Dans l’actualité
Non à la guerre en Ukraine ! Non au recours à la force !
Demande urgente d’un débat sur l’Ukraine à la Chambre des communes
Le 19 janvier, neuf députés libéraux ont envoyé une lettre au leader parlementaire de leur gouvernement, Mark Holland, demandant la tenue d’un débat sur l’Ukraine. La lettre a été rendue publique via Twitter. Le député d’Etobicoke-Centre Yvan Baker écrivait : « Je suis fier de m’associer à mes collègues députés pour envoyer une lettre à @markhollandlib demandant d’urgence un débat exploratoire à la Chambre des communes sur l’Ukraine et le renforcement militaire de la Russie à ses frontières. À défaut de quoi nous demandons un débat d’urgence. »
Le leader parlementaire a répondu : « Nous avons reçu cette importante lettre du député libéral @Yvan_Baker. Nous sommes entièrement d’accord avec sa demande… Nous soutiendrons la priorité d’un débat d’urgence dès le retour de la Chambre. » La réponse défie la définition même du mot « urgent », puisque la Chambre n’allait se réunir à nouveau que le 31 janvier.
La lettre laissait entendre que les députés libéraux voulaient « offrir une occasion formelle et urgente aux députés de tous les partis de discuter de la réponse du Canada et de la communauté internationale à cette crise, qui revêt une telle importance pour l’Ukraine, pour nos alliés et pour le Canada ».
Selon La procédure et les usages de la Chambre des communes (2017), les débats exploratoires visent à « solliciter l’avis des députés sur un aspect donné de la politique gouvernementale » et à « permettre aux députés de participer à la formulation de la politique gouvernementale, et de donner leur opinion avant que le gouvernement ne prenne une décision ». Le document rappelle qu’au Parlement britannique, les débats exploratoires permettent aux députés de « lancer un débat général sur un sujet qui ne nécessite pas une décision de la Chambre ».
La lettre des députés libéraux reprend le discours de la diabolisation de la Russie alimentée par les agences d’espionnage du Groupe des cinq, l’OTAN et ceux qui font la promotion des collaborateurs nazis, passés et présents, en Ukraine. Elle fait la chronique de ce que le gouvernement libéral a fait jusqu’à ce point, y compris l’entretien du 11 janvier du premier ministre Justin Trudeau avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au cours duquel il a « souligné que toute incursion militaire de la Russie en Ukraine aurait de graves conséquences, y compris des sanctions coordonnées ». Elle décrit l’engagement actuel des Forces armées canadiennes en Ukraine : l’opération bilatérale UNIFIER et la participation à l’opération REASSURANCE dans le cadre des « mesures d’assurance et de dissuasion » de l’OTAN.
Les députés concluent leur lettre en disant : « La situation est critique. La Russie doit faire preuve de désescalade et engager un dialogue constructif. Son agression contre l’Ukraine doit cesser et elle doit retirer ses forces de Crimée et d’Ukraine orientale. »
Avec une telle approche, il est clair que le « débat exploratoire » sera l’occasion d’exiger une action encore plus belliqueuse du Canada. Toute discussion sur la nature de l’OTAN en tant qu’instrument d’agression et de guerre des impérialistes américains est taboue au Canada. Toute suggestion que l’OTAN n’est pas une alliance pour la paix vous mérite d’être condamné comme élément marginal, extrémiste et fanatique.
Les députés qui demandent un tel débat devraient avoir honte d’appeler cela un débat s’ils n’ont aucune intention de partir des faits et s’ils ferment les yeux sur le sans-fondement des prétentions des pays concernés. Armer des milices pronazies en Ukraine, dont la raison d’être est d’attaquer la Russie, n’a rien à voir avec défendre la paix.
Étant donné la domination de la Chambre des communes par un cartel de partis pro-OTAN, les Canadiens ne peuvent s’attendre à ce qu’on veuille véritablement y tenir une discussion qui permette de tirer des conclusions fondées et de contribuer à la cause de la paix. Ils doivent donc le faire eux-mêmes, en parlant en leur propre nom, pour trouver des solutions qui favorisent leurs intérêts et non ceux des profiteurs et des fauteurs de guerre.
La présentation faite par le dirigeant du PCC(M-L), Hardial Bains, en 1994, lorsque les libéraux de Jean Chrétien ont lancé une révision de la politique étrangère du Canada, fait ressortir la nécessité d’un nouveau point de départ et de l’élimination des préjugés du passé, particulièrement en ce qui concerne l’OTAN. Ses propos méritent d’être répétés. Il a déclaré au Comité mixte spécial chargé de l’examen de la politique étrangère canadienne :
« Comment le Canada, qui est membre de NORAD et de l’OTAN, peut-il être pour le « maintien de la paix » alors que ses intérêts le placent objectivement du côté du bloc qui a à sa tête les États-Unis ? Pour jouer un rôle de gardien de la paix, il faut avoir comme politique étrangère la neutralité active, c’est-à-dire condamner tous les actes d’agression et d’intervention et toutes les guerres injustes et soutenir tous les mouvements qui ouvrent la voie au progrès social et à la paix durable dans le monde.
« Il n’est fait aucune mention d’une étude quelconque de cette expérience dans les documents qui ont été circulés, sauf là où il est écrit que le Canada a été applaudi pour son rôle dans le « maintien de la paix », comme si c’était une vérité reconnue de tous. Loin de demander le retrait de l’OTAN et de NORAD, ces discours et documents appellent à une plus grande participation à ces blocs militaires, ce qui n’est pas digne d’un pays qui se dit gardien de la paix.
« Le maintien de la paix ne suit qu’une règle, celle de créer les conditions propices à la paix sans pour cela recourir à l’intervention, à l’agression ou à la défense du militarisme et du fascisme. La neutralité positive doit être le mot d’ordre de tout pays qui se dit partisan du maintien de la paix si l’on veut que ce rôle contribue à la création d’un nouvel équilibre mondial. »
(Le Renouveau, affiché le 1 février 2022)