Dans l’actualité le 26 mars
Derrière le refus des États-Unis de parler clairement de leurs laboratoires biologiques en Ukraine
Un peu d’histoire des laboratoires biologiques
des États-Unis
Les laboratoires de recherche biologique des États-Unis suscitent depuis longtemps des inquiétudes, car les États-Unis ne fournissent pas d’informations publiques sur leurs recherches et sur l’entreposage sécuritaire des agents pathogènes dangereux utilisés. En 2007, la Chambre des représentants a tenu une audience sur le sujet « Germes, virus et secrets : la prolifération silencieuse des laboratoires de recherche biologique aux États-Unis ». Un rapport de la Commission de l’énergie et du commerce indique que l’examen s’est concentré sur le risque associé aux laboratoires de niveau de sécurité biologique 3 (BSL-3) et 4 (BSL-4), où « des recherches sont menées sur des virus et des bactéries hautement infectieux qui peuvent causer des blessures ou la mort », comme l’anthrax et l’Ebola. « La libération accidentelle ou délibérée de certains des agents biologiques manipulés dans ces laboratoires pourrait avoir des conséquences catastrophiques », indique le rapport.
Selon le rapport, « personne au gouvernement fédéral ne sait avec certitude le nombre de ces laboratoires aux États-Unis, et encore moins quelles recherches ils mènent ou s’ils sont sécuritaires et sécurisés ». Le rapport évoque la prolifération des laboratoires à l’époque, le financement à hauteur d’un milliard de dollars par l’Institut national de santé publique (NIH), et pose la question : « En ce qui concerne les laboratoires BSL-4, qui traitent les maladies les plus graves pour lesquelles il n’existe pas de remède, devrions-nous limiter de manière significative le nombre de laboratoires afin de réduire les risques de rejet accidentel ou intentionnel de ces substances les plus dangereuses ? La prolifération de ces laboratoires a-t-elle atteint le point où il y a tellement de laboratoires qui font cette recherche que l’on augmente en fait les risques de libération catastrophique d’une maladie mortelle ? »
C’était en 2007, et cela ne concernait que les États-Unis. Des centaines d’autres laboratoires sont soupçonnés d’exister dans le monde. De même, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) du NIH, parle de la recherche sur le bioterrorisme liée à l’armée. « Pendant plus de 50 ans, le NIAID a dirigé les efforts de recherche médicale de la nation pour comprendre, traiter et prévenir la myriade de maladies infectieuses qui menacent des centaines de millions de personnes dans le monde. La part du NIAID dans le budget de l’Institut national de santé publique (NIH) — reçue chaque année du Congrès — soutient la recherche médicale menée sur le campus du NIH au Maryland, aux laboratoires Rocky Mountain dans le Montana, et dans les universités et les centres de recherche, principalement dans tout le pays mais aussi à l’étranger… Parce que le NIAID a une grande expérience, une expertise et un succès dans le développement d’outils médicaux pour lutter contre les maladies infectieuses, il joue maintenant aussi un rôle de premier plan dans la lutte nationale contre le bioterrorisme. L’Institut a considérablement élargi ses programmes de recherche… »
Cela inclut la construction, achevée en 2020, de quatre nouvelles installations nationales, qui comprennent toutes des laboratoires de niveau de sécurité biologique 4. Ceux-ci sont situés à la base Fort Detrick des forces armées, à Frederick, au Maryland, aux laboratoires Rocky Mountain dans le Montana, et à deux laboratoires nationaux de bioconfinement (LBN), situés à l’université de Boston et à la faculté de médecine de l’Université du Texas, à Galveston. Tout cela reflète l’intégration des forces armées, des universités publiques et des instituts de santé publique à ces efforts, dont les résultats sont souvent tenus secrets.
Fort Detrick est connu depuis longtemps comme un lieu d’expérimentation biologique brutale sur des humains, notamment des prisonniers et des patients d’hôpitaux, menée parfois en collaboration avec la CIA. Divers agents biologiques et la torture ont été utilisés pendant des décennies. En 1943, pendant la Deuxième Guerre mondiale, il abritait les « laboratoires de la guerre bactériologique de l’armée ». Le fait de le qualifier aujourd’hui d’installation nationale de « bioconfinement » n’a pas fait disparaître sa réputation bien méritée de centre de recherche sur la guerre biologique. Comme le disaient les manifestants dans les années 1960, « Aucune rationalisation de la ‘défense’ ne peut justifier le mal causé par la destruction massive et la maladie », pratiqué à l’époque et aujourd’hui.
Cette histoire et les efforts actuels, dont la création d’une agence de recherche sur le modèle de l’agence de recherche de pointe du département de la Défense (DARPA) de l’armée, montrent l’ampleur et l’ancrage de la recherche et de la guerre biologiques aux États-Unis. Ils montrent également à quel point l’armée, les universités publiques et les agences de santé publique sont financées et orientées vers le bioterrorisme et les questions militaires similaires. Les niveaux de décès aux États-Unis liés à la COVID sont certainement une indication de la raison pour laquelle les gens veulent savoir comment la recherche est orientée pour assurer la santé et la sécurité du public.
LML Quotidien, affiché le 26 mars 2022.
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