29 août 2024
Élection partielle fédérale du 16 septembre à LaSalle–Émard–Verdun
Le Projet du bulletin de vote le plus long dépasse les résultats précédents!
À la clôture du dépôt des candidatures à l’élection partielle fédérale de LaSalle–Émard–Verdun (LEV), qui aura lieu le 16 septembre, 91 candidats s’étaient inscrits avec succès, contre 84 à l’élection partielle de Toronto-St. Paul’s le 24 juin dernier. Le record du scrutin le plus long de l’histoire du Canada a été une nouvelle fois battu !
C’est la quatrième campagne électorale au cours de laquelle le Projet du bulletin le plus long met en évidence la nécessité de réformer la Loi électorale afin d’éliminer le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Cette méthode consiste à attribuer le siège de la circonscription au Parlement au candidat qui obtient le plus grand nombre de voix, même si le nombre de voix reçues est loin d’atteindre la majorité des électeurs de la circonscription. Cet arrangement favorise grandement les partis cartellisés établis et leur objectif de remporter le plus grand nombre de sièges, alors que le droit du peuple à un vote informé et le droit de décider de ses propres affaires n’est pas à l’ordre du jour. Les partis cartellisés, qui disposent de fonds de guerre considérables pour leur campagne électorale, bénéficient du plus grand nombre de temps d’antenne à la télévision et à la radio et emploient des systèmes avancés de microciblage grâce auxquels ils calculent les marges de victoire nécessaires, l’emportent dans le cadre du système uninominal à un tour et encouragent ou découragent en conséquence certains secteurs de l’électorat.
Sur les 109 personnes qui ont donné leur nom aux organisateurs du Projet du bulletin le plus long pour se porter candidats, 79 ont réussi à franchir toutes les étapes à temps pour que leur nom figure sur le bulletin de vote. En d’autres termes, sur les 91 personnes qui se présentent aux élections dans la circonscription de LEV le 16 septembre, 79 font partie du Projet du bulletin de vote le plus long. C’est signe que les Canadiens et les Québécois veulent un changement !
Quelque 13 000 signatures ont été recueillies pour désigner ces candidats dans la circonscription dans les deux jours qui ont suivi le déclenchement de l’élection. Le courriel envoyé par les organisateurs du Projet, Tomas et Kieran Szuchewycz et Sébastien Corriveau, le 27 août, dit : « Félicitations ! Nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réalisation du deuxième bulletin de vote le plus long cette année. En date d’aujourd’hui, le nombre total de candidats pour LaSalle–Émard–Verdun est de 91, ce qui bat notre précédent record de 84 atteint plus tôt cet été dans Toronto-St. Paul. Nous savions qu’il serait difficile de franchir la barre des 100 candidats, mais nous espérons que vous êtes aussi heureux que nous de cette extraordinaire réussite. »
« Nous sommes extrêmement fiers de continuer à soulever la question importante de la réforme démocratique d’une manière unique », concluent les organisateurs. Ils soulignent que les résultats montrent que les électeurs de LEV étaient « très désireux de nous aider à envoyer un message en faveur de la réforme démocratique ».
Les 79 candidats qui se présentent à l’élection dans le cadre du Projet du bulletin de vote le plus long sont indépendants, à l’exception de trois qui représentent le Parti marxiste-léniniste du Canada, le Parti marijuana et le Parti rhinocéros.
Les douze autres candidats sont des représentants des cinq partis cartellisés à la Chambre des communes – le Parti libéral, le Parti conservateur, le Bloc Québécois, le NPD et le Parti Vert – et de trois partis qui n’ont pas de siège à la Chambre des communes : le nouveau Parti avenir canadien, le Parti de l’Héritage chrétien et le Parti populaire du Canada. Quatre autres candidats se présentent également en tant qu’indépendants.
Le programme de réforme électorale du gouvernement fédéral
Une des raisons pour lesquelles les résidents de la circonscription fédérale de LaSalle-Émard-Verdun (LEV) ont si volontiers accepté de soutenir les candidats du Projet de bulletin de vote le plus long est qu’ils en ont assez des promesses des partis cartellisés sur la réforme électorale. Les propositions de réforme électorale au cours des cinq dernières décennies au Canada se résument à changer la façon dont les votes sont comptés et traduits en sièges à la Chambre des communes. Cela sert à diviser le corps politique en camps qui favorisent une méthode de comptage des votes plutôt qu’une autre, alors que la question fondamentale de la crise de la démocratie libérale elle-même n’est même pas abordée.
Le discours officiel glorifie le vote comme « l’exercice démocratique le plus fondamental » précisément à un moment où les gens disent que voter tous les quatre ou cinq ans 1) n’est pas suffisant et 2) sert à priver les citoyens de tout pouvoir en réduisant leur rôle à celui de voter pour un candidat et un programme qu’ils n’ont pas choisis et sur lesquels ils n’exercent aucun contrôle.
Les Canadiens doivent s’attaquer au problème du système de gouvernement de partis et à la façon dont il les écarte du pouvoir. Ils doivent aussi s’attaquer à la façon dont la loi électorale consacre le privilège et l’arbitraire, comme l’illustrent les méthodes proposées par les partis cartellisés pour la consultation et la prise de décision sur la réforme électorale.
En votant pour un candidat du Projet du bulletin le plus long, les citoyens de LEV peuvent exprimer leur demande de mettre fin au mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, qui permet aux partis cartellisés d’accéder au pouvoir et les prive complètement de leurs moyens d’action.
Comment les libéraux ont trahi leur promesse électorale de changer le mode de scrutin
Le Comité du bulletin de vote le plus long a lancé son Projet du bulletin de vote le plus long après que le premier ministre Justin Trudeau a trahi sa promesse électorale de 2015, dans laquelle il affirmait que son parti s’engageait « à faire en sorte que l’élection de 2015 sera la dernière à utiliser notre système uninominal majoritaire à un tour ». L’objectif du Projet du bulletin de vote le plus long est de maintenir l’attention sur la nécessité d’abolir le mode de scrutin majoritaire à un tour et de créer une assemblée constituante qui permettrait aux Canadiens de rédiger et d’approuver eux-mêmes une nouvelle loi électorale à l’abri des intérêts et de l’ingérence des partis ayant des sièges à la Chambre des communes.
L’histoire de la trahison de la promesse libérale de mettre fin au système uninominal majoritaire à un tour est sordide. Dans ses promesses électorales de 2015, Justin Trudeau a déclaré qu’il serait « vraiment à l’écoute des Canadiens ». « J’ai évolué dans ma façon de penser vers un plus grand degré d’ouverture à ce que veulent les Canadiens », a-t-il déclaré.
Une fois élu, il a créé une commission multipartite de la Chambre des communes sur la réforme électorale. Avant qu’elle ne commence ses délibérations il a dit : « Il n’appartient à personne, pas même au premier ministre, de définir exactement quel est le bon système. » Après que la commission ait délibéré et formulé des recommandations en faveur d’un système de représentation proportionnelle avec lequel il n’était pas d’accord, il a déclaré : « J’ai été cohérent et clair comme de l’eau de roche depuis le début […]. Je pense que la représentation proportionnelle serait mauvaise pour notre pays. » Il n’a plus jamais abordé le sujet par la suite.
Les libéraux sont arrivés au pouvoir le 19 octobre 2015, formant un gouvernement majoritaire avec 6,9 millions d’électeurs sur 25,9 millions ayant voté en leur faveur. Avec un taux de participation de 68,3 %, ce sont les voix d’un peu plus de 27 % des électeurs qui ont donné lieu à une « majorité ». En mai 2016, les libéraux ont créé un comité multipartite de la Chambre des communes sur la réforme électorale, chargé d’étudier le système électoral et de formuler des recommandations. En décembre 2016, le comité a recommandé au gouvernement de présenter une forme de scrutin proportionnel et de tenir un référendum national. Dans l’intervalle, M. Trudeau avait déjà fait savoir que son parti préférait ne rien faire ou présenter une autre proposition. En octobre de la même année, il est allé jusqu’à déclarer aux journalistes qu’avec l’élection des libéraux, une réforme électorale ne serait peut-être pas nécessaire ! « Sous M. Harper, a-t-il dit, il y avait tellement de gens mécontents du gouvernement et de son approche qu’ils disaient : ‘Nous avons besoin d’une réforme électorale pour ne plus avoir un gouvernement que nous n’aimons pas.’ »
Lors de la présentation du rapport du comité multipartite en décembre, la ministre des Institutions démocratiques de l’époque, Maryam Monsef, a réaffirmé que le scrutin majoritaire à un tour disparaîtrait lors des élections de 2019. Elle a ensuite été remplacée par Karina Gould, qui a été spécifiquement mandatée pour retirer la réforme électorale de la table.
Les libéraux au pouvoir ont fait la sourde oreille à la fois à la recommandation de la commission et au large soutien qu’elle a recueilli en faveur de la suppression du système uninominal majoritaire à un tour. Les citoyens ont notamment dénoncé le fait que, ces dernières années, ce système a donné naissance à des gouvernements « majoritaires » avec le vote de seulement 22 % des personnes ayant droit de vote. En 2020, un sondage Léger a révélé qu’en réponse aux questions posées, 76 % des personnes interrogées ont exprimé à différents niveaux un soutien à la représentation proportionnelle plutôt qu’au scrutin uninominal majoritaire à un tour et 80 % se sont prononcées en faveur de la création d’une assemblée constituante chargée de la réforme électorale. En outre, en 2017, lorsque le premier ministre Justin Trudeau est revenu sur sa promesse électorale de mettre fin au système électoral uninominal à un tour et est allé unilatéralement à l’encontre de la recommandation de la commission, il a déclaré que la représentation proportionnelle constituerait une menace pour le Canada en permettant à des partis « extrémistes » de remporter des sièges à la Chambre des communes. Il a laissé entendre que seules les forces qui se regroupent au sein des partis type « grande tente » sont légitimes. Selon lui, ces partis représentent les opinions et les intérêts de tout le monde.
L’abus de pouvoir du Parti libéral a surpassé celui des partis cartellisés précédents qui ont modifié la Loi électorale du Canada pour favoriser leurs propres intérêts au détriment des deniers publics et de la démocratie elle-même, qui est de plus en plus discréditée. Pour leur part, les Canadiens exigent des réformes électorales qui renforcent leur capacité d’exercer un contrôle sur leur gouvernement.
Lors de la formation de la commission multipartite, M. Trudeau a dit que ses travaux « doivent être entrepris sans idée préconçue de la meilleure solution ». Il a déclaré que la commission étudierait les systèmes de vote par classement et de représentation proportionnelle, ainsi que le vote en ligne et le vote obligatoire.
Il a ensuite trahi sa promesse de modifier la loi électorale après l’étude et le rapport de la commission. « Nous avions une préférence pour le vote par ordre alphabétique », a-t-il dit [notre souligné]. Les Canadiens, d’un bout à l’autre du pays, se sont demandés qui représentait ce « Nous ». « C’était à moi de choisir », a répondu Justin Trudeau.
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