Dans l’actualité le 23 mars
23e anniversaire du bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN – 24 mars 1999
Des crimes de guerre perpétrés par l’OTAN sous des prétextes humanitaires
L’article suivant a été publié dans Le Marxiste-Léniniste du 16 mars 2019 à l’occasion du 20e anniversaire du bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN.
Le 24 mars 1999, les bombes se sont mises à pleuvoir sur Belgrade. L’OTAN commençait son attaque criminelle contre la Yougoslavie. Sous prétexte d’une intervention humanitaire, les États-Unis et les grandes puissances de la Vieille Europe, en particulier l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, secondés par le Canada et tous les pays membres de l’OTAN à ce moment-là, ont déclenché une guerre aérienne et des destructions massives et injustifiées dans ce pays. Plus de 80 % des frappes de l’OTAN ont eu pour cible des civils, des quartiers résidentiels, des endroits de travail, des cliniques et des écoles. Plus de 50 000 sorties et le recours à l’uranium appauvri ont créé des problèmes de santé à long terme et contaminé l’environnement. Les frappes contre les usines de production chimique ont contaminé la population et l’environnement et les bombes à fragmentation et les mines ont continué de tuer et de mutiler les gens au-delà de la guerre.
La guerre d’agression contre la Yougoslavie a servi de précédent pour la destruction du droit international. En déclenchant cette guerre, l’OTAN a violé sa propre charte fondatrice, l’Acte final d’Helsinki de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et la Charte des Nations unies. La souveraineté et l’intégrité territoriale de la Yougoslavie garanties par la Charte des Nations unies ont été ignorées et ouvertement attaquées dans le cas de ce pays membre fondateur des Nations unies.
La « contribution » du Canada à la perpétration de ces crimes de guerre dans l’ancienne Yougoslavie a été substantielle. En 1999, le Canada siégeait à la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies où aucun pays n’avait soumis de résolutions pour obtenir l’approbation des frappes contre la Yougoslavie. Il a grandement contribué aux prétextes fabriqués de crise humanitaire auxquels il a eu recours pour légitimer le contournement des institutions telles les Nations unies établies dans la période d’après-guerre. Le Canada lui-même a fourni 18 Hornets CF-18 et des équipes au sol pour les sorties. Des aéronefs canadiens ont réalisé 682 sorties au coût de 54,5 millions de dollars, ont largué au total 530 bombes dont 361 guidées par laser. Quelques semaines seulement avant la guerre, le Canada a acheté un approvisionnement d’urgence de 300 bombes de l’armée américaine. Des pilotes canadiens ont mené 10 % des frappes aériennes. Voilà ce que fut le rôle du Canada dans l’« intervention humanitaire » de l’OTAN. À l’époque, le Canada faisait beaucoup de tapage au sujet de la « politique de sécurité humanitaire » du ministre des Affaires étrangères d’alors, Lloyd Axworthy, dont le concept a été repris par l’OTAN pour ses interventions futures sous l’appellation de « doctrine de la responsabilité de protéger ».
La guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie a été le premier engagement militaire de l’organisation depuis sa formation, mais ce n’est pas tout. Elle a représenté un véritable tournant dans la perpétration de crimes contre l’humanité alors qu’on est passé d’opérations clandestines à la violation ouverte du droit international[1]. Par exemple, c’est dans cette guerre qu’il y a eu la première tentative non clandestine d’assassiner un chef d’État en Europe. Les frappes militaires des studios de radio et de télévision à Belgrade, renouvelées le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, ont engendré la doctrine de l’OTAN selon laquelle tout journaliste, travailleur des médias ou organe de presse qui ne travaille pas pour l’OTAN est un ennemi propagandiste et une cible militaire. Depuis cette attaque contre la liberté d’expression et le droit de conscience, le nombre de journalistes et de photographes de presse tués en action a augmenté de façon phénoménale.
En dépit de tous les prétextes soulevés pour justifier la guerre et la destruction aveugle qu’elle a engendrées, l’OTAN s’est servie de cette guerre comme tremplin pour proclamer son intention de mener des guerres mondiales d’agression et d’occupation et, ultérieurement, de changement de régime. Les agressions contre l’Irak et l’Afghanistan et la « guerre mondiale contre la terreur » lancée le 11 septembre montrent amplement à quoi rime l’« humanitarisme » de l’OTAN.
Les projets d’un « grand Moyen-Orient », l’ingérence au Soudan, au Tibet et au Caucase, les campagnes contre le Zimbabwe, Cuba, la Somalie et le Liban, la destruction ultérieure de la Libye, l’agression contre la Syrie et les menaces de guerre constantes contre l’Iran et la République populaire démocratique de Corée ainsi que les actes d’agression actuels contre le Venezuela, montrent que le « nouvel ordre mondial » des impérialistes, fondé sur la réalisation de leur objectif de domination par la force, a laissé derrière lui une mer de dévastation et de misère humaine. La voie tracée par l’OTAN est en violation de la Charte de l’ONU et du droit international dont la base même est la renonciation à la violence.
Le 20e anniversaire des frappes criminelles de l’OTAN contre la Yougoslavie a lieu alors que l’OTAN célèbre son 70e anniversaire avec des plans de maintenir l’alliance dans le contexte de l’aiguisement des contradictions entre les États-Unis et les grandes puissances de la Vieille Europe et de la crise du Brexit en Grande-Bretagne. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN se réunissent pour un sommet à Washington du 30 mars au 7 avril.
Lors de ce sommet, les impérialistes américains proféreront de nouvelles menaces contre les membres de l’OTAN pour qu’ils se plient docilement à leurs exigences, à défaut de quoi ils menacent de quitter l’OTAN, ce qui jetterait le bloc militaire agressif dans une autre phase de sa crise existentielle. Les États-Unis ne toléreront aucune négociation au sein même du bloc de l’OTAN. Ils veulent que les forces armées des pays de l’OTAN soient intégrées sous le commandement américain, comme c’est le cas pour le Canada, la Pologne et, maintenant, les forces spéciales italiennes. Ils exigent que les pays défraient les coûts du maintien des forces américaines stationnées sur leurs territoires et des bases américaines et ils veulent aussi qu’on leur accorde l’impunité, comme avec les soi-disant accords sur le statut des forces signés avec des pays comme la Corée du sud et le Japon. Tout cela est fait au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie et montre quels dangers pointent à l’horizon. Ces développements montrent aussi non seulement la nécessité de démanteler l’OTAN et de sortir de l’OTAN mais aussi de lutter pour faire de tous les pays des zones pour la paix.
Incontestablement, la tragédie qui a été déclenchée par les frappes brutales et criminelles déchaînées contre la Yougoslavie en 1999 au nom de la « sécurité humaine » et autres prétextes « humanitaires » n’était que la première salve des crimes commis par les impérialistes américains et l’OTAN aujourd’hui. Il faut tout mettre en oeuvre pour empêcher les impérialistes et leurs porte-paroles et agences dans chaque pays de briser l’unité du peuple contre les guerres d’agression impérialistes et le changement de régime. Toute personne éprise de paix est appelée à s’unir dans l’action pour établir des gouvernements antiguerre qui ne permettent pas que se produisent de tels crimes contre l’humanité. Toute tentative officielle, ouverte ou clandestine, de briser le mouvement pour la paix doit être contrecarrée.
Note
1. Dans son livre « The Globalization of NATO » (Clarity Press, 2012), Madhi Darius Mazemroaya souligne l’importance de la guerre en Yougoslavie pour l’OTAN.
« La Yougoslavie a représenté un tournant pour l’Alliance atlantique et son mandat. L’organisation a laissé tomber sa prétention défensive et a adopté une stratégie offensive sous des formes humanitaires. De la Yougoslavie, l’OTAN a commencé son périple pour devenir une force militaire mondiale. Des guerres des Balkans, elle a élargi ses régions internationales d’opérations à l’extérieur de la zone euro-atlantique jusqu’aux pays du Caucase, de l’Asie centrale, de l’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’océan Indien. Elle a, en pratique, transformé la Méditerranée en lac de l’OTAN par le Dialogue méditerranéen et l’Initiative de coopération d’Istanbul, et tente de faire de même dans la mer Noire et dans la région de la mer Caspienne où elle voudrait assurer une présence stratégique. L’Initiative de la sécurité du golfe entre l’OTAN et le Conseil de coopération du golfe vise aussi la domination du golfe Persique et l’encerclement de l’Iran. Israël est maintenant un membre de facto de l’organisation militaire. Aussi, des navires de l’OTAN sillonnent la mer Rouge et le golfe d’Arden. Ces bâtiments de guerre sont déployés vers les côtes de la Somalie, de Djibouti et du Yémen et font partie des objectifs de l’OTAN de créer un cordon de navires pour contrôler les importantes voies navigables et les voies de transit maritimes.
« […] L’OTAN a visiblement joué un rôle important à compléter la stratégie des États-Unis pour la domination de l’Eurasie, qui comprend l’encerclement de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de leurs alliés par un cordon militaire contrôlé par Washington. Le projet de bouclier antimissile mondial, la militarisation du Japon, les insurrections en Libye et en Syrie, les menaces contre l’Iran et la formation d’une alliance militaire semblable à l’OTAN dans la région de l’Asie-Pacifique sont des composantes de ce projet géopolitique colossal. Cependant, la mondialisation de l’OTAN a provoqué la création d’une nouvelle série de contre-alliances eurasiennes qui ont des liens jusqu’en Amérique latine. L’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ont été créées par la Russie, la Chine et leurs alliés comme boucliers contre les États-Unis et l’OTAN et comme moyen de leur tenir tête. »
(LML Quotidien, affiché le 23 mars 2022. Supplément du LML, volume 49, numéro 10, 16 mars 2019)
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