Dans l’actualité le 5 avril
73e anniversaire de la création de l’OTAN
Démantelez l’OTAN! Faisons du Canada une zone de paix!
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance militaire et politique agressive. Elle a été conçue et créée le 4 avril 1949, pendant la guerre froide, sous prétexte de défendre l’Europe contre l’« invasion communiste » et suivant la prétention que le « mal » communiste et le totalitarisme constituaient une menace pour la liberté et la démocratie en Occident. En fait, l’OTAN s’est toujours décrite comme une alliance créée à des fins défensives, un mythe perpétré jusqu’à aujourd’hui qui est sans fondement.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique et des démocraties populaires d’Europe de l’Est, l’OTAN a été élargie pour incorporer certaines des anciennes démocraties populaires. Sa raison d’être initiale ayant disparu, d’autres prétextes ont été inventés pour justifier son maintien. En 1991, les chefs d’État des pays de l’OTAN ont déclaré que, même si la menace soviétique « a bel et bien été éliminée … et a donc cessé d’être le point focal de la stratégie de l’Alliance », « les risques qui subsistent pour la sécurité des alliés se présentent désormais sous des formes complexes et proviennent de directions multiples, ce qui les rend difficiles à prédire et à appréhender ».
Dix ans plus tard, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont procuré une nouvelle raison d’être à l’OTAN, un nouvel ennemi à combattre, soit le « terrorisme ». Aujourd’hui, on dit que le danger provient des régimes « autoritaires » et « nationalistes » ou des « États voyous » qui menacent la « liberté » et cherchent à renverser la démocratie libérale et « l’ordre international basé sur des règles ».
Le premier secrétaire général de l’OTAN, lord Ismay, a dit que la mission première de l’Alliance atlantique en Europe était de « garder les Américains à l’intérieur, les Russes à l’extérieur et les Allemands sous tutelle ». Bien que depuis les événements du 11 septembre 2001, l’OTAN dominée par les États-Unis mène une « guerre globale multidimensionnelle » sur plusieurs fronts, utilisant ses propres forces et des forces inféodées comme agents de chaos, la campagne actuelle pour encercler, isoler, humilier et écraser la Russie est sans précédent par son ampleur et le danger qu’elle pose pour la provocation d’une guerre plus large en Europe et ailleurs. De plus, l’élargissement de l’OTAN n’a pas résolu ni atténué les contradictions dans ses rangs, chaque grande puissance en Europe poursuivant des intérêts privés étroits, ce qui est contraire au concept de sécurité collective de l’OTAN.
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Aujourd’hui, les guerres dans lesquelles les impérialistes américains et les autres pays de l’OTAN sont engagés ne sont plus la politique par d’autres moyens lorsque les négociations échouent. Les États-Unis et les grandes puissances refusent de négocier de bonne foi, leur seul objectif est d’imposer la soumission et, si cela échoue, la destruction. Ils s’engagent dans la destruction nationale et non dans l’édification nationale, même dans leur propre pays, et ils ne sont pas du tout guidés par la défense de quelque cause qui est liée à la lutte des peuples du monde pour la paix, la démocratie et la liberté. Ils ont abandonné depuis longtemps la Charte des Nations unies et l’état de droit international qui défend l’égalité des nations, grandes ou petites, leur droit à l’autodétermination et le principe de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Aujourd’hui, l’OTAN dominée par les États-Unis vise à détruire les pays qui refusent de se soumettre au diktat des impérialistes américains et de leurs alliés. Ce sont des guerres de destruction et, comme il n’y a pas de politique, il n’y a pas de négociations de traités de paix qui entraînent des obligations et une responsabilité. Depuis l’intervention des États-Unis/OTAN dans les Balkans en 1999, où un prétexte humanitaire a été utilisé pour bombarder la Yougoslavie, jusqu’à la guerre du Golfe et aux guerres contre l’Afghanistan, l’Iraq, la Libye, la Syrie et d’autres pays, rien n’a été réglé. Ils utilisent les sanctions pour réaliser le même objectif.
À cet égard, la participation à l’OTAN affecte non seulement les questions militaires mais tous les aspects d’un État national et toute la vie politique d’un pays. Par le biais de sa « Division de la diplomatie publique » et par d’autres moyens, l’OTAN porte une attention de premier plan à la manipulation politique des parlements, à la guerre de l’information et à la destruction de l’opinion publique. Elle travaille de concert avec les gouvernements, dont celui du Canada., pour formuler des structures politiques qui peuvent être permises non seulement en Europe, aux États-Unis et Canada mais, depuis l’effondrement de l’Union soviétique et des démocraties populaires, dans tous les pays qui sont considérés comme des démocraties libérales ou étant « sur la voie de la démocratie », comme dans les pays de l’Europe de l’Est et en Ukraine par exemple. Tout pays qui affirme son indépendance devient la cible de changement de régime du bloc de l’OTAN, comme c’est arrivé en Ukraine en 2014.
Il n’est pas besoin d’être pacifiste pour être très préoccupé par une politique étrangère et de défense qui est gouvernée par les États-Unis et l’OTAN et qui investit tout dans des forces de déploiement rapide qui ne sont même pas conçues pour défendre son propre pays, ainsi que dans des armes létales et des forces spéciales utilisées à l’étranger pour des intérêts qui ne sont pas approuvés par les Canadiens. L’OTAN venait à peine d’être fondée en 1949 que les Canadiens ont commencé à demander le retrait du Canada de l’OTAN et une politique étrangère indépendante et ont fait valoir diverses perspectives à ce sujet. Les Canadiens se sont fortement opposés à la présence d’armes nucléaires et de missiles Bomarc en sol canadien dans les années 1960 et les années 1980 par des manifestations et d’autres actions à l’échelle du pays[1]. Les manifestations et les actions se poursuivent aujourd’hui dans les ports canadiens contre les « visites » des navires nucléaires des États-Unis et de l’OTAN tandis que les peuples de l’Arctique continuent de réclamer que la région soit une zone de paix.
Le Canada fournit des millions de dollars en fonds publics et en personnel aux agences de « promotion de la démocratie » de l’OTAN et des États-Unis pour organiser des coups d’État et des « révolutions de couleur ». Depuis 2005, le Canada a parrainé et exploité le Centre d’information de l’OTAN à Kiev, qui relève de la Division de la diplomatie publique de l’OTAN. En plus de veiller à l’intégration militaire des forces armées ukrainiennes à l’OTAN et d’exporter des armes, le Canada a participé à la création d’un réseau étendu d’une centaine de bureaux d’information locaux pro-OTAN en Ukraine, dont beaucoup sont basés dans les universités. Ce réseau a été créé pour combattre l’opposition du peuple ukrainien à l’adhésion à l’OTAN et plus particulièrement aux « visites » de navires de guerre américains et de l’OTAN dans les ports de Crimée et de la mer Noire, pour isoler la Russie et imposer un changement de régime s’il y a refus de coopérer. Depuis 2007, le Centre d’information de l’OTAN coparraine le Forum sur la sécurité de Kiev de la Fondation Open Ukraine, qui a servi de modèle pour le Forum sur la sécurité internationale d’Halifax, créé en 2009 et organisé par les mêmes agences de renseignement et les mêmes cercles officiels américains
L’utilisation de l’Ukraine par l’OTAN, et par extension le Canada, comme avant-poste pour menacer la Russie, a maintenant éclaté en un conflit militaire ouvert. Le Canada a soutenu les gouvernements réactionnaires mis en place par le coup d’État de Maïdan de février 2014, orchestré par les États-Unis. Ces gouvernements comptent dans leurs rangs des néonazis avoués. Non seulement ils sont hostiles à la Russie, mais ils commettent des atrocités contre les Ukrainiens russophones dans l’est de l’Ukraine ainsi que dans des villes comme Marioupol. Le Canada fournit de plus en plus d’armes létales à l’Ukraine et a formé des bataillons néonazis qui font partie de l’armée ukrainienne, tout en sachant parfaitement qui ils sont. Ce conflit créé par l’OTAN et les États-Unis est maintenant utilisé pour justifier l’augmentation des dépenses de guerre au Canada et dans tous les autres pays membres de l’OTAN.
Ailleurs en Europe, le Canada est aussi plus que jamais enrôlé dans les tentatives des États-Unis et de l’OTAN d’encercler la Russie. Depuis avril 2014, l’armée canadienne mène dans le cadre de l’OTAN l’opération Réassurance en Europe centrale et de l’Est. En 2022, environ 1 375 militaires sont déployés dans le cadre de cette opération, qui est actuellement la plus importante opération militaire internationale du Canada. Elle comprend environ 500 marins à bord de deux frégates, opérant avec l’OTAN ; 695 soldats à la tête d’un groupement tactique de présence avancée de l’OTAN en Lettonie ; 140 membres de l’Aviation royale du Canada, environ cinq avions CF-18 Hornet et un avion de patrouille à long rayon d’action CP-140 Aurora participent à la police aérienne renforcée de l’OTAN. Elle a également mis 3 400 soldats en attente de déploiement en Europe « en cas de besoin » dans le cadre de la Force de réaction de l’OTAN.
Le système de partis cartellisés au Canada garantit que l’adhésion du Canada à l’OTAN soit un « fait accompli » et le « business as usual ». Les partis au Parlement ne contestent pas la conception de la souveraineté dans laquelle la prise de décision concernant les problèmes cruciaux de la guerre et de la paix est entre des mains étrangères. Aucun débat digne de ce nom n’a eu lieu au Parlement canadien sur l’adhésion à l’OTAN.
Lors du vote au Parlement en 1949, tous les députés professant la coexistence pacifique avec l’Union soviétique de l’époque étaient soit limogés, sanctionnés ou absents. Aujourd’hui, quand on nous propose de faire de l’adhésion à l’OTAN une « valeur canadienne », cela n’est pas contesté par les partis politiques qui forment les gouvernements ou qui siègent au Parlement. Toute discussion à ce sujet est taboue. Dans les examens de la politique étrangère du Canada par les cercles officiels, les comités permanents du Parlement ou les médias monopolisés, il est tabou de remettre en question l’appartenance du Canada à l’OTAN. Cela étant, ceux qui soulèvent ces questions parmi le peuple sont traités de « marginaux » ou d’« extrémistes ». Les cercles les plus réactionnaires suggèrent maintenant que l’opposition à l’OTAN soit traitée comme un crime haineux et/ou soumise à des réglementations qui permettent la censure de la libre expression qui est en opposition à l’OTAN.
Faisons du Canada une zone de paix
L’imposition de cette vision n’est pas seulement un assaut contre la conscience des Canadiens , c’est une désinformation pour que n’émerge pas de conscience collective qui se traduise par la demande que le Canada sorte de l’OTAN, que l’OTAN soit démantelée et que le Canada soit une zone de paix.
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L’adhésion du Canada à l’OTAN constitue non seulement une atteinte à la souveraineté du peuple du fait qu’une puissance étrangère décide de toutes les questions liées à la guerre et à la paix au nom du peuple, mais même le Parlement n’a pas son mot à dire sur les questions de guerre et de paix. En effet, les questions de guerre et de paix sont des sujets qui relèvent du privilège exécutif ou de la prérogative royale. Par exemple, les États-Unis ont secrètement déployé des bombes nucléaires dans 27 pays et territoires pendant la guerre froide, y compris au Canada. Les accords n’étaient connus que du premier ministre et de quelques-uns de ses ministres. Le 28 août 1950, utilisant la prérogative royale, le premier ministre Louis Saint-Laurent a accepté secrètement le stockage de 11 bombes atomiques à Goose Bay, le site de stockage nucléaire américain le plus proche de l’Europe. Selon l’histoire secrète de la Section de la sécurité de la 43e escadre de bombardement, citée par le professeur John Clearwater dans son ouvrage « Canadian Nuclear Weapons : The Untold Story of Canada’s Cold War Arsenal », « les unités étaient entreposées dans une forêt, sur des routes en gravier à un peu plus de six kilomètres de la base proprement dite ».
Puis le 17 août 1963, le gouvernement libéral de Pearson a accepté l’installation d’au moins 500 têtes nucléaires américaines au Canada. Le professeur Clearwater note qu’Ottawa a été très peu bavard au sujet de son armement nucléaire, en partie par crainte d’être critiqué pour son intégration à la machine de guerre du Pentagone. L’objectif était de marginaliser l’opposition des Canadiens à l’utilisation du territoire canadien pour les préparatifs de guerre impérialistes, à l’accueil d’un personnel militaire américain sur des bases et en sol canadiens et à la présence d’armes de destruction massive. En d’autres termes, l’existence de la prérogative royale et son utilisation pour imposer ce qui ne peut être justifié est un problème politique aussi important que l’interdiction des armes de destruction massive.
Un autre aspect qui mérite l’attention est que l’OTAN concentre aujourd’hui son attention sur la guerre cybernétique, la guerre de l’information et l’« ingérence dans les élections ». Les changements proposés à la Loi électorale du Canada et au Code criminel qui concernent la lutte contre l’« influence étrangère » et la surveillance des médias sociaux s’alimentent à la doctrine de sécurité nationale des États-Unis, à l’OTAN et à son groupe de réflexion du Conseil atlantique de même qu’aux agences du renseignement des Cinq yeux. Ces organes représentent les intérêts des sociétés et des intérêts financiers transatlantiques, ainsi que l’élite de la politique étrangère aux États-Unis et en Europe.
L’Association canadienne pour l’OTAN, pour sa part, est impliquée dans les changements en coulisses apportés au système électoral canadien et à ses lois électorales concernant le contrôle et la réglementation de la communication électorale et politique. Au nom de la protection des électeurs et de l’intégrité de la démocratie électorale, on introduit une forme de censure pour déterminer ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas, en cachant complètement qui décide et les critères utilisés pour décider. En ce qui concerne les médias sociaux, cela affecte par exemple ceux qui sont considérés comme les « véritables croyants », c’est-à-dire ceux qui, dans le vocabulaire des services de renseignement, deviennent sciemment ou non les dupes de la Russie, etc., et sont par conséquent des cibles légitimes de persécution. Les entreprises de médias sociaux ont posé des gestes contre des sites web alternatifs qui sont connus pour leurs critiques des politiques étrangères et nationales des gouvernements des États-Unis et du Canada. Qu’on pense à Counterpunch, World Socialist Website, Global Research, Consortium News, Mediamatters, Commondreams, Democracy Now, Wikileaks, Truthout, The Intercept, VenezuelaAnalysis, TeleSUR, et plus récemment RT, RT France, Sputnik et les médias et agences de nouvelles officielles russes.
Les peuples du monde se battent chaque jour pour réaliser leur aspiration à la paix. Partout dans le monde, lorsqu’ils affirment leurs droits et ceux de tous, ils traduisent leur volonté de paix, de liberté et de démocratie, volonté usurpée au moment de la création de l’OTAN, en une force politique qui réclame le pouvoir de décider de ses affaires. Répondre à l’appel de faire du Canada une zone de paix, est une initiative très louable. L’appel à faire du Canada une zone de paix part entre autres du principe que la politique étrangère du Canada ne doit pas porter préjudice à d’autres peuples, comme c’est le cas actuellement.
Ce qui est certain c’est que l’aspiration des peuples à la paix, à la liberté et à la démocratie est aujourd’hui favorisée par l’appel à faire de leurs pays des zones de paix et en s’unissant dans l’action pour établir des gouvernements anti-guerre qui expriment une personnalité démocratique moderne pour qui la défense des droits de tous et toutes est un principe.
La force de l’aspiration des peuples à la paix et de la défense des droits de tous ne peut être sous-estimée ou minimisée, peu importe à quel point l’opposition à l’OTAN est interdite par les gouvernements qui veulent garder le peuple sous leur contrôle. Il faut s’opposer aux tentatives de briser ce mouvement et de priver le peuple d’une conscience et d’une action collectives. Cela comprend une lutte idéologique contre les tentatives de faire croire que les interventions militaires à l’étranger sont faites par souci d’une « responsabilité de protéger », de « rétablissement de la paix », de défense d’un ordre international basé sur les règles et autres balivernes.
Les militants anti-guerre et les experts de différents milieux qui prennent des positions de principe et soutiennent que l’existence de l’OTAN est incompatible avec le besoin d’une conception moderne et humaine de la sécurité fondée sur la défense des droits de tous, doivent être entendus. Le Canada a besoin d’une politique étrangère indépendante basée sur l’engagement à faire du Canada une zone de paix et d’un projet d’édification nationale établi sur une base moderne.
À l’occasion du 73e anniversaire de la création de l’OTAN, un sérieux sujet de préoccupation pour les Canadiens est de sortir le Canada de l’OTAN et de s’assurer que l’OTAN soit démantelée. Ensemble, contribuons à faire du Canada une zone de paix !
Note
1. Le Bomarc était un missile à ailettes entreposé horizontalement dans un abri d’où il pouvait être lancé, après avoir été soulevé verticalement par un toit coulissant. Une fusée d’appoint à propergol solide augmentait la poussée des deux statoréacteurs intégrés. Bomarc est l’abréviation de « Boeing Michigan Aeronautical Research Center ».
LML Quotidien, affiché le 5 avril 2022.
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