Dans l’actualité le 26 mars
Derrière le refus des États-Unis de parler clairement de leurs laboratoires biologiques en Ukraine
La signification de l’argument de la «biodéfense» du département d’État des États- Unis
Les représentants du gouvernement américain affirment que les États-Unis ne possèdent pas d’armes biologiques en Ukraine ou ailleurs. Ces affirmations sont répétées par les médias. En même temps, le département d’État évoque le danger que ce qu’il appelle des activités de « biodéfense », qui utilisent des agents pathogènes mortels, puissent tomber entre les mains des Russes. Il importe d’examiner ce qui a été dit, ainsi que le contexte actuel du conflit en Ukraine, pour aller au coeur du problème.
Lors d’une audience de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le 8 mars, la sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques, Victoria Nuland, a témoigné sur les mesures prises par les États-Unis en Ukraine. Interrogée par le sénateur Marco Rubio de Floride, elle a déclaré que l’Ukraine dispose d’installations de recherche biologique. Marco Rubio a demandé, « Est-ce que l’Ukraine a des armes chimiques ou biologiques ? » Victoria Nuland a répondu : « L’Ukraine possède des installations de recherche biologique. Nous craignons que les troupes russes, que les forces russes ne cherchent à en prendre le contrôle. Nous travaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont ils peuvent empêcher que ce matériel de recherche ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’approchent. »
Victoria Nuland, du département d’État, était l’agent sur le terrain d’Obama et de Biden lors du coup d’État de Maïdan en 2014, qui a renversé le gouvernement élu de l’Ukraine et mis en place un gouvernement pro-américain, y compris des néonazis. Dans sa déclaration d’ouverture, Victoria Nuland n’a pas hésité à saluer ces néonazis en faisant la promotion de leur slogan lorsqu’elle a parlé des personnes qui se battent en Ukraine, en disant : « Nous honorons leur sacrifice et leur bravoure. Slava Ukrayini ; Heroyam Slava (Gloire à l’Ukraine ; Gloire aux héros) ». Cela est conforme à l’appui et à la promotion des néo-nazis en Ukraine pour contrôler le peuple ukrainien. Pourtant, rien n’est dit de la menace que représentent ces néonazis, organisés à Odessa par exemple, lorsqu’il s’agit de ce que le département d’État appelle ses laboratoires de « biodéfense ».
Répondant à un journaliste, le département d’État a publié la déclaration suivante : « Le département de la Défense des États-Unis ne possède ni ne gère de laboratoires biologiques en Ukraine. » Passant sous silence le fait qu’il finance de tels laboratoires, le département a déclaré : « Au cours de son témoignage, la sous-secrétaire Victoria Nuland faisait référence aux laboratoires ukrainiens de diagnostic et de biodéfense, qui ne sont pas des installations d’armes biologiques » et que « ces institutions luttent contre les menaces biologiques dans tout le pays ». Ils effectuent également des recherches sur la manière dont ces agents pathogènes peuvent être propagés, en utilisant des puces, des tiques, des chauves-souris, des oiseaux, etc.
L’utilisation du mot « défense » est délibérée. Il faut souligner que les États-Unis ont changé le nom de leur département de la Guerre en département de la Défense. Les États-Unis et le Pentagone ont également déclaré que la guerre contre l’Afghanistan avait un but défensif, tout comme ils prétendent que leurs bombes et leurs bombardiers nucléaires sont des forces de « maintien de la paix ». L’utilisation du terme « biodéfense » n’a donc pas beaucoup de poids.
Peut-être le Pentagone peut-il dire aux Vietnamiens que le napalm et l’agent orange ne sont pas des armes biologiques, dire aux Irakiens et à d’autres peuples que les armes à l’uranium appauvri ne sont pas des armes chimiques, dire aux nombreux manifestants aux États-Unis qui doivent faire face aux gaz lacrymogènes que ce n’est pas une arme chimique, même s’ils sont considérés comme une arme chimique interdite en temps de guerre. L’agent Orange a non seulement été utilisé, mais il a été entreposé pendant de longues périodes à Okinawa, au Japon, et à Gulfport, au Mississippi, jusqu’en 1977, ainsi que sur de nombreuses autres bases militaires. Les forces armées gardent secrets les autres agents pathogènes et biologiques qui peuvent être entreposés dans leurs centaines de bases aux États-Unis et à l’étranger.
De plus, il existe divers exemples de l’existence d’« installations de recherche biologique » en Ukraine, financées par les États-Unis, notamment par le programme de l’Agence de réduction des menaces de la Défense du Pentagone.
Le département de la Défense dispose d’un site Web qui contient un clip médiatique sur l’inauguration d’une installation de recherche biologique en Ukraine en 2010 :
« Le sénateur américain Dick Lugar a applaudi l’ouverture du Laboratoire central de référence intérimaire à Odessa, en Ukraine, cette semaine, en annonçant qu’il contribuera à la recherche d’agents pathogènes dangereux utilisés par les bioterroristes. Le laboratoire de biosécurité de niveau 3 sera utilisé pour étudier l’anthrax, la tularémie et la fièvre Q, ainsi que d’autres pathogènes dangereux. »
Il existe également un rapport de 2011 de l’Académie nationale des sciences des États-Unis qui explique que le laboratoire basé à Odessa « est responsable de l’identification d’agents pathogènes biologiques particulièrement dangereux ». L’ambassade des États-Unis en Ukraine avait également une page Web expliquant que les scientifiques américains et ukrainiens ont travaillé sur de nombreuses expériences liées aux « agents pathogènes biologiques dangereux ». Certains de ces projets comprennent des travaux sur le virus de la peste porcine africaine, le virus de la fièvre hémorragique et divers virus respiratoires. Le site Web de l’ambassade contenait des liens vers des fiches d’information sur le soutien des États-Unis à la recherche biologique en Ukraine, y compris le financement du Pentagone. Après des décennies de travaux de ce type, on peut se demander pourquoi il y a toujours autant de pathogènes biologiques dangereux présents en Ukraine et ailleurs.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, lors d’une conférence de presse le 8 mars, a également soulevé une question importante. Compte tenu de tous les désaveux des États-Unis concernant les armes biologiques, pourquoi refusent-ils de vérifier la sécurité des laboratoires existants, en Ukraine, aux États-Unis et ailleurs, a-t-il demandé. « Dans les circonstances actuelles, pour la santé et la sécurité des personnes en Ukraine, dans les régions voisines et au-delà, nous appelons les parties concernées à assurer la sécurité de ces laboratoires. Les États-Unis, en particulier, en tant que partie qui connaît le mieux ces laboratoires, devraient divulguer des informations spécifiques dès que possible, notamment quels virus sont stockés et quelles recherches ont été menées. » Si la sécurité des personnes est la préoccupation, pourquoi ne pas le faire ?
« En outre, les États-Unis ont été les seuls à faire obstacle à la mise en place d’un mécanisme de vérification de la Convention sur les armes biologiques et à refuser la vérification de leurs installations biologiques sur leur territoire et à l’étranger au cours des deux dernières décennies. Cela a suscité une inquiétude plus profonde au sein de la communauté internationale. Une fois encore, nous exhortons les États-Unis à donner des éclaircissements sur leurs activités militaires biologiques sur leur territoire et à l’étranger, et à se soumettre à une vérification multilatérale », a ajouté Zhao Lijian.
Parmi les 183 signataires de la convention, les États-Unis sont les seuls à s’être retirés des négociations sur un tel mécanisme en 2001 et à refuser de se soumettre à la vérification au nom de leurs intérêts de « défense » et de « sécurité nationale ».
Aux États-Unis, l’Institut national de la santé (NIH) est responsable des laboratoires biologiques de niveau 4. Le budget qui vient d’être adopté pour l’exercice 2021-22 prévoit que le NIH bénéficie d’une augmentation globale d’environ 5 %, pour un budget total de 45 milliards de dollars. Le projet de loi prévoit également la création d’une nouvelle agence appelée l’agence de recherche avancée du département de la Santé (ARPA-H), qui s’inspirera de l’agence de recherche avancée du département de la Défense des États-Unis (DARPA). Peu de gens doutent que les deux agences travailleront ensemble.
Dans le contexte du conflit actuel en Ukraine, la confusion entretenue autour des laboratoires biologiques tombés entre de mauvaises mains sert à masquer le rôle actuel des États-Unis dans l’instigation, la provocation et la garantie du conflit, et le fait que les États-Unis ne se soucient pas de la santé et de la sécurité des peuples d’Ukraine, d’Europe ou d’ailleurs, pas plus qu’ils ne se soucient du peuple américain lui-même. Leur préoccupation, comme l’a dit Victoria Nuland lorsqu’elle a témoigné devant la commission des Affaires étrangères du Sénat le 8 mars, est de préserver la sécurité de leurs recherches et de leurs dangereux agents pathogènes. Alors que les États-Unis refusent tout programme de vérification, ils utilisent cette question pour présenter la Russie comme la menace et justifier de nouvelles actions militaires, politiques et économiques.
C’est pourquoi, lorsque Victoria Nuland a témoigné devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, elle a souligné le déploiement massif de troupes américaines dans la région : « Au cours des dernières semaines, nous avons considérablement augmenté le personnel militaire américain positionné en Europe et dans ses eaux, qui s’élève désormais à environ 100 000 personnes. Nous avons plus que doublé nos forces en Pologne et envoyé des milliers de soldats dans les pays baltes, en Roumanie et ailleurs sur le flanc oriental de l’OTAN — ainsi qu’une aviation de combat avancée. » Elle a de nouveau brandi la menace d’une guerre plus large déclenchée par les États-Unis et l’OTAN.
Tout en refusant la vérification de leurs installations biologiques en Ukraine, les États-Unis détournent l’attention en cherchant à provoquer la peur de ce qui se passera si elles tombent entre les mains de l’ennemi et en accablant tout le monde avec le message que « l’OTAN est unie et notre engagement envers l’article 5 est inébranlable ». Tout cela pour détourner les peuples de leurs justes demandes : « Démantelons l’OTAN ! » et « Rapatriez immédiatement toutes les troupes américaines ! »
LML Quotidien, affiché le 26 mars 2022.
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