Dans l’actualité le 13 juin
Décès d’un travailleur à une usine de Hamilton
Les travailleurs protestent contre les conditions dangereuses et mortelles à National Steel Car
Forum ouvrier exprime ses plus sincères condoléances à la famille et aux collègues de Quoc Le, un soudeur de 51 ans de National Steel Car, qui est décédé au travail le 6 juin.
Quoc Le est le troisième travailleur à mourir au travail chez National Steel Car en moins de deux ans. Le grutier Fraser Cowan, 51 ans et père de deux enfants, est mort au travail le 2 septembre 2020. Collin Grayley, un peintre de 35 ans et père de trois enfants, a été tué dans un accident de travail le 23 avril 2021.
Les travailleurs de National Steel Car, rejoints par des métallos – dont des membres de la section locale 1005 de Stelco – et d’autres travailleurs de Hamilton, ont tenu un rassemblement devant l’usine de National Steel Car dans l’après-midi du 9 juin pour affirmer le droit des travailleurs à des conditions de travail salubres et sécuritaires.
Les travailleurs présents au rassemblement ont décrit des conditions de travail dangereuses. La production se fait à un rythme effréné et la sécurité des employés semble passer au second plan, ont-ils déclaré à la CBC. Un travailleur a dit qu’il incombe aux travailleurs de « surveiller leurs arrières » afin de rester en sécurité.
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Le président de la section locale 7135 du Syndicat des Métallos, Frank Crowder, un soudeur à l’usine, s’est entretenu avec la CBC lors d’une entrevue téléphonique le 9 juin. « Nos membres ne sont pas seulement en colère, mais ils ont peur… Je reçois de nombreux appels de membres qui cherchent un autre emploi parce qu’ils pensent que c’est trop dangereux. Leurs familles, leurs épouses, leur demandent de ne pas y retourner, de trouver un autre emploi et de travailler ailleurs », a-t-il dit.
Les représentants des Métallos ont demandé une enquête sérieuse pour négligence criminelle sur les décès survenus sur le lieu de travail, ainsi que des mesures de la part du ministère du Travail.
L’entreprise a exprimé ses condoléances et son engagement à fournir le « lieu de travail le plus sécuritaire possible » à ses employés. Cependant, sa réponse à cette dernière mort tragique et aux préoccupations et demandes des travailleurs ne s’arrête pas là.
Le 9 juin, l’entreprise a renvoyé chez eux sans salaire les travailleurs sur leur quart de travail. Un avis publié sur la page Facebook de l’entreprise indique : « Nous avons été informés d’une manifestation prévue cet après-midi devant notre entrée principale, qui empêchera l’entrée et la sortie en toute sécurité de notre établissement. Notre priorité absolue reste la santé et la sécurité de nos employés, clients, fournisseurs et partenaires. Par excès de prudence, nous avons décidé de suspendre temporairement nos opérations de production aujourd’hui et demain. Nous prévoyons reprendre nos activités la semaine prochaine. »
Il est à noter que le rassemblement de l’après-midi du 9 juin ne comportait pas de débrayage. Il comprenait des travailleurs retraités et des travailleurs qui n’étaient pas en service. Néanmoins, l’entreprise a annoncé que l’arrêt de travail était une « mesure de sécurité ».
En plus des mesures punitives prises contre les travailleurs en les privant de salaire pendant deux jours, les condoléances et la déclaration d’intention de l’entreprise ont été accompagnées de la menace d’une action en justice contre les porte-parole du syndicat pour avoir demandé une enquête criminelle.
Plus tôt dans la journée avant la fermeture, le président du syndicat local et un autre représentant syndical, qui étaient au travail à ce moment-là, s’étaient fait dire par la direction de quitter l’usine parce qu’ils portaient des t-shirts sur lesquels on pouvait lire « Arrêtez les meurtres et appliquez la loi. » La référence est à la Loi Westray qui permet aux tribunaux d’attribuer une responsabilité criminelle en cas de décès sur le lieu de travail.
L’action de l’entreprise est conforme à ce que les travailleurs décrivent comme la culture qu’elle a imposée, qui donne la priorité à la production sans se soucier des travailleurs de la production. Outre les violations déjà identifiées des lois sur la santé et la sécurité pour lesquelles l’entreprise a été inculpée et condamnée à des amendes, il existe un historique documenté de procédures d’appel contre les ordonnances du ministère du Travail émises lorsque des violations sont constatées.
Le syndicat signale le manque d’engagement de l’entreprise dans le fonctionnement du comité conjoint syndicat-employeur sur la santé et la sécurité. Les travailleurs décrivent des conditions dangereuses, notamment le manque de formation et le fait qu’il incombe aux travailleurs de se protéger eux-mêmes, alors que l’entreprise ne s’intéresse qu’à une production maximale, quel que soit le coût en blessures et en décès des travailleurs. Les travailleurs signalent également que l’entreprise exerce une pression extrême sur chaque travailleur pour qu’il ne signale pas les conditions de travail dangereuses, qu’il ne s’y oppose pas ou qu’il ne refuse pas un travail dangereux.
La réponse de National Steel Car à la mort de Quoc Le ne fait que tourner le fer dans la plaie avec un manque de respect si flagrant qu’il ne peut être permis. Il est inacceptable d’avoir des gouvernements néolibéraux qui permettent le genre de conditions de travail dangereuses contre lesquelles les travailleurs ont protesté de manière responsable. Les travailleurs affirment leurs droits qui sont violés en toute impunité par l’entreprise. Tant National Steel Car que le gouvernement doivent être tenus responsables.
Forum ouvrier appelle tout le monde à appuyer les justes revendications des travailleurs chez National Steel Car et des Métallos d’une action immédiate de la part de l’entreprise et du ministère du Travail afin de prévenir d’autres accidents et décès, et d’une application immédiate de toutes les lois et réglementations en matière de sécurité. Les travailleurs doivent eux-mêmes participer aux décisions concernant l’organisation sécuritaire de la production et le souci premier qu’il faut accorder au bien-être des travailleurs.
(Avec des informations du correspondant du LML, de la CBC, des Métallos, du Hamilton Spectator et du ministère du Travail, de la Formation et du Développement des compétences de l’Ontario. Photos : Conseil du travail de Hamilton et du district, District 6 du Syndicat des Métallos)
Forum ouvrier, affiché le 13 juin 2022.
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