Résultats de la 44e élection générale
Rejetons les tentatives de transformer
une défaite ignominieuse en une victoire pour les libéraux et les Canadiens
Pour 600 millions de dollars et plus, les Canadiens ont obtenu un dangereux statu quo le soir de l’élection. Sans compter les bulletins de vote par la poste qui ne sont pas encore dépouillés, les résultats de la 44e élection générale seraient les suivants : Parti libéral : 158 sièges (un de plus qu’en 2019) ; Parti conservateur : 119 (trois de moins) ; NPD : 25 (un de plus) ; Bloc Québécois : 34 (deux de plus) et Parti Vert : 2 (un de moins). Les rapports indiquent que le dépouillement des bulletins de vote par la poste pourrait affecter le résultat dans dix-huit circonscriptions mais ne changera pas le fait que le prochain gouvernement sera libéral et minoritaire.
Les Canadiens ne savent toujours pas pourquoi les libéraux ont jugé que c’était une bonne idée de déclencher des élections en pleine pandémie. D’autant plus que le déclenchement des élections a coïncidé avec la rentrée scolaire, alors que les enseignants, les travailleurs de l’éducation et les parents étaient forcés de jongler avec toutes les incertitudes et inquiétudes liées aux éclosions de COVID-19 et à des conditions d’apprentissage et d’enseignement non sécuritaires. Les libéraux se sont de fait aliénés de nombreux enseignants, travailleurs de l’éducation et parents.
Le taux de participation à l’élection semble être faible une fois de plus. Les rapports indiquent que seulement environ 17 millions des 27 366 297 électeurs figurant sur la liste électorale finale ont voté. Le taux de participation basé sur le vote en personne est de 58 % des électeurs inscrits ; avec les bulletins de vote non encore validés, le taux de participation est d’environ 62,2 %. Même si nous prenons le chiffre le plus élevé, cela signifie que les libéraux, qui formeront le gouvernement et ont reçu quelque 32 % des suffrages exprimés, gouverneront avec le vote de seulement 18,9 % des électeurs inscrits.
Prétendre à un « mandat de la population » devient une tâche impossible pour la classe dirigeante qui cherche désespérément à renforcer la crédibilité démocratique de son régime anti-populaire, antisocial et antinational. Ce régime expose le pays tout entier et son peuple à des dangers qui continuent de grandir sur plusieurs fronts, comme le révèlent les conditions de vie et de travail et la situation dans les communautés et les régions.
La couverture de l’élection par le radiodiffuseur d’État était si partiale et désespérée qu’après le dépouillement de seulement 14 % des bulletins de vote, un gouvernement libéral était déjà proclamé et tout se résumait ensuite à des « courses serrées » pour les libéraux : dans quelles circonscriptions les libéraux étaient ou n’ étaient pas en avance, quelle était la marge du vote libéral, etc. Les résultats du vote ont ensuite commencé à être présentés comme une « victoire pour les Canadiens » parce que, a-t-on dit aux téléspectateurs, ils allaient enfin avoir un programme national de garderie. Pourquoi peut-on en être certain ? Parce que les libéraux ont déjà conclu des ententes avec les provinces et, par conséquent, il sera facile de signer l’entente avec le concours des « autres partis progressistes ».
Le commentaire le plus fréquent est que nous sommes de retour là où nous étions en 2019. Le « message de l’électorat » serait qu’il veut que les partis « travaillent ensemble » sur un éventail d’enjeux connus. C’est le « mandat ». C’est à la fois un mandat de « garder le cap, mais nous vous surveillons », pour Justin Trudeau, et de « travailler ensemble » pour tous les autres.
Malgré sa performance humiliante, Justin Trudeau a fait comme si de rien n’était. « Vous nous renvoyez au travail avec un mandat clair pour traverser la pandémie vers des jours meilleurs », a-t-il déclaré.
Le statu quo est dangereux pour les Canadiens. Il signifie que les affaires continueront comme avant, surtout avec l’annonce de programmes et de nouvelles règles d’un plan de relance qui sert les intérêts de la classe dirigeante et son désir d’accaparer les nouvelles technologies et de gagner la guerre contre les concurrents dans ces domaines. Il s’agit d’un programme pour payer les riches pour leurs besoins en infrastructures, d’accroître le financement des grandes entreprises pharmaceutiques et de privatiser la prestation des programmes sociaux, ce qui ne fera qu’exacerber la crise des conflits d’autorité entre les niveaux fédéral et provincial, chacun rivalisant pour tirer profit du paiement fait aux riches dont ils servent les intérêts. Les Canadiens peuvent également s’attendre à ce que la participation du Canada aux préparatifs de guerre des impérialistes américains s’intensifie. Comme le gouvernement américain, le Canada veut également nier que les États-Unis et l’OTAN ont été vaincus en Afghanistan. Les États-Unis intensifient leurs efforts pour dominer le monde, peu importe les conséquences pour leurs « partenaires » et leurs « alliances », tandis que le Canada et l’OTAN doivent leur emboîter le pas, même quand des accords sont conclus dans leur dos. Le nouvel accord que les États-Unis ont conclu avec l’Australie en est la preuve et l’annulation par l’Australie de son contrat d’armement avec la France montre que dans le monde néolibéral, les contrats ne valent pas le papier sur lequel ils sont écrits.
Tout cela indique que l’anarchie et la violence vont augmenter dans la période à venir et tous les travailleurs doivent s’y préparer en intensifiant la défense des droits de toutes et tous dans cette situation.
Au cours de cette élection, les revendications des travailleurs ont révélé à qui peut voir qu’après trente ans de politiques antisociales néolibérales, la situation dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux s’est détériorée à tel point que la crise n’est plus gérable. Les décrets, les menaces et la criminalisation des travailleurs et de leurs revendications n’y changeront rien. Sur tous les lieux de travail, le traitement des travailleurs comme des produits jetables crée une crise d’une ampleur inégalée, où les droits humains sont bafoués sur tous les fronts.
La résolution du conflit entre les conditions et l’autorité en termes pratiques est ce qui continuera de motiver les actions des travailleurs, des peuples autochtones, des Inuits, des Métis, du peuple québécois, des femmes, des jeunes et de tous celles et ceux qui s’opposent aux tentatives de diviser le peuple par l’incitation aux passions sur la base des définitions néolibérales de l’identité, des valeurs et de la conscience. Ces définitions néolibérales dites « progressistes » nient le droit de l’être humain de déterminer sa propre identité en affirmant son droit d’être et en assumant la tâche d’humaniser l’environnement naturel et social sur cette base, tout en luttant pour faire du Canada une zone de paix.
Pendant ce temps, les ondes sont remplies de désinformation pour que les Canadiens ne s’organisent pas à la défense des droits de toutes et tous. Les Canadiens sont censés attendre voir ce qui se passe maintenant. Les « enjeux » maintenant comprendraient l’avenir du chef libéral qui, selon les médias, a « perdu son pari » d’un gouvernement majoritaire. Même s’il n’a pas « remporté le gros lot, dit-on, il a au moins récupéré sa mise ».
À quoi cette élection a-t-elle servi ? Qui parmi les tireurs de ficelles a jugé que les libéraux pouvaient obtenir une majorité dans des conditions de pandémie parce que leur gestion de la pandémie les rendait « populaires » ? Devons-nous simplement accepter que c’était, comme on le dit généralement, « le pari de Trudeau » ? S’agissait-il simplement d’un interlude pour la conclusion d’accords dans notre dos, desquels nous ne savons rien ?
Cette interprétation masque la profondeur de la crise dans laquelle s’enlisent les institutions démocratiques dites libérales. La concurrence féroce entre des intérêts privés étroits provoque l’anarchie et la violence dans le monde entier. Le pouvoir d’État dans les pays capitalistes et impérialistes avancés a été privatisé par les oligopoles et leurs cartels et coalitions. Ces derniers sont engagés dans une rivalité meurtrière pour tout contrôler en faveur des intérêts privés étroits qu’ils représentent. Ce qui explique également les conflits et affrontements dans les relations fédérales-provinciales. Pendant ce temps, l’offensive néolibérale antinationale et antisociale est telle que les travailleurs ne peuvent plus supporter l’absorption de l’anarchie, du chaos et de la violence que les dirigeants, leurs partis cartellisés et leurs agences d’État ont imposés à la société avec leurs stratagèmes et leurs arrangements pour payer les riches. Le peuple paie comme jamais auparavant pour l’exacerbation de la crise environnementale et climatique.
Le PMLC a appelé à un gouvernement minoritaire afin que les travailleurs aient une meilleure chance de se mobiliser contre les assauts qui les attendent et de s’organiser pour changer la situation en leur faveur. Toute la couverture médiatique qui présente l’élection comme « trop serrée », une « élection à suspens », et qui prétend que les Canadiens ont donné un mandat au gouvernement qui sera formé, tout cela apparaît comme un artifice sans substance pour se moquer de nous.
Dans un sondage réalisé le 17 septembre par la firme Ipsos, le nombre de personnes ayant déclaré que les élections n’étaient pas nécessaires et s’y objectant s’élevait à 69 %. C’est 11 % de plus qu’au départ de la campagne électorale. Le nombre de personnes qui ont déclaré n’être enclines à voter pour aucun des partis en lice s’élevait à 47 %, même lorsqu’on leur demandait avec insistance : « Mais pour qui voterez-vous, s’il vous plaît ? » Les « analystes » ont interprété cela comme un problème à surmonter pour les partis s’ils veulent obtenir plus de votes. C’est là qu’est toute la fraude. C’est un problème à surmonter pour la classe dirigeante, elle qui tente désespérément de donner de la crédibilité et de la légitimité à son système antidémocratique. C’est une indication claire qu’il appartient aux travailleurs, aux femmes, aux jeunes et aux peuples autochtones, aux Inuits, aux Métis et au peuple québécois d’intensifier le travail d’organisation politique afin de renverser la situation en leur faveur. Des mesures concrètes sont nécessaires pour que la classe dirigeante ne puisse pas s’en tirer avec ses diktats et que le Canada devienne un facteur de paix dans le monde.
C’est ce que le PMLC estime être l’enjeu en ce moment.