Dans l’actualité le 10 avril
À la défense de l’éducation publique en Alberta
Opposons-nous au budget qui s’attaque à
l’éducation postsecondaire
Sans surprise, les administrations supérieures des universités, collèges et instituts techniques de l’Alberta ont docilement accepté le budget du gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) pour l’enseignement postsecondaire (EPS), publié le 25 février dans le cadre du budget provincial. C’est la même chose qui se produit depuis que le PCU est au pouvoir.
Au lieu de répondre aux coupures brutales du gouvernement en lançant des appels fermes à l’augmentation des investissements dans l’éducation et au respect du droit à l’éducation, les administrations supérieures des établissements d’enseignement postsecondaire ont tout simplement cédé et accepté les coupures.
Bien sûr, une des raisons pour lesquelles les administrations supérieures se sont si facilement inclinées devant le PCU est qu’en août 2019, le PCU a fait un blitz dans les institutions d’enseignement postsecondaire de l’Alberta en insérant de nombreux représentants du PCU dans leurs conseils d’administration. Beaucoup étaient des cadres de l’industrie énergétique. Le ministre de l’Enseignement supérieur Demetrios Nicolaides a nié, de manière très peu convaincante, que la politique a influencé les nouvelles nominations.
Lorsque l’on analyse ce que le budget 2022-2023 signifie pour le secteur de l’enseignement postsecondaire, un bon point de départ est la statistique tant vantée, le « coût par étudiant ». Une des plaintes principales du PCU, fondée sur le rapport du faux groupe d’experts MacKinnon de 2019 qui a été mis sur pied pour arriver aux conclusions prédéterminées du PCU, est que l’Alberta « dépense » plus par étudiant en EPS que toute autre province, 36 500 $ contre 31 300 $ pour la Colombie-Britannique par exemple.
Premièrement, investir dans l’éducation n’est pas un coût, c’est un investissement. De ce point de vue, l’Alberta devrait être fière d’être en tête du pays en matière de « dépenses » par étudiant, parce que ceci n’est pas une dépense. Pour tous ceux d’entre nous qui considèrent à juste titre l’éducation comme un investissement, toute la notion de « coût par étudiant » est à rejeter d’emblée.
Par contre, si nous pouvions aussi réduire nos dépenses en subventions aux sociétés d’énergie, qui SONT en fait des dépenses hors de contrôle, alors les choses s’amélioreraient vraiment pour les Albertains, car nous pourrions investir encore plus dans l’éducation !
Ensuite, le PCU s’attend à percevoir des étudiants postsecondaires de l’Alberta environ 1,645 milliard de dollars en frais de scolarité en 2022-2023. En tenant compte des revenus des frais de scolarité imposés par le PCU pour 2019-20 et 2020-2021, des prédictions pour 2021-2022 et des objectifs prévus pour 2023-2024 et 2024-2025, le PCU aura augmenté les revenus tirés des frais de scolarité d’un total de 389 millions de dollars pendant les quatre années où il aura été au pouvoir, en supposant que les prévisions financières du PCU sont correctes.
La principale raison de cette énorme augmentation des frais est que le PCU a levé le plafond des frais de scolarité mis en place par le gouvernement précédent, qui limite maintenant prétendument les établissements à une augmentation des frais de scolarité de 7 % chaque année. Mais comme l’ont montré les nombreuses augmentations de frais que le PCU a récemment approuvées pour certaines facultés de l’Université de l’Alberta (UdeA), le PCU est tout à fait prêt à autoriser des « augmentations exceptionnelles » bien supérieures à 7 %. En fait, selon la rumeur, les étudiants veulent rebaptiser l’UdeA « FleeceU » (l’Université qui vous dépouille). Le plafond des frais de scolarité est une fraude. Tout ce que l’Université de l’Alberta avait à faire pour obtenir des frais de scolarité plus élevés était de le demander !
En ce qui concerne le montant qui, selon le budget du PCU, sera investi (« dépensé », selon le jargon du PCU) dans les dépenses de fonctionnement des établissements d’enseignement postsecondaire pour 2022-2023, l’augmentation par rapport à 2021-2022 est prévue à 211 millions de dollars. Cela peut sembler bien parce qu’il s’agit d’une augmentation, sauf que c’est toujours 33 millions de dollars de moins que ce que le PCU a investi au cours de l’exercice 2019-2020.
Selon les objectifs du PCU, les investissements dans les dépenses de fonctionnement ne reviendront au niveau de 2019-2020 qu’après les élections provinciales de 2023, ce qui ne tient évidemment pas compte de trois années d’inflation (4,8 % en janvier) et de la croissance démographique. Et ce, si le PCU est réélu.
Autre signal d’alarme : le financement public dans son ensemble de l’EPS est en baisse. Par exemple, entre 2019 et 2025, alors que le financement total de l’EPS augmentera de 82 millions de dollars, la part du financement public diminuera de 351 millions de dollars. Cela signifie que la sinistre tendance se poursuivra en vertu de laquelle les établissements d’enseignement postsecondaire devront de plus en plus s’autofinancer grâce aux frais de scolarité, à la commercialisation de la recherche, aux dons privés (assortis de conditions), à la vente de biens, aux fermes de marijuana, aux collectes de bouteilles, aux ventes de pâtisseries, etc. En 2019-2020, les établissements d’enseignement postsecondaire ont dû dénicher 47 % des revenus nécessaires pour couvrir leurs dépenses de fonctionnement. En 2024-25, ce chiffre atteindra 55 % et continuera de grimper.
Et si tout ce qui précède n’était pas suffisant pour que les administrations des établissements d’enseignement postsecondaire s’y objectent publiquement, il faut aussi noter que depuis qu’il est au pouvoir, le PCU a éliminé environ 1 500 travailleurs du secteur postsecondaire. Cela signifie des emplois perdus, des classes plus nombreuses, moins de programmes, moins d’assistants de laboratoire, moins de services de soutien, et même la fermeture de bibliothèques.
De plus, le réseau de l’enseignement postsecondaire est interconnecté. Ainsi, ce qui touche un établissement d’enseignement postsecondaire finit inévitablement par toucher tous les autres.
Les Albertains ont besoin d’un enseignement postsecondaire qui défend vigoureusement le droit à l’éducation postsecondaire, qui appelle à un financement accru et qui s’oppose à ceux qui font des excuses pour les plans sinistres du PCU contre l’éducation.
Forum ouvrier, affiché le 10 avril 2022.
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