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La défense des travailleurs migrants est plus importante que jamais
Arrêtons maintenant les détentions et les expulsions des migrants !
Le 13 février, Solidarité sans frontières (SSF) a organisé une vigile devant l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) sur la rue Saint-Antoine ouest à Montréal pour souligner le décès, le 30 janvier, d’une autre personne au centre de surveillance de l’immigration de Laval. L’action a été organisée pour « souligner ce décès et d’honorer tous les migrant(e)s qui luttent pour leur vie et leur dignité face à un système d’immigration violent et injuste », a écrit l’organisation en annonçant l’événement.
« Nous n’avons aucune information sur la personne qui a perdu la vie ni sur les circonstances de son décès, seulement qu’iel a été criminalisé.e en tant que migrant.e. Une semaine auparavant, une famille est morte de froid en traversant la frontière au Manitoba. Ces deux tragédies démontrent clairement que les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue.
« Au cours des vingt dernières années, il y a eu au moins quinze décès connus sous la garde de l’ASFC : certains par suicide, d’autres à la suite des mesures de contrôle corporelles et d’autres par un manque flagrant de soin. Ces décès sont emblématiques de la violence du système d’immigration canadien. Loin d’être une mesure exceptionnelle, la détention sert à faciliter l’expulsion et à punir les migrant.e.s qui fuient des situations de pauvreté, de violence et d’exploitation. La peur d’être détenu oblige également les migrant.e.s à vivre dans l’ombre et les confine dans des conditions d’exploitation et de travail dangereuses, et est l’une des raisons qui contraignent les migrant.e.s et les réfugié.e.s à prendre des voies encore plus dangereuses, coûteuses et précaires pour arriver au Canada. »
Dans une déclaration antérieure du 5 février, la même organisation informe que « L’ASFC laisse mourir les personnes qu’elle détient en ne leur portant pas assistance. Cette négligence se traduit par des décès évitables. Cette mort s’ajoute à la déjà très longue liste des personnes mortes aux mains de l’ASFC depuis les vingt dernières années :
Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non identifié
Joseph Dunn
Personne non identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai
« Cela ne fait que quelques années que l’ASFC annonce publiquement lorsqu’un décès survient sous sa responsabilité. Cependant, les circonstances de ces décès demeurent souvent opaques et l’ASFC invoque la ‘protection de la vie privée’ pour ne rien divulguer sur ses pratiques toxiques. Comme à l’habitude, ce sera un autre corps policier qui mènera l’enquête puisqu’il n’existe aucune entité d’enquête indépendante qui surveille l’ASFC. Sans surprise, des policiers enquêtent sur le travail de d’autres policiers. Pendant ce temps, le centre de détention demeure comme une boîte noire dont le public ne sait que très peu de chose et où la négligence, les abus et le manque de soin physique et psychique sont fréquents. Les dernières grèves de la faim entamées courageusement par des personnes détenues à Laval sont venues mettre en lumière les difficiles conditions de détention. »
SSF ajoute que « la construction d’une nouvelle prison et les investissements annoncés depuis 2018 pour ‘humaniser’ le système de détention ne changeront rien. Que des arbres soient plantés dans le stationnement des visiteurs, qu’un terrain de basket-ball et un module de jeux pour enfants soient ajoutés à la cour clôturée et cachée de l’oeil du public n’y changent absolument rien ; ces lieux sont des prisons où l’on enferme des personnes, des familles, des mineurs. Nous les privons de liberté à des fins administratives. La détention n’est pas une mesure exceptionnelle mais bien une composante fondamentale de la matrice répressive qu’est le système d’immigration canadien. »
« Les conséquences de ces politiques migratoires répressives sont multiples et meurtrières. Aucune personne ne devrait être contrainte à vivre dans l’ombre en proie à l’exploitation, à la crainte d’une arrestation et d’un enfermement. La détention ne fait que favoriser l’exploitation de ces personnes en les cantonnant dans une économie informelle caractérisée par des abus et des violences et des conditions de travail médiocres »
L’organisation revendique la fin de la violence et l’arrêt des détentions et des expulsions.
« Nous avons besoin de mettre en place un vrai programme de régularisation ! », dit-elle, en même temps qu’« un statut pour tous et toutes ! »
(Sources : Solidarité sans frontières.)
(Forum ouvrier, affiché le 2 mars 2022)