Dans l’actualité le 22 mars

Les profiteurs de guerre

Les gouvernements européens accordent à Airbus un contrat garanti pour l’achat de drones militaires

La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont annoncé conjointement un stratagème pour payer les riches pour que le cartel Airbus, basé en Europe, développe et produise de grands drones militaires. La production de drones ferait l’objet d’un contrat garanti d’achat par le consortium européen de l’armement, l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR).

Dans une déclaration largement diffusée dans les médias le 23 février, Airbus a déclaré que le développement d’un Eurodrone permettrait de créer plus de 7 000 emplois de haute technologie et de livrer à l’OCCAR « le système aérien sans pilote le plus avancé … afin de relever les défis technologiques menant à la souveraineté de la défense européenne ». Il a omis de mentionner les milliards de fonds publics garantis qui seraient canalisés dans les poches déjà bien remplies des profiteurs de guerre.

Le contrat de conception et de construction de l’Eurodrone est conclu dans le cadre d’un partenariat public-privé, Airbus et les représentants de trois autres sous-traitants du partenariat public-privé, à savoir Airbus Defence and Space en Espagne, Dassault Aviation en France et Leonardo en Italie.

Lucio Valerio Cioffi, directeur général de Leonardo, a déclaré : « Eurodrone contribuera à maintenir des compétences et des emplois clés en Europe, en fournissant aux forces armées des systèmes opérationnels performants et indépendants pour les années à venir. »

Selon Wikipedia, « L’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement (OCCAR) est une organisation intergouvernementale européenne visant à faciliter la gestion en collaboration de grands programmes d’armement. L’OCCAR rassemble six pays membres : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Belgique et Espagne. »

Tous les membres de l’OCCAR n’ont pas signé l’accord d’achat d’Eurodrone. La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont officiellement accepté l’accord, le Royaume-Uni étant remarquablement absent, tout comme la Belgique.

Airbus a annoncé que le contrat comprend le développement, la fabrication, la livraison et l’entretien d’un premier lot de vingt systèmes Eurodrone de moyenne altitude et de longue endurance « dotés de capacités polyvalentes et adaptables, permettant [aux drones] de s’engager dans des opérations de renseignement et des opérations de sécurité intérieure ». Outre les emplois de haute technologie, Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space, a prédit que le projet « renforcera la souveraineté industrielle européenne ».

La guerre des drones a été développée durant la présidence américaine d’Obama et a depuis été largement utilisée dans le monde entier. La guerre des drones est l’une des caractéristiques les plus inquiétantes et les plus destructrices de la guerre au XXIe siècle. L’alliance agressive de l’OTAN dirigée par les États-Unis exige, comme condition d’adhésion, que les États membres achètent des systèmes militaires spécifiques, qui peuvent inclure des drones tueurs. Ces derniers sont principalement produits dans le cadre de l’économie de guerre des États-Unis par Boeing et d’autres industries basées aux États-Unis. Il convient de noter que les oligarques européens sont parmi les plus gros investisseurs dans l’économie de guerre des États-Unis, mais qu’ils voient une opportunité d’accroître leurs participations dans les entreprises de guerre européennes avec le projet de construire l’Eurodrone et d’étendre l’OCCAR et leurs forces armées d’État et privées. De même, les investisseurs américains profitent de la production de guerre en Europe.

L’Eurodrone et l’OCCAR elle-même représentent le développement d’intérêts supranationaux concurrents.

(LML Quotidien, affiché le 21 mars 2022)