidé d'unir leurs forces pour résister.
La campagne « Sauvons nos écoles »
En juin, des centaines de parents, enseignants et
étudiants ont
monté une campagne pour résister à l'offensive antisociale du
gouvernement provincial. « Il ne devrait y avoir aucune école sur cette
liste, a dit un intervenant autochtone lors d'un rassemblement à
l'école secondaire Britannia. Cela fait partie de l'offensive
néolibérale contre nous
tous. » Un grand nombre de signatures ont été recueillies sur des
pétitions, des centaines pancartes sont apparues sur les parterres et
il
y a eu de grands rassemblements aux écoles secondaires Gladstone et
Britannia. La commission scolaire a retiré l'école Britannia de sa
liste d'écoles pouvant être fermées après le rassemblement. Puis
le 3 octobre, la campagne a obtenu un moratoire sur toutes les
fermetures d'école. La réaction des libéraux ne s'est pas fait
attendre : ils ont congédié tous les commissaires. Les activistes
de la
campagne Sauvons nos écoles étaient outrés. Le lendemain ils ont livré
des pétitions portant 18 000 signatures au bureau de la
ministre de l'Éducation.
Que dire d'un gouvernement qui s'en prend à ses écoles
et ses commissions scolaires ?
L'éducation des enfants et de la jeunesse est une
fonction
essentielle de toute société. L'accès à une éducation de qualité est un
prérequis pour pouvoir participer à la société. C'est aussi un droit.
Le gouvernement qui ne reconnaît pas le besoin de combler les besoins
d'éducation des membres du corps politique ne peut être considéré comme
représentant les membres de cette société.
Il est en effet inadmissible qu'au lieu de soutenir la
commission
scolaire et de s'enquérir des besoins financiers pour offrir une
éducation de qualité pour tous, le gouvernement libéral décide de
congédier les commissaires, et ce, après avoir affamé le système
d'éducation pendant des années. C'est comme une bête détraquée qui
attaque ses petits.
La politique du gouvernement libéral en matière d'éducation est une
attaque contre le droit à des investissements stables dans les
programmes sociaux, mais aussi contre le droit d'un élu de ne pas être
sommairement congédié par un palier supérieur de gouvernement. La
campagne Sauvons nos écoles montre qu'il est nécessaire de s'opposer
activement aux activités destructrices des gouvernements néolibéraux au
pouvoir. Elle montre aussi que le renouveau démocratique est à l'ordre
du jour.
Déroulement de banderoles en solidarité avec les commissaires de
Vancouver à Victoria,
le 20 octobre 2016
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