Dans l’actualité le 13 avril
Ampleur de l’intégration du secteur énergétique canadien à l’économie des États-Unis
Flambée des prix de l’essence partout au pays
Quelle économie ? Notre économie ?
Qui la contrôle ? Le peuple doit en prendre le contrôle !
La hausse des prix de l’essence partout au Canada et aux États-Unis frappe la classe ouvrière, l’économie élargie et certaines entreprises de plein fouet. Les gens qui font la navette et n’ont pas d’autre choix que d’utiliser la voiture pour se rendre au travail, magasiner ou s’adonner à leurs loisirs sont pris à la gorge par les prix. Les entreprises qui ont besoin de véhicules pour les livraisons, de nombreux travailleurs à la demande, les systèmes de transport en commun et les taxis en souffrent ou n’ont d’autre choix que d’augmenter leurs prix s’ils peuvent le faire. Les tarifs de taxi sont habituellement contrôlés au niveau municipal ou provincial et ne peuvent automatiquement être augmentés pour répondre au prix de l’essence plus élevé.
Où va tout cet argent qui est dépensé en prix d’essence plus élevés ? Il est impossible que les prix de la production de pétrole brut et de son raffinage en essence puissent changer dans un laps de temps aussi court. L’écart entre le prix réel de production de l’essence et le prix de marché à la pompe s’est rapidement creusé, alors où va la différence ? La place la plus évidente est dans les poches des propriétaires privés de la production de pétrole, des raffineries et des stations-services. Ils profitent au Canada des prix fixés sur le plan mondial par les institutions impérialistes comme les bourses de marchandises sous le contrôle des oligarques supranationaux. La situation est un exemple frappant du fait que l’économie canadienne n’est pas entre les mains des Canadiens ni sous leur contrôle, avec l’objectif de servir le peuple.
Dans les médias de masse et les universités, les apologistes des prix d’essence élevés font des pieds et des mains pour dire qu’on ne peut rien y faire sauf peut-être abolir les taxes sur l’essence et le carbone. Même cette mesure, qui serait positive car toutes les taxes à la consommation sont régressives et anti-populaires, ne garantit pas que les prix resteront bas car les prix du marché remonteront progressivement vers ce que l’on appelle un niveau « concurrentiel », les distributeurs empochant les anciennes taxes à la consommation.
On peut trouver un exemple des excuses mises de l’avant pour empêcher les gens de saisir ce qui se passe et ce qui doit être fait pour changer la situation en leur faveur dans un article du 8 mars de la CBC portant le titre : « Pourquoi les prix de l’essence en Colombie-Britannique grimpent-ils alors que la province reçoit la plus grande part de son essence de raffineries locales ? » Le sous-titre se lit : « L’essence est fabriquée à partir de pétrole brut, dont le coût exhorbitant est fixé au niveau mondial. »
Cela soulève la question de pourquoi les prix du pétrole sont-ils fixés au niveau mondial et par qui. La réponse n’est pas compliquée. Le secteur énergétique en entier est contrôlé par des intérêts privés supranationaux dont l’objectif est le profit maximum. Ces intérêts privés étroits ne sont pas préoccupés par le bien-être du peuple ou par l’économie où que ce soit dans le monde. Leur point de référence est le profit maximum pour eux-mêmes peu importe comment ils y parviennent.
L’article de la CBC indique : « Les économistes, les experts en carburant et les politiciens sont d’accord pour dire que les prix augmentent » en raison des événements en Ukraine. Le prix de marché est donc fixé par des intérêts privés mondiaux et ces personnes utilisent la situation de l’expansion des États-Unis et de l’OTAN et la provocation contre la Russie pour expliquer la hausse rapide des prix.
L’article, en essayant d’utiliser les événements en Ukraine comme excuse pour la hausse des prix de l’essence en Colombie-Britannique, soulève en fait plus de questions que de réponses. On y lit : « Mais la Colombie-Britannique reçoit la plupart de son essence de Burnaby, Edmonton et de l’État de Washington — alors en quoi l’approvisionnement en provenance de la Russie importe-t-il ? Ces raffineries de la côte ouest achètent presque tout leur pétrole brut de l’Alberta via le pipeline Trans Mountain tandis qu’une quantité de brut de l’Alaska est acheminée à Washington. Le pétrole ne provient pas de la Russie. Ceci nous ramène au problème que ces cartels énergétiques, qui contrôlent tout, des points de production aux stations-services, utilisent tout simplement les prix mondiaux essentiellement dictés par eux à New York et à Londres comme excuse pour augmenter les prix locaux et faire un coup d’argent.
En grattant un peu la surface, on découvre que ces mêmes cartels du pétrole et du gaz (naturel) encouragent l’expansion des États-Unis et de l’OTAN en Europe de l’Est ainsi que l’hystérie de guerre et la haine contre la Russie pour « libérer » des marchés en Europe et remplacer le pétrole et le gaz russes par des produits généralement plus dispendieux en provenance des États-Unis et du Canada, que ces mêmes cartels possèdent et contrôlent.
La question se ramène finalement à qui contrôle l’économie et dans quel but. C’est une question que le peuple doit traiter et tenter de résoudre en retirant le contrôle des mains de l’oligarchie supranationale et en le mettant fermement dans les mains des travailleurs sur la base d’un but moderne pour l’économie qui est de servir le peuple, humaniser l’environnement social et naturel et vivre en coopération avec les autres pour l’avantage mutuel, avec le Canada comme zone pour la paix.
Extraits de l’article de la CBC « Pourquoi les prix de l’essence en Colombie-Britannique grimpent-ils alors que la province reçoit la plus grande part de son essence de raffineries locales ? »
Cet article est une apologie pure et simple de la hausse des prix d’essence, avec une explication simpliste et une conclusion condescendante comme quoi on ne peut rien faire puisque les oligarques mondiaux contrôlent l’économie. Les extraits qui suivent sont reproduits sans commentaire. L’article intégral est disponible ici.
D’abord, pourquoi l’essence est-elle si dispendieuse ?
L’essence est composée de pétrole brut, dont le coût est fixé au niveau mondial. Le coût est influencé par l’approvisionnement international et la demande ou des événements géopolitiques.
Le prix par baril de pétrole brut a grimpé en flèche cette semaine pour atteindre des niveaux sans précédent depuis 2014, atteignant, lundi, 130 dollars US par baril avant de redescendre à près de 120 dollars.
La plus grande partie de l’essence en Colombie-Britannique vient des raffineries de Burnaby, Edmonton et l’État de Washington, mais le prix de vente du pétrole acheminé à ces raffineries est toujours décidé par le marché mondial.
« Nous avons un prix du pétrole mondial, et c’est fondamentalement le prix qu’on ne peut éviter. Donc peu importe à quel point sous souhaitons que les prix soient fixés localement, ils ne le sont pas », a dit Werner Antweiler, professeur à la Sauder School of Economics à l’Université de la Colombie-Britannique.
Les producteurs de pétrole vendent leurs produits aux raffineries sur une base concurrentielle, donc si les prix sont à la hausse internationalement, ils le seront localement.
Marc Lee, économiste en chef du Centre canadien de politiques alternatives, a dit que le coût est transféré au consommateur.
« Les compagnies font des profits massifs, massifs », a-t-il dit à la CBC la semaine dernière.
Pourquoi ne pas abolir les taxes sur le carbone ?
Le prix de l’essence régulière est composé de quatre coûts principaux :
– Le prix du pétrole brut
– Les coûts de raffinerie
– Les coûts de distribution et de mise en marché
– Les taxes, y compris les taxes fédérales, provinciales et municipales.
Le coût du pétrole brut est le plus élevé de ces quatre coûts, et détermine approximativement la moitié du prix de détail de l’essence.
Abolir les taxes réduirait le prix de l’essence, mais ne changerait rien au problème du pétrole brut.
« Le problème se situe au niveau du marché mondial et aucun changement aux taxes ne le fera disparaître. »
Malgré tout, l’Alberta a réduit ce lundi ses taxes de 13 cents par litre sur l’essence et le diesel pour réduire la pression à la pompe. Le ministre de la sécurité publique de la Colombie-Britannique a dit que la province côtière n’a pas l’intention de suivre cet exemple.
« La réalité est que le prix de l’essence est décidé par des événements en dehors du contrôle provincial », a dit le ministre Mike Farnworth lundi, ajoutant que certains s’inquiétaient que les compagnies de combustibles pourraient augmenter leurs prix pour profiter de la différence si les taxes étaient abolies.
« Un des défis en ce qui concerne la taxation…il n’y a pas de garantie que les prix vont demeurer bas, que les compagnies de combustibles n’augmenteront pas le prix pour profiter de la marge qui peut-être aura été créée. »
Peut-on espérer un répit ?
Werner Antweiler a dit qu’il pourrait y avoir un répit à la pompe si l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou les États-Unis commençaient à produire davantage — mais cela pourrait prendre quelques mois.
Une autre option est que l’approvisionnement pourrait venir de l’Iran si les sanctions nucléaires sont modifiées. Si c’est le cas, l’Iran pourrait expédier plus de pétrole vers le marché mondial.
Les pourparlers visant à libérer l’Iran des sanctions internationales sont à un niveau avancé, mais, un fois de plus, l’approvisionnement ne sera peut-être pas au rendez-vous assez rapidement pour remplacer la production russe.
(Avec des informations de Associated Press, Reuters et CBC)
Forum ouvrier, affiché le 13 avril 2022.
|
|