Des chefs autochtones exigent action et responsabilité du gouvernement pour la crise des femmes et filles autochtones assassinées ou disparues
Le gouvernement fédéral a publié un « plan » d’Action nationale pour les femmes et les filles autochtones assassinées ou disparues qui est bien loin de s’attaquer à culture de génocide qui a été engendrée et entretenue par ses propres politiques, lois et systèmes coloniaux qui perpétuent cette violence. L’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UCICB) est consternée par le manque de substance de ce document et appelle à l’établissement d’un Plan d’action dirigé par les femmes autochtones et qui comprendra tous les niveaux de gouvernement partout au Canada pour mettre fin au génocide immédiatement.
Il y a deux ans jour pour jour était publié le Rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones assassinées ou disparues et à ce moment-là le Canada s’était engagé à développer un Plan d’action national en partenariat avec les femmes, filles, 2SLGBTQQIA+, membres de la famille et survivantes autochtones, pour répondre au premier des 231 appels à la justice du Rapport final. Les femmes, filles et personnes bi-spirituelles continuent de vivre la brutalité de taux croissants de violence, de disparitions et de racisme.
« Les peuples autochtones sont bouleversés par la violence et le génocide historiques continuelles infligés à notre peuple et à nos communautés , affirme Kikpi7 Judy Wilson, secrétaire-trésorière de l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique. Nos terres et territoires sont profanés, nos gens se font descendre par des policiers, on trouve nos enfants dans des fosses communes anonymes, et nous mourrons dans les prisons, les hôpitaux et les institutions d’aide à l’enfance – toutes des conséquences directes d’un racisme sociétal et systémique. Nous ne voulons plus de déclarations de principe et d’engagements non tenus. Ce soi-disant plan d’action est un nouvel affront. Le Canada dans son ensemble doit pleinement rendre des comptes pour son rôle dans le génocide continu de nos femmes, de nos enfants et des personnes bi-spirituelles et accorder à la crise des femmes et filles autochtones assassinées ou disparues l’attention urgente qu’elle requiert. Combien de nos gens doivent continuer de mourir ? Nous exigeons la responsabilité, l’action immédiate, des ressources adéquates et le développement d’un plan d’action et de mise en oeuvre dirigé par des femmes autochtones immédiatement. »
« Les peuples autochtones ont toujours su la vérité au sujet du Canada et de ses instruments délibérés d’oppression. De la prise de possession de nos terres, du vol de nos enfants, au meurtre et à la disparition de nos femmes — ce sont des actions et des inactions volontaires et conscientes ayant pour but de nous déposséder de nos terres et territoires et de nous assimiler à la société coloniale, affirme Melissa Moses, représentante des femmes de l’UCICB. Le document publié aujourd’hui est un spectacle offensant du gouvernement visant à éviter ses responsabilités et ne pas répondre au génocide de femmes et de filles. En dépit des revendications répétées de la Coalition pour les femmes et filles autochtones assassinées ou disparues, le Canada a continué d’ignorer les femmes autochtones et a exclu du Plan d’action national les voix et l’expérience des survivantes, des membres de famille, des organisations communautaires dirigées par des femmes autochtones, des femmes incarcérées, des femmes aux prises avec le sexe de survie, celles qui ont été assujetties à la stérilisation forcée, qui ont des handicaps, et qui peuvent témoigner spécifiquement des meurtres sur la Route des larmes. Nos femmes sont des survivantes du colonialisme avec un vécu et une expertise qui doivent être au coeur de tout plan si nous voulons progresser. Le Canada doit écouter. »
Le grand chef Steward Philip, président de l’UCICB, a terminé en disant : « Je regarde ce Plan d’action et ce que je vois c’est plus de maladie, plus de pertes et de douleur — je ne vois pas le changement. Je ne vois pas nos femmes et nos enfants représentés dans ces pages, ni un gouvernement qui comprend ce que c’est pour nos communautés de perdre une matriarche, ou de faire le deuil d’un enfant volé. Ce document est le produit d’un gouvernement qui a minimisé l’ampleur du génocide continu de nos soeurs, tantes, filles, mères et petites-filles. La négligence du Canada et le refus de respecter la Déclaration des Nations unies fait partie de la tradition canadienne de longue date d’oppression coloniale qui est, plus que jamais, au vu et au su de tous. Le Canada est responsable de ce génocide — et a la responsabilité de changer la situation — maintenant. Notre peuple est outré, émotionnellement vidé et prêt à se lever et à repousser les oppresseurs coloniaux. »
(Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (Xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səlilwətaɬ (Tsleil-Waututh)/Vancouver, le 3 juin 2021)
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