1er janvier 2024
65e anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine
Discours du président cubain à la clôture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire
Ce qui suit est le discours prononcé par Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et président de la République, lors de la clôture de la 2e Période ordinaire de sessions de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire dans sa 10e législature, au Palais des conventions, le 22 décembre 2023, « Année 65 de la Révolution ».
Cher général Raul Castro Ruz, leader de la Révolution cubaine,
Cher compañero Lazo, président de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire,
Mesdames et messieurs les députés,
Cette dernière session de l’Assemblée 2023 pourrait marquer le début d’une nouvelle tendance dans le comportement de l’économie cubaine. Corriger les profondes distorsions et des déviations structurelles qui entravent la performance économique est un mot d’ordre afin de surmonter la situation extrêmement complexe à laquelle nous sommes confrontés à l’heure actuelle en raison des impacts combinés du siège des États-Unis, de la crise dans les relations économiques internationales et de nos propres erreurs. Une fois de plus, tout dépendra de notre capacité à exécuter et à mettre en oeuvre de manière adéquate les mesures annoncées ici.
Nous l’avons appelée économie de guerre, car elle doit fonctionner dans un scénario de politique d’asphyxie maximale, conçue et appliquée contre un petit pays par l’empire le plus puissant de l’histoire.
Nous sommes, en outre, une nation du tiers-monde exploité, un territoire en désavantage historique du fait de l’héritage du colonialisme, où une longue et multiforme crise mondiale a le plus d’impact. Une crise aggravée par des conflits, des guerres et des déséquilibres inhérents à l’inégalité générée par le capitalisme néolibéral, et que la récente pandémie a renforcée.
J’attire l’attention de ceux qui préfèrent que nous évitions le terme « blocus ». Si seulement il était aussi facile de le sortir de notre vie quotidienne et d’effacer ses menaces et ses effets sur la société cubaine ! Faire cela reviendrait à agir comme ceux qui, aujourd’hui, prétendent nier le génocide israélien à Gaza, alors que les bombes sionistes tombent sur des quartiers, des écoles et des hôpitaux, dans le but criminel d’exterminer son peuple.
Comme je l’ai dit lors du 7e Plenum du Comité central du Parti, les mesures d’asphyxie économique de ces dernières années sont des bombes destinées à renverser les colonnes qui soutiennent la résistance cubaine. Il est donc important de trouver les moyens d’empêcher qu’elles n’explosent.
Il est peu probable que l’hostilité de l’empire voisin change en 2024. Dans leur détermination, jamais abandonnée, de détruire la Révolution et de parvenir à un « changement de régime », les États-Unis permettent et favorisent des actions de déstabilisation, de discrédit et de guerre médiatique, qui visent à encourager une explosion sociale.
On assiste même à une recrudescence des menaces terroristes que les autorités font semblant de ne pas voir ou de ne pas reconnaître. Comme s’il était possible d’ignorer que, depuis le territoire étasunien, on facilite et on finance l’entraînement, avec un appui logistique, de groupes armés qui débordent de messages de violence par tous les moyens à leur disposition.
Aujourd’hui, nous tenons à réaffirmer ici que nous sommes fermement résolus à les affronter et que les informations que nous avons diffusées ces derniers jours font partie de la mise en garde.
L’histoire présente de nombreux actes et crimes perpétrés par des éléments liés à l’extrême droite de Miami, dans lesquels la participation d’agences étasuniennes n’est pas exclue.
L’encouragement et la réalisation de plans terroristes contre Cuba reposent sur le sentiment d’impunité qui prévaut dans ces secteurs. On peut citer les cas de Luis Posada Carriles et d’Orlando Bosch qui, bien qu’ils aient reconnu publiquement leurs crimes, dont témoignent même des documents déclassifiés et des entretiens accordés à d’importants organes de presse étasuniens, ont paisiblement fini leur vie à Miami, sous la protection des autorités de ce pays.
Il n’y a pas de correspondance, mais plutôt une incohérence dans le discours et l’engagement prônés par les États-Unis dans leur lutte contre le terrorisme et l’attitude permissive qu’ils maintiennent à l’égard de personnes d’origine cubaine qui, depuis le territoire étasunien, encouragent, planifient, financent, organisent et exécutent des actions violentes contre Cuba et ses services diplomatiques, y compris contre notre siège, situé tout près de la Maison Blanche.
Nous exigeons des autorités étasuniennes qu’elles enquêtent et prennent des mesures, qu’elles traduisent en justice les éléments qui professent le terrorisme et les actes de violence, lesquels n’ont pas cessé de recourir à ces méthodes en plein renforcement du blocus.
L’encouragement que représente la politique des États-Unis à commettre des actes de violence contre Cuba n’est pas sans fondement. Au contraire, il a été récurrent dans le contexte bilatéral et constitue un modèle de comportement que l’histoire a prouvé.
Comme Fidel l’a déclaré en 1998, lors d’un hommage émouvant et inoubliable aux victimes de l’attentat contre un avion de Cubana au large des côtes de la Barbade : « Ce que ne pourront jamais imaginer ceux qui commettent de grands crimes contre les peuples dans l’ivresse de leur impunité et dans le caractère éphémère de leur pouvoir, c’est que, tôt ou tard, la vérité se fraie un chemin ».
Trois années d’une administration démocrate qui agit en totale adhésion avec celle de son prédécesseur républicain confirment que l’hostilité à l’encontre de Cuba n’est pas le fait d’un parti, mais d’une politique enracinée dans les prétentions hégémoniques d’un empire incapable d’accepter la souveraineté de son petit voisin.
Si quelqu’un avait des doutes, il lui suffirait de lire les dispositions du Titre II de la Loi Helms-Burton qui, entre autres aspects, établit le maintien du blocus économique jusqu’à ce que le gouvernement révolutionnaire ait été renversé, que le Parti communiste de Cuba, les organisations politiques et de masse aient disparu et que les propriétés aient été restituées ou que quiconque ayant jamais possédé un bien à Cuba ait été indemnisé.
Le Titre stipule également que, pendant la période qui s’écoulera entre le renversement du pouvoir révolutionnaire et la restitution des biens, il y aura à Cuba un gouvernement de transition choisi et imposé par le gouvernement des États-Unis qui certifiera si les dispositions de cette loi perverse ont été respectées.
Malgré ces preuves irréfutables de l’arrogance absolue de l’empire, il ne manque pas de personnes qui sont prêtes à exiger ou à suggérer que Cuba fasse des gestes ou des concessions pour « aider » le gouvernement étasunien à adopter un comportement plus bienveillant et constructif.
Souvent, elles ignorent ou ne veulent tout simplement pas entendre parler de l’impact du blocus. Certaines ne le mentionnent même pas comme étant au coeur du conflit entre les deux pays et des obstacles qu’il impose à notre développement.
Plus de trente fois de suite, la plupart des gouvernements du monde ont soutenu, par un vote à l’Assemblée générale des Nations unies, la Résolution cubaine contre le blocus.
L’arrogance impériale méprise ce soutien international, tourne le dos à la revendication mondiale et maintient sa politique criminelle, qu’elle justifie par une construction discursive de doubles standards, mensongère et calomnieuse, qui, derrière une fausse préoccupation et un engagement à l’égard des problèmes du peuple cubain, cache ses véritables intentions de détruire la Révolution à tout prix.
Avec la solidarité et la compréhension d’une grande partie de la communauté internationale, Cuba fait face aux effets du blocus.
Aujourd’hui, il nous appartient de faire face à la convergence de ces problèmes avec les séquelles de la pandémie et de la crise mondiale. Nous le ferons avec détermination et fermeté, avec intelligence et intégralité, avec optimisme et confiance, en partageant efforts et contributions de tous, dans un contexte défavorable, mais avec la certitude que nous surmonterons les défis par le travail, le talent et la créativité, en d’autres termes, par une résistance créative (Applaudissements).
Tel le dinosaure de Monterroso, le blocus sera toujours là, désormais mille fois plus sévère, stoppant nos rêves, dressant des obstacles, entravant le développement et la prospérité que nous méritons, parce que le gouvernement des États-Unis reste marqué par le manque de volonté politique de progresser vers une relation avec Cuba qui soit respectueuse et attachée à la Charte des Nations unies et au Droit international. L’objectif est de couper l’accès aux capitaux et aux financements, d’étouffer l’économie et de détériorer ainsi la capacité du gouvernement à répondre aux besoins fondamentaux de la population.
L’effet de cette politique est visible dans la dépression de plusieurs services essentiels, notamment l’électricité, la santé, l’éducation, l’approvisionnement en eau, les services communaux, les transports publics, la production d’aliments et de médicaments, qui nécessitent tous l’importation d’équipements, de pièces détachées, de combustibles ou de matières premières, pour lesquels les maigres ressources financières sur lesquelles nous pouvons compter sont insuffisantes.
Même si la gestion économique de l’État était la plus efficiente et la plus efficace au monde, ce dont aucun gouvernement ne peut se prévaloir, nombre de nos problèmes persisteraient à cause du blocus, comme en témoignent la contraction des approvisionnements destinés à la consommation de la population, le niveau d’inflation et le pouvoir d’achat insuffisant de la majorité de la population. Tel est l’objectif de la guerre économique, et les résultats se matérialisent clairement, même s’ils ne parviennent pas à atteindre l’objectif que s’est fixé l’impérialisme depuis le triomphe de la Révolution.
Outre les actions constantes de subversion et de désinformation contre Cuba, l’objectif est de briser le pays, de provoquer la décomposition sociale et de générer l’ingouvernabilité, un objectif qu’ils ne sont absolument pas parvenus à atteindre.
Compatriotes,
Au cours des débats de ces derniers jours, des critiques et des autocritiques ont été formulées sur les erreurs commises. Ces erreurs font également partie de la complexité de la prise de décision dans un contexte de tensions extrêmes.
Dans une sorte de tempête parfaite, le désir de surmonter la situation défavorable, la corrélation entre les variables économiques, la volonté de préserver les acquis sociaux et la disponibilité très limitée, voire nulle, de devises étrangères se rejoignent très souvent. Tout cela a été servi de terreau à la prise de décisions non intégrales, qui provoquent des incompréhensions logiques et ont des impacts négatifs en raison de leur application dans des conditions défavorables, ce que beaucoup considèrent comme la cause de tous les problèmes, sans être réellement les seules ou même les plus décisives.
Au cours de ces journées, nous avons parlé d’efforts qui n’ont pas encore débouché sur des solutions, de mesures qui n’ont pas porté leurs fruits, de prévisions qui n’ont pas abouti.
Tout comme nous reconnaissons des erreurs dans la conception et la mise en oeuvre inadéquate de la Tâche de réorganisation, nous avons remis en question l’approbation de nouveaux acteurs économiques sans la précision des règles de fonctionnement, ce qui aurait pu éviter de nombreuses déviations.
Il est également important de souligner que le manque de contrôle et de défense des normes adoptées et le fonctionnement inadéquat des organes de l’État chargés de leur exécution ont renforcé les erreurs. Il s’agit à présent d’avancer sur la voie de la rectification progressive.
La coïncidence de ces problèmes et leur accumulation au fil du temps ont facilité la présence de phénomènes et de manifestations négatives dans la société cubaine que nous ne souhaitons pas.
Une fois de plus, il est temps de rectifier. La rectification est un processus inhérent à la Révolution.
De l’idéologie et des actions du commandant en chef Fidel Castro Ruz et du général d’armée Raul Castro Ruz nous avons appris l’importance d’une correction en temps voulu face à toute situation susceptible de compromettre l’avenir de la construction socialiste.
Il s’agit d’une pensée qui s’est consolidée depuis des années. En 1986, le Commandant en chef [Fidel Castro] avait lancé un profond processus de rectification des erreurs et des tendances négatives, qui n’avait pas pu être mené à bien en raison du début de la Période spéciale, à l’époque où le pays avait dû se concentrer sur cette étape difficile afin de sauver les conquêtes de la Révolution et du socialisme.
En 2000, Fidel lui-même nous a exhortés à changer tout ce qui devait être changé, avec le sens de ce moment historique, et cinq ans plus tard, en 2005, depuis l’université de La Havane, il nous avertissait que nous pourrions détruire la Révolution nous-mêmes si nous ne corrigions pas les erreurs et les déviations.
Pour sa part, le général d’armée Raul Castro Ruz a également attiré l’attention sur des distorsions qui se sont manifestées au cours notre processus. Ses références à la lutte contre la corruption, le travail bâclé et les indisciplines sociales conservent toute leur pertinence dans les circonstances actuelles.
Nous sommes les protagonistes et les témoins de décisions cruciales. Les questions les plus importantes pour le présent et l’avenir de la nation ont été abordées ici.
Les débats de cette session de l’Assemblée nationale ont plongé au plus profond des problèmes du pays, en envisageant les pistes de sortie possibles et des solutions à la situation actuelle.
Compatriotes,
L’efficacité des mesures que nous devons mettre en oeuvre en 2024 en vue d’accélérer la reprise économique dépend de tout ce que nous ferons pour générer davantage de richesses, avec des incitations au travail et une meilleure distribution des ressources. Du succès de leur mise en oeuvre dépendra également les progrès réalisés dans l’élimination des principales distorsions qui compromettent aujourd’hui les perspectives de croissance économique et de développement du pays à court, moyen et long terme.
Aucune mesure ne résout à elle seule tous les problèmes, y compris toutes dans leur ensemble peuvent, dans un premier temps, aggraver certaines difficultés.
Le défi consiste à les mettre en oeuvre de manière organisée, en évaluant leur impact, en ajustant systématiquement le processus et en garantissant un traitement différencié à ceux qui risqueraient d’être les plus touchés, c’est-à-dire les personnes et les familles vulnérables, les enfants, les adolescents et les jeunes, les femmes et les personnes âgées, ainsi que les retraités et les pensionnés.
Ces décisions et d’autres qui découleront certainement des décisions actuelles doivent, à moyen terme, remettre de l’ordre dans les indicateurs macroéconomiques et placer le pays dans une situation plus favorable nous permettant d’aller de l’avant en 2024, en ouvrant les portes à l’espoir et à la prospérité que nous nous devons.
J’ai entendu et lu sur les réseaux sociaux toutes sortes d’opinions sur des mesures qui ont à peine été esquissées. C’est compréhensible. Il s’agit de décisions complexes, de même que le moment est complexe. Des explications plus complètes et plus détaillées seront fournies dans les prochains jours dans nos médias et sur nos plateformes. Mais j’affirme avec force qu’en aucun cas il n’existe de paquet néolibéral contre le peuple, ni de croisade contre les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), ni d’élimination du panier alimentaire de base, comme la contre-révolution en fait courir déjà le bruit sur les réseaux sociaux (Applaudissements).
Nombreux sont ceux qui pensent que le Nouvel An ne sert qu’à annoncer de bonnes nouvelles. Rien ne nous ferait plus plaisir que de leur annoncer que les salaires vont augmenter et que nous aurons assez de devises et de carburant pour en finir avec l’anxiété que provoquent les pénuries. Malheureusement, nous savons tous que ce n’est pas possible.
Cette Révolution a commencé par dire au peuple ce qui suit au moment de la plus grande célébration et de la plus grande joie : « La joie est immense. Et pourtant, il reste encore beaucoup à faire. Ne nous leurrons pas en croyant qu’à l’avenir tout sera facile ; peut-être qu’à l’avenir tout sera plus difficile. »
Telles ont été les paroles de Fidel dans les premières heures du triomphe révolutionnaire en 1959. C’est ainsi que nous avons agi au cours des 65 années écoulées et c’est ainsi que nous agirons, nous, les continuateurs de la Révolution (Applaudissements).
Nous sommes conscients de la gravité de la situation économique et de la nécessité d’agir pour y remédier. Ce serait une mauvaise, une très mauvaise nouvelle si nous restions paralysés ou si nous nous obstinions à suivre une voie qui s’est avérée impraticable parce qu’insoutenable.
Félix Martinez a eu raison de rappeler ici une mise en garde du général d’armée [Raul Castro] lors d’une session de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire en décembre 2010, lorsqu’il avait déclaré : « Même si nous avons compté sur l’héritage théorique marxiste-léniniste, où la faisabilité du socialisme est scientifiquement prouvée, ainsi que sur l’expérience pratique des tentatives de sa construction dans d’autres pays, l’édification de la nouvelle société dans l’ordre économique est, à mon humble avis, un voyage vers l’inexploré — vers l’inconnu —, c’est pourquoi chaque étape doit être soigneusement étudiée et planifiée avant l’étape suivante, où les erreurs sont corrigées opportunément et rapidement, afin de ne pas laisser la solution au temps, qui les augmentera et, en fin de compte, nous le fera payer encore plus cher. »
Les dirigeants du Parti et du gouvernement, depuis les municipalités jusqu’à la nation, ont abordé la question avec sincérité, transparence et un sens aigu de la responsabilité qu’il incombe à chacun. Nous avons entendu ici le premier ministre exprimer son insatisfaction face à l’échec de ce qui avait été planifié et au fait que les mesures et les décisions prises antérieurement n’avaient pas donné de résultats positifs.
Nous pouvons témoigner de la volonté déclarée du gouvernement de préserver le plus haut niveau possible de justice sociale et de notre engagement depuis toujours et à jamais envers le peuple cubain (Applaudissements).
Sans aucun doute, certaines choses auraient pu être faites plus tôt. Mais dans un système socialiste, dans un pays comme le nôtre soumis à un blocus intensifié, dans une économie planifiée et dans une démocratie à laquelle le peuple participe, les décisions requièrent un certain niveau de consensus et de maturité pour être mises en oeuvre.
Le pays dispose d’un État qui a un haut niveau de responsabilité auquel il ne se soustrait pas. Ce gouvernement propose, informe, consulte et attend de ses députés et de tout le peuple qu’ils le soutiennent dans la mise en oeuvre des décisions qui nous permettraient de sortir le plus rapidement possible de la situation complexe actuelle.
Des cadres et des fonctionnaires du Parti et du gouvernement ont participé à la conception et l’élaboration de ces décisions, soutenus par des intellectuels, des universitaires, des spécialistes, des professeurs d’université, et nous avons également tenu compte de l’opinion populaire pour tout ce qui doit être changé.
La suppression progressive de certaines subventions et les modifications dans la politique fiscale, entre autres, visent à corriger certaines déviations et distorsions insupportables dans la conjoncture économique actuelle. Il s’agit d’ajustements qui permettront de mieux utiliser les maigres ressources financières disponibles.
Mesdames et messieurs les députés,
Sur la base de l’effort personnel et collectif, en regardant vers l’intérieur et en nous développant grâce au travail, il est prévu pour l’année 2024 une croissance des niveaux d’activité, décisive pour le pays, bien qu’encore insuffisante pour répondre à la demande.
Il sera impératif d’exiger que les institutions de l’État s’acquittent de leurs fonctions dans tous les domaines et que le travail s’organise depuis les communautés et les municipalités.
Il convient d’accorder une attention particulière à la production alimentaire, afin de répondre aux besoins territoriaux de chaque localité, de relancer le tourisme, d’enrayer le déclin de l’industrie sucrière, de confier à l’État le contrôle des devises et du marché des changes et de réorganiser le système financier, en garantissant des niveaux d’autofinancement et de gestion des devises à ceux qui les génèrent.
Quant à l’entreprise d’État socialiste, il faudra accélérer les transformations essentielles visant à modifier progressivement les mécanismes d’affectation de ressources et le cadre institutionnel dans lequel elles opèrent, dans le but de progresser dans leur autonomie réelle, de récupérer les niveaux d’efficience des principales activités économiques et de parvenir à leur développement durable, ainsi qu’à leur enchaînement effectif avec le secteur non étatique.
Le système d’entreprises doit être prêt à faire tout son possible pour stimuler la production de biens et de services susceptibles d’élargir l’offre, en faisant bon usage des pouvoirs qui lui ont été accordés. Le peuple attend des entrepreneurs cubains qu’ils se donnent à fond pour leur pays.
Il est également important de développer les MPME d’État, conçues comme des structures plus souples et plus dynamiques, capables de mieux s’adapter aux défis actuels.
Concernant les formes de gestion non étatiques, je voudrais rappeler qu’elles font partie du secteur des entreprises du modèle économique et social approuvé par la Constitution de la République. À cet égard, il faut faire en sorte qu’elles comptent sur les moyens nécessaires pour contribuer, comme prévu, au développement économique et social du pays.
Nous réaffirmons une fois de plus que les politiques publiques de l’État et du gouvernement doivent être respectées par tous les secteurs et que nous ferons résolument face à la prétention de l’ennemi de briser l’unité et de dresser le secteur non étatique de l’économie contre la Révolution.
Pour faire face avec succès à ces intentions, il faut des règles claires, cohérentes et adaptées aux objectifs de tous les acteurs économiques, afin d’éviter les distorsions et les tendances négatives.
Je ne m’étendrai pas sur ces questions, car le premier ministre et le ministre de l’Économie les ont déjà longuement développées. Il nous appartient à présent de créer les conditions nécessaires à la mise en oeuvre des décisions, en expliquant, en argumentant et surtout en veillant à ce que chacune d’elles serve l’objectif supérieur de surmonter les difficultés économiques du pays.
Compañeras et compañeros,
Je voudrais à présent aborder les progrès réalisés dans l’exercice législatif. À cet égard, l’ordre du jour de cette session de l’Assemblée a été fructueux. Nous avons adopté trois lois importantes dans le respect du calendrier et pour mettre en oeuvre le contenu constitutionnel.
Je tiens en particulier à souligner la nouvelle Loi sur la Santé publique, qui consacre le principe d’une Santé unique, et la responsabilité de l’État de garantir son accès, ainsi que la gratuité des services de soins, de protection et de réadaptation qui sont dispensés.
Cette disposition normative met à jour le fonctionnement du Système de santé cubain, qui s’appuie sur les progrès de la science et de l’innovation dans ce secteur social stratégique.
La Loi développe de manière exhaustive le contenu des droits énoncés dans la Constitution, en reconnaissant la dignité humaine comme valeur suprême, ainsi que le droit à la vie, à l’intégrité physique et morale, à la liberté, à la justice, entre autres. Elle reconnaît également la responsabilité de la société et des familles dans la jouissance de ces droits fondamentaux.
En outre, et pour la première fois dans le système juridique cubain, la Loi sur le système d’attention aux plaintes et aux requêtes des personnes a été adoptée. Cette Loi développe également des postulats constitutionnels. Et même si elle ne résoudra pas à elle seule les problèmes et les insatisfactions de la population, il ne fait pas de doute qu’elle accélère, perfectionne et institutionnalise cette activité avec de meilleures garanties pour les citoyens.
Quant à la Loi sur le Parquet militaire, elle complète l’organisation du Parquet général de la République, adapte l’organisation, la structure et le fonctionnement du Parquet militaire aux exigences constitutionnelles et renforce son rôle au sein des institutions armées.
Cette Loi complète un cycle institutionnel du système de justice des organes de l’État, notamment ceux liés à l’enquête, au contrôle et à l’exercice de l’action pénale.
Cette session a également approuvé le réajustement du Calendrier législatif pour 2024.
Au cours de l’année qui s’achève, d’importantes lois pour la nation ont été adoptées, ce qui ratifie la volonté de l’État de continuer à développer et à perfectionner l’activité législative, conformément à la Constitution et au renforcement institutionnel du pays.
Il convient de souligner à l’ordre du jour de cette Assemblée l’analyse de la mise en oeuvre de deux normes approuvées par ce Parlement : le Code des Familles et la Loi de Procédure Pénale.
L’analyse du Code des familles a permis de constater l’oeuvre de justice sociale que cette norme comporte, dans un domaine aussi important que les droits de toutes les personnes et pour tout type de familles.
Le travail accompli par les institutions chargées de son application est considérable, néanmoins il est nécessaire qu’elles continuent à se former pour être plus efficaces et à contribuer à une meilleure connaissance et compréhension de la loi au sein de la société.
Quant à la Loi sur la procédure pénale, les évaluations réalisées indiquent la nécessité de poursuivre son étude en vue d’un prochain perfectionnement, sur la base des expériences tirées de son application.
Cette norme a contribué à apporter de meilleures garanties à la procédure pénale et a contraint ses opérateurs à agir en conséquence, ce qui exige de ceux-ci une formation permanente en vue de sa mise en oeuvre effective.
Compatriotes,
La présidence du Groupe des 77 et la Chine, assumée par Cuba depuis le mois de janvier, a exigé un effort considérable de la part de nos institutions et du pays en général. Elle reflète notre engagement à défendre les causes des pays du Sud global et notre volonté de mobiliser nos énergies pour assurer la représentation la plus efficace des intérêts des nations en développement sur la scène internationale.
Elle a démontré l’autorité et le leadership de la diplomatie cubaine, son attachement aux principes, à la promotion du dialogue et à la coopération, et sa capacité à dégager des consensus et à défendre l’unité des pays en développement lors des nombreux événements multilatéraux qui ont eu lieu cette année.
Nous continuerons à dénoncer avec la plus grande fermeté le massacre perpétré aujourd’hui par Israël, la puissance occupante, contre le peuple palestinien (Applaudissements). Je réaffirme aujourd’hui que Cuba ne fera jamais partie des indifférents et que nous défendrons toujours le droit de ce peuple héroïque à l’autodétermination et à un État indépendant et souverain, avec les frontières d’avant 1967 et Jérusalem-Est comme capitale.
Pour ce faire, il faut mettre un terme à l’impunité que les États-Unis garantissent à Israël ! Le génocide doit cesser ! Pour une Palestine libre, la voix de Cuba s’élèvera toujours (Applaudissements).
Le Sommet des chefs d’État et de gouvernement du groupe des 77 et la Chine, qui s’est tenu ici à La Havane en septembre, a renforcé la voix du Groupe en tant qu’acteur clé dans les discussions internationales. La réunion a confirmé la solidarité, l’admiration et le respect pour Cuba.
Le récent Sommet des dirigeants du Groupe des 77 et la Chine dans le cadre de la Conférence des Parties à la COP28 sur le changement climatique, à Dubaï, a confirmé ce leadership avec ses excellents résultats.
Cet événement, sans précédent dans l’histoire du groupe, a contribué à renforcer le rôle du bloc dans les négociations sur le climat.
En tant que représentant du Groupe, Cuba a participé au plus haut niveau à la réunion au Sommet de Paris pour analyser les questions monétaires et financières, au Sommet des pays du groupe des BRICS et à diverses réunions tenues dans le cadre du segment de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Ce militantisme constructif en matière de politique extérieure s’est également reflété dans notre participation au processus de paix entre le gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale, dont la table de dialogue a tenu l’un de ses cycles dans la capitale cubaine cette année.
Nous avons continué à renforcer les liens d’amitié et de coopération avec les peuples et les gouvernements de différentes latitudes.
Malgré les efforts des États-Unis pour l’en empêcher, auxquels se sont joints plusieurs éléments anti-cubains en Europe et aux États-Unis eux-mêmes, Cuba a été réélue, avec un large soutien, au Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies.
L’élection de Cuba au Conseil exécutif de l’UNESCO, avec un très grand nombre de voix, a également été une grande satisfaction.
La 4e Conférence de la Nation et de l’Émigration s’est avérée très fructueuse. Elle a réaffirmé l’engagement permanent de progresser vers une relation de plus en plus étroite, naturelle et intégrale avec les Cubains résidant dans d’autres pays.
Chers compatriotes,
Avant de conclure, je vous demande d’applaudir chaleureusement pour féliciter et saluer les éducateurs cubains en cette journée qui leur est dédiée (Applaudissements prolongés). Pour ceux qui sont ici, qui ne sont pas peu nombreux, et pour tous ceux qui ont exercé ou exercent la belle profession d’enseignant, conscients qu’ils ont entre les mains l’oeuvre la plus transcendante et la plus importante de la société : la formation des générations futures (Applaudissements).
Tout d’abord, que ces félicitations pour la Journée de l’Éducateur aillent aux alphabétiseurs (Applaudissements), et avec eux, les applaudissements reconnaissants à ceux qui ont résisté, de pied ferme, aux difficultés, aux pénuries et même aux insensibilités de ceux qui oublient qu’être enseignant, c’est être créateur. Un grand merci à vous qui soutenez par votre travail et votre dévouement l’un des piliers fondamentaux de l’oeuvre de la Révolution ! (Applaudissements)
C’est cela la Révolution ! Lorsque nous prononçons cette phrase, qui résume 65 ans de création héroïque, nous pensons d’abord à la Santé et à l’Éducation. Ce sont les deux bras de l’oeuvre immense, fondamentale, de base, sur laquelle nous construisons, contre vents et marées, l’idéal d’une nation qui place l’être humain au centre de ses préoccupations et de ses inquiétudes. Et ce sera ainsi pour toujours, parce que la Révolution existera toujours, parce qu’elle est faite pour cela ! (Applaudissements).
Parce que la nation admire et reconnaît le rôle et la place des travailleurs de la Santé et de l’Éducation pour leur présent et leur avenir, ce seront les premiers à bénéficier de paiements supplémentaires, comme le premier ministre l’a annoncé dans son discours (Applaudissements).
À la veille d’une commémoration transcendante : la célébration du 65e anniversaire du triomphe de la Révolution, Cuba fera ses adieux à l’année avec la joie que ni les pires tempêtes de la nature ni l’empire n’ont pu nous enlever.
Nous allons célébrer notre volonté de changer ce qui doit être changé pour maintenir et dépasser les conquêtes sociales que la Révolution a transformées en droits du peuple ! (Applaudissements)
Nous allons célébrer notre indépendance, notre souveraineté et notre liberté ! (Applaudissements)
C’est cela la Révolution de Fidel, de Raul, de Ramiro, de Guillermo, de Machado, de la Génération héroïque du Centenaire de la naissance de l’Apôtre, dont les idées continuent de nous inspirer, et c’est la Révolution de nous tous qui sommes dans cette salle pour faire respecter la volonté du peuple héroïque, digne et rebelle que nous avons l’honneur de représenter (Applaudissements prolongés).
Il y a quelques jours, en relisant un discours du commandant en chef aux étudiants, à propos de l’approche de l’anniversaire de la FEU, j’ai trouvé quelques mots qui pourraient expliquer le mystère de cette Révolution qui a survécu 65 ans à des sièges et à des menaces de toutes sortes, sans perdre les rêves et les espoirs d’un monde meilleur possible.
Fidel a déclaré le 20 décembre 1982 : « On a toujours accusé les révolutionnaires de vouloir des choses impossibles, de vouloir des choses utopiques. Un jour, on a reproché à Marti d’être un rêveur, et Marti a répondu que les rêves d’aujourd’hui seront les lois de l’avenir. On a généralement dit que ces tâches étaient irréalisables, qu’elles étaient impossibles ; mais moi, dans ma vie de révolutionnaire, je peux dire que ce que l’on atteint dépasse souvent les rêves. »
Alors, ensemble, rendons possible le rêve de vaincre la politique de traque et d’encerclement de Cuba, rendons possible l’idéal de prospérité pour le peuple, qui a animé les révolutionnaires cubains de toutes les époques. Rendons possibles les rêves et même l’impossible ! (Applaudissements)
Merci, Général d’armée, d’être là et de toujours nous encourager à conquérir le prochain objectif. Vous qui, il y a 65 ans, êtes entré dans la caserne de la Moncada et avez fait en sorte que ses soldats se rendent sans un seul coup de feu, avec la force morale invaincue de la nouvelle Armée rebelle, vous nous avez enseigné à maintes reprises que oui, c’est possible si nous avançons unis ! Et c’est ce que nous ferons ! (Applaudissements prolongés).
C’est cela la Révolution, l’idée inébranlable que tous les rêves sont réalisables !
C’est cela la Révolution, celle de son digne peuple cubain !
C’est alors que s’imposent la volonté de travailler, le désir de progresser, la disposition à se perfectionner et la conviction profonde que nous allons vaincre !
La Patrie ou la mort !
Nous vaincrons !
(Exclamations « Nous vaincrons ! » et « Vive la révolution cubaine ! »)
(Applaudissements.)
(Granma)
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