Dans l’actualité le 10 avril
À la défense de l’éducation publique en Alberta
Des actions en Alberta pour réclamer que le gouvernement Kenney « abandonne le projet » de programme d’études
Dans toute l’Alberta, des actions réussies ont été organisées le 2 avril pour s’opposer au projet de programme d’études de la maternelle à la 6e année, imposé par le gouvernement Kenney. Des rassemblements ont eu lieu à Calgary, Edmonton, Grande Prairie, Lethbridge, Medicine Hat, Red Deer et Wainwright. Les rassemblements ont exigé que le gouvernement « abandonne le projet » et ont souligné la nécessité d’un système d’éducation et d’un programme d’études modernes qui permettent aux jeunes de créer le monde dont ils ont besoin.
Un des premiers actes du gouvernement Kenney, lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2019, a été de mettre de côté tout le travail en cours depuis près de dix ans pour moderniser les écoles albertaines. La ministre de l’Éducation Adriana LaGrange a remplacé les centaines d’enseignants mobilisés par douze conseillers triés sur le volet, issus pour la plupart du monde de l’administration des affaires plutôt que de l’enseignement et de l’apprentissage. Il n’y avait pas un seul enseignant de la maternelle à la 12e année dans le panel.
Le résultat est un programme d’études tellement déficient et nuisible aux élèves que les enseignants et leur organisation, l’Association des enseignants de l’Alberta, les parents, les universitaires, les nations et organisations autochtones, la Nation métisse de l’Alberta, les organisations francophones et bien d’autres l’ont rejeté en bloc. Cinquante-six des 61 conseils scolaires de l’Alberta, responsables de l’éducation de 95 % des élèves de la province, ont refusé de piloter le projet. Pas une seule école n’a piloté l’ensemble du programme.
Ils ont condamné le programme comme étant inadapté à l’âge des élèves, bâclé, plein de plagiats, y compris de Wikipédia et de sources américaines, d’erreurs factuelles, mettant l’accent sur la mémorisation et ignorant la façon dont les élèves apprennent. Son contenu a été rejeté comme étant eurocentrique, raciste, homophobe, misogyne et basé sur la glorification de grands hommes qui prétendument « font l’histoire ».
Des dizaines de milliers d’Albertains se sont mobilisés, signant et faisant circuler des pétitions, participant à des campagnes de rédaction de lettres, soumettant des mémoires écrits à la ministre de l’Éducation et s’adressant à leurs amis, leur famille et leurs voisins. Plus de 70 universitaires et autres spécialistes des programmes d’études et des matières ont publié des critiques détaillées de chaque matière sur le site Web d’analyse du programme d’études de l’Alberta. Après une année complète, la ministre de l’Éducation n’a toujours pas partagé la montagne de commentaires qu’elle a reçus.
Au départ, le gouvernement prévoyait une mise en oeuvre complète du programme d’études dans toutes les matières en septembre 2022. Face à cette condamnation générale, le gouvernement a annoncé à deux reprises que certaines parties du programme seraient reportées jusqu’en septembre 2023, en reportant d’abord d’un an les études sociales, les sciences et les beaux-arts, puis en ajoutant les mathématiques et l’anglais de la 4e à la 6e année aux programmes reportés. Cela n’a en rien fait taire l’opposition ni diminué la revendication de rejet de l’ensemble du projet.
Lors des rassemblements organisés dans toute la province, les orateurs ont insisté les uns après les autres sur la nécessité d’un programme d’études moderne et d’un système d’éducation moderne au service de la population albertaine. Comme point de départ, les gens ont exigé que l’élaboration des programmes d’études soit confiée à ceux qui possèdent les connaissances et l’expertise nécessaires, c’est-à-dire les enseignants et les universitaires spécialisés dans les programmes d’études. Les gens ont également exigé un véritable processus de consultation avec les Albertains et la possibilité pour eux de participer en donnant leur avis et en discutant du type de programme d’études nécessaire.
Lors du rassemblement d’Edmonton, Carla Peck, professeure réputée de la faculté d’éducation de l’Université de l’Alberta, a souligné que ce programme d’études ne devrait pas et ne peut pas être imposé aux enseignants à l’automne. Après deux des années les plus difficiles de leur carrière d’enseignant, le ministre de l’Éducation veut imposer un programme d’études qui n’a pas de ressources, qui est encore en cours de rédaction et qui n’a pas été mis à l’essai.
Le programme d’études devrait être rédigé par des enseignants et des experts en la matière. Il devrait être basé sur des recherches sur la façon dont les élèves apprennent, ne pas leur nuire en les dévalorisant, être antiraciste et contre l’oppression, faire progresser la vérité et la réconciliation, enseigner la pensée critique et créative, et non la mémorisation, être un programme moderne qui les aidera à créer l’avenir qu’ils souhaitent, a-t-elle dit.
Ensemble, nos voix sont plus puissantes et plus fortes, mais nous devons agir, a-t-elle ajouté. Elle a demandé à toutes les personnes présentes d’aider leurs amis et leur famille à comprendre comment ce programme scolaire va nuire aux enfants. Le gouvernement a fait marche arrière par rapport à son plan de mise en oeuvre de toutes les matières en septembre, et nous ne pouvons pas nous arrêter parce qu’il continue d’aller de l’avant avec certaines matières à l’automne, a-t-elle dit.
Yvonne Poitras-Pratt, chercheuse métisse, a déclaré que le programme du gouvernement Kenney annulerait tous les progrès réalisés. Elle a déclaré qu’il régresse plutôt dans une rhétorique préjudiciable du « nous contre eux » où la glorification des idéaux eurocentriques, y compris les manières militaristes et un biais à peine voilé pour les « grands hommes de l’histoire », ainsi que la glorification des « gains économiques » qui sont louangés comme la meilleure et la seule façon d’avancer.
Une oratrice de Calgary a souligné que le PCU a accusé le gouvernement précédent de faire valoir son propre programme partisan en matière d’éducation, mais c’est précisément ce que le gouvernement a fait. Elle a déclaré que le gouvernement PCU tente de faire passer une vision étroite de la société où les étudiants sont des citoyens passifs qui apprennent à « faire ce qu’on leur dit » ou, comme le président du Comité consultatif sur les programmes d’études l’a dit, « à devenir le genre de personne à qui vous seriez heureux d’acheter une voiture d’occasion ».
Les intervenants ont dit qu’un nouveau programme scolaire adapté à notre époque doit rompre fondamentalement avec l’eurocentrisme. Les connaissances et l’expérience des peuples autochtones font partie intégrante de tout programme moderne.
Le nouveau programme d’éducation physique et de bien-être doit enseigner le concept de consentement d’une manière adaptée à l’âge, dans chaque classe, ont souligné les intervenants. Ils ont également demandé que, comme tout enfant, les enfants ayant des besoins particuliers aient droit à tout ce dont ils ont besoin pour s’épanouir en tant que personnes humaines.
L’impression indélébile laissée par les rassemblements est qu’une année de travail pour « abandonner le projet » a créé un mouvement où les gens parlent en leur propre nom, et développent leur propre vision et perspective sur le type de système d’éducation dont nos jeunes ont besoin pour se créer un avenir brillant. Ce mouvement est appelé à continuer à se développer. Il montre le besoin profond de renouveler le système politique afin que la prise de décision soit entre les mains du peuple.
Forum ouvrier, affiché le 10 avril 2022.
|
|