Dans l’actualité le 15 mai
74e anniversaire de la Nakba – la catastrophe
La décision de la Haute Cour d’Israël autorisant de nouvelles dépossessions mérite d’être condamnée
Aujourd’hui, il est devenu courant que les hautes cours et les cours suprêmes, considérées comme ayant le devoir de défendre la cause de la justice et des droits humains, statuent sur des lois inadmissibles et les déclarent légales. C’est ce à quoi nous assistons lorsque la « Haute Cour de Justice » d’Israël a rendu, le 4 mai, un jugement autorisant l’État israélien à démolir dix-huit villages palestiniens dans les collines du sud d’Hébron et à expulser définitivement les résidents de ces villages. Au moins 1 500 personnes vivraient dans ces villages d’une superficie de 3 000 hectares.
Selon les conventions de Genève relatives au traitement humanitaire en temps de guerre, il est illégal d’exproprier des terres occupées à des fins qui ne bénéficient pas aux personnes qui y vivent ou de transférer de force la population locale. Toutefois, à l’instar de la dépossession des Palestiniens par les sionistes en 1948, Israël prétend que ces villageois n’étaient pas des résidents permanents lorsque la zone a été saisie par son armée et qu’ils n’ont donc aucun droit sur la terre.
L’ONG israélienne Breaking the Silence (« Rompre le silence ») a déclaré à propos de cet arrêt : « La Haute Cour vient de donner son feu vert au plus grand transfert de population de l’histoire de l’occupation depuis le début des années 1970.
« La déportation de plus de 1 000 personnes en faveur de l’expansion des colonies, des avant-postes et de la formation des soldats des Forces de défense israéliennes n’est pas seulement une catastrophe humanitaire qui pourrait créer un précédent pour d’autres communautés à travers la Cisjordanie, mais aussi une étape claire dans l’annexion de facto des territoires palestiniens occupés et cimenter le régime militaire indéfiniment ».
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Nidal Younes, le chef du conseil du village de Masafar Yatta, a déclaré à propos de la décision : « Nous nous battons avec Israël devant les tribunaux depuis 22 ans et il a fallu cinq minutes à ce juge pour détruire la vie de 12 villages et des personnes qui dépendent de la terre. En fin de compte, l’histoire se répète : Nakba après Nakba. »
David Shulman, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem et militant contre les colonies israéliennes, a récemment expliqué dans un article pour The Wire : « Le jugement a également de graves implications pour la survie de cinq autres villages situés dans la zone d’entraînement militaire 918. Voici les noms des 13 villages de cette zone : Jinbeh, Al-Mirkez, Al-Halaweh, Halat a-Dab’a, Al-Fakheit, A-Tabban, Al-Majaz, A-Sfai, Megheir Al-Abeid, Mufagara, A-Tuba et Sarura. Éradiquer les familles de ces villages, c’est effacer toute une culture traditionnelle et un mode de vie unique et historique.
« La zone d’entraînement a été établie arbitrairement par l’armée en 1981, et la présente décision de la Haute Cour confirme à nouveau sa légalité. Depuis plus de 20 ans, les résidents palestiniens de cette zone luttent contre l’expulsion. La décision du 4 mai marque peut-être la fin de ce processus juridique et donc la fin de l’espoir pour ces personnes. Depuis plusieurs décennies, les autorités israéliennes démolissent systématiquement leurs maisons, détruisent les routes et les puits, et confisquent leurs maigres outils agricoles.
« Au cours de cette même période, les colons israéliens ont construit et agrandi des avant-postes illégaux dans la même zone d’entraînement, généralement avec le soutien ouvert de l’armée ; ces colonies bénéficient d’une immunité contre toute menace de destruction, tandis que les colons se livrent à un harcèlement et à des violences quotidiennes contre leurs voisins palestiniens. »
David Shulman explique encore : « Les juges, rejetant les preuves tangibles soumises par les plaignants palestiniens, ont jugé qu’il n’y avait pas de résidences permanentes dans ces villages avant 1981, date à laquelle la zone de tir a été déclarée. Il existe de nombreuses preuves, remontant au moins à la première moitié du XIXe siècle, que les Palestiniens vivaient dans les villages de la région du Masafer Yatta pendant au moins huit à dix mois par an (certaines familles pendant toute l’année). »
Depuis les années 1970, Israël a déclaré 18 % de la Cisjordanie occupée « zone de tir » pour l’entraînement militaire. Selon le compte-rendu d’une réunion ministérielle de 1981, Ariel Sharon, qui était à l’époque ministre de l’Agriculture, a proposé de créer la zone de tir 918 dans l’intention explicite de forcer les Palestiniens locaux à quitter leurs maisons.
Le journal The Guardian explique que les communautés palestiniennes vivant dans les zones de tir ont été menacées à plusieurs reprises de démolition de maisons et de confiscation de terres agricoles parce qu’elles n’ont pas de permis de construire, qui sont délivrés par les autorités israéliennes et sont presque impossibles à obtenir.
LML Quotidien, affiché le 15 mai 2022.
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