Dans l’actualité le 1er avril
Les survivants des pensionnats autochtones poursuivent
leur quête de justice
Les Métis présentent des revendications spécifiques à l’Église catholique
À la suite de sa rencontre avec le pape François, la délégation des Métis a participé à une conférence de presse où elle a fait part de ses pensées. En plus d’indiquer que la rencontre d’une heure avait été l’occasion pour trois aînés métis d’informer directement le pape de leur expérience des pensionnats, la présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, a souligné que ce que veulent les peuples autochtones, c’est que le pape François vienne au Canada et présente des excuses sincères pour les crimes commis par l’Église catholique contre les enfants des pensionnats. Mais ce n’est que le début, a-t-elle insisté.
La définition du dictionnaire du mot « s’excuser », a souligné Cassidy Caron,, est de « demander pardon pour quelque chose », un méfait qui a été commis, et les aînés métis qui sont les survivants des pensionnats espèrent et attendent du pape qu’il reconnaisse ces « torts commis par l’Église catholique à ces enfants et à leurs communautés ». Elle a dit que l’Église doit assumer la responsabilité du traumatisme intergénérationnel, de la pauvreté et des autres épreuves auxquels les Métis sont confrontés aujourd’hui. Elle a dit que le fait de s’excuser contribuera au processus de guérison mais que les excuses à elles-seules ne permettront pas de tourner la page.
« Des excuses, ce sont seulement des mots et nous devons les faire suivre d’actions. Nous avons besoin d’actions pour établir la vérité, la justice, la réconciliation et la guérison », a déclaré Cassidy Caron. « La vérité requiert que nous ayons un accès illimité aux dossiers des églises et des pensionnats, pour que nous puissions mieux comprendre où étaient nos familles lorsque leurs enfants leur ont été enlevés et où elles sont allées et quels enfants ne sont pas retournés à la maison », a-t-elle dit.
Cassidy Caron a aussi demandé d’avoir accès aux artéfacts culturels des Métis qui ont été retirés de leurs communautés et qui sont maintenant des objets de collection au Vatican. Les récupérer est essentiel pour « raconter l’histoire de nos communautés », a-t-elle dit. Pour que justice soit rendue, Mme Caron a affirmé que les Métis demandent un engagement de la part de l’Église catholique d’arrêter de protéger les auteurs de ces crimes commis « contre nos enfants ». Ces coupables sont quelque part, a-t-elle dit, et ils doivent être traduits en justice. Elle a aussi souligné que pour qu’il y ait guérison, il doit y avoir « une réparation substantielle et directe pour les survivants, dont plusieurs vivent dans la pauvreté. C’est ce qui a mené aux inégalités systémiques pour notre peuple aujourd’hui ». Elle a aussi déclaré qu’il doit y avoir un financement pour des mesures de guérison qui sont décidées par les Métis eux-mêmes. Elle a dit que les enfants métis revenus à la maison des pensionnats se haïssaient eux-mêmes. « Mais nous sommes toujours là, nous aimons notre culture, nous aimons notre langue », a-t-elle dit.
Mitch Case, un membre de la communauté métisse de Sault Ste. Marie et un membre également de la délégation métisse en visite au Vatican, a saisi l’occasion pour faire remarquer que les Métis avaient été exclus de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006 et du processus de la Commission de Vérité et Réconciliation qui a suivi, et que la rencontre avec le pape était « la première fois que les survivants métis avaient été invités à dire quoi que ce soit ».
Il a dit que même si les crimes horribles de l’Église catholique contre les Métis et les autres enfants autochtones n’avaient pas été commis, il n’en demeurerait pas moins que toute l’entreprise des pensionnats autochtones est injuste. « Tous les efforts pour nous éradiquer de la face de la terre, c’est mal », a-t-il ajouté. Il a dit qu’il est inacceptable de justifier ces crimes parce qu’ils seraient chose du passé. « Des personnes ont dénoncé ces injustices à l’époque, et elles ont été congédiées », a-t-il dit. Mitch Case a aussi dénoncé le rôle de l’Église catholique qui a facilité le vol des terres des Métis par des spéculateurs fonciers. « Tout a été fait pour nous chasser de nos terres pour que le Canada puisse tout réclamer pour lui. Et nous voilà un siècle plus tard sans avoir recours à aucun processus […]. Il n’y a même pas de processus par lequel nous pouvons leur parler [au gouvernement] de ce qui est arrivé. Très franchement, c’est inacceptable. »
La délégation des Métis a appelé le peuple canadien à continuer de marcher avec les Métis sur la voie de la justice, de la vérité et de la réconciliation. Pixie Wells, présidente par intérim de l’Association métisse de Fraser Valley, a invité les Canadiens à cultiver des myosotis (Forget-me-nots), nommées aussi roses métisses, ce printemps, pour « ne pas nous oublier ». Elle a dit que la rencontre avec le pape avait été cordiale, mais que ce qu’il faut maintenant ce sont des gestes concrets.
(Avec des informations de CTV, CBC. Photo : C. Caron)
Le Renouveau, affiché le 1er avril 2022.
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