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Les travailleurs défendent le droit à l’éducation et à la santé
Alors que Concordia en arrive à un règlement, l’Association des professeurs de l’Université de Lethbridge déclenche à son tour la grève
L’Association des professeurs de l’Université de Lethbridge (ULFA) a déclenché la grève jeudi le 10 février, la deuxième association de professeurs de l’Alberta à débrayer depuis le début de l’année 2022. Les membres ont voté à la vaste majorité pour la grève. Plus de 90 % des suffrages exprimés étaient en appui à la grève, le nombre de membres de l’ULFA ayant participé au vote étant de plus de 80 %. La quasi unanimité exprimée par le vote munit l’ULFA d’un mandat fort et envoie un message clair à l’administration de l’université.
Les membres de l’ULFA sont tout le personnel universitaire de l’Université de Lethbridge, y compris près de 500 professeurs et formateurs et environ 100 maîtres de conférences (contractuels). Les étudiants de l’Université de Lethbridge se sont ralliés à l’ULFA et une vague de messages de solidarité a déferlé sur l’association, provenant des autres associations de professeurs et de syndicats. Il fallait s’y attendre puisque des conflits pour le renouvellement des conventions collectives se poursuivent à l’Université Mont Royal (Calgary), l’Université de l’Alberta et l’Université Athabasca. Depuis que la grève de l’ULFA a été déclenchée, des rassemblements ont été organisés à Lethbridge et partout dans la province dans le même esprit d’appui résolu que pour la grève précédente remportée par les professeurs de Concordia (Edmonton).
L’ULFA a déclenché la grève après 600 jours de négociations infructueuses, l’université se traînant les pieds sur chaque question. La situation est la même dans plusieurs universités albertaines où la stratégie préférée de l’employeur semble être de négocier le plus lentement possible, en espérant peut-être l’intervention d’un arbitre qui prendra leur part. Certains soupçonnent que le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) a discrètement lancé un mot d’ordre sur comment négocier ; ce n’est pas par simple coïncidence que tous les employeurs ont commencé par exiger que les professeurs acceptent un recul salarial de 3 %. En outre, au mois d’août 2019, le PCU a pris d’assaut les institutions postsecondaires de l’Alberta pour y implanter leurs fidèles serviteurs et leur accordant des postes au sein du Conseil des gouverneurs, où ils ont aussi désigné de nouveaux présidents au conseil, proches du PCU, pour que le gouvernement puisse exercer une forte influence sur les prises de décisions du conseil.
À l’Université de Lethbridge, comme c’est souvent le cas, les propositions monétaires sont le principal point de litige. Ce qui complique les choses, c’est que les propositions de chaque partie sont basées sur des chiffres différents. En outre, comme elle en a l’habitude, l’université se plaint qu’il est nécessaire de faire preuve de « modération financière » pour tenter de réduire les revendications salariales au moment même où le premier ministre Kenney, le PCU et ses experts financiers ne cessent de se vanter que la province connait une « reprise économique ». Le fait que le coût de la vie a augmenté de 4,8 % au cours de l’année dernière est un autre facteur important, puisque toute augmentation de salaire inférieure à 4,8 % est en fait un recul.
La grève est une conséquences des compressions brutales et ininterrompues qu’a subi le budget de l’éducation postsecondaire. L’Université de Lethbridge a connu une réduction des subventions de base au fonctionnement et au soutien des programmes de 5,8 % (5,7 millions de dollars). En tout, la province a adopté un budget de seulement 4,608 milliards pour le fonctionnement de toutes les institutions postsecondaires en 2021-2022, une baisse de 9 % comparativement à 5,046 milliards en 2019-2020. Le budget indique aussi que le montant de financement de l’éducation postsecondaire, mis à part les sommes accordées par la province, devrait augmenter de 47 % en 2019-2020 à 52 % d’ici 2023-2024. C’est en grande partie la hausse des frais de scolarité des étudiants qui explique cette augmentation, ce qui constitue une attaque directe contre le droit des étudiants à l’éducation postsecondaire.
En Alberta et dans l’ensemble du Canada, il y a une grogne dans le secteur postsecondaire en raison de l’exacerbation des contradictions causées par des décennies de compressions aux programmes sociaux. Mis à part ce qui se passe en Alberta, en ce moment, l’Université Acadia et l’Université universitaire de technologie de l’Ontario sont en grève, 16 000 professeurs, conseillers, instructeurs et bibliothécaires des 24 collèges de l’Ontario font une grève du zèle, et ceux de l’Université du Manitoba ont fait la grève pendant 35 jours avant de conclure une entente le 7 décembre 2021.
Avec leur grève, les professeurs de l’ULFA défendent leurs droits et ceux de leurs étudiants, tout comme l’ont fait les professeurs de Concordia Edmonton (CUEFA), soulignant une fois de plus que les conditions de travail des professeurs sont les conditions d’apprentissage des étudiants. L’ULFA, le CUEFA et tous leurs partisans à travers la province et le pays défendent également le droit à l’éducation et luttent avec acharnement pour le système d’éducation publique dont dépend l’avenir de toute la société, en particulier celui des jeunes.
L’éducation est un droit ! Augmentez le financement de l’éducation !
(Forum ouvrier, affiché le 18 février 2022. Photos: ULFA, AFL)
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