8 septembre 2016
Projet de loi 110 du gouvernement du
Québec pour décréter les
conditions de travail dans le secteur municipal
Les traits saillants de
l'offensive antisociale
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Les
travailleurs municipaux manifestent à Québec le 12 mai
2016.
Projet
de
loi
110
du
gouvernement
du
Québec
pour
décréter
les
conditions
de travail dans le secteur
municipal
• Les traits saillants de l'offensive
antisociale
• Le projet de loi 110 détruit
les arrangements qui permettent la résolution des conflits dans
le secteur public - Pierre Chénier
• L'invocation
de la «capacité de payer des contribuables» pour
justifier les
atteintes aux droits des travailleurs et l'élimination des
négociations - K.C. Adams
• Les cols bleus sont
déterminés à défendre leurs droits
À titre
d'information
• Un processus menant tout droit
à la loi spéciale de décret des
conditions de travail
Projet de loi 110 du gouvernement du
Québec pour décréter les
conditions de travail dans le secteur municipal
Les traits saillants de l'offensive antisociale
L'offensive antisociale que
mènent les gouvernements du Canada à
tous les niveaux est caractérisée par une attaque
généralisée contre
les droits humains en faveur du droit de monopole. Cela comprend
l'imposition du recul sous forme d'austérité dans les
conditions de la grande production
industrielle, où l'élite du pouvoir ne s'intéresse
plus au grand
produit social que la classe ouvrière est capable de
créer mais
seulement à son dérivé monétaire. Cela
comprend la farce de l'équilibre
budgétaire sous contrôle du droit de monopole, dans
laquelle le peuple
et la société qui requièrent des services modernes
et des
infrastructures et les travailleurs qui dispensent ces services n'ont
d'autre choix que de
se plier aux exigences des intérêts privés
privilégiés et à leur
objectif de tirer un profit monétaire des infrastructures et de
les
soumettre aux besoins de leurs entreprises.
L'offensive antisociale proclame qu'il est
nécessaire d'abaisser le
niveau de vie de la classe ouvrière et aussi des
propriétaires de
petites entreprises pour que l'élite du pouvoir puisse maintenir
son
privilège de classe, se servir des fonds publics pour payer les
riches
et transformer tous les services en moyens de faire de l'argent. Cette
même
élite doit pouvoir aussi utiliser la richesse sociale
accumulée qu'elle
contrôle pour poursuivre son carnage partout dans le monde, avec
ses
guerres interimpérialistes et ses agressions pour
conquérir et établir
son hégémonie au sein du système
impérialiste d'États dominé par les
États-Unis.
Avec des lois et des jugements de la Cour suprême
et des décisions
de tribunaux spéciaux, comme ceux portant sur la
prétendue
insolvabilité des entreprises (aux termes de la Loi sur les
arrangements avec les créanciers des compagnies), les
gouvernements enchâssent leur droit légal de
poursuivre l'offensive antisociale à tout prix. La classe
ouvrière doit respecter
les lois
issues de l'offensive antisociale ou subir les foudres de l'État
sous
forme de châtiment et de violence. C'est exactement ce que la
classe
ouvrière allemande a eu à subir durant les années
menant à l'éclosion
du nazisme hitlérien et au cours des années qui ont
suivi, ce que la
classe
ouvrière espagnole et d'autres ont vécu sous le fascisme
et ce que le
peuple japonais a vécu sous le joug du militarisme des
monopoles,
lesquels se sont déchaînés contre toute l'Asie.
La classe ouvrière
n'a aucune intention de revivre de telles
attaques contre ses droits. Au Québec, les travailleurs
municipaux et
leurs syndicats sont encore une fois la cible d'un projet de loi
déposé
à l'Assemblée nationale qui permet d'imposer les
conventions
collectives et de décréter les conditions de travail, les
salaires et
les régimes de
retraite au nom d'idéaux supérieurs. Les travailleurs ont
toujours
rejeté l'extorsion légitimée par les projets de
loi de l'offensive
antisociale. Même face au plein poids de la loi, ils ont
refusé de
faire des concessions inacceptables, qui ne mènent à rien
d'utile, et
ils n'acceptent pas le démantèlement des services publics
avec
différentes stratégies de
privatisation pour en faire des moyens par lesquels une poignée
d'individus réclament un profit privé. Ils veulent leur
mot à dire sur
leurs conditions d'emploi et sur ce qu'ils reçoivent en
échange de leur
capacité de travail. L'équilibre en relations de travail
n'est possible
que lorsqu'il y a reconnaissance juridique par les employeurs et leurs
gouvernements du droit de la classe ouvrière d'avoir un mot
à dire, y
compris le droit de dire Non !
La lutte des travailleurs du secteur public à la
défense de leurs
droits est un important front de lutte à la défense des
droits de tous.
Les conditions de travail dans le secteur public sont les conditions de
vie d'une grande partie de la population. La prétention de
l'élite
dominante que le projet de loi 110
du gouvernement du Québec représente un équilibre
entre les droits des travailleurs municipaux de négocier leurs
conditions et ce qu'elle appelle une saine gestion des
municipalités
qui tient compte de la « capacité de payer des
contribuables » est une
fraude. Elle est née de l'offensive antisociale et de
l'arrogance du
privilège de classe.
Aucun équilibre dans les rapports de production
n'est possible
aussi longtemps que les employeurs et leurs gouvernements cherchent
à
imposer les conditions de travail et les salaires aux travailleurs en
vertu de cet euphémisme qu'est « la capacité de
payer du contribuable »
ou d'autres fraudes du genre. L'élite dominante a maintenant
fait des réclamations gouvernementales ou des impôts des
travailleurs
individuels sa principale source de fonds publics. Le financement des
infrastructures matérielles et sociales dans une
société moderne, y compris la « capacité de
payer des payeurs de taxes », doit être
déterminée par la classe ouvrière
elle-même, y compris la méthode utilisée pour
échanger la valeur de
l'infrastructure au sein de l'économie. La capacité de
payer et
l'échange sont déterminés par la défense
des droits, par l'objectivité
d'examen et en reconnaissant et en fournissant l'infrastructure
matérielle et sociale requise dans une société
moderne et en échangeant
la valeur
produite par les travailleurs en infrastructures dans
l'économie elle-même et non par le biais de frais
d'usagers ou en s'en
prenant aux « contribuables ». Il faut plutôt
forcer les secteurs de
l'économie qui profitent de cette infrastructure à payer
pour la valeur
d'usage comme il se doit. C'est seulement la classe ouvrière qui
peut
déterminer les services nécessaires ainsi que la
façon de déterminer la
valeur qu'elle produit et comment elle doit être
réalisée, puisque
c'est elle en pratique qui fournir l'infrastructure matérielle
et
sociale.
Une société
moderne dotée d'un équilibre dans les rapports sociaux
ne peut être édifiée en forçant la classe
ouvrière à plier l'échine
devant l'élite impérialiste. Ce diktat fait partie de
l'anarchie qui existe quand chaque monopole affirme, avec l'appui du
gouvernement, son droit souverain d'imposer ce
qui sert les intérêts de ses actionnaires. La violence et
la guerre sont le produit. Il
n'est
pas acceptable de confondre intérêts privés
intéressés et intérêt
public pour ensuite déclarer que l'emprise de l'élite
dominante sur le
privilège et sur le pouvoir politique rend le tout
démocratique, on ne
sait trop comment.
Le plaidoyer du gouvernement du Québec à
l'effet qu'il a établi des
balises juridiques permettant d'écraser les droits des
travailleurs et
que tous les citoyens ont la responsabilité d'obéir au
gouvernement de
droit et ses lois de l'offensive antisociale est
intéressé,
inacceptable et mène droit à la catastrophe. Le
gouvernement du Québec
espère
enchâsser dans son projet de loi antisocial le droit de monopole
de
criminaliser les travailleurs et de déployer la violence contre
eux, en
particulier contre les cols bleus. L'élite dominante veut
établir un
précédent juridique que tout problème à
résoudre par les municipalités
partout au Québec devra dorénavant être
résolu par la force et par la
négation des droits de la classe ouvrière. Cette recette
sera ensuite
utilisée en Ontario et partout au pays à moins que les
travailleurs du
Canada élèvent la voix contre cette fraude maintenant et
y mettent fin.
Le projet de loi 110 détruit les
arrangements
qui permettent la résolution des conflits
dans le secteur public
- Pierre Chénier -
Le 10 juin dernier, le gouvernement libéral
majoritaire de Philippe Couillard a déposé le projet de
loi 110, Loi concernant le régime de négociation
des conventions collectives et de règlement des
différends dans le secteur municipal. Le même jour,
l'Assemblée nationale a levé ses travaux pour
l'été.
Le projet de loi
représente une intensification de l'offensive
antisociale des riches et de leurs gouvernements en s'ingérant
directement dans le processus de négociation collective des
employés
municipaux et des employeurs et en déclarant que cette
ingérence est démocratique. Le cabinet de Philippe
Couillard
espère
ainsi atteindre les résultats que souhaitent les
intérêts privés qu'il
représente. La logique intéressée du gouvernement
est la suivante :
comme c'est une loi qui décrète cette ingérence et
la
négation des droits
des travailleurs municipaux et que le gouvernement est une institution
élue et de facto
démocratique, il s'ensuit que la procédure
antisociale est
démocratique. Et le tour est joué ! La
négation des droits des travailleurs est déclarée démocratique
en vertu de ce processus perverti.
L'élite du pouvoir utilise ses propres
institutions pour servir les
intérêts privés et elle déclare comme
étant démocratique le vernis de
légitimité qu'elle donne à son offensive
antisociale pour criminaliser
les droits des travailleurs ! C'est une mascarade
éhontée.
Le projet de loi utilise des expressions comme la
«
capacité de payer
des contribuables » et l'équilibre entre les droits
et les finances municipales pour se lancer dans une campagne de
propagande
antiouvrière pour nier aux travailleurs municipaux leur droit de
négocier leurs salaires et leurs conditions de travail. Le
gouvernement
Couillard présente ce projet de loi comme un équilibre
entre le droit
de négociation des travailleurs municipaux et la saine gestion
des
finances des grandes villes et des municipalités. En fait, ce
projet de
loi
fait pencher la balance en mettant tout le pouvoir entre les mains des
employeurs. Parler d'équilibre dans ces conditions c'est rire
des gens.
De plus, le projet de loi enchâsse dans le
régime même de
négociation des employés municipaux le recours à
la loi spéciale pour
décréter unilatéralement les conventions
collectives si les
travailleurs refusent de se soumettre volontairement aux demandes de
leurs employeurs municipaux.
Le projet de loi décrète de facto
les conditions de travail des travailleurs municipaux et leur
réclamation à la valeur qu'ils produisent.
Deuxièmement, le projet de
loi fait des finances publiques telles qu'elles sont
comptabilisées par
les
villes et le gouvernement du Québec les mesures que ces
mêmes gouvernements vont utiliser en décidant des
conditions de travail
et des réclamations des travailleurs à la valeur qu'ils
produisent et
du niveau des services publics.
En vertu du projet de loi, les travailleurs
municipaux et le public n'auront aucune voix au chapitre
puisque les « négociations » vont se tenir sous
l'ombre menaçante de
ce que
les gouvernements auront déjà décidé dans
leurs budgets. Les
gouvernements vont utiliser leurs budgets et leur objectif
étroit de
servir le
droit de monopole pour décider si les discussions avec les
travailleurs
se déroulent de manière satisfaisante. Le message est
clair: ou bien
les
travailleurs se soumettent aux demandes des gouvernements ou bien la
loi spéciale et le décret vont se charger de dicter le
résultat que
recherche le gouvernement.
Cette mascarade est
qualifiée de démocratique parce que l'élite
dominante qui possède et contrôle le système
politique et ses institutions, y compris ses experts et médias,
dit que c'est démocratique. Le système
« démocratique » de
l'élite impérialiste dirigeante permet que les demandes
des
travailleurs soient criminalisées si ceux-ci ne se soumettent
pas au
diktat de leur
employeur.
L'attaque contre les travailleurs municipaux que
constitue le
projet de loi 110 prépare le terrain à la
privatisation des services
municipaux à laquelle on s'attend lorsque l'Accord
économique et
commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne
des monopoles va entrer en
vigueur.
Cet accord commercial sous le contrôle des monopoles va
réduire les
réclamations
des
travailleurs à la valeur qu'ils produisent et ouvrir la voie
à des
frais d'usagers plus élevés et à des subsides
gouvernementaux aux
monopoles reliés à la propriété et au
contrôle de l'infrastructure
publique aujourd'hui ou dans l'avenir.
Le projet de loi 110 fait suite à
l'adoption en septembre 2015
d'une Entente de partenariat (communément appelée Pacte
fiscal) entre
le gouvernement du Québec, les villes de Montréal et de
Québec et les
autres municipalités du Québec sur le financement et les
pouvoirs des
villes. Le gouvernement s'était engagé à donner
plus de
pouvoirs aux villes, surtout en ce qui concerne les négociations
de
renouvellement de conventions collectives avec les travailleurs
municipaux. Il est un des premiers projets de loi de mise en oeuvre du
Pacte fiscal.
En décembre 2014, le gouvernement du
Québec a adopté le projet de
loi 3 (devenu la Loi 15) qui a retiré les
régimes de retraite des
choses que les employés municipaux peuvent négocier. La
Loi 15 décrète
les taux de cotisation des employés et des villes, force les
travailleurs municipaux à éponger 50 %
des soi-disant déficits passés des régimes de
retraite et autorise la
désindexation des prestations des retraités. Cette loi
antisociale décrète une réduction
unilatérale des
réclamations des
travailleurs à la valeur qu'ils produisent, et cela tant pendant
leur
vie active de travail qu'à la retraite. Cela viole l'arrangement
que
les travailleurs ont fait en
vertu duquel ils échangent leur capacité de travailler
pour des
salaires et des garanties d'un certain niveau de vie à la
retraite. Les
déficits des régimes de retraite ont été
causés essentiellement par les
villes qui de façon délibérée n'ont pas mis
l'argent nécessaire dans
les régimes et par d'autres facteurs relatifs au contrôle
et à
l'utilisation de la
richesse sociale dont les fonds sont constitués. En d'autres
mots, ils
persistent à résoudre les problèmes par le
non-respect des conventions
et des contrats avec les travailleurs.
Manifestation
à Gatineau le 26 novembre 2014, une des nombreuses actions
menées à l'échelle du Québec contre le
projet de loi 3 du gouvernement Couillard
Il est inacceptable que les gouvernements qui se disent
démocratiques attaquent le droit des travailleurs municipaux de
négocier leurs conditions de travail, leurs salaires et leurs
pensions.
Cet assaut antisocial est soutenu par une campagne de
désinformation et
de calomnies systématiques contre les travailleurs dans les
médias monopolisés et les
réseaux sociaux dans lesquels le gouvernement et les
représentants de l'élite dominante ont une position
privilégiée. La
désinformation
gouvernementale dépeint les travailleurs qui résistent
aux attaques
contre leurs droits et leurs conditions de travail comme étant
violents
et inflexibles et responsables de ce qui arrive aux soi-disant «
payeurs de taxes » - comme ils appellent les citoyens et
résidents pour
inciter la
mesquinerie et les sentiments antitravailleurs. Des suspensions et des
amendes faramineuses leur ont été imposées. Un
procès au
criminel doit même se tenir en 2018 pour une action à
l'hôtel de ville de
Montréal pendant laquelle les travailleurs excédés
ont jeté par terre de
nombreuses copies
de leur convention collective. Ce geste visait à illustrer
qu'elles ne valent pas
le papier sur lequel elles sont imprimées puisqu'elles sont
constamment
violées en toute impunité par l'administration
municipale.
Loin de corriger la
situation
et de garantir un espace légal aux employés municipaux
pour se faire
entendre et négocier leurs conditions, le projet de loi 110
va encore
plus loin dans la négation de leurs droits.
Manifestation
des
travailleurs
municipaux à l'hôtel de ville de
Montréal le 17 juin 2014 pour laquelle des travailleurs font
toujours face à des accusations
|
Il est également inacceptable d'éliminer
les
négociations sous
prétexte de grands idéaux. Le droit des travailleurs
d'avoir un mot
décisif à dire sur ce qu'ils reçoivent en
échange de leur capacité de
travailler et sur les conditions de travail leur appartient parce que
c'est un droit.
Ces conditions de travail sont directement liées au niveau de
services publics dont la population et la société ont
besoin et auquel elles s'attendent.
Les
travailleurs
municipaux
s'opposent
au
diktat
antisocial
et
ont
aussi
défié
leur
criminalisation et combattu
toutes les tentatives de privatiser les services publics. Les
autorités
municipales n'ont pas été capables de forcer les
travailleurs au silence.
Maintenant, en recourant à une loi, le gouvernement
libéral du Québec et les gouvernements municipaux
libéraux espèrent réussir à faire
déclarer illégale une fois
pour toutes la lutte des
travailleurs du secteur municipal. Il est clair que les gouvernements
libéraux à l'échelle du pays se serrent les coudes
et s'engagent à fond
de train dans leur croisade antiouvrière et leur offensive
antisociale
au service des
intérêts privés.
Le refus de reconnaître les droits de la classe
ouvrière à son mot
à dire et son contrôle sur ce qu'elle reçoit en
échange de sa capacité
de travailler n'a rien à voir avec « la libre
négociation collective ». Pour la classe ouvrière,
la liberté est la reconnaissance de la nécessité
de changement et de la nécessité de priver
l'élite dirigeante
de son pouvoir de priver les travailleurs de leurs droits !
L'invocation de la «capacité de payer des
contribuables» pour
justifier les atteintes aux droits des travailleurs et
l'élimination
des négociations
- K.C. Adams -
Le 10 juin, le gouvernement du Québec a
déposé le projet de loi 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions collective set de
règlement des différends dans le secteur municipal
, et l'argumentation qui l'entoure baigne entièrement dans la
fraude
antisociale appelée « la capacité de payer des
contribuables ». Le projet de loi comprend également
une nouvelle
définition des municipalités en tant qu' «
institutions
démocratiques ». Selon le gouvernement, les
municipalités sont des
institutions démocratiques parce que le gouvernement du
Québec leur
donne le pouvoir de taxer les résidents et d'imposer des frais
d'usagers.
L'élite dominante déclare que ce pouvoir et le recours
à ce pouvoir
rendent les municipalités redevables devant ceux qui paient les
taxes
et les frais d'usagers. Dans le monde néolibéral
d'aujourd'hui dominé
par la taxation individuelle et les frais d'usagers, la
catégorie de
contribuables est utilisée pour nier que les
municipalités
sont
constituées de
citoyens et résidents qui vivent dans une société
moderne et dépendent
de cette société pour leur bien-être. Le niveau des
services municipaux
est précisément ce qui garantit leur stabilité et
leur tranquillité
d'esprit. Les réduire à ce que les gouvernements
néolibéraux appellent
des « payeurs de taxes », c'est les
déshumaniser et en faire une
force qui nie le besoin de cohésion sociale et de
responsabilité
sociale.
Conférence
de
presse
du Syndicat canadien de la fonction publique-Québec le
15 août à Québec pour dénoncer le projet de
loi 110
|
Selon le gouvernement, la caractérisation d'une
municipalité comme
« institution démocratique » ne signifie pas
que le gouvernement
reconnaît les droits des citoyens et résidents et des
travailleurs. Bien
que ce soit les travailleurs qui produisent la richesse sociale
à
laquelle les villes font leur réclamation et qu'ils constituent
le
facteur
humain essentiel au sein de l'économie socialisée, ils
sont systématiquement méprisés.
Caractériser les
municipalités comme
étant des « institutions démocratiques »
vise à faire en sorte que les
gouvernements municipaux agissent comme les gardiens du droit de
monopole et empêchent ceux qui vivent dans les villes d'avoir
leur
mot à dire sur leurs conditions de vie et ceux qui
font le
travail faisant vivre les villes d'exercer leur droit de décider
et de
contrôler le travail de l'édification et du fonctionnement
de
l'infrastructure matérielle et sociale municipale.
Une définition moderne de la démocratie
précise que le contrôle de
la production et de sa valeur doit être entre les mains des
véritables
producteurs. Une démocratie moderne agit de manière
à priver tout
pouvoir étranger tel que les monopoles mondiaux et leur
oligarchie
financière de mal utiliser ou d'exploiter le travail des
travailleurs
municipaux. Les producteurs véritables de l'infrastructure
matérielle
et sociale des municipalités, organisés en comités
de travailleurs et
mettant de l'avant un vaste objectif d'édification nationale et
de
défense des droits et travaillant étroitement avec les
résidents des
communautés doivent avoir le droit démocratique de
décider de la
direction des
affaires municipales, ce qui comprend entre autres les choses
suivantes : de quels services on a besoin pour humaniser
l'environnement social et naturel ; quelles conditions de travail
sont
nécessaires pour faire en sorte que les travailleurs municipaux
travaillent dans la dignité et la sécurité et
jouissent d'une retraite
en sécurité, et
comment la richesse sociale qu'ils génèrent doit
être distribuée et
réalisée au sein de l'économie.
Au lieu de cela, les « contribuables »
- une catégorie qui est
inventée pour nier qu'il s'agit de citoyens et résidents
ayant des
droits -, sont présentés comme étant une masse
amorphe de consommateurs
impuissants qui sont victimes des luttes des travailleurs à la
défense
de leurs droits, lesquelles doivent être réprimées.
Selon cette
logique, ce sont les contribuables qui paient les salaires, les
avantages sociaux et les pensions des travailleurs municipaux qui, eux,
ne produisent aucune valeur mais en demandent toujours plus pour eux.
Cela perpétue la désinformation selon laquelle la
richesse qui est
générée dans l'infrastructure matérielle et
sociale n'a pas besoin
d'être réalisée
dans un échange avec d'autres secteurs et composantes de
l'économie en
tant que moyens de production plutôt que d'être
payée au moyen de frais
d'usagers individuels en tant qu'articles de consommation.
L'élite dominante
déclare que ses gardiens du pouvoir formés au
sein des institutions démocratiques comme les
municipalités sont
nécessaires pour que les intérêts des gens soient
protégés face aux
travailleurs qui produisent l'infrastructure matérielle et
sociale, et
pour faire en sorte que la nouvelle valeur qu'ils produisent se
retrouve dans les
poches de ceux qui possèdent et contrôlent les monopoles
et que
l'ensemble du développement serve certains puissants
intérêts privés.
Les institutions de l'élite dominante existent
pour assurer la
dictature de cette élite sur la classe ouvrière et la
valeur qu'elle
produit. On a présenté cette question des «
institutions
démocratiques » et de la « capacité de
payer des contribuables » pour
semer le maximum de confusion sur la raison d'être des
gouvernements
municipaux et des autres institutions de l'élite dominante et de
son
État. L'emploi de ces termes a comme objectif d'intensifier
l'offensive
antisociale par la propagande et la destruction de l'opinion publique
appelant à une nouvelle direction prosociale.
L'élite dominante cherche de nouveaux
arrangements dans la relation
entre l'État et ses employés et dans la façon dont
l'infrastructure
matérielle et sociale est produite et entretenue. Cette nouvelle
relation est dictée par l'objectif de l'oligarchie
financière, qui
cherche sans cesse de nouvelles façons d'exploiter la classe
ouvrière
et de manipuler
à son avantage l'économie socialisée et de
maintenir son privilège de
classe et son édification d'empire.
Les rapports de production qui ont été
développés suite à la
Deuxième Guerre mondiale, durant la période de l'essor
révolutionnaire,
ne conviennent plus à l'oligarchie financière. Le nouvel
arrangement
qui est recherché appelle à l'élimination du droit
des travailleurs
municipaux de négocier leurs conditions de travail collectives
qui sont
les
conditions mêmes de la livraison des services. Au nom des
contribuables
et de ses institutions démocratiques, l'élite dominante
cherche à
abaisser le niveau de vie général. L'offensive
antisociale comprend la
tactique de légaliser le pouvoir de décréter les
conditions de vie et
de travail des travailleurs d'un secteur tout entier et de
déployer les
pouvoirs policiers de l'État contre les travailleurs quand ils
résistent.
De manière générale, le
gouvernement Harper avant sa défaite et
maintenant les gouvernements pour la plupart libéraux affirment
détenir
un mandat démocratique de défendre l'intérêt
national ou local, ce qui
comprend le pouvoir de nier les droits en se servant du diktat de
monopoles comme Air Canada, le Canadien National et US Steel. Ce
diktat est facilité par le recours à différentes
institutions de
l'élite dominante comme la Loi sur les arrangements avec
les créanciers des compagnies
(LACC) et les gouvernements municipaux pour criminaliser la lutte des
travailleurs pour leurs droits contre le droit de monopole. Le projet
de loi 110 démontre bien l'ampleur des
attaques actuelles contre les droits.
La direction que les détenteurs de la
richesse sociale
donnent aux villes
Le projet de loi 110
de même que des institutions
similaires de l'élite dominante comme la LACC surgissent dans le
contexte où ceux qui possèdent et contrôlent la
richesse sociale
décrètent que tout travail qui ne détourne pas la
valeur que créent les
travailleurs dans les coffres de monopoles privés
spécifiques est
improductif et
doit être restructuré. Ils veulent organiser le travail
qui assure
l'entretien des villes et sert leurs résidents d'une
façon qui génère
directement du profit privé pour certains monopoles au
détriment
d'autres entreprises et de l'intérêt public. Cela comprend
la
privatisation du travail municipal, l'augmentation des frais d'usagers
et la pression à la baisse
sur la réclamation que font les travailleurs municipaux à
la valeur
qu'ils produisent. Cela comprend la mise à l'encan des services
municipaux au profit de puissants monopoles mondiaux par le biais des
traités néolibéraux de libre-échange comme
celui entre le Canada et
l'Union européenne, l'Accord économique et commercial
global (AECG), et
le
Partenariat transpacifique qui comprend les États-Unis et un
certain
nombre de pays d'Asie.
L'offensive antisociale des riches et de leurs
institutions d'État
incluant les gouvernements donne lieu à un assaut direct contre
les
salaires, les pensions et les conditions de travail des travailleurs
municipaux. Un aspect important de cet assaut est la campagne de
calomnies et de désinformation contre les employés
municipaux, en
particulier les
cols bleus, dont l'objectif est de briser leur détermination,
leur
organisation et leur résistance contre les attaques contre leurs
droits
et l'intérêt public.
La lutte des travailleurs municipaux pour leurs droits
est une
lutte à la défense des droits de tous et pour un
développement des
villes et du pays qui est centré sur l'être humain et non
les caprices
et les objectifs privés des monopoles et leurs
intérêts étroits
d'édification d'empire. Les travailleurs et leurs alliés
au Québec et
partout au Canada
doivent se tenir aux côtés des travailleurs municipaux et
de leur lutte
contre l'offensive antisociale du gouvernement Couillard.
Les cols bleus sont déterminés à
défendre leurs droits
Les
travailleurs municipaux manifestent à Québec le 12 mai
2015 (SCFP)
Forum ouvrier publie ci-dessous un
résumé de la présentation
qu'a faite François Bourgouin à la Conférence sur
les droits que le
Parti marxiste-léniniste du Québec a tenue à
Montréal
le 10 avril dernier.
François est le président du Comité de
négociation du Syndicat des cols
bleus regroupés de Montréal.
***
Dans sa présentation, François a mis en
lumière le travail que font
les cols bleus pour mobiliser tous les travailleurs du Québec
pour
défendre leur droit d'avoir leur mot à dire sur leurs
conditions de
travail. Il a dénoncé le plan du gouvernement
libéral du Québec de
donner aux administrations municipales le pouvoir de
décréter les
conditions
de travail des employés municipaux. Le syndicat a fait circuler
une
pétition qui demande au gouvernement Couillard de renoncer
à son plan
de présenter un projet de loi à cet effet. La
pétition a été signée
par 30 237 personnes. Le 12 mai, près
de 4000 travailleurs municipaux
de différentes régions du Québec ont
manifesté
à Québec lors de la rencontre annuelle de l'Union des
municipalités du
Québec contre le projet du gouvernement Couillard. En
dépit de tout
cela, le gouvernement libéral a déposé son projet
de loi le 10 juin,
soit le jour de
l'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale pour
l'été. Le
projet de loi enchâsse le pouvoir du gouvernement du
Québec de décréter les conditions de travail des
travailleurs
municipaux, ce
qui empêche ces travailleurs de négocier leurs conditions
de travail.
François a dit que les travailleurs sont mobilisés et
déterminés à
défendre leurs droits et à faire échec à
l'offensive du gouvernement
Couillard.
Dans sa
présentation, il a mis en lumière la campagne de
désinformation du gouvernement et des médias qui
déforme de manière
délibérée le contenu de la lutte des cols bleus et
les présente sous de
fausses couleurs afin de justifier leur criminalisation.
Il a parlé des élections qui se sont
tenues récemment où les
membres ont élu une nouvelle présidente, Chantal Racette.
Elle s'est
engagée à mener une lutte résolue contre les
attaques contre les
conditions de travail des cols bleus et contre le Pacte fiscal
antisocial du gouvernement Couillard.
« Chantal a fait la tournée des milieux de
travail », a-t-il dit. «
Pour nous c'est à peu près 3-4 mois
à 3-4 rencontres par jour pour
faire le tour de nos travailleurs. Tout de suite au départ, on a
vu que
Chantal est une personne rassembleuse et que les membres allaient
être
derrière elle. »
« Les médias ont tout de suite
essayé de la radicaliser ». a-t-il
ajouté. « La première question qui lui a
été posée par une journaliste
quand elle a été élue a été :
'Est-ce que vous avez été en prison ' ?
Chantal n'a pas peur de ses convictions, elle a répondu oui.
Elle avait
été arrêtée parce qu'en tant que militante
du syndicat
elle s'était attachée au bureau de la ministre du Travail
de l'époque
dans le cadre d'une lutte que le syndicat menait. Alors elle est
devenue une 'criminelle' parce qu'elle s'est attachée à
un bureau. »
François a expliqué que la nouvelle
présidente a exprimé son
enthousiasme pour la lutte que les cols bleus ont menée dans les
années 1980 et 1990 lorsque le président du
syndicat était Jean
Lapierre, aujourd'hui à la retraite. Chantal a expliqué
ce que ces
années avaient signifié pour elle : que le syndicat
s'était battu et
avait
fait des percées en ce qui concerne permettre aux femmes de
travailler
dans des métiers non traditionnels et gagner un plancher
d'emplois, ce
qui avait permis de réduire l'élimination des emplois et
la
sous-traitance et avait amélioré la
sécurité d'emploi.
François a dit que les médias ont tout de
suite suggéré que cela
signifiait qu'elle voulait retourner aux années des soi-disant
tactiques « de gros bras » comme ils aiment à
qualifier la lutte du
syndicat. Ils se sont référés à cette
action en 1993 lorsque les cols bleus
ont enfoncé une porte d'entrée de l'hôtel de ville
tant ils étaient en
colère
contre les provocations de la ville. Les autorités municipales
leur
avaient donné un ultimatum : accepter des coupures de
salaires et un
gel de leurs conditions de travail d'ici une date précise.
Quelques
heures avant la date-butoir, l'administration municipale avait encore
aggravé les choses en déposant une nouvelle offre dans
laquelle
plusieurs
services, dont l'eau, allaient être privatisés dont celui
de la
livraison de l'eau.
Les médias ont seulement parlé de l'incident de la porte
et n'ont rien
dit du contexte. Cette façon de faire est le modèle
qu'ils suivent
constamment pour dépeindre les cols bleus comme des gens avec
qui la
discussion est impossible et qui comprennent seulement le langage de la
force.
François a également parlé d'un
autre aspect de la campagne de
désinformation qui est menée contre les cols bleus.
« Les médias ont
dit qu'on voulait débattre de notre convention collective qui
arrive à
terme seulement en 2017. Ce n'est pas ça qu'on demande.
Notre bagarre,
la bagarre qu'on veut faire et qu'on veut expliquer aux gens,
c'est celle qu'on mène contre le Pacte fiscal. »
Il a expliqué que la campagne de
désinformation que mènent les
médias et le gouvernement vise à criminaliser les
travailleurs
municipaux, à les dépeindre comme les «
méchants » qui pensent
uniquement à leur convention collective ou qui sont radicaux et
pas
vraiment intéressés à fournir les services dont
les gens et la ville
ont besoin.
C'est faux évidemment. Comme c'est le cas de tous les
travailleurs qui
fournissent des services publics, les conditions de travail des cols
bleus sont les conditions mêmes de la livraison des services. Le
Pacte
fiscal et l'offensive antisociale ne ciblent pas seulement les
travailleurs qui livrent les services mais également les gens
qui ont
besoin des
services municipaux. Les gouvernements antisociaux refusent d'augmenter
les investissements dans les programmes sociaux et les services
publics. Tout est organisé de manière à payer les
riches d'une façon ou
de l'autre.
Le représentant des cols bleus a expliqué
certains aspects de leur lutte actuelle.
« A partir de septembre, on a entendu parler que
le gouvernement
allait donner aux maires le droit de décréter nos
conditions de travail
en échange de 300 millions $ de coupures par
année dans le budget des
municipalités. On est parti faire une tournée de nos
travailleurs pour
leur expliquer la situation. À notre première
assemblée
spéciale, sur une possibilité de 6500 membres, nous
avons réussi à en
amener 4000. Trois semaines plus tard, nous avons
décidé de faire une
deuxième assemblée qui visait plus
particulièrement les travailleurs de
la ville de Montréal, pas de toute la région
métropolitaine. Nous avons
décidé de faire cela le matin et de fournir le
transport aux travailleurs. Cela a été
décrété comme une grève illégale
d'un jour et nos quatre dirigeants ont fait face à une menace de
passer
jusqu'à un an en prison pour cette
assemblée. » ( Suite
à cela, les membres de l'exécutif ont été
injustement suspendus sans
solde pour une période de deux mois - note de la
rédaction).
« La bataille qu'on veut mener
présentement c'est de dire que nos
conditions de travail, on les a négociées, la
majorité du temps. Les
fois qu'on n'a pas réussi à les négocier, c'est
parce qu'on a eu des
arbitrages qui ont été ordonnés par le
gouvernement, où c'est l'offre
intégrale de l'employeur, en 2004, qui nous a
été imposée. On
appelle cela 'le torchon'. Aujourd'hui, quinze ans plus tard, on
retrouve certaines conditions de travail qu'on avait en 2004.
Pourtant,
on se fait dire qu'on est des 'gras durs' qu'on a un pouvoir de
négocier trop fort. »
Manifestation
des travailleurs municipaux de Montréal à la
défense de
leurs pensions le 23 avril 2014
« Nos travailleurs de Montréal et de
l'agglomération de la ville de
Montréal nous ont donné le mandat de les défendre
et d'aller jusqu'au
bout de cette histoire. Pas question que nos travailleurs auxiliaires
de nos petites villes perdent leur emploi ; pas question pour nous
de
faire des sacrifices encore, parce qu'on les a déjà faits
en 2004. Il y a tout un paquet de conditions de travail à
la ville de
Montréal qui sont les conditions minimales des normes du travail.
« En ce qui concerne les pensions, suite au
projet de loi 3 qui est
devenu la Loi 15, les gens vont payer 50 % de leurs
régimes de
retraite. On a encore l'avantage d'avoir un régime à
prestations
déterminées mais on le paie à 50 %. En
plus, on paie pour les déficits
et avec la bourse qu'on connaît
aujourd'hui on peut dire qu'on l'a payée cher notre prestation
déterminée. Encore là, nos retraités qui
touchent 20 000 $ par année
sont appelés des 'gras durs'. Pas question pour nous d'accepter
tout
cela, on va mener la bataille jusqu'au bout. »
En conclusion, François a dit que la lutte des
cols bleus est la
lutte de tous les travailleurs. « La lutte des cols bleus c'est
la
lutte de toute la classe ouvrière. Notre lutte contre le Pacte
fiscal
nous la menons pour que personne n'ait ces conditions de travail
dictées par des gens sans scrupules qui s'en sont mis plein les
poches
comme on l'a vu
avec la Commission Charbonneau. ».
Pendant des mois, les cols bleus ont fait le tour du
Québec pour
mobiliser les travailleurs, leurs syndicats et le public pour faire
échec au plan antisocial du gouvernement Couillard de se donner
le
pouvoir
de décréter unilatéralement les conditions de
travail des employés
municipaux.
À
titre d'information
Un processus menant tout droit à la loi
spéciale de décret des conditions de travail
Le projet de loi 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal
, impose un nouveau processus de négociation des conventions
collectives pour les travailleurs municipaux du Québec. Dans le
cas des
employés municipaux qui ont formellement
le droit de grève, la médiation devient obligatoire s'il
n'y a pas de
convention collective dans les 120 jours suivant l'acquisition du
droit
de grève ou de lockout. C'est sur cette base que le ministre des
Affaires municipales Martin Coiteux déclare que le droit de
grève est
maintenu. Des tribunaux ont déjà rejeté
l'utilisation de la temporalité
(la
durée pendant laquelle le recours à la grève est
possible) en tant que
critère pour déterminer si le droit de grève a
été respecté ou nié
comme une violation du droit de grève. En plus, tous savent que
dans le
domaine municipal les négociations vont souvent bien
au-delà de 120
jours sans grève après le début de la
période légale de grève ou de
lockout.
Le projet de loi crée la position de mandataire
spécial, qui peut
être nommé, « si des circonstances exceptionnelles
le justifient », par
le ministre (des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire,
et aussi ministre du Travail Martin Coiteux) pour
régler le différend. Le ministre nomme le mandataire
spécial qui remet
au ministre et aux parties un rapport de son activité, qui ne
peut pas être rendu public. Ce rapport doit respecter les
mêmes
critères que ceux suivis par le Conseil de règlement des
différends
(voir la partie qui concerne les policiers et les pompiers).
Les parties peuvent demander l'arbitrage en cas de
médiation
infructueuse, mais une demande de nomination de mandataire suspend le
recours à l'arbitrage.
Une fois que le ministre a reçu les
recommandations (confidentielles) du mandataire spécial, il peut
présenter
une loi
spéciale de décret des conditions de travail en invoquant
le rapport du
mandataire.
On voit qu'à chaque étape du processus,
le couperet de l'État
intervient contre le droit des travailleurs de négocier leurs
conditions de travail, menant directement à la loi
spéciale de décret
d'une « convention collective ».
Le projet de loi prescrit aussi que les conventions
collectives
dans le secteur municipal doivent être d'une durée minimum
de 5 ans.
Dans le Code du travail à l'heure actuelle, une
convention
collective doit être d'une durée déterminée
d'au moins un an et d'au
plus trois ans s'il s'agit d'une première convention collective
pour
les travailleurs concernés.
En ce qui concerne les policiers et les pompiers, le
projet de loi
impose la nomination d'un médiateur s'il n'y a pas de convention
collective de signée dans les 120 jours après le
début des
négociations. Le médiateur a 60 jours pour amener
les parties à
s'entendre. Le ministre peut accorder, une seule fois, un prolongement
de 30 jours. Si la médiation échoue à obtenir
une convention, le projet de loi
crée un Conseil de règlement des
différends formé de trois membres
nommés par le gouvernement, sur recommandation du ministre des
Affaires
municipales.
Le conseil a le pouvoir de décréter
toutes les conditions sur
lesquelles il n'y a pas eu entente lors des négociations. Le
projet de loi
fixe
les critères dont le conseil doit tenir compte pour baser sa
décision.
Parmi ceux-ci, on compte la situation financière et fiscale de
la
municipalité concernée ou des municipalités
parties à l'entente, les
exigences relatives
à la saine gestion des finances publiques, la situation
économique
locale et les perspectives salariales et économiques du
Québec.
Le projet de loi donne des pouvoirs judiciaires au
Conseil de
règlement des différends.
« Le conseil a tous les pouvoirs d'un juge de la
Cour supérieure
pour la conduite de ses séances ; il ne peut cependant
imposer
l'emprisonnement. » Il peut donc imposer des amendes, des
décertifications et bien d'autres mesures de criminalisation des
travailleurs.
Le conseil doit rendre sa décision en six mois
et peut obtenir une
prolongation du ministre. La décision lie les parties pendant
cinq ans
et a l'effet d'une convention collective signée par les parties.
Le conseil agit sous l'impunité. Le projet de
loi
dit :
« Sauf sur une question de compétence,
aucun pourvoi en contrôle
judiciaire prévu au Code de procédure civile ne peut
être exercé, ni
aucune injonction accordée contre un membre du conseil agissant
en sa
qualité officielle. »
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