Journée internationale des femmes
Mars 1911
Origines et historique
La Journée internationale de la femme a été célébrée pour la première fois en mars 1911, le 8 mars devenant la date officielle en 1921. Depuis que les femmes se sont battues pour obtenir le droit de vote à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, leur combat est essentiellement politique. Elles ont fait valoir les réclamations qu’elles sont en droit de faire à la société, affrontant les discriminations de toutes sortes et les violences inspirées par l’État, en plus des tentatives sanctionnées par l’État de les reléguer à une citoyenneté de second, troisième ou quatrième ordre, sur la base d’une politique identitaire et d’une exploitation brutale. Les femmes, cependant, parlent en leur propre nom et refusent d’accepter toute limitation de leur droit de décider de toutes les questions qui affectent leur vie. Leur courage et leur détermination aux premiers rangs de la lutte pour une société qui reconnaît chacun comme un membre égal du corps politique, avec des droits et des devoirs égaux, inspirent chacun à se battre également pour les droits de tous.
1907 : La communiste allemande Clara Zetkin propose l’idée d’une manifestation annuelle en appui aux femmes ouvrières et aux droits des femmes lors de la Première Conférence internationale des femmes socialistes à Stuttgart, en Allemagne.
1909 : Une « Journée de la femme » est organisée aux États-Unis le 28 février, organisée par le Comité national des femmes du Parti socialiste américain. Des manifestations mettent en lumière la revendication du vote des femmes ainsi que des droits des femmes ouvrières, en particulier dans l’industrie du textile. Elles rendent aussi honneur aux milliers de femmes qui mènent de nombreuses luttes grévistes à ce moment-là dans des villes telles que Montréal, Chicago, Philadelphie et New York.
1910 : Une résolution proposée par Clara Zetkin à la Deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, au Danemark, pour créer une Journée internationale des femmes est adoptée. Plus de 100 femmes déléguées de 17 pays participent à la conférence, parmi lesquelles se trouvent les trois premières femmes à être élues au parlement finlandais.
Cette Deuxième conférence internationale des femmes socialistes réitère les principes adoptés à la Première conférence internationale sur la question du vote des femmes. Ces principes encadrent la résolution pour établir la Journée internationale des femmes permettant de se concentrer sur la question des droits politiques des femmes.
1911 : Pour donner suite à la résolution adoptée à la Deuxième conférence internationale des femmes socialistes, le 19 mars des rassemblements sont organisés en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse avec la participation de plus d’un million de femmes et d’hommes. « Le vote des femmes unira nos forces dans la lutte pour le socialisme » est le mot d’ordre de ces rassemblements. En plus de leur demande pour le droit d’élire et d’être élue, elles revendiquent le droit de travailler, le droit aux formations professionnelles et que cesse la discrimination au travail.
1912 : Les femmes de France, des Pays-Bas et de Suède célèbrent à leur tour la Journée internationale des femmes. Dans la période menant à la Première Guerre mondiale, ces activités sont menées contre la guerre impérialiste, pour exprimer la solidarité entre les femmes ouvrières de différents pays et pour rejeter l’hystérie empreinte de chauvinisme national des cercles dominants. Par exemple, en Europe, la Journée internationale des femmes est l’occasion pour les oratrices d’un pays de visiter d’autres pays pour y faire part de leurs salutations.
1913 : Les femmes russes observent leur première Journée internationale des femmes le 23 février selon le calendrier julien (le 8 mars, selon le calendrier grégorien). La réaction tsariste sanguinaire empêche la tenue de manifestations publiques mais, dirigées par les femmes communistes, les femmes trouvent différentes façons de célébrer cette journée. Les femmes en Russie continueront de célébrer la Journée internationale des femmes de diverses manières de 1913 à 1916. Plusieurs des organisatrices sont incarcérées dans les prisons tsaristes lorsque le mot d’ordre « pour le vote des femmes ouvrières » devient un appel ouvert au renversement de l’autocratie tsariste.
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1914 : La première édition de Rabotnitsa (La femme ouvrière), un journal pour les femmes de la classe ouvrière, est publiée en Russie. Le Comité central bolchévik crée un comité spécial pour organiser la Journée internationale des femmes. Des réunions ont lieu dans les usines et les lieux publics pour discuter des questions en lien avec l’oppression des femmes et pour élire des représentantes devant veiller à la mise en oeuvre des propositions adoptées à ces réunions au sein du nouveau comité.
1917 : En Russie, la Journée internationale des femmes de 1917 est une période de lutte intense contre le régime tsariste. Les travailleurs, dont les femmes des industries du textile et de la métallurgie, sont en grève dans la capitale, Saint-Pétersbourg. Le 8 mars (le 23 février selon le calendrier julien), des milliers de femmes travailleuses d’usine à Saint-Pétersbourg sont en grève, revendiquant le pain et la paix. Elles revendiquent « Du pain pour nos enfants » et « Que nos époux reviennent des tranchées ». C’est le début de la Révolution de février qui mènera à l’abdication du tsar et à la création d’un gouvernement provisoire qui reconnaît le suffrage universel ainsi que les droits égaux des femmes.
Au lendemain de la révolution d’octobre 1917, le gouvernement bolchevik met en oeuvre des législations plus avancées, qui garantissent dans les endroits de travail le droit des femmes de directement participer aux activités sociales et politiques, éliminant tout obstacle formel et concret qui auparavant se traduisait par la subordination de leurs activités sociales et politiques et leur soumission aux hommes. Des nouvelles lois sur la maternité et l’assurance santé sont approuvées en décembre. Un fond d’assurance public est créé, sans déductions aux salaires des travailleurs, qui bénéficient à toutes les femmes faisant en sorte que ni les femmes ni les enfants sont dépendants de leurs conjoints et de leurs pères pour leur bien-être économique.
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1920 : V.I. Lénine a une importante discussion avec Clara Zetkin, qu’elle relate dans la brochure Lénine sur la question des femmes, dans laquelle il affirme qu’il « faut absolument que nous créions un fort mouvement international des femmes, sur une base théorique claire ». Il rappelle l’expérience du rôle des femmes dans la révolution russe. Il dit, entre autres :
« À Petrograd, à Moscou, dans les villes et les centres industriels, comme à la campagne, les ouvrières ont eu dans la Révolution une conduite admirable. Sans elles, nous n’aurions pas vaincu, ou à peine vaincu. C’est mon opinion. Quelle vaillance elles ont montrée, et montrent encore ! Représentez-vous toutes les souffrances, toutes les privations qu’elles subissent. Et elles tiennent, parce qu’elles veulent maintenir le régime des Soviets, parce qu’elles veulent la liberté, le communisme. […] Cela prouve les capacités des femmes et l’importance considérable que leur travail représente pour la société. La première dictature du prolétariat ouvre vraiment la voie à la complète égalité sociale de la femme. Elle supprime plus de préjugés que ne peut le faire toute la littérature féministe […]. »
1921 : Le 8 mars devient officiellement la Journée internationale des femmes lorsque des femmes bulgares, membres du Secrétariat international des femmes de l’Internationale communiste, proposent une motion voulant que l’événement soit célébré partout dans le monde le 8 mars. Cette date est choisie pour rendre hommage aux femmes de la Révolution russe, reconnaissant ainsi leur rôle comme une contribution à la lutte des femmes pour leur émancipation sur le plan international.
En Turquie, la journée est célébrée pour la première fois en 1921, clandestinement, par les femmes communistes d’Ankara.
1924-25 : En Chine, la première célébration publique de la journée a lieu dans la ville de Guangzhou dans le sud, où 2 000 personnes se rassemblent pour une réunion de masse où les oratrices appellent les femmes à s’unir dans la lutte contre l’impérialisme et le féodalisme au nom de la libération personnelle et nationale.
La nouvelle de la réunion de masse de Guangzhou se répand dans toute la Chine et l’année suivante, des femmes de tout le pays se rassemblent à Pékin pour protester contre le refus du gouvernement d’accorder aux femmes le droit de vote.
1928 : Le premier rassemblement de la Journée internationale des femmes a lieu en Australie. Il est organisé par des femmes communistes pour exiger une journée de travail de huit heures, un salaire égal pour un travail égal, un congé annuel payé et un salaire décent pour les chômeurs.
Années 1930 : Au Mexique, la première célébration de la Journée internationale des femmes a lieu dans les années 1930.
1936 : Les communistes espagnoles organisent une manifestation de masse à Madrid le 8 mars, exigeant que soit défendue la République espagnole contre la menace grandissante du fascisme.
1937 : Des femmes espagnoles manifestent contre les forces fascistes du général Francisco Franco pour souligner la Journée internationale des femmes.
1943 : Les femmes italiennes soulignent la Journée internationale des femmes par de militantes manifestations contre le dictateur fasciste Benito Mussolini qui envoie leurs enfants mourir dans la Deuxième Guerre mondiale.
1945 : Immédiatement après la Deuxième Guerre mondiale, la tradition de la Journée internationale de femmes reprend de l’ampleur partout dans le monde. Elle est soulignée par des célébrations officielles dans les républiques de l’ancienne Union soviétique.
1951 : En Chine, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, plus de 100 000 manifestantes descendent dans les rues de Pékin et de Shanghai pour manifester contre l’occupation du Japon par les États-Unis après la guerre.
1960 : « La Emancipacion de la Mujer es obra misma de la mujer » ( « l’émancipation des femmes est l’oeuvre des femmes elles-mêmes ») proclame une affiche mexicaine conçue pour la Journée internationale des femmes. L’affiche célèbre le 50e anniversaire du début de la Révolution mexicaine et rend aussi hommage à la victoire de la Révolution cubaine qui a eu lieu l’année précédente.
Années 1960-1970 : Avec la recrudescence du mouvement des femmes pour leurs droits dans les années 1960 et 1970, la Journée internationale des femmes réapparaît comme une journée d’activisme pour les droits et l’habilitation des femmes.
1972 : En Australie, d’immenses manifestations de la Journée internationale des femmes commencent en 1972 alors que plusieurs milliers de femmes se rassemblent, en particulier à Sydney et à Melbourne.
1975 : Les Nations unies déclarent la Journée internationale des femmes et célèbrent la Journée internationale des femmes pour la première fois.
Deux ans plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution proclamant une Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix internationale. Ce faisant, l’ONU cherche à se distancier du contenu de la journée en tant que journée de lutte des femmes pour leurs droits et de la présenter comme une journée pour « réfléchir sur les progrès réalisés » et « célébrer les actes de courage et de détermination de femmes ordinaires ». C’est le contenu qui a été adopté depuis ce temps par les cercles officiels dans plusieurs pays, y compris le Canada.
1981 : L’Union des femmes démocratiques du Canada est fondée sous la direction du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) le 8 mars à Vancouver, organisant les femmes pour qu’elles jouent leur rôle dirigeant dans l’émancipation de la classe ouvrière comme précondition à leur propre affirmation.
1986 : Dans un laps de temps de deux mois après la chute de la dictature de Duvalier qui a duré 30 ans, en février, il y a deux manifestations de femmes exigeant justice pour tous les Haïtiens en général et pour les femmes en particulier. Près de 2 000 femmes marchent dans le village retiré de Papay où un mouvement paysan a été organisé clandestinement, tandis que le 3 avril à Port-au-Prince, plus de 30 000 femmes de tous les horizons sociaux descendent dans la rue.
2019 : Le 10e Congrès de la Fédération des femmes cubaines conclut ses travaux lors de la Journée internationale des femmes auquel participent près de 360 délégués et 40 invités. Plus de 4 300 000 femmes sont membres de la Fédération. Les femmes occupent 53,2 % des fonctions à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire à Cuba et constituent 48,4 % des membres du Conseil d’État.
Au Canada et partout dans le monde, la Journée internationale des femmes est aujourd’hui soulignée pour célébrer le courage et le rôle des femmes aux premiers rangs de la lutte des peuples pour s’investir du pouvoir et pour la reconnaissance des droits sur une base moderne.
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