Dans l’actualité le 20 avril
Des sujets de préoccupation concernant l’économie
Discussion sur l’augmentation du prix des produits de première nécessité
L’économiste David Macdonald, du Centre canadien de politiques alternatives, indique que la récente hausse de l’inflation des prix découle en partie d’une hausse similaire des bénéfices des entreprises. Il conteste certains des arguments avancés par le récit dominant pour expliquer la hausse des prix de l’essence, des véhicules, du logement et de la nourriture. Il souligne une corrélation entre les prix et les profits, les cartels mondiaux qui utilisent leur position dominante dans l’économie pour imposer des augmentations de prix, ce qui entraîne une hausse des profits.
David Macdonald écrit : « Les augmentations du prix de l’essence et des véhicules sont souvent attribuées à des chocs d’approvisionnement internationaux, comme le prix élevé du pétrole et la pénurie de puces électroniques pour les constructeurs automobiles. La hausse des prix des aliments, et en particulier de la viande, est souvent expliquée par l’augmentation du coût des intrants en raison de la sécheresse de 2021 dans les Prairies.
« Mais en grattant la surface, on s’aperçoit qu’il y a plus en jeu en ce moment. L’industrie de la transformation de la viande a été frappée par un recours collectif alléguant que quatre entreprises qui contrôlent 85 % de cette industrie se sont entendues pour augmenter les prix et les profits. Notons que Cargill, l’une des entreprises citées, a enregistré des bénéfices records en 2021, en partie à cause de la flambée des prix du boeuf. »
Aucune raison apparente ne permet d’expliquer pourquoi les prix de l’essence ont augmenté autant et si rapidement, en particulier aux États-Unis et au Canada. Aucun problème d’approvisionnement ou autre, comme un changement significatif du prix de la production, n’est apparu dans ces deux pays. Même en Europe, l’approvisionnement en pétrole et en gaz naturel en provenance de Russie n’a pas encore été fortement perturbé. Selon la Russie, elle n’a pas l’intention de le faire tant que les acheteurs européens paient correctement les produits qu’ils reçoivent.
Les sanctions imposées par les États-Unis et l’OTAN à la Russie freinent sa capacité à recevoir le paiement de la vente de ses produits de base. Si cette situation se poursuit ou s’aggrave, elle empêchera la Russie de continuer à approvisionner l’Europe en énergie et en autres produits, notamment en denrées alimentaires. Les pays européens devront défier les sanctions des États-Unis et de l’OTAN pour pouvoir continuer à importer des produits russes. Quelques pays comme la Hongrie et l’Arménie ont déjà décidé de défier les sanctions et de nombreux citoyens de pays plus grands exigent que leurs gouvernements fassent la même chose et ne cèdent pas aux pressions des États-Unis et de l’OTAN.
La guerre par procuration menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie a fourni aux cartels de l’énergie des excuses pour augmenter les prix, ce qui se traduit par une hausse des profits. La guerre par procuration que mènent les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en utilisant les Ukrainiens comme chair à canon a également poussé les cartels militaires, industriels et financiers à augmenter les ventes d’armements garanties aux acheteurs gouvernementaux et à inciter les autorités publiques à emprunter de l’argent auprès de bailleurs de fonds privés. Les ventes de matériel militaire américain ont également augmenté aux vassaux de son système impérialiste d’États, notamment au Canada, en Europe, en Corée du sud, au Japon, à Taïwan, aux Philippines et ailleurs. L’élite dirigeante américaine prépare des guerres plus vastes pour écraser tous ses concurrents et tous ceux qui cherchent à se libérer de l’emprise et de l’exploitation de l’hégémonie impérialiste mondiale des États-Unis.
David Macdonald présente un aspect important du problème de la hausse des prix comme venant d’une économie sous la domination de cartels mondiaux, qui la manipulent en leur faveur. Ces cartels utilisent la pandémie pour accroître leur expropriation de la valeur produite par les travailleurs et font la même chose avec la guerre par procuration entre les États-Unis et l’OTAN en Europe.
Les énormes profits des cartels proviennent de la valeur nouvelle que les travailleurs produisent dans les différents secteurs de l’économie. L’expropriation du profit de cette valeur nouvelle est en contradiction avec les réclamations des travailleurs qui produisent la valeur en premier lieu, et des gouvernements qui réclament un certain montant. La hausse des prix des produits de première nécessité, les moyens de subsistance des travailleurs, réduisent effectivement leurs réclamations sur la valeur nouvelle que les travailleurs produisent. L’inflation des prix rend nécessaire une lutte accrue sur le lieu de travail pour des salaires plus élevés et dans la société pour une augmentation des investissements dans les programmes sociaux.
Des prix plus élevés ne changent pas nécessairement la quantité de valeur nouvelle que les travailleurs produisent, mais ils changent sa représentation en argent et sa distribution. L’augmentation des profits entraîne une diminution de la valeur nouvelle produite par les travailleurs, qui leur est directement versée sous forme de salaires, et une diminution de la valeur versée aux personnes en général sous forme de programmes sociaux. Si les travailleurs n’organisent pas une lutte déterminée pour défendre leurs droits et leurs revendications, la situation s’aggravera et entraînera une baisse du niveau de vie.
L’inflation générale des prix sans que les salaires et les programmes sociaux ne suivent joue également en faveur des investisseurs dans les grands projets, car leur investissement initial diminue par rapport à sa valeur actuelle en argent, ce qui augmente le taux de rendement ou de profit de l’investissement. Les propriétaires d’un projet peuvent même vendre leur projet à un prix supérieur au montant qu’ils ont investi au départ, ce qui ajoute encore une autre dimension à leur profit. Les travailleurs peuvent combattre ce vol de la valeur nouvelle qu’ils ont produite en luttant à la fois pour une augmentation des salaires et pour des investissements dans les programmes sociaux.
La déflation a l’effet inverse de l’inflation et réduit le taux de rendement ou de profit d’un projet. C’est l’une des raisons pour lesquelles les banques centrales et d’autres membres de l’élite dirigeante des économies impérialistes visent une inflation d’au moins 2 % et tremblent devant la perspective de la déflation.
La déflation devrait être la norme dans une économie moderne, car les prix devraient baisser au fur et à mesure que la productivité des travailleurs augmente en raison de l’application de la science et de la technologie au processus de production, ce qui permet une augmentation constante du niveau de vie, de meilleures conditions de travail et une réduction du temps de travail nécessaire pour la population. L’élite dirigeante fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter la déflation, car elle veut s’approprier les retombées de la productivité.
Les travailleurs doivent s’organiser immédiatement pour défendre leur réclamation directe sur la valeur qu’ils produisent sous forme de salaires et leur réclamation indirecte sous forme de programmes sociaux. Cela implique non seulement la lutte de classe au travail pour défendre le prix qu’ils reçoivent de la vente de leur capacité de travail et défendre leurs conditions de travail, mais aussi de développer des mouvements de masse contre la manipulation intéressée des prix par les cartels mondiaux et pour les gouvernements d’arrêter de payer les riches et d’augmenter les investissements dans les programmes sociaux.
À long terme, les travailleurs doivent se fixer pour objectif de prendre le contrôle de la valeur totale qu’ils produisent et de décider entre eux de sa répartition. Cela signifie qu’il faut développer le mouvement pour le renouveau démocratique, ce qui implique d’arracher le contrôle des affaires économiques et politiques à l’oligarchie mondiale pour le remettre entre les mains des producteurs réels.
Pour lire l’article de David Macdonald, cliquez ici.
Forum ouvrier, affiché le 20 avril 2022.
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