10 septembre 2024
L’Assemblée nationale du Québec reprend ses travaux
Prolongement de l’autorité et du contrôle des États-Unis sur les ressources naturelles du Québec : une mauvaise nouvelle pour le Québec
L’Assemblée nationale du Québec reprend ses travaux aujourd’hui, 10 septembre, et ce jusqu’au 6 décembre. Les médias se font l’écho de commentaires et de spéculations sur la démission du ministre de l’Industrie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, surnommé le « super ministre » parce qu’il a les doigts dans plusieurs poches. En attirant l’attention sur cette démission, les partis cartellisés de l’opposition et les médias détournent l’attention des mesures de braderie antinationales prises par le gouvernement soi-disant « nationaliste » de la Coalition Avenir Québec. Pour rassurer le gouvernement des États-Unis et les intérêts liés à l’industrie de guerre américaine, de grands efforts sont déployés pour démontrer que le Québec est un partenaire volontaire et ouvert aux affaires sur lequel ils peuvent compter pour atteindre leurs objectifs.
Cette session est le mi-mandat du gouvernement Legault, deux ans après sa réélection, et les commentateurs affirment qu’elle ne sera pas facile. Les partis d’opposition ont fait de grandes déclarations sur le début de la fin du règne du gouvernement, ou se sont précipités en mode élections partielles pour exposer leurs produits, etc.
La session d’automne s’ouvre également après un été marqué par des augmentations du coût de la vie, une forte opposition à la pénurie de logements abordables et salubres pour toutes et tous, le refus du gouvernement d’accéder aux demandes des infirmières qui réclament des conditions de travail décentes pour garantir des soins pour tous. Aujourd’hui, avec le début de la nouvelle année scolaire, le secteur de l’éducation est gravement désorganisé et les enseignants, le personnel scolaire, les élèves et les parents sont confrontés au chaos, en raison de l’expansion rapide de la privatisation et de la destruction du système public. Le tout est accompagné par des invectives anti-immigrantes du gouvernement Legault et des mesures prises en collaboration avec le gouvernement fédéral Trudeau, qui, pour sa part, veut conserver des sièges au Québec face à une crise de légitimité et de crédibilité à l’échelle du pays.
Entre-temps, la braderie des ressources naturelles du Québec, qui s’est intensifiée à la suite de l’annonce du Pentagone d’investir dans le projet d’exploitation du graphite de La Loutre, dans la région de la Petite-Nation, continue de susciter de l’opposition. Le graphite est un minéral crucial indispensable à la machine de guerre, dont les États-Unis sont très dépendants des importations en provenance du Québec[1]. Face à la forte opposition des résidents locaux, le gouvernement Legault manipule une « évaluation de l’acceptabilité sociale » pour maintenir le projet.
Le premier ministre Legault a participé activement à la réunion du Conseil de la fédération qui s’est tenue du 15 au 17 juillet à Halifax, en Nouvelle-Écosse, au cours de laquelle tous les premiers ministres ont uni leurs forces pour obtenir tout ce qu’ils pouvaient du gouvernement fédéral. La déclaration finale du Conseil a néanmoins clairement indiqué que le Canada et le Québec sont ouverts aux affaires et que l’exploitation de nos ressources naturelles pour les plans de guerre de l’OTAN et des États-Unis sera accrue. Pas plus tard que le 2 septembre, le ministre Fitzgibbon lui-même a déclaré qu’il était en discussion avec le département de la Défense des États-Unis.
Selon les médias monopolisés, la « chose principale » que les gens sont censés retenir à l’approche de la session d’automne de l’Assemblée nationale, malgré le départ du super ministre Fitzgibbon, c’est que l’économie « roule très bien », que la croissance est « beaucoup plus élevée que prévu » et que ses autres dossiers progressent également bien. La ministre Christine Fréchette, qui prend la relève de Pierre Fitzgibbon, sera à la hauteur pour poursuivre les mêmes priorités, dit-on, mais avec un style différent.
Tout cela peut réconforter la classe dirigeante, mais c’est un bien maigre réconfort pour la classe ouvrière et le peuple québécois qui doivent assumer toutes les conséquences de la porte tournante entre le gouvernement et les grandes entreprises, qui fonctionne bien pour s’assurer que le gouvernement fait partie des grandes entreprises. Les travailleurs sont tellement pris à tenter de contrôler l’anarchie et à s’assurer que la santé et la sécurité de la population sont protégées, qu’ils sont relégués au rôle de spectateurs des manigances qui rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres et qui entraînent le Québec dans la machine de guerre des États-Unis, pour laquelle les Québécois paient cher en augmentation de coûts de toutes sortes.
Comme les enseignants qui tirent la conclusion qu’aucun effort ne peut régler l’anarchie dans les écoles, partout au Québec les gens constatent qu’ils doivent s’organiser pour intervenir à leur avantage. Dans l’état actuel des choses, les récits de la classe dirigeante à l’occasion de la nouvelle session de l’Assemblée nationale révèlent ce à quoi il faut s’attendre au cours des prochains mois. À savoir que le gouvernement consacrera l’essentiel de son énergie à continuer de priver les Québécois de ce qui leur revient de droit dans tous les aspects de la vie qui contribuent à leur sécurité et à celle de leurs familles, tout en se moquant du besoin du Québec d’un pouvoir décisionnel indépendant et souverain par, du et pour le peuple.
Les tentatives de légitimer le contrôle croissant de l’impérialisme américain sur le territoire, les ressources et la population du Québec au cours de cette session parlementaire démontreront une fois de plus que les Québécois doivent eux-mêmes s’engager dans le renouveau démocratique du processus de prise de décision et déterminer qui est au service du gouvernement. Plus l’économie du Québec s’intègre rapidement aux corridors et aux chaînes d’approvisionnement de l’impérialisme américain en matière d’énergie, de transport, de communications et de sécurité, plus l’opposition de la classe ouvrière et du peuple se fera sentir.
Note
Extrait du communiqué de presse publié par les premiers ministres du Canada cet été
Les premiers ministres des provinces et territoires présents à la réunion du Conseil de la fédération qui s’est tenue à Halifax, en Nouvelle-Écosse, du 15 au 17 juillet, ont publié un communiqué de presse le dernier jour de la réunion, sous le titre intéressé de « Les premiers ministres discutent des moyens, pour les gouvernements, de travailler ensemble afin de mieux soutenir les Canadiens ». Ce communiqué tire la sonnette d’alarme quant à ce qui attend les Canadiens en cette période pleine de dangers. L’extrait suivant du communiqué traite spécifiquement de la servilité des provinces et des territoires envers les États-Unis. Il mérite d’être lu et discuté par les travailleurs de tout le pays pour comprendre que, quel que soit le parti cartellisé qui prendra les rênes du gouvernement lors des élections qui auront lieu cet automne, ou de la campagne électorale qui a ostensiblement déjà commencé au niveau fédéral, seul le peuple défendra les intérêts du peuple. C’est maintenant qu’il faut s’organiser !
Souveraineté et sécurité dans l’Arctique
Un Canada fort et sûr est tributaire d’un Nord canadien fort et sûr. Les premiers ministres saluent la mise à jour de la politique de défense par le gouvernement fédéral et ses éventuelles retombées pour le Nord. Les relations commerciales et économiques du Canada avec les États-Unis reposent sur le fait que le Canada est un allié et un partenaire fort, solide et sécuritaire.
Les premiers ministres ont également souligné qu’il fallait faire davantage pour préserver la sécurité et la souveraineté de l’Arctique et montrer l’engagement du Canada à l’égard du Nord canadien et de ses habitants. Cela inclut l’optimisation des actifs fédéraux sous-utilisés et la poursuite des investissements dans des infrastructures robustes et polyvalentes qui protègeront le pays tout en contribuant au bien-être des communautés nordiques.
Les premiers ministres ont souligné que les provinces et les territoires peuvent être des partenaires efficaces en ce qui a trait à la sécurité et à la vigilance face à l’ingérence étrangère, au soutien et au développement des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques ainsi qu’à la sécurité des corridors de transport, des sources d’énergie et des infrastructures essentielles. Les premiers ministres espèrent travailler en plus étroite collaboration avec le gouvernement fédéral à la prise en charge de ces enjeux importants.
Relations Canada – États-Unis
La prospérité et la sécurité des Canadiens et des Américains sont intégrées et leur sont mutuellement bénéfiques. Les provinces et les territoires du Canada sont des alliés démocratiques stables et pacifiques des États-Unis, et sont aussi des partenaires stratégiques clés dans des domaines prioritaires tels que les minéraux critiques et l’énergie. Cette relation est un actif stratégique essentiel à la sécurité énergétique de l’Amérique du Nord.
Les premiers ministres ont discuté de l’importance de maintenir des relations solides et mutuellement avantageuses en Amérique du Nord, notamment en renforçant la sécurité dans l’Arctique, en maintenant des chaînes d’approvisionnement intégrées et efficaces et en entretenant des relations commerciales ouvertes, fondées sur des règles. La révision de l’accord de libre-échange, en 2026, sera l’occasion de renforcer nos relations commerciales.
Les premiers ministres collaboreront entre eux ainsi qu’avec le gouvernement fédéral pour veiller à ce que les dirigeants et les décideurs américains soient pleinement conscients des avantages de la relation sans pareille qui unit l’Amérique du Nord. Les premiers ministres sont fermement résolus à représenter les intérêts provinciaux et territoriaux au sein de cette relation, notamment en informant leurs partenaires américains des compétences provinciales et territoriales à l’égard des ressources naturelles.
Les provinces et les territoires continuent de surveiller et d’agir sur les enjeux susceptibles d’affecter les relations Canada – États-Unis. Les premiers ministres continueront de bâtir et de maintenir des relations avec les partenaires clés américains, qu’ils soient fédéraux, locaux ou des États, de même qu’avec des partenaires du milieu des affaires, du monde du travail et des communautés.
Le Canada dans le monde
Les premiers ministres ont discuté du rôle du Canada en tant qu’allié fiable et stable pour relever les défis mondiaux, notamment grâce à ses engagements de longue date pour la démocratie, le multilatéralisme, la diplomatie, le respect de l’État de droit et les efforts humanitaires. Les provinces et les territoires continuent de jouer un rôle important en tant que partenaires économiques stables et que sources de biens essentiels pour le monde, notamment dans les domaines de l’alimentation et de l’énergie. Le respect, par le Canada, de son obligation d’atteindre la cible de dépenses militaires de 2 % du PIB attendue par l’OTAN constitue un aspect important de son statut d’allié stable et de partenaire économique solide.
Les premiers ministres pressent le gouvernement fédéral de travailler avec eux à empêcher l’ingérence étrangère, particulièrement envers nos institutions, l’économie, les infrastructures essentielles et les chaînes d’approvisionnement critiques en partageant de l’information et des renseignements précis en temps opportun.
Le gouvernement fédéral doit réagir aux activités du crime organisé à nos frontières, notamment en augmentant les ressources de la Gendarmerie royale du Canada, des autorités portuaires et de l’Agence des services frontaliers du Canada. Le leadership du gouvernement fédéral est également nécessaire pour décourager et prévenir l’importation de précurseurs chimiques utilisés dans la production de drogues illicites mortelles. Les provinces et les territoires s’engagent à collaborer avec le gouvernement fédéral sur ces enjeux critiques en matière de sécurité publique.
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