Dans l’actualité le 16 mars
Développements préoccupants dans l’hystérie
guerrière des États-Unis et de l’OTAN
La persécution d’artistes russes est inacceptable
La persécution des artistes russes, conséquence de l’hystérie guerrière des États-Unis et de l’OTAN, qui est devenue l’idéologie officielle des pays membres de l’OTAN, est un sujet de grande préoccupation. La définition de la persécution est le mauvais traitement systématique d’un individu ou d’un groupe par un autre individu ou groupe. À cet égard, on assiste en ce moment à une offensive concertée d’institutions culturelles de pays membres de l’OTAN pour congédier ou boycotter d’éminents artistes russes qui s’y produisent régulièrement. La façon de procéder est semblable dans les différents pays. L’institution exige que l’artiste dénonce Poutine et ce qu’elle appelle l’invasion de l’Ukraine et si l’artiste n’obéit pas, elle le congédie ou annule ses représentations.
Un des cas les plus connus est celui de Valery Gergiev, peut-être le chef d’orchestre le plus éminent et célèbre dans le monde aujourd’hui. Il était jusqu’à tout récemment chef principal de l’Orchestre philharmonique de Munich et il a été limogé, trois ans avant la fin de son contrat, parce qu’il n’a pas répondu à la demande du maire de la ville de se « distancer de façon claire et catégorique » de l’opération militaire russe en Ukraine. Le maire de la ville avait donné quatre jours au chef d’orchestre pour répondre à son diktat.
« Munich se sépare du chef d’orchestre principal Valery Gergiev. Il n’y aura donc plus de concerts de l’Orchestre philharmonique de Munich sous sa direction à partir de maintenant », a écrit le maire de Munich, Dieter Reiter, dans un communiqué le 1er mars2022. « J’aurais attendu de lui qu’il reconsidère et révise son appréciation très positive du dirigeant russe. Il ne l’a pas fait. Dans la situation actuelle, il aurait pourtant été indispensable d’envoyer un signal clair à l’orchestre, à son public, à l’opinion publique et à la politique de la ville pour pouvoir continuer à travailler ensemble. Comme cela n’a pas été le cas, il ne reste qu’une séparation immédiate », a-t-il ajouté.
Depuis son congédiement de l’orchestre munichois, la venue de Valery Gergiev au Carnegie Hall de New York a été annulée, l’Orchestre Philharmonique de Paris et le Festival Dvorak de Prague ont eux aussi annulé ses prochains concerts alors que le Verbier Festival, qui se tient chaque été en Suisse, a demandé sa démission en tant que directeur musical du Verbier Festival Orchestra.
Les médias ont rapporté que Valery Gergiev connaît Vladimir Poutine depuis le début des années 1990, qu’il l’a appuyé à plusieurs reprises et cela suffit pour le rendre persona non grata.
Un autre cas est celui de la soprano russe Anna Netrebko, une des artistes lyriques les plus renommées, et une chanteuse étoile du Metropolitan Opera de New York. Elle n’a pas répondu de manière conforme à la demande du Met de dénoncer la Russie. En fait, elle a écrit le texte suivant sur ses réseaux sociaux :
« J’ai pris le temps de réfléchir car je pense que la situation est trop grave pour la commenter sans y réfléchir vraiment, écrit-elle. Tout d’abord, je suis opposée à cette guerre. Je suis russe et j’aime mon pays, mais j’ai beaucoup d’amis en Ukraine et la douleur et la souffrance actuelles me brisent le coeur. Je veux que cette guerre prenne fin et que les gens puissent vivre en paix. C’est ce que j’espère et ce pour quoi je prie. Il n’est pas juste de forcer les artistes, ou toute autre personnalité, à exprimer leurs opinions politiques en public et à dénoncer leur patrie. Cela devrait être un choix libre. Comme beaucoup de mes collègues, je ne suis pas une personne politique. Je ne suis pas une experte en politique. Je suis une artiste et mon but est d’unir les gens au-delà des clivages politiques. »
Le 3 mars, la direction du Met a émis le communiqué suivant :
« N’ayant pas respecté la condition du Met selon laquelle elle devait renoncer à son soutien public à Vladimir Poutine, qui mène une guerre contre l’Ukraine, la soprano Anna Netrebko s’est retirée de ses prochaines représentations au Met dans Turandot de Puccini en avril et mai, ainsi que de la représentation de Don Carlo de Verdi la saison prochaine. ‘C’est une grande perte artistique pour le Met et pour l’opéra, écrit Peter Gelb, directeur général du Met. Anna est l’une des plus grandes chanteuses de l’histoire du Met, mais avec Poutine qui tue des victimes innocentes en Ukraine, il n’y avait pas d’issue possible’ », écrit-il.
Depuis ce temps, la grande soprano a décidé d’annuler toutes ses prestations jusqu’à nouvel ordre.
On lui reproche d’avoir posé en 2015 à Donetsk avec le drapeau des forces luttant pour leur indépendance face à l’Ukraine. On l’accuse aussi d’avoir rencontré Vladimir Poutine à un certain nombre de reprises.
Un troisième exemple est celui du jeune pianiste russe Alexander Malofeev dont l’Orchestre symphonique de Montréal a annulé les concerts prévus pour les 9, 10 et 13 mars.
« L’OSM estime qu’il serait inapproprié d’accueillir M. Malofeev cette semaine. Nous continuons toutefois de croire qu’il est important de maintenir nos relations avec des artistes, quelle que soit leur nationalité, qui portent des messages de paix et d’espoir, et espérons pouvoir accueillir cet artiste d’exception lorsque le contexte s’y prêtera », a indiqué l’Orchestre dans un communiqué.
L’OSM a ainsi emboîté le pas à la Vancouver Recital Society, qui a aussi annulé le concert du jeune pianiste qui devait prendre l’affiche au théâtre Orpheum le 2 août.
Dans son cas, aucune lien avec Poutine n’a même été mentionné. Le simple fait d’être russe est invoqué pour justifier l’annulation de ses concerts.
Le pianiste a d’ailleurs écrit ce commentaire sur sa page Facebook :
« Honnêtement, la seule chose que je peux faire en ce moment est de prier et de pleurer. Il semblerait qu’il y ait des conclusions évidentes : aucun problème ne peut se régler dans la guerre, les gens ne peuvent pas être jugés par leur nationalité. »
Les médias rapportent que la même hystérie est faite dans les milieux cinématographiques contre tout ce qui est russe.
On assiste ici à une tentative délibérée de la part de ces institutions de bloquer toute conversation parmi le peuple sur la cause profonde du conflit en Ukraine pour qu’il puisse faire échec aux fauteurs de guerre. Les artistes et la communauté des amateurs d’art ont très souvent pris des positions courageuses contre la guerre impérialiste. Le fait même d’être imprégnés de l’art et de ses interrelations interculturelles entre les oeuvres et les artistes et les peuples de diverses nationalités les font rechercher des solutions qui favorisent les peuples et non ces identifications et associations racistes, chauvines et non fondées sur des faits.
L’histoire est remplie d’exemples qui montrent que l’empoisonnement des relations entre les peuples n’est pas une voie vers la paix. L’histoire montre également que cela a ouvert la voie à des guerres injustes. Protestons contre la persécution des artistes russes. Même si, au début, ce sont des voix isolées qui écrivent à ces institutions pour consigner leur protestation, cela fera honneur à leur auteur et encouragera d’autres personnes. Nous devons également protester contre la persécution des personnes d’origine russe qui vivent dans les pays de l’OTAN et qui sont de plus en plus attaquées. On ne peut pas laisser passer de telles choses après avoir versé tant de sang pour défendre les droits des individus et des collectivités et pour s’assurer qu’aucun tord n’est causé à quiconque en raison de sa nationalité, de ses croyances religieuses ou autres.
(LML Quotidien, affiché le 16 mars 2022)
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