Dans l’actualité le 25 mars
L’expansion des États-Unis et de l’OTAN identifiée comme la cause du conflit en Ukraine
Des membres de l’establishment américain parlent contre l’expansion de l’OTAN
Au cours des années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie, un certain nombre de personnalités importantes de l’establishment américain, dont d’anciens diplomates, des responsables militaires, des bureaucrates et autres, ont fait connaître publiquement leur opposition à la politique des États-Unis d’expansion de l’OTAN vers l’est et ont mis en garde contre les conséquences de cette politique. En voici quelques unes.
George Kennan, diplomate de premier plan et un des architectes de la politique des États-Unis de la guerre froide, a déclaré dans une entrevue au New York Times en 1997 que « l’expansion de l’OTAN serait l’erreur la plus fatale de la politique américaine de toute l’ère post-guerre froide ». Il a averti que cela conduirait à « restaurer le climat de la guerre froide dans les relations Est-Ouest, et pousserait la politique étrangère russe dans des directions opposées à nos intérêts ».
Un an plus tard, alors que Clinton poursuivait l’expansion de l’OTAN, Kennan a qualifié cette décision d’erreur tragique, déclarant : « Il n’y a aucune raison pour cela. Personne ne menaçait qui que ce soit ». Il a également exprimé son opposition à la guerre que Clinton a lancée en 1999, et dans laquelle il a entraîné l’OTAN, contre la Serbie.
Henry Kissinger a écrit dans un article d’opinion du Washington Post en 2014 que l’Ukraine ne devrait pas être l’avant-poste des États-Unis ou de la Russie à utiliser l’un contre l’autre, mais devrait fonctionner comme un pont entre eux. « Les États-Unis doivent éviter de traiter la Russie comme une entité aberrante à qui il faut enseigner les règles de conduite fixées par Washington », a-t-il déclaré.
John J. Mearsheimer, professeur émérite R. Wendell Harrison en sciences politiques à l’Université de Chicago, a dit dans une conférence de 2015 intitulée « Causes et conséquences de la crise ukrainienne » que la Russie est une grande puissance et « n’a absolument aucun intérêt à laisser les États-Unis et leurs alliés s’emparer d’un grand bien immobilier d’une grande importance stratégique à sa frontière occidentale et l’incorporer à l’Occident ». Selon lui, cela ne devrait guère surprendre les États-Unis, qui fonctionnent sur la base de leur doctrine Monroe, « qui dit en substance que l’hémisphère occidental est notre arrière-cour et que personne d’une région éloignée n’est autorisé à y déplacer des forces militaires ». Il a averti que « l’Occident conduit l’Ukraine sur une pente glissante et que le résultat final est que l’Ukraine va être anéantie. »
Mearsheimer a également déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que la Russie était agressive avant que les États-Unis ne commencent à organiser l’expansion de l’OTAN, en particulier après leur implication dans le coup d’État de 2014 en Ukraine. Le mythe des États-Unis en tant qu’hégémon bénin qui ne peut jamais agir mal, a-t-il dit, les conduit à simplement redoubler d’efforts, en devenant de plus en plus durs avec la Russie, comme si cela allait leur permettre de l’emporter. Ce ne sera pas le cas, a-t-il dit. « La Russie n’abandonnera pas. L’Ukraine est importante pour elle. Elle ne l’est pas pour nous. »
William Perry, qui était le secrétaire à la Défense de Clinton, a dit en 2017 que les États-Unis étaient responsables de la détérioration des relations avec la Russie.
Ted Galen Carpenter, de l’Institut libertaire Cato, a déclaré en 2018 : « Il était tout à fait prévisible que l’expansion de l’OTAN conduirait à une rupture tragique, peut-être violente, des relations avec Moscou… les avertissements ont été ignorés. Maintenant, nous payons le prix de l’imprévoyance et de l’arrogance de la politique étrangère des États-Unis. »
William Burns, l’actuel chef de la CIA de Biden, a averti dans une autobiographie il y a deux ans que l’invitation de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN est perçue par tous les partis politiques en Russie comme « rien de moins qu’un défi direct aux intérêts russes ».
Jack F. Matlock, ancien ambassadeur des États-Unis en Union soviétique (1987 à 1991), qui était également en poste à Moscou pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, a écrit dans un article d’opinion du 15 février que l’expansion de l’OTAN était « la plus profonde bévue stratégique commise depuis la fin de la guerre froide », notant que les politiques menées par les présidents Bush, Obama, Trump et Biden ont toutes contribué à amener les choses au point où elles en sont aujourd’hui. Outre l’expansion de l’OTAN toujours plus proche des frontières russes, Matlock a dit qu’un autre facteur aggravant était le retrait des États-Unis des traités de contrôle des armements, en particulier du traité sur les missiles antibalistiques. En outre, il a cité le fait que le gouvernement d’Obama a non seulement continué à ignorer les principales préoccupations de la Russie, mais qu’il a redoublé les efforts déployés précédemment par les États-Unis pour soustraire les anciennes républiques soviétiques à l’influence russe, tout en encourageant un changement de régime en Russie et en s’immisçant profondément dans la politique intérieure de l’Ukraine. Alors que les louanges de Trump à l’égard de Poutine en tant que grand dirigeant ont conduit à des accusations selon lesquelles il serait une dupe de la Russie, il a en fait adopté toutes les mesures antirusses qui se sont présentées, a écrit Matlock.
Le colonel Douglas McGregor, ancien conseiller à la sécurité de l’administration Trump, a dit que la décision de Poutine de lancer l’opération militaire en Ukraine était non seulement prévisible mais justifiée, compte tenu du harcèlement auquel l’OTAN s’est livrée au cours des vingt dernières années. Il a dit que tous les analystes internationaux et même les responsables de la surveillance géopolitique militaire savaient que la menace croissante de l’OTAN – ainsi que la persécution des russophones en Ukraine – garantissaient un conflit armé. Il a déclaré que la Russie n’était pas intéressée par un territoire, mais seulement par la destruction des ressources militaires ukrainiennes. Il a également déclaré que les preuves corroboraient l’accusation de la Russie selon laquelle le bataillon Azov refusait de laisser partir les civils à Marioupol.
Dans une vidéo YouTube du 15 mars dans laquelle il est interviewé par The Grayzone, McGregor affirme que le manque d’intérêt des États-Unis pour un accord de paix est dû au fait que le véritable objectif de leurs actions est la destruction de l’État russe et de Vladimir Poutine. Il a dit que les États-Unis et l’OTAN semblent espérer que cela se produira s’ils persistent suffisamment longtemps, même si rien ne l’indique. Il a dénoncé le fait qu’il n’y a pas de vérité dans les reportages et a déclaré que « tous ont adhéré à la campagne de haine de la Russie ».
(Cohete en la Luna)
LML Quotidien, affiché le 25 mars 2022.
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