Dans l’actualité le 21 mars
Préparatifs de guerre au nom de l’intérêt national
Appels à placer des missiles américains et d’autres installations militaires au Canada
CTV News rapporte que le général canadien à la retraite Tom Lawson, ancien commandant adjoint du Commandement de la Défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) sous commandement des États-Unis, avant d’occuper le poste de chef d’état-major de la Défense du Canada de 2012 à 2015, a déclaré que l’occasion que présente le conflit en Ukraine est « le moment idéal pour annoncer que nous adhérons à toutes les formes de défense antimissile balistique [des États-Unis] et que nous allons discuter du positionnement de nouveaux systèmes radar [des États-Unis] et de nouveaux intercepteurs de missiles [des États-Unis] en sol canadien ». Il a ajouté : « Et, soit dit en passant, nous annonçons maintenant l’achat de F-35, dont le premier sera livré dans quatre ans. Là, tout d’un coup, vous avez l’air bien costauds. »
Le général américain Glen VanHerck, commandant du NORAD et du Commandement Nord des États-Unis (USNORTHCOM), n’a laissé planer aucun doute quant à l’identité des personnes et des éléments qui sont à l’origine de ce nouvel élan en faveur de la « modernisation » du NORAD. Dans une présentation faite le 1er mars devant un comité du Congrès américain, il a tiré la sonnette d’alarme au sujet des « concurrents stratégiques, des pays voyous et des acteurs non étatiques » qui ont la capacité de frapper les institutions et les infrastructures essentielles aux États-Unis et au Canada[1]. Le reportage publié par la Presse canadienne indique que VanHerck a récemment « souligné cette semaine la menace croissante à laquelle l’Amérique du Nord est confrontée alors que la Russie et la Chine mettent au point et déploient des armes à longue portée qui peuvent frapper le Canada ou les États-Unis, et que le système actuel ne peut pas détecter ».
Un reportage de CTV ayant la même orientation cite Andrea Charron, professeure agrégée et directrice du Centre d’études de défense et de sécurité, Université du Manitoba, qui a déclaré : « L’Ukraine a rendu NORAD encore plus important, car nous sommes la porte dérobée de l’OTAN ». Elle a ajouté : « Si la Russie se sent coincée, où va-t-elle frapper ? Elle va frapper dans un endroit qui n’est pas très peuplé, et cela concerne l’Arctique. C’est l’escalade pour la désescalade. »
Andrea Charron a travaillé pour plusieurs organismes fédéraux canadiens, dont le bureau du Conseil privé du secrétariat de la sécurité et du renseignement où elle a aidé à superviser les agences d’espionnage du Canada qui sont entièrement intégrées à celles des États-Unis et de leur réseau du « Groupe des cinq ».
Ce genre de reportage réalisé par les réseaux d’information nationaux dont les programmes télévisés sont saturés de scènes de souffrance et de désespoir, favorisant l’hystérie de guerre et l’animosité anti-russe, est de la désinformation visant à détruire l’opinion publique qui existe au Canada contre l’escalade des conflits et à devenir une base pour les guerres d’agression des États-Unis. Les Canadiens sont censés accepter les opinions de ceux qui sont présentés comme des « experts » comme preuve de ce que la situation en Ukraine exige d’eux de toute urgence : aider les forces armées des États-Unis à étendre leur contrôle sur le Canada et entraîner le Canada dans les guerres d’agression et d’occupation des États-Unis et de l’OTAN, sous prétexte que la prospérité du monde « civilisé » réside dans la quête d’hégémonie des États-Unis.
Par ailleurs, la ministre de la Défense, Anita Anand, a déclaré qu’elle avait eu plusieurs discussions avec le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, au sujet de la modernisation du NORAD[2].
En janvier, le gouvernement fédéral a attribué un contrat de 592 millions de dollars à une entreprise inuite, Nasittuq Corp., pour exploiter et entretenir les radars à longue et à courte portée du système.
Nasittuq a été réorganisée en janvier 2021 « pour devenir une société contrôlée par les Inuits et enregistrée comme une entreprise inuite dans le Registre des entreprises du gouvernement du Nunatsiavut (IFR #1043) et le Répertoire des entreprises du gouvernement du Nunatsiavut (#201). Les actionnaires de la société sont Nunasi Corporation, PAIL et ATCO Frontec. »[3]
« Selon la nouvelle structure, Nunasi Corporation détient 51 % des droits de vote et ATCO Frontec 49 % des droits de vote, avec une participation de 51 % détenue par PAIL et une participation de 49 % détenue par ATCO Frontec. »
ATCO Frontec est une filiale de ATCO Ltd., est spécialisée dans la mobilisation rapide et la prestation de services à l’OTAN, aux États-Unis et aux Forces canadiennes ainsi qu’aux secteurs des ressources et des télécommunications. En tant qu’entrepreneure majeur pour le département de la Défense nationale et de l’OTAN, elle a exploité de 2007 à 2016 l’aéroport international de Kandahar en Afghanistan occupé ainsi que des bases militaires au Kosovo, en Bosnie et au Canada, y compris dans l’arctique canadien.
Le site Web de Nasittuq indique : « Établie il y a plus de 30 ans sous le nom de Frontier Technologies, ATCO avait la vision de créer une entreprise canadienne de services techniques de classe mondiale fournissant des opérations et des services techniques dans les domaines des communications, du radar et de l’électronique à une clientèle nationale et internationale. Cette vision a mené à l’attribution du contrat d’exploitation du Système d’alerte du Nord en 1987. »
Il est inacceptable de se servir de la situation en Ukraine pour remettre plus de territoire et de ressources canadiennes à la machine de guerre des États-Unis. Cela n’a rien à voir avec la défense du Canada.
Les Canadiens ont dit clairement à maintes reprises qu’ils n’acceptent pas que le Canada devienne une base pour les missiles américains ou tout autre matériel ou installation militaires. C’est précisément ce fait qui conduit les commandants militaires et d’autres individus, qui ont l’intention de profiter de l’intégration accrue du Canada à l’économie de guerre et à la machine de guerre des États-Unis, à lancer l’appel d’imposer une mesure à laquelle les Canadiens s’opposeraient autrement.
Ces tentatives cyniques d’utiliser la situation actuelle en Ukraine pour y glisser un ordre du jour caché ne doivent pas passer. Ceux qui sont déjà enrôlés dans la machine de guerre des États-Unis, dont beaucoup en profitent grassement à la retraite, ne représentent pas ce que veulent les Canadiens qui se sont prononcés catégoriquement, à maintes reprises, contre l’installation de missiles américains sur n’importe quelle partie du territoire connu sous le nom de Canada.
Notes
1. « Statement of General Glen D. VanHerck, United States Air Force Commander, Commander United States Northern Command and North American Aerospace Defense Command Before the House Armed Services Committee Subcommittee on Strategic Forces. » March 1, 2022
3. Nassittuq
(« Invasion russe en Ukraine : l’amélioration des défenses de l’Amérique du Nord réclamée », Lee Berthiaume, La Presse Canadienne)
(LML Quotidien, affiché le 21 mars 2022)
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