Dans l’actualité le 14 avril
Désinformation sur les crimes de guerre en Ukraine
Les membres de l’ONU dénoncent la politisation des droits humains
Lors du débat du 7 avril à l’Assemblée générale de l’ONU sur le projet de résolution proposé par les États-Unis visant à suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme et après son adoption, plusieurs pays ont pris la parole pour expliquer leur vote. Nombre de ceux qui se sont abstenus ou ont voté non ont souligné que suspendre la Russie avant qu’une enquête impartiale et objective n’ait été tenue sur les événements en question était une fuite en avant et un déni de procédure.
La plupart d’entre eux ont fait remarquer que la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme le 4 mars, qui prévoyait la création d’une commission d’enquête internationale indépendante chargée d’enquêter sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme et sur les violations du droit humanitaire international, n’avait même pas encore commencé ses travaux. Plusieurs de ceux qui ont voté non se sont opposés à la politisation des droits humains et à l’utilisation du mécanisme des droits humains de l’ONU pour punir sélectivement certains pays alors que d’autres ne sont jamais sanctionnés.
Plusieurs pays ont déclaré que la suspension de la Russie entraverait la recherche d’une solution pacifique et négociée au conflit en Ukraine.
Le représentant permanent de Cuba à l’ONU, Pedro Luis Pedroso, a dénoncé l’utilisation sélective de l’article de suspension controversé, affirmant que maintenant que les États-Unis sont de retour au Conseil des droits de l’homme après l’avoir boycotté pendant les années Trump, ils veulent prendre le contrôle et éliminer des pays de manière sélective. L’Assemblée générale ne suspendra jamais les États-Unis, a-t-il dit, « malgré leurs violations flagrantes et massives des droits humains à la suite d’invasions et de guerres de pillage contre des États souverains, conformément à leurs intérêts géopolitiques. Ils ont causé la mort de centaines de milliers de civils, qu’ils appellent ‘dommages collatéraux’, le déplacement de millions de personnes et des destructions gigantesques dans toute la géographie de notre planète, mais cette Assemblée n’a jamais suspendu aucun de leurs droits ».
L’ambassadeur chinois Zhang Jun a déclaré que la résolution n’avait même pas été rédigée de manière ouverte et transparente, en évitant la tradition de tenir des consultations avec l’ensemble des membres pour recueillir leurs avis. Au lieu de cela, les membres ont été confrontés à la hâte au projet de résolution et ont été forcés de choisir leur camp, ce qui, selon lui, aggraverait les divisions entre les pays et intensifierait les contradictions entre les parties concernées.
S’adressant directement à la « diplomatie » coercitive que les États-Unis et quelques uns de ces partenaires de l’OTAN pratiquent de manière notoire, le président serbe Aleksandar Vucic a souligné que son pays a subi des pressions sous la menace de sanctions pour soutenir la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme. La décision initiale de son pays était de s’abstenir, a-t-il déclaré, mais il s’en est suivi « d’innombrables cas de pression sévère », qu’il a également qualifiés de chantage. « Ils ont dit – savez-vous qu’une décision est en train d’être prise pour savoir si la Serbie sera exemptée du paquet de sanctions sur le pétrole [russe], et si elle pourra importer du pétrole après le 15 mai ? » Contrairement à l’UE, la Serbie n’a pas imposé de sanctions à la Russie. Il a déclaré que si des sanctions étaient imposées à la Serbie, ce serait comme une « frappe nucléaire » sur le pays.
L’Union européenne a déclaré dans son communiqué que la suspension de la Russie était nécessaire pour préserver l’intégrité du Conseil des droits de l’homme, l’autorité de l’Assemblée générale et la crédibilité du système des droits de l’homme de l’ONU.
L’ambassadeur du Canada à l’ONU, Bob Rae, dont l’usage honteux de l’hyperbole est bien connu, a accusé la Russie de tuer des civils, de bombarder des maternités et de mentir ouvertement à ce sujet, et a dit qu’« aucun de ces faits n’est contesté ». Pour Bob Rae et d’autres apologistes de l’OTAN, les rapports sur le terrain et les témoignages oculaires des gens sur ce que les « héros » de l’Ukraine portant des insignes nazis sur leurs uniformes ont fait dans leurs villes et villages ne sont que des mensonges et de la « propagande russe ». Ainsi, selon eux, il n’y a pas lieu d’enquêter.
L’ambassadrice des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré sans détour que les Nations unies avaient fait un pas dans la bonne direction « en veillant à ce que les auteurs de violations des droits humains ne puissent pas occuper une position de leadership en matière de droits de l’homme ».
Étant donné que le président et les hauts responsables américains, ainsi que ceux des autres pays membres de l’OTAN, ont depuis longtemps rendu leur jugement, adoptant sans discussion la version des événements qu’ils ont incité le gouvernement ukrainien à donner, et qu’ils ont répondu en lui envoyant davantage d’armes, en imposant des sanctions encore plus sévères et d’autres formes de représailles contre la Russie, une enquête médico-légale impartiale pour découvrir ce qui s’est réellement passé n’est pas dans leur intérêt.
Interrogé sur son soutien à une enquête indépendante sur les événements de Boutcha, Vassily Nebenzia, le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations unies, a répondu que la question était de savoir qui menait cette soi-disant enquête indépendante. « Nous avons vu beaucoup d’enquêtes indépendantes qui n’étaient pas du tout indépendantes parce qu’elles étaient motivées par des raisons politiques et biaisées », a-t-il dit.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies décide de mener une enquête
Le 4 mars 2022, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a condamné « dans les termes les plus fermes les violations des droits de l’homme et les abus résultant de l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie ». Il a demandé la cessation immédiate de ses hostilités militaires et « le retrait rapide et vérifiable des troupes de la Fédération de Russie et des groupes armés appuyés par la Fédération de Russie de l’ensemble du territoire ukrainien ». Il a également appelé à la formation d’une commission d’enquête internationale indépendante chargée « d’enquêter sur toutes les allégations de violations et d’abus des droits de l’homme et de violations du droit international humanitaire dans le contexte de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et d’établir les faits, les circonstances et les causes profondes de ces violations et abus » et d’identifier, dans la mesure du possible, les entités et les individus responsables de ces abus, en vue de leur faire rendre des comptes.
La commission d’enquête doit être composée de trois experts en droits humains qui seront nommés par le président du Conseil des droits de l’homme, poste actuellement occupé par Federico Villegas de l’Argentine. L’Argentine a voté avec les États-Unis et l’OTAN le 7 avril pour suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme. Elle a aussi voté en faveur d’une résolution antérieure de l’Assemblée générale qui attribuait la responsabilité du conflit à « l’agression de la Russie contre l’Ukraine ».
(LML Quotidien, affiché le 14 avril 2022)
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