Numéro 5
11 juillet 2023
Sommet de l’OTAN à Vilnius, Lituanie
Tentative de présenter une image de navigation sans heurts malgré les preuves du contraire
Plan en trois points pour l’adhésion de l’Ukraine
Pour essayer de faire croire que tout se passe bien à l’OTAN, le secrétaire général de l’alliance, Jans Stoltenberg, a déclaré que le sommet de Vilnius adopterait un plan en trois points pour rapprocher l’Ukraine de l’adhésion : 1) un programme d’assistance pluriannuel ; 2) des liens politiques renforcés ; et 3) un nouveau Conseil OTAN-Ukraine, avec la participation de l’Ukraine.
Il s’agit d’une tentative de sauver la face à un moment où, selon tous les comptes rendus sur l’état lamentable de la prétendue contre-offensive de l’Ukraine, c’est l’existence même de l’Ukraine en tant qu’État qui est remis en question. Les vagues références à l’« assistance » ne peuvent qu’être accueillies avec scepticisme, l’Ukraine s’étant déjà endettée au-delà du raisonnable et la majorité des pays de l’OTAN, sinon tous, se retrouvant eux-mêmes avec de graves difficultés sur les plans économique, financier et, dans bien des cas, politique également. Quant à l’engagement des pays de l’OTAN de continuer de fournir des armes, il est vide de sens puisque même les États-Unis n’ont pas de munitions à revendre et ont dû recourir à l’envoi de bombes à sous-munitions dont la durée de vie utile a expiré et qui mettent la population de l’Ukraine en danger plus que jamais.
La demande de l’OTAN que les pays membres augmentent leurs dépenses pour la défense vise clairement un autre objectif : soutenir les ambitions des États-Unis de dominer l’Asie, ce qui ne suscite guère d’intérêt puisque la plupart des pays ne veulent pas entrer en guerre avec la Chine, ni avec la Corée ou la Russie d’ailleurs. La seule chose qui pourrait sauver l’Ukraine est que l’OTAN veille à ce que l’Ukraine conclut un accord avec la Russie qui tienne compte de ses exigences en matière de sécurité. Sans cet engagement, la Russie ne s’arrêtera pas tant qu’elle n’aura pas atteint son objectif.
L’adhésion de la Suède dépend de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne
Le 10 juillet, l’OTAN a publié un communiqué de presse conjoint indiquant qu’un accord avait été conclu avec le président de la Turquie Recep Erdogan ouvrant la voie à l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Le communiqué ne mentionne pas que Recep Erdogan a clairement indiqué que l’approbation de la Turquie dépendait de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
« Je veux m’adresser aux pays qui nous ont fait attendre aux portes de l’Union européenne pendant 50 ans, a dit le président turc. Ouvrez d’abord la voie à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède, tout comme nous avons ouvert la voie à la Finlande. »
La proposition doit d’ailleurs passer par un vote du parlement turc. Les agences de presse indiquent qu’elle sera sans doute approuvée. La Hongrie n’a pas encore soumis l’adhésion de la Suède à l’OTAN au vote de son parlement.
La France réticente à l’expansion de l’OTAN vers l’Est
Selon les médias, des représentants du gouvernement français ont annoncé le 9 juillet que la France « n’est pas favorable, par principe », à l’extension du champ d’opérations de l’OTAN à l’Asie-Pacifique. « OTAN signifie Organisation du traité de l’Atlantique Nord », a déclaré un responsable français. Il a ajouté que la France ne soutiendrait pas l’adhésion du Japon à l’OTAN, disant que « même le tristement célèbre article 5 du traité du bloc fait spécifiquement référence au maintien de la sécurité de la zone de l’Atlantique Nord ».
La « stratégie Asie-Pacifique » de la Lituanie
Quelques jours avant le sommet de l’OTAN à Vilnius, la Lituanie a jugé bon de publier sa propre stratégie pour l’Asie et le Pacifique. La Chine a réagi en déclarant que cela montrait que l’OTAN a un ordre du jour caché contre la Chine. Selon la Chine, la partie la plus frappante de cette « stratégie » de 16 pages est sa déclaration sur la question de Taïwan, qui souligne que « le développement des relations économiques avec Taïwan est l’une des priorités stratégiques de la Lituanie ». La Lituanie a même honteusement tracé une « ligne rouge », affirmant que le statu quo dans le détroit de Taïwan « ne peut être modifié par le recours à la force ou à la coercition », note la Chine. Celle-ci a rappelé une fois de plus que la Chine est une entité unique, reconnue par les Nations unies et au niveau international et que Taïwan fait partie intégrante de la Chine. La Lituanie tente d’imposer unilatéralement une autre interprétation du statut de Taïwan en tant que partie intégrante d’une seule Chine et il est inapproprié de parler de recours à la force.
Des congressistes américains s’opposent à la fourniture de bombes à sous-munitions à l’Ukraine par les États-Unis
Dix-neuf membres du Congrès des États-Unis ont publié une lettre ouverte exprimant leur opposition à la décision de l’administration Biden de fournir des bombes à sous-munitions à l’Ukraine. Ils écrivent : « Nous pouvons continuer à soutenir la défense de nos alliés ukrainiens contre l’agression de la Russie et nous continuerons à le faire. Toutefois, ce soutien n’exige pas que nous affaiblissions le leadership des États-Unis en matière de défense des droits de l’homme dans le monde, que nous autorisions des dommages aveugles qui ne feront que mettre davantage en danger les civils ukrainiens, ou que nous nous éloignions de nos partenaires européens dans le conflit, qui sont signataires de la convention des Nations unies contre les armes à sous-munitions. »
L’annonce de l’administration Biden qu’elle fournira des armes à sous-munitions va à l’encontre des restrictions imposées par le Congrès sur le transfert de ces armes, indique la lettre ouverte. Le fait est que l’administration Biden n’a pas signé cette restriction dans la loi sans ajouter au préalable une clause autorisant des exceptions. C’est pourquoi, selon la lettre ouverte, cette décision « porte gravement atteinte à notre leadership moral ». Elle souligne le travail qu’il reste à accomplir pour pousser les États-Unis à rejoindre la communauté internationale dans l’interdiction de l’utilisation des armes à sous-munitions.
Non seulement cette décision est immorale, mais l’utilisation par Joe Biden de ses pouvoirs de police pour passer outre le Congrès, pouvoirs utilisés depuis le 11 septembre, montre également que le rôle législatif du Congrès américain ne vaut plus rien. Le président américain peut agir en toute impunité dans les domaines de la guerre et de la paix, du crime et de la punition, et c’est un problème auquel sont confrontés non seulement les citoyens des États-Unis, mais aussi l’humanité.
Le premier ministre cambodgien s’élève contre l’utilisation des bombes à sous-munitions
Le 9 juillet, le premier ministre du Cambodge Hun Sen a évoqué la « douloureuse expérience » de son pays, où les États-Unis ont tué ou mutilé des dizaines de milliers de personnes dans les années 1970 en larguant des millions de bombes sur le Cambodge et le Laos dans le but de frapper les bases communistes.
« Par pitié pour le peuple ukrainien, j’appelle le président américain, en tant que fournisseur, et le président ukrainien, en tant que destinataire, à ne pas utiliser de bombes à sous-munitions dans la guerre, car les vraies victimes seront les Ukrainiens », a-t-il déclaré.
Quelque 20 000 Cambodgiens sont morts à cause de ces bombes au cours des quatre dernières décennies.
La France s’engage à fournir à l’Ukraine des missiles de croisière à longue portée
Le 11 juillet, le président français Emmanuel Macron, à son arrivée au sommet de l’OTAN à Vilnius, a déclaré que la France enverra des missiles de longue portée à l’Ukraine. Ces missiles ont une portée de 250 km, ce qui leur permet de pénétrer plus loin derrière les lignes russes, et notamment d’atteindre la Crimée, provoquant ainsi une escalade du conflit. Les missiles proviendraient des stocks militaires français existants, a déclaré une source militaire française à la presse, ajoutant qu’il s’agirait d’un « nombre significatif », une autre source citant le chiffre de 50.
Les missiles de croisière ont été développés conjointement par la France, qui les appelle Scalp, et la Grande-Bretagne, qui les appelle Storm Shadows. La Grande-Bretagne a déjà envoyé une cargaison de missiles de croisière à l’Ukraine le 11 mai, le ministre britannique de la défense, Ben Wallace, ayant déclaré à cette occasion que la fourniture britannique de Storm Shadows suffirait à répondre à la demande actuelle de l’Ukraine.
Jusqu’à présent, les États-Unis ont refusé à plusieurs reprises de fournir à l’Ukraine des missiles du système de missiles tactiques de l’armée d’une portée de 297 km, affirmant que l’Ukraine pourrait les utiliser pour frapper à l’intérieur des frontières internationalement reconnues de la Russie.
Rencontre entre le président chinois et le président du Conseil de la Fédération de Russie
Le 10 juillet, le président chinois Xi Jinping a rencontré la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matviyenko, en visite à Pékin. Cette dernière est en Chine pendant quatre jours, du 9 au 12 juillet, au cours desquels elle participera à la huitième réunion du comité de coopération parlementaire Chine-Russie.
« Durant ma visite d’État en Russie en mars cette année, le président Vladimir Poutine et moi sommes parvenus à un nouveau consensus important sur l’approfondissement de la coordination stratégique globale bilatérale et de la coopération pragmatique dans divers domaines », a déclaré Xi Jinping au cours de la réunion, notant que le développement des relations Chine-Russie est un choix stratégique que les deux pays ont fait sur la base des intérêts fondamentaux de leurs pays et de leurs peuples respectifs.
La Chine continuera à travailler avec la Russie pour développer un partenariat stratégique global de coordination pour une nouvelle ère, caractérisé par l’assistance mutuelle, l’intégration en profondeur, l’innovation et des résultats gagnant-gagnant pour tous, afin de stimuler le développement et la revitalisation des deux pays et de promouvoir la construction d’un monde prospère, stable, juste et équitable, a déclaré Xi Jinping.
Valentina Matviyenko a ditque le partenariat stratégique global de coordination entre la Russie et la Chine était conforme aux intérêts des deux pays et à la volonté des deux peuples, qu’il avait atteint le niveau le plus élevé de l’histoire et qu’il continuait de se développer de manière stable. La visite d’État réussie du président Xi Jinping en Russie en mars de cette année a insufflé un fort élan au développement des relations russo-chinoises.
Le Conseil de la Fédération de Russie soutient l’approfondissement de la coopération entre la Russie et la Chine et est disposé à renforcer les échanges avec l’Assemblée nationale populaire de Chine afin de fournir une garantie juridique pour la mise en oeuvre du consensus des deux chefs d’État, a déclaré Valentina Matviyenko.
Ce que disent des experts russes en matière de politique étrangère
Des experts en matière de politique étrangère de Russie ont fait part d’opinions diverses sur ce que devrait faire la Russie face à la tentative des États-Unis et de l’OTAN de la détruire et de détruire ce qu’ils appellent la civilisation russe.
Le 27 juin, le professeur Sergeï Karaganov, président honoraire du Conseil russe de la politique étrangère et de défense, a écrit que la Russie devait envisager de recourir à la menace des armes nucléaires. Dans un article intitulé « Une décision difficile mais nécessaire pour la Russie dans les affaires mondiales », il soutient que le meilleur moyen pour la Russie de forcer les États-Unis/OTAN à reculer sera de raviver la peur de l’escalade atomique. Cela renvoie à la politique de la guerre froide, alors que la situation actuelle n’est plus la même et que les relations entre les puissances mondiales ne sont plus les mêmes non plus. Aujourd’hui, penser qu’un équilibre peut être maintenu en utilisant la dissuasion nucléaire révèle une incapacité à analyser les conditions actuelles et à s’appuyer sur les peuples du monde pour résoudre les problèmes de la menace existentielle auxquels l’humanité est confrontée dans cette période de transition.
Une semaine plus tard, Ivan Timofeev, considéré comme « une étoile montante parmi les experts en politique étrangère liés au Kremlin », serait « intervenu pour modérer les propos glaçants de Karaganov ». Il écrit que la voie vers l’avant est de « poursuivre la diplomatie active du président russe Poutine pour construire des relations constructives avec les États-Unis et l’UE sur tous les fronts ». Cela repose sur l’espoir que « la région de l’ex-URSS reste un champ de coopération neutre ». L’espoir de Vladimir Poutine s’est évanoui au fur et à mesure qu’il devenait évident que les États-Unis/OTAN/UE étaient de moins en moins ouverts à la Russie.
Faire reposer les espoirs de la Russie sur une position qui, de l’aveu même de l’auteur, est sans espoir, semble être une voie assez désespérée. Cela ne signifie pas pour autant que la diplomatie active du président russe soit sans intérêt. Elle montre que toutes les voies sont explorées pour offrir une issue non seulement à la Russie, mais aussi à l’Ukraine, à l’Europe et à l’humanité elle-même.
De son côté, Dmitri Medvedev, ancien président de la Russie et vice-président du Conseil de sécurité de Russie, a déclaré : « Nous sommes prêts à rechercher des compromis raisonnables », « à certaines conditions ».
« Tout d’abord, nos intérêts doivent être pris en compte au maximum : il ne doit plus y avoir d’anti-Russie en principe. Le régime nazi de Kiev doit être anéanti. Ce qui le remplacera, nous ne le savons pas, de même que (nous ne savons pas) ce qui restera de l’ancienne Ukraine indépendante.
« Deuxièmement, tous les résultats durement acquis de la confrontation totale devraient être consolidés dans un nouveau document tel que l’Acte d’Helsinki (1975).
« Troisièmement, il est probable qu’un réassemblage minutieux des Nations unies et d’autres organisations internationales soit nécessaire. Cela n’est possible que si les droits des membres permanents du Conseil de sécurité sont pleinement respectés. »
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