Dans l’actualité le 25 juin
Grandes manifestations ouvrières aux États-Unis et en Europe
Grève nationale en Belgique contre la hausse des prix, le blocage des salaires et la guerre
Le 20 juin, les travailleurs belges ont organisé une grève nationale d’une journée et une manifestation de masse dans la capitale, Bruxelles, pour exiger la fin de la flambée des prix et du gel des salaires. On estime que plus de 80 000 travailleurs ont participé à la manifestation. Des débrayages ont eu lieu dans plusieurs secteurs, en particulier dans les transports, paralysant le pays. Tous les départs de l’aéroport international de Bruxelles ont été annulés pendant la journée, et d’autres aéroports du pays ont également été touchés. Les services de métro, des autobus et de tramway ont également été perturbés à divers degrés à l’échelle du pays.
Les actions ont été organisées par la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB), la Confédération des syndicats chrétiens (CSC) et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB). Des manifestations semblables ont eu lieu dans tout le pays en février, avril et mai de cette année, et d’autres actions de grève et manifestations sont prévues avant la fin du mois de juin.
« Bloquer les prix, pas les salaires »
Les travailleurs ont dénoncé la montée en flèche des prix, notamment le prix du chauffage, de la nourriture, des carburants et du logement, parmi d’autres. En juin, l’inflation au pays a été estimée à 9 %, le taux le plus élevé depuis 40 ans.
La FGTB a publié des données sur les hausses des prix de l’énergie entre avril 2021 et avril 2022 : électricité en hausse de 49,7 % ; gaz naturel en hausse de 139,5 % ; mazout en hausse de 57,8 % ; diesel en hausse de 33,5 % ; essence en hausse de 21 %. Au cours de cette période, les salaires ont augmenté en moyenne de 0,4 %. Les familles de la classe ouvrière et les familles et personnes à faible revenu n’arrivent plus à joindre les deux bouts en raison du coût élevé de la vie. Entretemps, selon la FGTB, les grandes entreprises internationales du secteur de l’énergie ont réalisé des profits particulièrement élevés, profitant de la flambée des prix, exacerbée par la guerre en Ukraine. Selon les données publiées par la Banque nationale, les grandes entreprises belges réalisent actuellement des bénéfices historiquement élevés, plus encore que dans les pays voisins.
En ce qui concerne le gel des salaires, les travailleurs accusent notamment la Loi sur la norme salariale de 1996, qui restreint l’évolution de l’ensemble des salaires en Belgique, au nom d’assurer que les salaires en Belgique sont compétitifs avec ceux des autres pays de l’Union européenne. Pour la période 2021-2022, la marge maximale d’augmentation des salaires a été fixée à 0,4 %. Les syndicats réclament la suppression de ce plafond, qui est renouvelé tous les deux ans. L’une des revendications lors de la manifestation à Bruxelles était de retrouver la liberté de négocier des salaires que les travailleurs jugent acceptables. Il existe en Belgique une forme d’indexation des salaires par rapport au coût de la vie, mais cette indexation est rendue totalement caduque par la forte hausse actuelle des prix.
Les travailleurs exigent également des mesures visant à réduire les prix de l’énergie, une augmentation du salaire minimum et une hausse des contributions des employeurs aux frais de déplacement des travailleurs.
« De l’argent pour les salaires, pas pour la guerre »
Lors de la manifestation, un grand nombre de travailleurs ont mis de l’avant la revendication « De l’argent pour les salaires, pas pour la guerre », faisant un lien direct entre la crise de la hausse des prix et la politique des puissances occidentales envers la Russie. Plusieurs ont scandé le slogan « Arrêtons l’OTAN » et dénoncé l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis et leur implication dans la guerre en Ukraine, notamment par les sanctions de l’Union européenne contre la Russie et la prolifération des ventes d’armes à l’Ukraine.
Bruxelles n’est pas seulement la capitale de la Belgique mais aussi le siège des quartiers-généraux de l’Union européenne et de l’OTAN. C’est à Bruxelles que le président américain Joe Biden est venu annoncer une ronde de sanctions contre la Russie en mars dernier. Manifestement, les travailleurs n’ont ni oublié ni pardonné ce désastre pour l’économie et pour la paix, et font valoir leurs justes revendications.
Pour voir une vidéo sur la grève et la manifestation, cliquez ici.
(Photos : FGTB, KVPU)
Forum ouvrier, affiché le 25 juin 2022.
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