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Les relations du gouvernement Trudeau avec les autochtones
Le mandat du ministre des Relations
Couronne-Autochtones
La « lettre de mandat » remise au ministre des Relations Couronne-Autochtones montre que les libéraux de Justin Trudeau sont sur la même voie coloniale que les gouvernements précédents et tentent d’éteindre les droits ancestraux des peuples autochtones et leur droit d’être.
Les directives sont si pompeuses qu’elles en sont vraiment offensantes. Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones, est chargé de travailler à établir « des relations de nation à nation et de soutenir l’autodétermination, notamment en appuyant les communautés des Premières Nations alors qu’elles font la transition vers l’autonomie gouvernementale et s’affranchissent de la Loi sur les Indiens ».
La conception raciste selon laquelle le problème de la Loi sur les Indiens est que les peuples autochtones sont des « pupilles de l’État » et n’ont pas d’« autonomie gouvernementale » est offensante. Le problème de la Loi sur les Indiens est qu’il s’agit d’un arrangement colonial qui a supervisé le vol des peuples autochtones, la destruction de leur cohésion, de leur culture et de leurs nations, la destruction de leur matière intellectuelle, tout cela au nom de l’imposition des notions racistes britanniques d’« autonomie gouvernementale ». La conception de l’« autonomie gouvernementale » est une sorte de « mission civilisatrice de l’homme blanc » qui enseigne aux « indigènes », par les cajoleries et la violence à se gouverner eux-mêmes sur la base du système de Westminster, de sorte que le pouvoir reste entre les mains des dirigeants qui gouvernent, tandis que les sujets gouvernés doivent prouver leur loyauté. Sur la base d’élections truquées, certaines personnes se voient attribuer des postes de privilège pour dire qu’elles « représentent le peuple » et qu’elles ont le mandat de parler en leur nom.
Selon l’idéologie libérale du XIXe siècle, si l’on apprend aux « nobles sauvages » à se gouverner eux-mêmes, alors ils méritent des systèmes d’autonomie gouvernementale. Cela n’a rien à voir avec l’établissement de « nouvelles relations », et c’est pourquoi, d’un océan à l’autre, les peuples autochtones ont rejeté les tentatives antérieures d’abroger la Loi sur les Indiens. L’abolition de la Loi sur les Indiens, sans reconnaissance préalable des droits souverains des peuples autochtones et sans la mise en place de protections et de recours juridiques prévues, y compris le paiement de loyers pour les terres occupées, les réparations pour les crimes passés et présents et la reconnaissance des responsabilités fiduciaires, signifie que leurs terres seraient sous la juridiction provinciale et soumises aux programmes d’extraction, de développement et autres des gouvernements provinciaux, tandis qu’ils seraient abandonnés à leur sort dans des réserves qui sont dans un état honteux et nuisibles au bien-être des personnes qui y vivent[1].
Le ministre a également pour mandat de « tenir le gouvernement fédéral responsable ». C’est à mourir de rire. Qu’est-ce que cela veut dire ? Rendre des comptes à qui ? Comment ? Le ministre a prêté un serment d’allégeance à la Couronne même qui a imposé les relations coloniales pour éliminer les peuples autochtones ! Rien n’a changé à cet égard. L’« ordre fondé sur des règles » du Canada s’applique tant au niveau national qu’international. Le gouvernement invente les règles au fur et à mesure et les gens doivent les suivre ou être criminalisés. Cela n’a pas été accepté par les peuples autochtones, les Canadiens ou même les tribunaux. L’objectif du gouvernement Trudeau s’est révélé être l’adoption de lois afin de ne plus être encombré par ce que la Constitution, la Loi sur les Indiens ou les tribunaux lui ordonnent de faire.
C’est le moment pour les peuples d’affirmer leurs revendications à la société comme ils le jugent bon, de les élaborer ensemble et de déterminer ce qui est nécessaire pour leur fournir une garantie. C’est cette cohésion sociale entre les peuples que le gouvernement cherche à miner à tout prix.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien parle de « s’affranchir » de la Loi sur les Indiens raciste. Pierre Elliott Trudeau l’a proposé dans son « Livre blanc » de 1969. Cette proposition a été rejetée par les peuples autochtones. Cette proposition a été réintroduite dans la clause Canada de l’Accord de Charlottetown. Elle a été rejetée lorsque le peuple canadien a voté contre l’Accord de Charlottetown lors du référendum de 1992.
L’affranchissement de la Loi sur les Indiens raciste n’a jamais eu pour but de reconnaître le droit des peuples autochtones à être des peuples souverains, avec leurs propres formes de gouvernance, leurs propres lois basées sur leur propre matière intellectuelle, sur leurs propres territoires. L’intention a toujours été de faire disparaître le « problème indien » en imposant un soi-disant « troisième niveau » de gouvernance, qui n’en est pas moins un instrument de l’État colonial canadien, mais sans les apparences racistes. En fait, tant que ces attributs seront là, la résistance des peuples autochtones les révélera au grand jour. C’est pourquoi toute résistance efficace est rendue illégale. Mais cela aussi révèle les attributs racistes. Ainsi, les promesses, les mandats et l’hypocrisie du gouvernement sont voués à l’échec pour le gouvernement.
Note
1. « … les complexités de la Loi sur les Indiens vont au-delà du racisme. Elle sert également d’outil législatif permettant de tenir le gouvernement fédéral responsable de ses responsabilités légales. La Loi prévoit diverses protections juridiques, comme des exonérations fiscales pour les biens situés dans les réserves et la protection des terres de réserve contre la saisie. Les Premières Nations ont moins de 0,2 % de toutes leurs terres traditionnelles en tant que terres de réserve, et la préservation de l’intégrité de ces terres collectives a été identifiée comme une priorité par de nombreuses Premières Nations. La Loi sur les Indiens sert également à protéger – du moins dans une certaine mesure – contre l’ingérence des provinces. Il s’agit là d’une autre préoccupation majeure des Premières Nations qui savent que l’abolition de la Loi sur les Indiens, en l’absence d’autres protections juridiques, signifie que leurs terres seraient sous juridiction provinciale et vulnérables aux appétits voraces des gouvernements provinciaux en matière d’extraction et de développement ».
Pam Palmater, « Abolishing the Indian Act means eliminating First Nations’ rights », Macleans, 10 octobre 2019.
(Le Renouveau, publié le 21 janvier 2022)