Dans l’actualité le 28 avril
28 avril, Journée de commémoration
Les demandes des syndicats du secteur de la santé pour protéger les travailleurs et la société
Cette année, en ce Jour de deuil, les travailleurs de la santé et leurs syndicats portent attention à ce qui a été appris au cours de la pandémie. Les travailleurs de la santé étaient et sont toujours en première ligne de la lutte pour prévenir la propagation de la COVID-19, pour traiter les patients et pour protéger la société. Ce qui préoccupe le plus les travailleurs de la santé est qu’ils doivent avoir leur mot à dire dans les décisions qui touchent leurs conditions de travail, lesquelles déterminent leur propre santé et leur bien-être et leur capacité à fournir les soins dont les patients, les résidents et la société ont besoin.
L’Institut canadien d’information sur la santé a signalé en janvier 2022 que, depuis le début de la pandémie, 150 546 travailleurs de la santé ont été infectés par la COVID-19 et que 46 en sont décédés.
L’Institut indique que « les effets à long terme de la pandémie sur la main-d’oeuvre de la santé au Canada, y compris en matière de santé mentale, demeurent inconnus. Les travailleurs de la santé ont continué de fournir des soins aux patients malgré leur épuisement, les risques personnels d’infection, la crainte de transmettre le virus à leur famille, et le décès de patients et de collègues. » L’Institut cite une enquête menée en novembre et décembre 2020 auprès des travailleurs de la santé, selon laquelle le tiers des répondants ont fait état d’une santé mentale passable ou mauvaise et 77 % des répondants qui travaillaient en contact direct avec des cas confirmés ou suspectés de COVID-19 ont déclaré une détérioration de leur santé mentale depuis le début de la pandémie.
Les dirigeants du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), de l’Union internationale des employés de services (UIES) et du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public (SNEGSP) ont écrit une lettre au ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, et à la ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé, Carolyn Bennett, le 31 mars, pour demander que des mesures concrètes soient prises pour préserver la santé et la sécurité des travailleurs de la santé. Dans la lettre, ils décrivent « les lacunes systémiques en matière de santé et de sécurité au travail qui mettent les travailleuses et les travailleurs de la santé en danger ».
Il s’agit avant tout de la mise en oeuvre du principe de précaution par le gouvernement fédéral en cas d’urgence de santé publique, qui exigerait que les gouvernements et les employeurs prennent toutes les précautions raisonnables pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs sans avoir à attendre des certitudes scientifiques. Tout au long de la pandémie, les travailleurs se sont vus refuser les équipements de protection individuelle (ÉPI) dont ils avaient besoin parce que le principe de précaution n’a pas été respecté.
Pour remédier aux problèmes d’approvisionnement insuffisant en ÉPI, les syndicats ont demandé au gouvernement fédéral de réformer le Réserve nationale stratégique d’urgence (RNSU) afin de garantir un approvisionnement suffisant ainsi qu’une production et un approvisionnement nationaux. Les syndicats soulignent que des audits internes remontant à 2010 avaient identifié des problèmes avec la RNSU et qu’une récente vérification de l’approvisionnement en ÉPI du gouvernement fédéral pendant la pandémie a révélé que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) « n’était pas prête à répondre aux besoins croissants des provinces et des territoires en équipement de protection individuelle et en instruments médicaux découlant de la pandémie de COVID 19 ». Ils décrivent les mesures spécifiques qui doivent être prises pour mettre en oeuvre ce qui a été appris, notamment la constitution de stocks d’ÉPI selon le principe de précaution, la rotation des inventaires d’ÉPI pour s’assurer que les provinces et les territoires ne disposent pas de stocks périmés : « Les travailleurs de la santé ne devraient plus jamais être confrontés à des sacs de poubelles [utilisés comme blouses de fortune], à des masques périmés et à des armoires d’approvisionnement en ÉPI verrouillées. »
Enfin, les syndicats recommandent de confier au Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST) la responsabilité de la santé et de la sécurité au des travailleurs en cas d’urgence de santé publique plutôt qu’à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Cette proposition est motivée, entre autres, par le fait que les syndicats participent aux décisions du CCHST. Tout au long de la pandémie, les travailleurs et les syndicats n’ont jamais été associés aux discussions qui ont alimenté le processus décisionnel de l’ASPC. Toutes les solutions proposées par les travailleurs de première ligne pour se protéger, protéger les patients et protéger le public sont tombées dans l’oreille d’un sourd. L’absence de participation à ce qui peut être des décisions de vie ou de mort contribue grandement à la détérioration de la santé mentale des travailleurs et au nombre croissant de travailleurs qui quittent leur emploi parce que leurs conditions de travail sont intenables.
Les revendications des syndicats portent sur l’incapacité du gouvernement fédéral et de ses agences à s’acquitter de leur responsabilité sociale de se préparer aux urgences de santé publique et de les gérer, en particulier en ce qui concerne la protection des travailleurs de la santé, qui est essentielle à la protection de la société.
En fait, les pouvoirs d’urgence invoqués pendant la pandémie ont été utilisés pour intensifier les mesures antisociales, permettant aux employeurs de modifier arbitrairement les horaires des travailleurs, les affectations de travail, d’imposer des heures supplémentaires obligatoires et de refuser les vacances et autres congés, ce qui cause un grand tort aux travailleurs et a aggravé la crise dans les soins de santé, avec des milliers de personnes qui quittent leur emploi. Les travailleurs, lorsqu’ils réclament des ÉPI et d’autres fournitures, une augmentation des salaires et des avantages sociaux et un droit de regard sur l’organisation de leur travail, sont dénoncés par les gouvernements comme ayant des motifs intéressés alors qu’en fait, ce n’est qu’en répondant à la demande de salaires et de conditions de travail acceptables pour les travailleurs de la santé que la société peut garantir le droit aux soins de santé pour tous et toutes.
La question primordiale à laquelle sont confrontés la classe ouvrière et le peuple du Canada est la suivante : Qui décide ? Les gouvernements et leurs agences qui prennent toutes les décisions le font sans que le peuple se mobilise pour trouver et mettre en oeuvre des solutions favorables au peuple face aux problèmes qui se présentent. La solution réside dans l’organisation des travailleuses et des travailleurs pour qu’ils s’investissent du pouvoir de décider, pour le renouvellement du processus politique qui remet le pouvoir de décision entre les mains du peuple.
Forum ouvrier, affiché le 28 avril 2022.
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