Dans l’actualité le 25 juin
Grandes manifestations ouvrières aux États-Unis et en Europe
Marche et rassemblement à Londres : l’Angleterre dit « Nous réclamons davantage – Assez, c’est assez »
Le 18 juin, des milliers de personnes ont marché dans les rues de Londres et tenu un rassemblement à Parliament Square pour exiger du gouvernement des mesures pour combattre la crise du coût de la vie. Les manifestants ont exigé de meilleures conditions de vie, de vraies augmentations de salaires et un salaire décent pour tous et toutes, l’abolition des stratagèmes de congédier/réembaucher, des congés-maladies adéquats et l’abolition du racisme au travail. Ils ont demandé que les profits du secteur de l’énergie soient imposés pour que les gens puissent payer leurs factures, une reconnaissance immédiate des droits de négociation des syndicats et plusieurs autres changements qui assureraient leurs droits et une vie dans la dignité pour tous et toutes.
La journée d’action a été organisée par le Trade Union Congress et des travailleurs de plusieurs secteurs y ont participé, ainsi que des étudiants, des organisations de lutte à la pauvreté et d’autres. Un activiste pour un organisme pour le droit au logement à Londres a dit aux médias : « Nous avons des locataires qui viennent nous voir dans nos bureaux et qui doivent choisir entre nourrir leurs enfants, pas eux, mais leurs propres enfants, et payer le loyer et le chauffage. C’est tout simplement un choix que personne ne devrait avoir à faire, vous savez, dans la quatrième économie en importance au monde. »
Dans son numéro du 18 juin, Workers’ Weekly, le journal en ligne du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste), on peut lire :
« La classe ouvrière et le peuple intensifient la lutte face à l’assaut contre leurs droits, face aux lois qui nient le droit du peuple de s’organiser et les droits de la société dans son ensemble. La classe ouvrière déclare qu’assez, c’est assez, et l’action d’aujourd’hui démontre clairement qu’elle est en marche pour défendre ses droits et les droits de tous et toutes. »
Workers’ Weekly dénonce les projets de « renivellement vers le haut » du gouvernement et les promesses d’une « économie d’emplois bien rémunérés » comme étant une farce et une fraude. La crise du coût de la vie s’aggrave, et pendant ce temps le gouvernement, agissant pour le compte d’intérêts particuliers, dit aux travailleurs d’être « raisonnables ». Workers’ Weekly poursuit : « Il semblerait que le renivellement vers le haut veut dire que la famille royale et d’autres milliardaires peuvent vivre de la richesse volée à la classe ouvrière de ce pays et des colonies, proclamant du haut de leurs trônes dorés ou de leurs propriétés foncières que le gouvernement va assurément faire quelque chose pour régler cette crise du coût de la vie.
« Oui, les revendications de la classe ouvrière sont justes, et les travailleurs ne se laisseront pas faire la morale sur ce qui est dans l’intérêt du pays quand des intérêts particuliers privés des riches sont au coeur même du gouvernement, un gouvernement qui n’a aucun scrupule à défendre les intérêts des financiers et des oligarques. »
Workers’ Weekly écrit que les programmes sociaux, la santé et l’éducation sont aussi en crise, et encore là ce sont les intérêts privés qui accumulent littéralement des milliards de livres en profitant des situations de crise, notamment la crise de COVID-19, tandis que c’est la classe ouvrière qui dispense les soins et qui a fait preuve d’un haut sens de responsabilité envers la santé et le mieux-être des malades, des plus vulnérables, des personnes âgées et handicapées.
« Les remèdes que propose le gouvernement sont pires que la maladie. Ce sont les riches qui tirent avantage des prix vertigineux de l’énergie, du pétrole et de la nourriture, et l’austérité, la militarisation et l’augmentation des taux d’intérêt sont source de dévastation pour la société en général. Les travailleurs ne sont pas un groupe d’intérêts spéciaux, comme le prétend le gouvernement. Prenons par exemple les travailleurs du rail. Ils ont assumé leurs responsabilités pendant la pandémie. Aujourd’hui, ils revendiquent leurs droits et assument leurs responsabilités pour l’avenir de la société. »
L’opposition au racisme de l’État est une tâche clé que la classe ouvrière prend en main, dit le journal.
« Les promesses creuses de récompenser la génération Windrush[1] exposent ce racisme, qui est exacerbé par le traitement inhumain des réfugiés et des personnes cherchant refuge de la guerre et de la destruction que les forces au pouvoir fomentent depuis des générations. Ce traitement brutal est inacceptable pour tout être humain. »
Workers’ Weekly soulève la nécessité que les travailleurs — tout en mettant de l’avant leurs revendications d’une amélioration importante des conditions de vie du peuple — prennent la parole, développent collectivement et individuellement leurs solutions, et s’investissent du pouvoir en tant qu’opposition ouvrière aux partis de Westminster, qui ont formé un cartel pour tenir le peuple loin du pouvoir et inciter des passions et des divisions en son sein. Il faut que les travailleurs eux-mêmes s’engagent à devenir des politiciens ouvriers, pour qu’ils puissent parler en leur propre nom, dit le journal.
« Il existe une alternative et une voie pour sortir de la crise. L’avenir est dans la lutte pour la dignité du travail et les droits de tous et toutes. Que nos luttes nous donnent la confiance voulue pour nous engager dans cette voie, arrêter de payer les riches, faire en sorte que la richesse que les travailleurs produisent soit investie dans les programmes sociaux plutôt que de revenir à ces maraudeurs que sont les oligarques financiers, à la militarisation et à la complicité avec les États-Unis dans les conflits que la mondialisation impérialiste inflige.
« Une économie moderne peut être mise au service des intérêts du peuple. Ce n’est pas au-dessus de notre capacité. Ce qui est nécessaire, c’est une nouvelle direction de l’économie et le contrôle des affaires politiques par les travailleurs et le peuple. »
Note
1. La génération Windrush, ce sont les gens qui sont arrivés au Royaume-Uni des pays caribéens entre 1948 et 1973. Le nom « Windrush » vient du HMT Empire WindRush, un navire de transport militaire qui a transporté l’un des premiers grands groupes de Caribéens au Royaume-Uni en 1948. Puisque les Caraïbes faisaient partie du Commonwealth britannique à l’époque, les personnes qui arrivaient devenaient de fait des sujets britanniques et étaient censées avoir la liberté de vivre et de travailler de façon permanente au Royaume-Uni. Cependant, il a été révélé en 2017 que des centaines de citoyens du Commonwealth, dont plusieurs étaient de la génération « Windrush », ont été injustement détenus et expulsés et qu’on leur avait nié leurs droits juridiques, ayant été faussement étiquetés comme « immigrants illégaux/migrants sans papiers ». Face à la condamnation populaire de ces politiques, le gouvernement britannique a annoncé qu’en 2018 il allait mettre sur pied une « Étude des leçons apprises de Windsrush » et a émis un soi-disant plan d’action en 2020. Justice n’a pas encore été rendue, il y a un gigantesque arriéré de cas qui doivent être résolus, les réclamations ne sont résolues qu’après plusieurs mois et l’indemnisation est minime au point d’en être insultant. La raison en est le racisme de l’État britannique et de la classe dirigeante qui continuent de détenir et de déporter les migrants qu’ils jugent indésirables, même dans le contexte de tragédies telles que la pandémie de la COVID-19.
(Photos : Trades Union Congress)
Forum ouvrier, affiché le 25 juin 2022.
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