29 septembre 2016
Fausse crise d'insolvabilité dans le
secteur de l'acier
La proposition Bedrock n'est
pas une solution
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Rassemblement de solidarité avec les
travailleurs lockoutés
de MANA à Hamilton
Vendredi 30 septembre de 5 h à 8 h
855
Industrial Drive, Hamilton
Information:
905-547-1417, uswa1005.ca
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Fausse
crise
d'insolvabilité
dans
le
secteur de l'acier
• La proposition Bedrock
n'est pas une solution
• Un autre accord de restructuration en vertu
de la LACC manigancé dans le dos de ceux qui sont directement affectés
Harcèlement et
criminalisation des travailleurs ferroviaires
• Le gouvernement Trudeau ne doit pas donner
aux monopoles ferroviaires l'accès aux enregistrements pris à bord des
locomotives
• Les demandes des monopoles ferroviaires ne
visent pas la sécurité mais une gestion fondée sur la peur et
l'intimidation - Entrevue avec Doug Finnson, président de la
Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC)
Fausse crise d'insolvabilité dans le
secteur de l'acier
La proposition Bedrock n'est pas une solution
Les métallos de Hamilton à la marche de la Fête du travail le 5
septembre 2016
Bedrock Industries a signé un protocole d'entente avec
le gouvernement de l'Ontario lui permettant de s'emparer des actifs de
production de l'ancienne Stelco. Le protocole a été mentionné au
parlement ontarien et dans les médias de masse sans que les métallos,
les employés salariés et les retraités de Hamilton en aient eu vent ou
aient eu leur mot à dire à son sujet. On rapporte que Bedrock veut
acheter les actifs restants de US Steel, mais non ce qu'il considère
comme étant des fardeaux, puis vendre ces actifs dans quelques années à
un prix plus élevé que celui qu'il a payé. Les termes de l’entente
demeurent « confidentiels jusqu’à ce qu’ils puissent être rendus
publics
suivant les délibérations du tribunal », selon le gouvernement de
l’Ontario.
À lire ce qui se dit dans les médias de masse, la
proposition
Bedrock serait un plan pour secourir l'aciérie Stelco et ses employés
et retraités d'une perte certaine. Sans même regarder les faits en
cause, la proposition est saluée comme une offre désintéressée d'un
sauveur bienveillant pour aider les travailleurs canadiens à se sortir
du pétrin
dans lequel ils se sont foutus. La société Bedrock serait en train de
faire une faveur aux métallos et à leur communauté, mais c'est sans
considérer les faits en cause et évidemment sans aucune analyse réelle
de la situation. La campagne médiatique sert à faire pression sur les
métallos et les salariés pour les forcer à renoncer à leurs droits et à
ne
pas exiger des comptes de US Steel et des gouvernements canadien et
ontarien pour le gâchis qu'ils ont fait.
Malgré tout ce qu'en disent
les médias et ses promoteurs, cette
proposition n'est pas une solution et n'en sera jamais une. Elle est
essentiellement une autre manoeuvre pour payer les riches et pour
contourner la voie d'une vraie solution positive aux problèmes de
l'industrie tout en protégeant les droits des travailleurs, des
retraités et de la
communauté et en engageant l'économie dans une nouvelle direction
prosociale. Mais ceux qui bénéficient du privilège de classe et qui
cherchent à imposer le droit de monopole n'ont que faire d'une
alternative. Il faut du courage pour présenter les problèmes tels
qu'ils se posent, au-delà des manipulations qui servent les riches et
leurs
serviteurs.
On ne peut pas demander aux Canadiens d'effacer leur
mémoire
collective et de voir cette proposition Bedrock comme si elle tombait
du ciel, sans contexte, sans s'inscrire dans une suite d'événements, et
en oubliant les responsabilités sociales qu'ont assumées il y a
plusieurs années ceux qui contrôlent la situation. Les entreprises et
les
gouvernements du Canada et de l'Ontario doivent être tenus responsables
pour les problèmes qui existent présentement. Ils ne peuvent pas
détruire la production puis s'attendre à ce que la valeur nécessaire
pour respecter les obligations sociales envers les retraités, les
travailleurs actuels, et surtout les jeunes, la communauté, la
société et
l'environnement, apparaîtra comme par magie. Ils ne peuvent pas séparer
les pensions, les avantages postérieurs à la retraite et les emplois et
la question du nettoyage de l'environnement de la valeur produite au
présent sans se retrouver constamment avec les mêmes problèmes. Ce qui
n'est pas produit ne peut être consommé. Les Canadiens ont
besoin de vraies solutions, pas des manoeuvres pour enrichir les
quelques-uns aux dépens des autres, de l'économie et de la société.
Certaines personnes en position de contrôle et
d'autorité prennent
les gens pour des valises. Cette proposition Bedrock ne provient pas
des personnes touchées, des gens de Hamilton et de la région qui
produisent et qui ont produit l'acier pendant des décennies et qui ont
une connaissance approfondie du secteur et de ses besoins. Cette
proposition provient du même groupe de riches, principalement
américains, qui manipule l'industrie canadienne et américaine de
l'acier à son avantage depuis des années. Elle provient de la même
classe de riches qui a mis au point un stratagème pour faire un gros
coup d'argent avec la procédure de faillite de Stelco en 2006 pour
ensuite la
vendre à US Steel avec un profit de 700 %.
Pour eux le problème est de trouver les moyens de
sortir du Canada
sans y perdre leur chemise aux retraités et sans être pris à payer pour
les dégâts environnementaux.
Ils se disent : « Eh
bien, certains d'entre nous avons de l'argent
dans Bedrock. Nous pouvons prendre 160 millions $ de notre
main droite
et les mettre dans notre main gauche et dire que ça règle le problème
de la dette garantie envers US Steel. Nous allons placer les régimes de
retraite et les avantages postérieurs à l'emploi
dans une fiducie et offrir quelques dollars pour une période fixe pour
ensuite nous en laver les mains. Nous pouvons donner, disons, 60
millions $ au ministère de l'Environnement de l'Ontario et lui
dire que
cela règle les dégâts environnementaux et le gouvernement va ensuite
annuler la dette de 150 millions $ que nous
avons envers lui. Nous allons placer les terrains pollués dans une
fiducie et la fiducie pourra faire ce qu'elle veut tandis que nous
allons prendre les deux usines et faire un tas d'argent avec ce que
produisent les travailleurs sans aucune responsabilité envers les
retraités et l'environnement. Quand la poussière sera retombée, nous
allons vendre la
compagnie et faire un gros coup d'argent. Et tous les médias diront que
nous faisons une faveur aux travailleurs canadiens et au Canada. Et
voilà, problème résolu ! »
Problème pas résolu ! Les vrais problèmes
requièrent de vraies
solutions ! L'industrie de l'acier doit être renforcée depuis la
production jusqu'à la circulation. La classe ouvrière a besoin de
travail. Les pensions et les avantages postérieurs à l'emploi doivent
être assurés. L'environnement doit être nettoyé. Pour cela, Stelco doit
continuer de produire. La valeur que produisent les métallos est la
source de la valeur qu'il faut remettre dans l'économie, dans les
pensions, les avantages sociaux, la communauté et le nettoyage de
l'environnement.
Les travailleurs canadiens ne sont pas des valises. Ils
ont de la
dignité et des droits. Ce sont eux qui produisent toute la valeur dont
la population et la société ont besoin.
Arrêtez de payer les riches !
Stelco doit continuer de produire de l'acier !
Hamilton doit continuer de produire !
Le Canada doit continuer de produire !
Un autre accord de restructuration en vertu
de la LACC manigancé dans le dos de ceux
qui sont directement affectés
Les détenteurs de la dette à terme d'Essar Steel
Algoma
proposent de prendre le contrôle de la compagnie et de sortir des
procédures de protection de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies (LACC)
en prévision d'un grand coup d'argent en arrachant des concessions
importantes aux métallos, aux
retraités, aux salariés et aux autres créanciers et en mettant au point
avec le gouvernement un autre stratagème pour payer les riches à même
les fonds publics.
L'accord de restructuration
d'Essar Steel Algoma en
vertu de la LACC annoncé le 15 septembre dernier requiert que les
métallos, les employés salariés, les retraités, les fournisseurs locaux
et la ville de Sault Ste. Marie réduisent de façon substantielle leurs
réclamations aux avoirs actuels d'Algoma Steel et à la valeur qui sera
potentiellement produite. L'accord requiert aussi un affaiblissement
des normes environnementales et l'injection de fonds publics par les
gouvernements fédéral et ontarien.
La firme comptable qui est aussi contrôleur de la
restructuration Ernst
& Young a dit que l'accord dépend d'une exonération négociée de la
facture de 21 millions $ de taxes municipales dues à la ville
de Sault
Ste. Marie et de concessions de la part des niveaux supérieurs de
gouvernement en ce qui concerne les pensions et les obligations
relatives à l'environnement. L'accord requiert aussi un stratagème pour
payer les riches qui comprend des subsides financiers aux nouveaux
propriétaires de la part des gouvernements.
L'accord prévoit les conditions et concessions
générales qui ne sont pas spécifiées clairement.
Conditions reliées au gouvernement :
- exonération en ce qui a trait aux questions
environnementales
- révision des normes en ce qui concerne les particules suspectes
- normes acceptables en ce qui a trait au benzoapirène
- appui financier
- autres questions reliées aux permis d'opération
Conditions reliées aux syndicats et aux employés
- modification des conventions collectives
- dispense en ce qui concerne les pensions et les OPEB (avantages
sociaux post-retraite)
- accords sur la gestion
- autres avantages sociaux des employés
Conditions reliées à la compagnie et ses opérations
- modification aux accords sur le Port d'Algoma
- modification aux accords sur l'usine de cogénération
- accord sur l'approvisionnement à long terme en minerai de fer
- accord sur l'approvisionnement à long terme en charbon
- accord sur les taxes avec les autorités locales
En vertu de cet arrangement, le contrôle de Algoma
steelworks, le
deuxième plus gros fabricant d'acier au Canada avec plus de 2800
employés, passe d'Essar Global Fund, un Fonds de contrôle de la
richesse sociale (FCRS) enregistré aux Îles Caïman, à un groupe de FCRS
comprenant notamment Bain Capital, fondé par l'ancien
candidat à la présidence des États-Unis Mitt Romney, Golden Tree Asset
Management, Sankaty Advisors et Oak Hill Capital Partners.
Le contrôle direct et la composition du conseil
d'administration du
nouveau Algoma Steel seront établis selon la quantité relative
de richesse sociale que chaque FCRS possède au sein du projet, en
capital-actions et en dettes, et selon d'autres considérations.
Un point de controverse est la lutte qui se mène pour
la propriété
et le contrôle du Port d'Algoma et de l'usine de cogénération. Les deux
sont contrôlés séparément par Essar Global Funds et sont essentiels au
fonctionnement du complexe d'Algoma et à la circulation dans les deux
sens (entrée et sortie) du produit social.
« Les arrangements interentreprises entre Essar Steel
Algoma Inc.
et le Port d'Algoma et entre Essar Steel Algoma Inc. et Essar Power
Canada Ltd. doivent nécessairement être revus dans le cadre de la
transaction de restructuration », a dit Andrea Lockhart, une
avocate de
Toronto qui représente les prêteurs débiteurs-exploitants et les
prêteurs à terme qui sont derrière la proposition de restructuration. «
À cet égard, le document de restructuration dit expressément que la
modification des accords concernant le Port d'Algoma et des accords
concernant l'usine de cogénération doit être acceptée par les
créanciers consentants, ou faire l'objet d'une renonciation, pour que
la transaction
de restructuration soit conclue », écrit Lockhart dans un
affidavit.
Les FCRS qui proposent cette
restructuration ont demandé au
contrôleur « d'entreprendre un recours pour oppression auprès de la Loi
canadienne
sur
les
sociétés
par actions.
Ils vont soutenir que la location du port par Essar Global et la vente
de l'usine de cogénération ont fait fi des actionnaires minoritaires et
ont maintenant causé
une impasse dans la recapitalisation proposée d'Essar Steel
Algoma »,
lit-on dans un article de SooToday.com
. Dans une soumission écrite à la cour, ils disent que « les
arrangements relatifs au Port d'Algoma et à l'usine de cogénération
constituent un blocage majeur à la réalisation de la transaction de
restructuration
proposée ».
Les Canadiens sont à même de constater que les
conditions que
demandent les FCRS contrôlés par les impérialistes américains n'ont
rien à voir avec la solution des problèmes que connaît le secteur de
l'acier au Canada. Ces conditions sont en fait des demandes de
transfert de richesse sociale existante et potentielle d'un détenteur à
l'autre et
des demandes de résiliation de réglementation et de normes publiques en
ce qui concerne la façon dont l'acier est produit et son impact sur
l'environnement social et naturel.
Une lutte intense entre les FCRS cherchant à mettre
la main sur Algoma Steel
SooToday/Village Media rapporte que les
créanciers de
Essar Steel Algoma sont engagés dans une bataille féroce de contrôle
non seulement avec Essar Global Funds mais entre eux-mêmes. On le voit
clairement à l'affidavit assermenté sous la LACC le 11 juillet dernier
d'
Avram Z. Friedman, qui se décrit comme « un spécialiste des
titres en détresse au fonds d'investissement situé sur l'avenue
Madison, Davidson Kempner Capital Management LP, qui détient des
billets garantis de premier rang émis par Essar Steel Algoma ».
Friedman parle au nom d'un comité ad hoc qui représente
environ 70 % des billets garantis de premier rang d'Essar
Algoma,
évalués à 375 millions $, qui sont en lutte avec les prêteurs
à terme
et les prêteurs débiteurs-exploitants pour le contrôle de la richesse
sociale actuelle et potentielle d'Algoma Steel.
Friedman y critique les prêteurs à terme et les accuse
d'exercer
une influence indue, au service de leur propre intérêt, sur le
processus de restructuration supervisé par la cour. SooToday/Village
Media
décrivent ainsi les prêteurs à terme qui mettent de
l'avant
l'accord de restructuration actuel :
Golden Tree Asset
Management LP opère à partir de la riche
Park Avenue de New York. La firme se décrit comme un des plus grands
gestionnaires indépendants d'actifs qui se spécialise dans le crédit
des entreprises et le crédit structuré. Les 225 employés de Golden
Tree
gèrent des actifs d'une valeur de 25
milliards $. La firme possède notamment 52 % des actifs
de Postmedia Network Canada Corp. qui possède Sault Star, Sault
This
Week, Elliot Lake Standard, Sudbury Star, Timmins
Daily
Press, Timmins Times, North Bay Nugget, Barrie
Examiner et plusieurs autres journaux canadiens. Plus tôt cette
année, les médias ont rapporté que Golden
Tree cherchait à vendre ses parts dans cette chaîne de journaux qui est
la plus grande du Canada.
Oak Hill Capital Partners, situé à
Menlo Park en Californie, a
investi plus de 8,5 milliards $ depuis 1986 dans 80
transactions
portant sur les souscriptions privées (private equity) dont The
Container Store, Dave
and Buster's restaurants, Berlin
Packaging and Bell & Howell (Proquest). Bill Gates de Microsoft
Corp. et Phil Knight de Nike Inc. ont tous deux fait des
investissements dans Oak Hill Capital Partners.
Boston's Sankaty Advisors s'est donné un
nouveau visage plus tôt
cette année, devenant Bain Capital Credit, un affilié de la firme
mondiale d'investissement basée à Boston qui a été fondée en 1984
par
Mitt Romney et deux partenaires. Romney en a d'abord été le président,
puis l'associé principal, le directeur général et l'unique
actionnaire. Bien qu'il ait quitté la firme pour jouer un rôle de
direction dans les Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City
en 2002 et
ait par la suite fait campagne comme candidat républicain à la
présidence des États-Unis, la culture d'entreprise dont Romney avait
imprégné Bain Capital est devenue un enjeu lors de l'élection
de 2012. « Bain Capital est connu pour ne pas réinvestir les
profits
dans l'entreprise », a écrit Josh Kosman dans son livre
publié en 2009 « The Buyout of America :
How Private Equity is Destroying Jobs and Killing the American
Economy ». Matt Taibbi de Rolling Stone a décrit les
années
Romney à Bain Capital en ces termes : « Un homme amasse une
fortune
de 250 millions $ en
criblant de dettes des compagnies et leur soutire ensuite des millions
de dollars de frais en échange du généreux service consistant à leur
dire qui doit être congédié pour que soient financés les paiements sur
la dette qu'il leur a imposée en premier lieu. » Bain Capital
aujourd'hui est beaucoup plus gros qu'il ne l'était lorsque Romney l'a
quitté. L'entreprise possède maintenant 950 employés et gère plus
de 75
milliards $ d'actifs. Dans un article paru l'an dernier, le Boston
Globe
a décrit comment Bain est aujourd'hui une entreprise très différente
qui met l'accent sur l'investissement ayant un « impact social ».
Les prêteurs à terme ont soumis une offre plus tôt de
concert avec
un autre FCRS appelé KPS dont le quartier-général est à New York mais
elle n'a pas été retenue. KPS aurait possédé 71 % du nouvel
Algoma et
les prêteurs à terme 29 % dans ce qui aurait été un gros coup
d'argent
suite aux grandes concessions qui
étaient demandées des métallos et de leur régime de retraite. La
section locale 2251 du Syndicat des Métallos à Essar Steel Agoma a
rejeté fermement la restructuration proposée et KPS s'est retiré. Les
prêteurs à terme reviennent maintenant à la charge avec une autre
proposition de restructuration.
Dans son affidavit de juillet, Avram Z. Friedman
déclare que les
prêteurs à terme jouent un rôle trompeur de trois façons dans les
procédures de protection de la faillite d'Algoma afin de servir leurs
propres intérêts privés.
Ils demeurent des prêteurs à terme.
Ils avaient été acceptés au début des procédures
d'insolvabilité d'Essar Steel Algoma comme des prêteurs
débiteurs-exploitants.
Ils sont aussi soumissionnaires pour mettre la main sur
la compagnie.
Friedman ne dit pas que le motif qui anime son propre
FCRS et les
autres membres du comité ad hoc de détenteurs de billets garantis de
premier rang est exactement le même, soit leur propre intérêt privé. La
bataille oppose leur intérêt privé à celui des prêteurs à terme. Il se
plaint du fait qu'ils ont un avantage, ayant eu accès à toutes les
offres d'achat précédentes d'Essar Steel Algoma avant de faire leur
offre,
Friedman écrit : « Les prêteurs à terme
connaissaient le nombre, la
valeur, la structure et les termes de toutes les autres offres rivales
et ils jouissaient donc d'un avantage concurrentiel inéquitable sur
tous les autres quand on est passé à la phase deux des offres... Il
semble que le contrôleur ait accepté les demandes des prêteurs à terme
et
leur ait donné accès à toutes les offres de la phase 1, tout en
sachant
que cela pourrait affecter l'équité et la compétitivité du
processus. »
Friedman déclare que le tribunal de la LACC a erré « en
permettant
à un soumissionnaire et à un groupe soumissionnaire/créancier
(autrement dit les prêteurs à terme) de travailler ensemble hors de la
supervision ou de la surveillance du contrôleur afin d'élaborer une
transaction qui est dommageable aux intérêts des autres parties
prenantes... Il
appert qu'Essar Steel Algoma et le contrôleur n'ont pas utilisé le
processus pour tirer le meilleur parti possible des choses et maintenir
une forte concurrence et ont plutôt permis à un groupe
soumissionnaire/créancier de faire équipe avec le seul autre
soumissionnaire pour faire avancer leur propre ordre du jour au
détriment des autres parties
prenantes. »
Friedman accuse les prêteurs à terme d'avoir mis à
profit à
plusieurs reprises leur position de prêteurs débiteurs-exploitants pour
mettre de l'avant leur propre ordre du jour sans tenir compte des
intérêts des autres parties prenantes. Il dit que les prêteurs à terme
ont refusé d'autoriser Essar Steel Algoma à défrayer les dépenses des
autres parties
engagées dans les procédures d'insolvabilité mais se sont assurés que
tous leurs frais et dépenses professionnels soient payés.
« Rotschild, le conseiller financier des prêteurs à
terme, va avoir
droit à un paiement de frais substantiel qui sera versé par Essar Steel
Algoma si la transaction va de l'avant », écrit Friedman dans son
affidavit.
Friedman n'explique pas comment cette lutte intestine
entre les
FCRS et le drainage parasitaire des avoirs d'Algoma est en mesure de
résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux de
l'industrie canadienne de l'acier. Ces problèmes sont réels et
requièrent des solutions réelles. La farce de la LACC et la lutte
intestine entre
les FCRS, de même que les demandes constantes de concessions aux
travailleurs et les manoeuvres des gouvernements pour payer les riches
détournent les gens du travail à faire pour trouver des solutions
réelles qui pourraient amener sécurité et prospérité à la région,
renforcer le secteur de l'acier et l'économie dans son ensemble,
soutenir les
droits du peuple et ouvrir la voie à une nouvelle direction prosociale.
La question pour les
métallos, les retraités, les employés salariés
et la population de la région du Sault et du Canada est d'organiser un
front puissant en opposition au droit de monopole et à son front de
riches impérialistes. Un front du peuple organisé est capable de mener
une lutte effective pour priver les riches impérialistes et leurs
alliés
politiques du pouvoir qu'ils possèdent présentement de priver le peuple
de ses droits et de sa capacité de résoudre les problèmes réels de
l'économie et du pays.
Harcèlement et criminalisation des
travailleurs ferroviaires
Le gouvernement Trudeau ne doit pas donner aux
monopoles ferroviaires l'accès aux enregistrements pris à bord des
locomotives
Le 19 septembre dernier, le Bureau de la sécurité
des transports du
Canada (BST) a publié son rapport intitulé « Accroître l'usage
d'enregistreurs audio-vidéo de locomotive au Canada ». On y lit
que les
chemins de fer pourraient être autorisés à avoir accès aux
enregistrements effectués par les enregistreurs audio-vidéo
de locomotive, « s'ils sont autorisés à les utiliser », sous
réserve
que leur utilisation fasse partie d'un système de gestion de la
sécurité non punitif dans un cadre qui assure un équilibre approprié
entre les droits et les obligations de « tous les intervenants
clés ».
Le « s'ils sont autorisés à
les utiliser » se réfère au fait que la
loi actuelle qui régit les enregistrements de bord, que ce soit sur les
trains, les avions ou les navires, interdit que l'information soit mise
à la disposition des entreprises ou utilisée pour des mesures
disciplinaires. Cette information est uniquement utilisée à l'heure
actuelle par
des autorités publiques enquêtant sur des accidents dans le domaine du
transport. Le rapport du BST laisse entendre que le gouvernement
devrait modifier la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les
accidents de transport et de la sécurité des transports afin d'en
retirer ces restrictions.
Le Canadien Pacifique, qui depuis des années demande de
pouvoir
utiliser les enregistrements de bord pour espionner les travailleurs et
prendre des mesures disciplinaires contre eux au nom de la sécurité
ferroviaire, a salué la publication du rapport du BST tout en demandant
qu'on aille beaucoup plus loin en permettant aux monopoles
ferroviaires d'utiliser les enregistrements de bord, y compris pour la
mise en oeuvre de mesures disciplinaires contre les travailleurs
ferroviaires lorsqu'ils font preuve d' « un comportement non
sécuritaire ».
Le gouvernement Trudeau n'a pas pris de temps à
accueillir le
rapport du BST. Le ministre des Transports Marc Garneau a déclaré ce
qui suit dans un communiqué émis le 20 septembre :
« À titre de ministre des Transports, je crois que
l'utilisation de
ces dispositifs à bord des locomotives pourrait être une composante
importante de la gestion intégrée de la sécurité qui permettra de mieux
protéger les Canadiens, leurs familles et les collectivités installées
le long des corridors ferroviaires du Canada. Mes représentants ont
déjà
commencé à travailler avec un certain nombre d'intervenants et de
partenaires pour déterminer la meilleure façon d'utiliser les
enregistreurs audio-vidéo au Canada, sans qu'ils transgressent les lois
et les politiques sur la vie privée. Dans les mois à venir, Transports
Canada consultera le Commissariat à la protection de la vie privée du
Canada et les
syndicats du secteur ferroviaire pour répondre aux préoccupations des
employés relativement à leur vie privée. »
Forum ouvrier
dénonce de façon ferme et non équivoque
cette recommandation du BST, la demande du Canadien Pacifique et le
langage libéral qui vise à dresser les droits des travailleurs contre
la sécurité publique afin de donner accès aux entreprises ferroviaires
à cette information pour des objectifs intéressés qui n'ont rien à voir
avec la sécurité des travailleurs ou du public. Forum ouvrier
se joint aux travailleurs ferroviaires pour demander au gouvernement
fédéral de ne pas modifier la loi pour autoriser ces changements et
appelle tous les travailleurs à prendre position à la défense des
droits des travailleurs ferroviaires.
La sécurité des travailleurs et du public requièrent,
entre autres
choses, que le facteur humain soit soutenu. Cela veut dire, par
exemple, que les travailleurs doivent pouvoir travailler l'esprit en
paix et se concentrer sur leur travail, qu'ils doivent être bien
reposés physiquement et mentalement, qu'ils doivent travailler en
nombre suffisant pour
que le travail soit fait de façon sécuritaire et que leurs
organisations de défense puissent faire des propositions pour améliorer
les conditions de travail et soient écoutées avec respect par les
entreprises et le gouvernement.
Au lieu de cela, cela fait des années que les
travailleurs
ferroviaires et leurs syndicats affrontent un barrage constant
d'attaques de la part des entreprises ferroviaires et des
gouvernements, que ce soit des réductions massives de main-d'oeuvre,
des suspensions et des congédiements sur une vaste échelle,
l'épuisement constant et la liste est
longue. Et maintenant, on ajouterait la surveillance continuelle des
travailleurs, avec tout le loisir que cela donne aux entreprises
ferroviaires d'interpréter le moindre mot ou geste d'un travailleur
comme une menace à la compagnie ou à la sécurité, en prétendant que
cela va améliorer la sécurité ! C'est irrationnel à l'extrême et
ne
fera
qu'imposer encore plus d'anarchie et de chaos aux travailleurs et aux
communautés ferroviaires. La société canadienne a un urgent besoin
d'une autorité publique qui défend la dignité et les droits des
travailleurs ferroviaires avant que des tragédies ferroviaires encore
plus dévastatrices ne se produisent.
Le Canadien Pacifique et
les autres monopoles ferroviaires
attaquent sans cesse les travailleurs afin d'accroître leurs profits et
améliorer leur position concurrentielle face aux autres transporteurs.
Il s'agit d'une course morbide qui met à risque les travailleurs et le
public. Cette proposition de mettre les enregistrements à la
disposition des
entreprises fait partie de cette offensive. Elle ne peut pas être «
équilibrée » avec des préoccupations ou des mesures relatives à la
sécurité. Pour qu'il y ait équilibre, il faut d'abord que les droits et
la dignité des travailleurs soient respectés. Le fait même que le BST
demande que ce nouveau privilège à accorder aux sociétés ferroviaires
soit
circonscrit par un « système de gestion de la sécurité non
punitif »
nous montre qu'on essaie de créer un conte de fées au sujet des droits
parce que ce système de sécurité non punitif n'existe que sur papier.
Il est un élément de l'autoréglementation des entreprises ferroviaires.
Les travailleurs n'ont jamais eu leur mot à y dire et ils ne sont
mêmes pas autorisés à connaître le contenu de ces programmes. Il est
inacceptable que le BST continue d'abandonner son devoir de défendre
les travailleurs et le public contre les intérêts étroits des
monopoles. Les travailleurs du rail ne vivent pas dans ce conte de fées
d'« équilibre » et de « préoccupations » pas plus que
n'importe
quel autre travailleur. Ils peuvent seulement être protégés si leurs
droits sont reconnus et cela exige qu'on restreigne le droit de
monopole plutôt que d'étendre les pouvoirs arbitraires des monopoles.
Forum ouvrier appelle les travailleurs
canadiens à
dénoncer ces propositions et ces demandes en ce qui a trait à
l'utilisation des enregistrements de bord et à exiger que le
gouvernement Trudeau ne mette pas cette information à la disposition
des monopoles ferroviaires.
Les demandes des monopoles ferroviaires
ne visent pas la sécurité mais une gestion
fondée sur la peur et l'intimidation
- Entrevue avec Doug Finnson, président
de la Conférence ferroviaire
de Teamsters Canada (CFTC) -
Forum ouvrier : Dans un
communiqué de la
CFTC paru récemment, tu dis que la recommandation du Bureau de la
sécurité des transports (BST) à l'effet que le BST et les sociétés
ferroviaires puissent consulter les enregistrements audio-vidéo pris à
bord des locomotives constitue une épée de Damoclès au-dessus de
vos têtes. Peux-tu nous en dire plus ?
Doug Finnson :
C'est la plus grande
intrusion dans la vie des travailleurs que j'ai vue dans ma vie. Je
n'ai jamais vu dans toute ma vie une agence gouvernementale comme le
BST démontrer si peu de respect pour les droits des travailleurs et un
préjugé aussi fort en faveur des employeurs.
Ils essaient de trouver de nouvelles justifications aux
enregistreurs audio-vidéo. Le BST demande depuis quelques années qu'on
installe des enregistreurs audio-vidéo dans les locomotives pour qu'il
puisse les utiliser pour ses enquêtes. La loi actuelle y consent et
c'est seulement le BST qui peut avoir accès aux enregistrements.
Les sociétés ferroviaires crient à tout rompre qu'elles
ne vont pas
dépenser de l'argent pour installer ces enregistreurs. Le Canadien
Pacifique est celui qui crie le plus fort à ce sujet et il pense
pouvoir frapper un grand coup. Il n'a rien à perdre. « Pourquoi
dépenserions-nous de l'argent ? », dit-il. « Nous allons
dépenser de
l'argent
pour installer ces caméras si vous nous donnez le droit de surveiller
les employés 24 heures par jour, 7 jours par semaine
et 365 jours par
année. »
Cela n'a rien à avoir avec les besoins réels du BST. Le
BST a
besoin des enregistreurs audio-vidéo pour pouvoir utiliser les
enregistrements dans ses enquêtes. Cela fait trois ans maintenant que
nous avons dit que nous sommes d'accord. Ils devraient installer des
caméras conformément à ce que dit la loi et donner accès aux
enregistrements au
BST.
Ce qui est proposé représente l'outil ultime pour
instaurer une
gestion fondée sur la peur et l'intimidation. C'est l'outil ultime dans
les mains des dirigeants américains du Canadien Pacifique pour
surveiller les travailleurs canadiens.
C'est une épée qu'on pend au-dessus de nos têtes. Cela
n'a rien à
voir avec enquêter sur les accidents et améliorer la sécurité
ferroviaire. L'objectif est de détruire le syndicat et les travailleurs
pour en faire des esclaves. Pensez-y un moment. Il n'y a personne de
parfait et si vous surveillez quelqu'un 24 heures par jour
et 7 jours
par semaine, c'est bien possible qu'une parole lui échappe ou qu'il
prononce le mot syndicat ou quelque chose du genre et la compagnie va
cibler ce travailleur et chercher à le congédier.
Ils jouent avec nos droits. Ces gens-là qui proposent
une telle
chose, ils ne vont pas être affectés par ces mesures. Ce sont les
travailleurs syndiqués qui vont être affectés mais les gens qui font
ces recommandations ne sont pas ceux qui vont être surveillés 24
heures
sur 24 et 7 jours/semaine. Ils ne sont pas en train de
prendre une décision qui va affecter leur vie à eux. Ils essaient de
prendre une décision qui va affecter la nôtre.
Et pendant tout ce temps-là, ils refusent de travailler
avec nous.
Ils nous mettent des bâtons dans les roues sur toutes les questions.
Déjà en ce moment, ils congédient des travailleurs sans raison. Et nous
réussissons à leur faire reprendre ces travailleurs. Nous avons un taux
de réussite très élevé en ce qui concerne la réintégration des
travailleurs.
Je ne suis pas convaincu que le ministre va simplement
changer la
loi pour satisfaire les dirigeants américains qui sont à la tête du
Canadien Pacifique. J'ose encore espérer que nos droits au Canada sont
considérés comme étant plus importants que les droits des dirigeants
américains.
Je vais aller parler aux représentants du gouvernement
en tant que
travailleur de 38 ans d'expérience du secteur ferroviaire. Je vais
leur
parler en connaissance de cause, et je peux amener des gens qui vont
leur dire ce qui se passe réellement dans le secteur ferroviaire et
comment ces mesures vont nous affecter.
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