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Actualités et point de vue sur la crise ukrainienne
Oui à la paix, la liberté et la démocratie !
Non au nationalisme ukrainien ultra-réactionnaire sous le slogan «Gloire à l’Ukraine, Gloire aux héros ! »
Un slogan qui apparaît dans tout le pays est « Gloire à l’Ukraine ». Même s’il semble assez innocent, les Canadiens devraient être conscients de ses origines et de son utilisation par les nationalistes ukrainiens pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, et surtout de la façon dont le Canada en a fait une position officielle depuis le coup d’État de Maïdan organisé par les États-Unis et l’OTAN en 2014.
Les responsables canadiens n’ont rien à envier aux autres dans cela depuis que la nationaliste ukrainienne archi-réactionnaire Chrystia Freeland a été nommée ministre des Affaires étrangères et maintenant vice-première ministre et ministre des Finances. La Canadienne Freeland a terminé son discours du 28 février 2022 dans lequel elle a déclaré que l’Ukraine était « le leader moral du monde libre » par les mots Slava Ukraini ! (Gloire à l’Ukraine). Il ne s’agit pas de « fausses nouvelles » russes, comme le gouvernement tente de le dire chaque fois qu’il est pris en train de soutenir les collaborateurs nazis et leur cause antirusse injuste en Ukraine.
Les photographies de responsables canadiens se tenant aux barricades sous ce slogan avec des membres de la brigade Azov, et de croix gammées et le drapeau de l’OTAN devraient faire réfléchir les Canadiens sur ce que ce slogan représente avant qu’ils ne l’adoptent. C’est un slogan qui s’oppose à tout ce que les Canadiens défendent réellement, à savoir le bien-être de tous les Ukrainiens et la paix en Europe, et non le triomphe des nationalistes ukrainiens et du revanchisme pour humilier la Russie.
Le salut fasciste « Gloire à l’Ukraine » (Slava Ukraini !) a été inventé au début des années 1920 par la Ligue fasciste ukrainienne (UVO), qui a ensuite fusionné avec l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN). Après la scission de l’OUN, l’OUN-B, dirigée par Stepan Bandera, a introduit un autre salut fasciste ukrainien, « Gloire à l’Ukraine ! » (Slava Ukraini !) et la réponse « Gloire aux Héros ! » (Heroiam Slava !), lors du deuxième grand congrès des nationalistes ukrainiens à Cracovie, occupée par les nazis, en mars et avril 1941, alors qu’ils se préparaient à servir d’auxiliaires nazis dans l’opération Barbarossa.
John-Paul Himka, professeur émérite au département d’histoire, d’études classiques et de religion de l’Université de l’Alberta et l’un des oncles de Chrystia Freeland, a été interviewé par Progress Report de l’Alberta en 2017, lorsqu’il a été porté à l’attention du public que Chrystia Freeland, alors ministre des Affaires étrangères du Canada, avait dissimulé la collaboration de son grand-père avec les nazis et que, en fait, elle le considérait comme un combattant de la liberté. Progress Report a mis en ligne une courte vidéo de Chrystia Freeland entonnant le chant du congrès ukrainien canadien de Slava Ukraini, Gloire à l’Ukraine ! « Je ne répondrai jamais [à ce slogan]. J’ai vu tellement de choses terribles signées avec cela, mais j’étudie l’Holocauste », a déclaré John-Paul Himka
L’OUN a été créée à Vienne, en Autriche, en 1929 par des organisations ukrainiennes fascistes apparues en Italie, en Tchécoslovaquie, en Allemagne et en Ukraine occidentale, alors appelée Galicie, sous domination polonaise. Elle avait son siège à Berlin et entretenait des relations étroites avec le parti nazi avant même son arrivée au pouvoir. L’OUN, organisée sous la protection d’Hitler et de Mussolini, a été entraînée et armée par l’Allemagne et les nazis et a déclaré à plusieurs reprises qu’elle se tenait aux côtés des forces de l’Axe pour créer un « ordre nouveau » en Europe et dans le monde.
L’année suivante, une campagne de terreur et d’assassinats a commencé. Parmi les victimes figurent des fonctionnaires du gouvernement et de l’État polonais ainsi que l’attaché du consulat soviétique à Lviv.
Les documents de l’OUN, les archives allemandes, soviétiques et polonaises et les archives des organisations juives qui documentent l’Holocauste ne laissent aucun doute sur l’idéologie fasciste de l’OUN et sa politique de génocide et de nettoyage ethnique.
Chrystia Freeland a tweeté une photo d’elle lors du rassemblement à Toronto du 28 février, tenant la bannière noire et rouge de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), la force paramilitaire pronazie de l’OUN-B connue pour son génocide. Chrystia Freeland a ensuite supprimé le message lorsque les gens ont commencé à exposer ce que le drapeau représente. Elle a également crié « Gloire à l’Ukraine ! », ce qui n’est pas un slogan innocent comme l’ont décrit les responsables et les médias canadiens.
Les Canadiens se demanderont pourquoi ces slogans et symboles sont promus et repris par le premier ministre, la vice-première ministre, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, entre autres ? Quel est le but ? Ce n’est pas un objectif qui favorise le peuple ukrainien, dont le sacrifice pour vaincre le fléau du fascisme et du nazisme est légendaire, ni les peuples du Canada et du monde. Canadiens, prenez garde. Ne vous laissez pas berner !
Histoire de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN)
Un des premiers et influents dirigeants politiques de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) était Dmytro Dontsov, un disciple de Mussolini. En 1926, Dmytro Dontsov a publié Natsionalizm, dans lequel il décrit le nationalisme et une « nation saine » comme étant « le renforcement de la volonté de la nation de vivre, sa volonté de gouverner, sa volonté d’expansion – ce que j’ai désigné comme le fondement principal de l’idée du nationalisme… Le deuxième fondement de l’idée d’une nation saine devrait être l’aspiration à la guerre, la conscience de sa nécessité sans laquelle les actes héroïques sont impossibles, comme une vie intense ou la foi en elle ou le triomphe de toute idée nouvelle qui cherche à changer la face du monde. »
En 1940, l’OUN se scinde en deux sections, avec Stepan Bandera à la tête de l’OUN-B, généralement appelé l’« aile radicale », et Andriy Melnyk à la tête de l’OUN-M. Malgré leurs querelles internes, les deux groupes prêtent allégeance au Troisième Reich. Le slogan de l’Ukraine pour les Ukrainiens est exprimé dans une note signée par l’OUN-B comme suit : « Vive une Ukraine plus indépendante sans Juifs, Polonais, Allemands ; Polonais derrière le fleuve San, Allemands à Berlin et Juifs à la potence. » Les Juifs sont déclarés « le soutien le plus fidèle du régime bolchevique au pouvoir dans l’avant-garde de l’impérialisme moscovite en Ukraine ».
L’invasion allemande de l’Ukraine a commencé le 22 juin 1941. Le 30 juin 1941, l’OUN-B, représentée par Iaroslav Stetsko, a émis une déclaration qui disait : « Par la volonté du peuple ukrainien, l’Organisation des nationalistes ukrainiens, sous la direction de Stepan Bandera, proclame la formation de l’État ukrainien pour lequel sont tombés tant de générations entières des meilleurs fils de l’Ukraine.
« L’État ukrainien nouvellement formé travaillera en étroite collaboration avec le national-socialisme de la Grande Allemagne, sous la direction de son chef, Adolf Hitler, qui veut créer un nouvel ordre en Europe et dans le monde et aide les ukrainiens à se libérer de l’occupation soviétique. »
Le lendemain, l’OUN se livre à un pogrom approuvé par le haut commandement allemand, massacrant des milliers de Juifs ainsi que des centaines d’intellectuels polonais non Juifs et d’autres personnalités, ainsi que leurs familles. Au moins 58 pogroms sont documentés dans les villes d’Ukraine occidentale, au cours desquels on estime que de 13 000 à 35 000 personnes ont été tuées.
La participation des milices de l’ONU aux massacres des Juifs est bien documentée, d’après la correspondance de l’ONU avec les nazis, leurs propres tracts et directives, et même dans des films et des photos de miliciens ukrainiens en action. Certains peuvent être identifiés à partir des photos. Des documents de l’OUN-B établissent la collaboration entre la milice ukrainienne et la Wehrmacht dans des actions communes contre les Juifs. Jusqu’à ce jour, les organisations ukrainiennes archi-réactionnaires continuent de nier leur responsabilité dans ces crimes.
L’OUN-B et l’Allemagne ont conclu un accord pour organiser deux régiments de l’OUN-B, le bataillon Nachtigall et le bataillon Roland. Leur rôle en tant que collaborateurs nazis était de mettre en place des administrations locales, des milices et la police auxiliaire, d’organiser des cellules de l’OUN, de recruter de nouveaux membres et de « combattre les Juifs et les communistes », à la fois en Ukraine occidentale et, dans le sillage des troupes allemandes qui envahissaient l’Ukraine soviétique.
Se déplaçant vers le sud dans le Reichskommissariat Ukraine, le coeur de la République socialiste soviétique d’Ukraine, le bataillon Nachtigall, dirigé par Theodor Oberländer et Roman Choukhevytch, a perpétré des massacres parmi la population civile dans les villes de Zolotchev, Ternopol, Proskourov, Jytomyr et Vinnytsia. Un monument à la mémoire de Roman Choukhevytch, qualifié de héros de l’Ukraine par les nationalistes ukrainiens, a été érigé à l’extérieur du Ukrainian Youth Unity Complex dans le nord d’Edmonton.
Les nazis ont rejeté la « déclaration d’indépendance » de l’Ukraine parce qu’elle allait à l’encontre de leur objectif de colonisation et de génocide à grande échelle dans les territoires occupés. L’arrogance des nationalistes ukrainiens a conduit Stepan Bandera et plusieurs autres dirigeants de l’OUN à être placés en « détention honoraire » en Allemagne et a conduit à la dissolution officielle des deux bataillons collaborationnistes ukrainiens, Nachtigall et Roman.
En 1942, l’OUN-B forme l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), qu’elle dirige avec fureur dans une campagne de nettoyage ethnique et de génocide. En plus des 90 000 Polonais non juifs, elle a tué des milliers de Juifs au cours de cette « purification ethnique », étant ainsi complice la Shoah (holocauste).
Après la défaite des nazis à Stalingrad, les nazis, de plus en plus désespérés, décident d’organiser des divisions Waffen SS dans les pays occupés et la 14e Division SS de Grenadier Galice est créée. Les nationalistes ukrainiens réaffirment à nouveau officiellement leur loyauté envers le Troisième Reich. De nombreux volontaires, dont des officiers du bataillon Nachtigall, rejoignent la Division SS Galicie. La Division SS Galicie travaille aux côtés de la SS-Sonderbrigade « Dirlewanger », une unité qui contient des violeurs, des meurtriers et des fous criminels. Des officiers étaient parfois transférés des officiers d’une unité à l’autre, souligne Per Anders Rudling, historien de l’histoire de l’Europe de l’Est et professeur associé au département d’histoire de l’université de Lund, en Suède.
La Commission des Nations Unies sur les crimes de guerre, le Tribunal militaire international, qui ont présidé les procès pour crimes de guerre de Nuremberg, ont expressément déclaré que la Waffen SS, la branche armée du Parti nazi, était une organisation criminelle impliquée dans « a persécution et l’extermination des Juifs, les brutalités et les exécutions dans les camps de concentration, les abus dans l’administration des territoires occupés, la mise en pratique du programme du travail obligatoire, les mauvais traitements et l’assassinat des prisonniers de guerre » ainsi que d’autres crimes. Il a été établi que le SS-Brigadeführer Fritz Freitag, commandant de l’unité ukrainienne, a été directement impliqué dans les massacres de masse de Juifs en 1941. Le nombre exact de victimes du génocide, tout comme le nombre exact de victimes des massacres des Polonais en Volhynie en 1943, est inconnu.
En 1950, tous les membres survivants de la Division SS Galicie qui souhaitaient immigrer au Canada ont été « autorisés » à immigrer malgré le fait que la Waffen SS était une catégorie interdite et qu’il n’était pas admissible à l’immigration à l’époque. Au Canada, ces gens ont continué de prétendre qu’ils n’avaient « pas d’autre choix » que d’agir comme collaborateurs nazis et même de former une organisation d’anciens combattants de la Division SS Galicie.
Au moins vingt millions de personnes sont mortes en Union soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale dans la lutte pour éradiquer le fléau du fascisme. Rien qu’en Ukraine, on estime que 4 millions de civils, 1,3 million de soldats et de prisonniers de guerre ont été tués, et 2,2 millions de citoyens ukrainiens, dont certains n’avaient que 10 ans, ont été envoyés en Allemagne comme travailleurs forcés et esclaves. De 4 à 5,5 millions d’Ukrainiens ont combattu dans l’Armée rouge et beaucoup ont combattu comme partisans pendant l’occupation nazie de l’Ukraine. De toutes les nations, ce sont les Ukrainiens qui ont subi le plus de morts aux mains des nazis.
Le slogan « Gloire à l’Ukraine – Gloire aux héros » ne rend pas hommage aux Ukrainiens qui se sont joints à la lutte contre le fascisme et le nazisme. Toutes les tentatives de dire le contraire de la part de Chrystia Freeland, de Justin Trudeau, des ministres du gouvernement du Canada, des porte-parole des partis cartellisés qui ont des députés à la Chambre des communes du Canada ou à l’Assemblée nationale du Québec ou dans les assemblées législatives provinciales et les municipalités du pays, ainsi que des médias ne peut être considérée comme une erreur innocente. Dire que le drapeau et les slogans n’ont pas les connotations politiques établies historiquement et par les nationalistes ukrainiens actuels, dont la principale mission dans la vie est de détruire la Russie, c’est cacher délibérément leur caractère fasciste et pronazi. Ces slogans ne sont pas synonymes de paix ou de bien-être pour le peuple ukrainien. Ils ont été interdits après la défaite du fascisme pour de bonnes raisons, en raison des souffrances du peuple ukrainien et des crimes commis contre lui avec ces slogans. C’est comme crier Heil Hitler et prétendre que c’est pour soutenir le peuple allemand et les peuples d’Europe.
Les Canadiens doivent s’arrêter et se demander pourquoi ces slogans sont ressuscités aujourd’hui. N’est-ce pas un crime contre la mémoire de tous ceux qui ont combattu et qui ont fait le sacrifice suprême pour vaincre le nazisme, le fascisme et le militarisme japonais, de tous ceux qui ont été tués par les nazis et de leurs collaborateurs ukrainiens ? Honte à ceux qui veulent tromper les Canadiens en présentant les slogans des fascistes et des collaborateurs nazis dans l’usage officiel sous prétexte qu’ils représentent la paix, la liberté et la démocratie. Faire des héros de ceux qui ont juré allégeance à Hitler et ériger des monuments à leur mémoire, qui ont proclamé que leur liberté et leur indépendance nécessitaient l’établissement d’un ordre nouveau fasciste en Europe, et le nettoyage ethnique qui ferait partie de leur « Ukraine indépendante » et adopter leurs slogans ne doit pas passer !
Bibliographie
Grzegorz Rossoli ski-Liebe. « The ‘Ukrainian National Revolution’ of 1941 : Discourse and Practice of a Fascist Movement. The OUN, the UPA and the Holocaust : A Study in the Manufacturing of Historical Myths », The Carl Beck Papers in Russian & East European Studies, numéro 2107
Yad Vashem, Institut international pour la mémoire de la Shoah
Per Anders Rudling, « The Honor They So Clearly Deserve’ : Legitimizing the Waffen-SS Galizien », The Journal of Slavic Military Studies 26 :1, 2013
Per Anders Rudling, « They Defended Ukraine : The 14. Waffen-Grenadier-Division der SS (Galizische Nr. 1) Revisited », Journal of Slavic Military Studies, Sept. 2012, p.343
Tadeusz Piotrowski (éditeur), Genocide and Rescue in Wolyn : Recollections of the Ukrainian Nationalist Ethnic Cleansing Campaign Against the Poles During World War II, août 2008
(LML Quotidien, affiché le 4 mars 2022)
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