Dans l’actualité le 8 avril
La Russie accusée de crimes de guerre à Boutcha
Les faits derrière les accusations que la Russie a massacré des civils à Boutcha
Les allégations de massacre de civils à Boutcha dominent les pages de la guerre de propagande des médias occidentaux. La Russie est accusée d’avoir commis des crimes de guerre et le Canada, les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie. Des appels à l’intervention militaire sont également lancés, ainsi que des demandes visant notamment à exclure la Russie d’organismes internationaux.
La chronologie des événements indique qu’il s’agit d’une opération sous fausse bannière destinée à faire porter aux forces russes la responsabilité des crimes commis par les forces ukrainiennes. Une opération sous fausse bannière est un acte commis dans l’intention de dissimuler la source réelle de la responsabilité et de faire porter le blâme à une autre partie. Par exemple, lorsque les forces ukrainiennes ont repris le contrôle de Boutcha le 2 avril, Associated Press (AP) et Time Magazine n’ont fait aucune mention d’un massacre dans leurs reportages ou leurs conversations avec des « résidents locaux ».
Voici quelques faits connus.
Aucune victime civile n’a été signalée dans la ville ukrainienne de Boutcha lorsqu’elle était contrôlée par les forces armées russes. Le ministère russe de la Défense a déclaré que les forces armées russes avaient quitté Boutcha, située dans la région de Kiev, le 30 mars, alors que « les preuves de crimes » ne sont apparues que quatre jours plus tard, après l’arrivée dans la ville des agents du Service de sécurité ukrainien. Le ministère russe de la Défense a souligné que le 31 mars, le maire de la ville, Anatoly Fedoruk, avait confirmé dans une allocution vidéo qu’il n’y avait pas de troupes russes à Boutcha. Cependant, il n’a pas dit un mot sur les civils abattus dans la rue, les mains attachées dans le dos.
– AP a rapporté le 2 avril que les forces ukrainiennes avaient repris Boutcha, rien de plus. Le Time Magazine a rapporté le 2 avril que « les journalistes de l’Associated Press à Boutcha, une banlieue au nord-ouest de Kiev, ont observé samedi les soldats ukrainiens soutenus par une colonne de chars et d’autres véhicules blindés utiliser des câbles pour enlever les corps d’une rue, à distance, craignant qu’ils aient été piégés pour exploser. Des résidents ont déclaré que les morts – l’AP en a compté au moins six – « étaient des civils qui ont été tués par des soldats russes qui partaient, sans provocation ».
Il convient de noter que les « résidents » n’ont fait aucune référence à des exécutions massives perpétrées par les forces russes à ce moment-là.
– Le 3 avril, l’Agence France-Presse (AFP) a publié un article intitulé « Volodymyr Zelensky déclare que les forces russes commettent un génocide », qui n’a cependant fait aucune mention des exécutions de type assassinat découvertes ultérieurement à Boutcha.
– De même, le 3 avril, le radiodiffuseur public international allemand Deutsche Welle (DW) a diffusé une déclaration de Human Rights Watch (HRW) intitulée « HRW dit que les meurtres à Boutcha pourraient constituer des crimes de guerre ». L’impression qui est créée qu’il s’agit d’un commentaire sur les meurtres de masse signalés est délibérément trompeuse car le directeur de HRW se réfère à un rapport publié par son organisation le 3 avril qui ne fait aucune référence à la découverte d’exécutions de masse à Boutcha le 2 avril. Le directeur fait référence à des événements survenus en mars, et non en avril (et il s’agit également d’événements qui ont été faussement attribués aux Russes).
– Kyiv Independent a écrit le 3 avril que « les corps d’au moins 20 hommes portant des vêtements civils ont été retrouvés gisant dans une seule rue après que les forces ukrainiennes ont repris la ville de Boutcha » le 2 avril. « Ils sont souvent abattus à la tête, les mains attachées dans le dos. »
Puis, dans la soirée du 3 avril, une chaîne ukrainienne a montré une vidéo des troupes ukrainiennes traversant Boutcha en voiture et croisant plusieurs personnes « mortes » gisant dans la rue, prétendument « tuées par les Russes ». Une vidéo affichée sur Twitter montre que ces affirmations présentent deux problèmes : un des morts semble bouger son bras ; Boutcha a été déclarée « complètement libérée » des troupes russes par son maire le jeudi 31 mars. Twitter a supprimé la vidéo.
Dans un tweet, quelqu’un s’interroge : « Nous devons croire qu’il a fallu trois jours pour qu’une vidéo aussi ‘incriminante’ soit publiée. Ou que ces ‘morts’ sont restés gisant au sol pendant trois jours sans que personne ne prenne la peine de noter leur présence. »
– Vineyard of the Saker, le 3 avril, a diffusé une vidéo qui montrerait des soldats ukrainiens alors qu’ils reprenaient le contrôle de Boutcha. Ils demandaient s’ils pouvaient abattre les personnes qu’ils trouvaient portant des brassards blancs, que les habitants auraient portés pour indiquer qu’ils n’étaient pas hostiles aux forces russes d’occupation. La vidéo montre ensuite ce qui est censé être des soldats ukrainiens rassemblant des personnes portant des brassards blancs et leur attachant les mains derrière le dos. On a dit que de nombreux morts dans les rues portaient des brassards blancs, ce qui laisse penser qu’ils ont été tués par les forces ukrainiennes qui réoccupaient la ville. Pour visionner la vidéo, cliquez ici..
Saker cite également d’autres exemples récents de faux reportages sur les atrocités commises par les Russes, comme la fausse bannière de la maternité de Marioupol, l’attaque au missile contre le centre commercial civil qui s’est avéré abriter des positions de tir de l’artillerie ukrainienne, ou encore le journaliste américain qui aurait été tué par des soldats russes à Irpin, mais dont un compagnon a prouvé par la suite qu’il avait été tué par les forces ukrainiennes.
– Le 4 avril, Reuters a publié une mise à jour de son rapport du 3 avril, affirmant que le maire de Boutcha a présenté une allégation d’ « exécutions de masse ». Intitulé « Hundreds of murdered civilians discovered as Russians withdraw », le reportage indique que le maire adjoint de Boutcha, Taras Shapravskyi, avait déclaré que 50 des quelque 300 corps découverts après le retrait des forces russes de la ville à la fin de la semaine dernière étaient des victimes d’exécutions extrajudiciaires perpétrées par les troupes russes. L’agence Reuters a déclaré qu’elle ne pouvait pas vérifier ces chiffres de manière indépendante, mais que des images satellite montraient une tranchée de 15 mètres de long où un charnier avait été découvert cette semaine.
– Moon of Alabama a qualifié cette vidéo de propagande et a affiché une autre vidéo qui, selon le YouTuber Gonzalo Lira du 2 avril 2022, prouve sans l’ombre d’un doute que quatre clips de propagande ukrainiens différents avec des acteurs différents ont tous été filmés exactement au même endroit, un « champ de bataille » avec plusieurs chars ukrainiens détruits depuis longtemps comme accessoires. Pour voir la vidéo Propaganda BTFO, cliquez ici.
Bien sûr, c’est très perturbant pour les gens de voir de tels massacres – qu’il s’agisse d’opérations sous fausse bannière pour accuser les Russes, ou de mises en scène utilisant des acteurs également pour accuser les Russes. Dans un cas comme dans l’autre, ils visent à susciter la haine des Russes, accusés d’avoir commis des crimes de guerre, et à inciter les gens à se rallier à ce que les forces des États-Unis et de l’OTAN font pour étendre la guerre afin d’encercler, humilier et écraser davantage la Russie – un objectif qui n’a rien de louable en ce qui concerne les peuples du monde.
Un vrai problème est que même après que ces fausses nouvelles aient été révélées, les gouvernements et les médias des gouvernements de l’OTAN, comme ceux du Canada, ont adopté les pratiques infâmes des médias de Hearst en matière de journalisme jaune, à tel point qu’ils ne se rétractent jamais pour avoir promu ces fausses nouvelles. Loin de là, des quantités massives d’argent et de ressources officielles sont dépensées pour adopter des lois et des règlements qui prétendent que toute personne qui s’oppose à ces fausses nouvelles est un agent ennemi, lui-même pourvoyeur de fausses nouvelles.
Tout ceci confirme à quel point les gouvernements de l’OTAN ont été littéralement pris en charge par les forces les plus réactionnaires dont la spécialité est devenue d’inventer des mensonges, de les diffuser, puis de les faire adopter par des gouvernements comme celui du Canada comme récits officiels pour justifier ce qui ne peut pas l’être.
Depuis lors, d’autres vidéos ont été trouvées et analysées, ajoutant aux preuves qu’une opération sous fausse bannière a été mise en scène à Boutcha. L’une d’elles montre des troupes ukrainiennes en uniforme frappant brutalement et humiliant des personnes en civil qu’elles accusent de collaborer avec la Russie. Dans d’autres vidéos, des boîtes de rationnement vertes du type de celles qu’utiliserait l’armée russe sont éparpillées sur le sol à proximité des cadavres. Le simple fait d’accepter l’aide alimentaire humanitaire de l’armée russe ou de troquer quelque chose d’autre et d’obtenir une boîte de rationnement en retour suffit pour que des gens ordinaires soient lynchés comme « collaborateurs de la Russie ».
C’est vraiment inquiétant.
Note
Kyiv Independent – Ce média de langue anglaise a été lancé il y a environ un an grâce à une subvention d’urgence de la Fondation européenne pour la démocratie, qui a également fourni des bureaux et des services Internet.
Vineyard of the Saker est le blogue d’Andrei Raevsky, un ancien analyste et consultant du renseignement suisse d’origine néerlandaise et russe, qui vit présentement aux États-Unis.
Moon of Alabama est un forum Internet indépendant sur les actualités et les affaires courantes et un site de discussion en ligne couvrant des sujets de politique, de philosophie et d’économie.
LML Quotidien, affiché le 8 avril 2022.
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