Dans l’actualité le 26 mars
Derrière le refus des États-Unis de parler clairement de leurs laboratoires biologiques en Ukraine
Appuyons les appels à présenter toute l’information et à autoriser une vérification multilatérale
Le 26 février, deux jours après le début du conflit en Ukraine, les agences de nouvelles ont rapporté que 15 liens vers des documents PDF décrivant des laboratoires de recherche biologique en pathogènes dangereux ont été supprimés du site Web de l’ambassade des États-Unis en Ukraine[1].
Le 6 mars, le porte-parole du ministère de la Défense russe Igor Konashenkov a révélé les preuves d’un programme biologique militaire financé par les États-Unis en cours en Ukraine. Le gouvernement de l’Ukraine « s’est empressé » de « cacher toute trace » du programme, a-t-il ajouté.
Le 7 mars, un porte-parole des Forces armées russes, Igor Kirillov, a dit que l’armée russe avait découvert 30 laboratoires biologiques en Ukraine. Depuis ce temps, la Russie a appelé les États-Unis à rendre publics toute l’information touchant à la recherche qui y a lieu, les pathogènes en question, le rôle du Pentagone et ce qui est fait pour garantir la sécurité de tous.
Le 8 mars, la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland, témoignant devant le Congrès, a dit : « L’Ukraine possède des installations de recherche biologique. Nous craignons que les troupes russes, que les forces russes ne cherchent à en prendre le contrôle. Nous travaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont ils peuvent empêcher que ce matériel de recherche ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’approchent. »
En réponse à un journaliste, le département d’État a publié la déclaration suivante : « Le département de la Défense des États-Unis ne possède pas et n’opère pas de laboratoires de recherche biologique en Ukraine. » Évitant de dire qu’il a financé ces laboratoires et qu’il y collabore directement, le département indique : « La sous-secrétaire Nuland parlait de laboratoires de diagnostics et de biodéfense ukrainiens lors de son témoignage, mais ce ne sont pas des laboratoires d’armes biologiques. »
Le même jour, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine Zhao Lijian a dit, entre autres choses : « Dans les circonstances actuelles, pour la santé et la sécurité des personnes en Ukraine, dans les régions voisines et au-delà, nous appelons les parties concernées à assurer la sécurité de ces laboratoires. Les États-Unis, en particulier, en tant que partie qui connaît le mieux ces laboratoires, devraient divulguer des informations spécifiques dès que possible, notamment quels virus sont stockés et quelles recherches ont été menées. » Il a dit que les États-Unis se cachaient derrière « des prétextes tels que la coopération pour réduire les risques liés à la sécurité biologique et le renforcement de la santé publique mondiale », pour justifier des centaines de laboratoires de recherche biologique dans le monde, ainsi que « de nombreuses activités militaires biologiques sur la base de Fort Detrick dans leur pays ». Fort Detrick est tristement célèbre pour des expériences conjointes de l’armée et de la CIA responsables de la torture et du décès de nombreuses personnes et abritant présentement un laboratoire de « défense biologique » de niveau quatre.
Reflétant les préoccupations de plusieurs autres pays à l’échelle mondiale, en particulier d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine et des Caraïbes où le recours aux armes chimiques et biologiques par les États-Unis est bien connu, Zhao Lijian a demandé : « Quelle est la véritable intention des États-Unis ? Qu’ont-ils fait spécifiquement ? La communauté internationale a des doutes depuis longtemps. Cependant, les États-Unis ont toujours fait de l’obstruction, et ont même qualifié les doutes de la communauté internationale de désinformation. En outre, les États-Unis ont été les seuls à faire obstacle à la mise en place d’un mécanisme de vérification de la Convention sur les armes biologiques et à refuser la vérification de leurs installations biologiques sur leur territoire et à l’étranger au cours des deux dernières décennies. Cela a suscité une inquiétude plus profonde au sein de la communauté internationale. Une fois encore, nous exhortons les États-Unis à donner des éclaircissements sur leurs activités militaires biologiques sur leur territoire et à l’étranger, et à se soumettre à une vérification multilatérale. »
Jusqu’à ce jour, les États-Unis n’ont pas rendu publics la recherche et les résultats obtenus par l’entremise de l’Agence de réduction des menaces de la Défense (DTRA), qui est un organisme du Pentagone qui finance les laboratoires ukrainiens et d’autres laboratoires. La recherche qui se fait à Fort Detrick demeure secrète.
Le 9 mars, l’attachée de presse de la Maison-Blanche Jan Psaki a intensifié les efforts pour écarter les préoccupations internationales, gazouillant que les États-Unis « avaient noté les fausses prétentions de la Russie au sujet de présumés laboratoires d’armes biologiques et du développement d’armes chimiques par les États-Unis en Ukraine. » Elle a ajouté : « Nous avons aussi vu des représentants chinois reprendre ces théories conspirationnistes », qualifiant les allégations d’« absurdes ».
Le jour même, le département de la Défense a publié un communiqué où il est dit : « Les États-Unis ne possèdent ni n’opèrent aucun laboratoire chimique ou biologique en Ukraine, ils agissent conformément à leurs obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la Convention sur les armes biologiques, et ne développement ni ne possèdent de telles armes, où que ce soit. »
Peut-être pourraient-ils expliquer à ce moment-là pourquoi les agences de police partout aux États-Unis ont utilisé et continuent d’utiliser le gaz lacrymogène, interdit en temps de guerre en tant qu’arme chimique, ou leur recours aux armes d’uranium appauvri en Irak et ailleurs dans le monde et pourquoi ils refusent d’appuyer ou d’accepter un programme de vérification en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la Convention sur les armes biologiques. Si cette recherche est au service de la santé publique, pourquoi une telle réticence à vouloir fournir toute l’information ?
La Russie et la Chine soutiennent les exigences du droit international en exhortant les États-Unis à fournir l’information et à autoriser la vérification de la recherche biologique et à faire en sorte que celle-ci ne serve pas à des fins de recherche sur les armes biologiques ou d’autres recherches militaires. La préoccupation est légitime compte tenu du recours par les États-Unis aux armes biologiques durant la guerre de Corée, contre le peuple cubain à diverses occasions et dans beaucoup d’autres situations. En outre, elle est légitime à cause de l’implication du Pentagone et de son refus d’expliquer comment les menaces biologiques sont réduites alors que les laboratoires sont modernisés, comme c’est le cas de celui d’Odessa en Ukraine. Odessa est également une des régions où les forces néonazies ukrainiennes opèrent.
Le 11 mars, le Pentagone a publié une « fiche d’informations » qui présente de l’information générale sur l’Agence de défense du Pentagone pour la réduction des menaces, qui mène son Programme de réduction des menaces biologiques (BTRP) en Ukraine et ailleurs[2]. Il y est démontré que le Pentagone est directement impliqué et a fourni près de 200 millions de dollars depuis 2005 « en appui à 46 laboratoires ukrainiens, centres de santé et sites de diagnostics ». La fiche révèle aussi que le Pentagone travaille avec le ministère de la Défense ukrainien, « fournissant des laboratoires de diagnostics mobiles pour offrir de l’aide sur le terrain en cas d’une urgence de santé publique ». Le Pentagone a confié aux scientifiques ukrainiens la tâche de parler de leurs recherches, se lavant les mains de sa responsabilité de rendre des comptes sur le rôle des armées américaines et ukrainiennes. Au moment de la parution de cette fiche, des PDF au sujet du programme sont réapparus sur le site Web de l’ambassade américaine à Kiev.
Plutôt que de rendre des comptes complets sur leurs recherches biologiques, en particulier celles concernant des pathogènes mortels et les moyens de les mettre en circulation au pays et à l’étranger, les États-Unis ont rejeté ces préoccupations comme étant de la désinformation tout en proférant de nouvelles menaces.
Le 11 mars, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a dit, sans aucun élément de preuve, que les États-Unis surveillent de très près ce qui pourrait être une opération sous fausse bannière, la Russie ayant « la réputation d’avoir recours à ce genre d’armes contre le peuple ». Lors d’un évènement à la Maison-Blanche, le président Biden a dit : « Je ne parlerai pas des informations obtenues par nos services de renseignement, mais la Russie paiera cher le recours aux armes chimiques. »
Les peuples du monde sont censés faire confiance au « renseignement » secret américain, notoire pour avoir proclamé qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak et menti au sujet de la Libye et de la Syrie pour justifier les guerres d’agression des États-Unis et de l’OTAN. C’est une diversion par à rapport à l’enjeu actuel, qui est de rendre des comptes au sujet des laboratoires de « biodéfense », du rôle du Pentagone, puisqu’il prétend qu’ils ne font pas de recherche militaire, et de son refus d’appuyer des vérifications multilatérales de la recherche et des activités qui y sont menées.
Notes
1. Comme rapporté par la journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhieve à Radio France International, les documents étaient toujours archivés sur le Wayback Machine. Ils ont été republiés sur le site de l’ambassade le 10 mars, au nom de son Bureau de la réduction des menaces de la Défense (DTRO), qui est directement lié à l’Agence de réduction des menaces du de la Défense (DTRA) et financé par elle.
Pour plus d’information : « US-funded biolabs in Ukraine at the heart of ongoing propaganda war ».
2. Fiche d’information du Pentagone.
LML Quotidien, affiché le 26 mars 2022.
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