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Réunion publique des travailleurs migrants
Message au Parlement : Un statut d’immigration complet et permanent pour toutes et tous maintenant!
Le 30 janvier, jour précédant la réouverture du parlement, le Réseau pour le droit des migrants a organisé une réunion publique virtuelle avec la participation de plus de 300 personnes et transmise en direct sur Facebook. Le but de la réunion était d’unir et de mobiliser tout le monde, les travailleurs migrants et leurs alliés, pour accroître la pression sur le gouvernement pour qu’il accède à la revendication d’un statut d’immigration complet et permanent pour tous les travailleurs. Cinq travailleurs migrants ont parlé de leur expérience, de leurs conditions de travail et de vie, et de la précarité grandissante des travailleurs migrants en raison de la pandémie.
Les modératices et les orateurs sont membres d’organisations partout au pays, dont Personne n’est illégal de Halifax, Migrante Alberta, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants du Québec, le Comité de Vancouver pour les droits des travailleurs domestiques et aides-soignants, et d’autres, qui font tous partie du Réseau pour les droits des migrants.
Syed Hussen, directeur général du Réseau pour les droits des migrants, a parlé de la revendication présentée aux députés du parlement pour un statut d’immigration complet et permanent pour tous les migrants. Il souligné que la COVID-19 a levé le voile sur les conditions de vie des travailleurs migrants et a décrit la situation actuelle. Dans le contexte de la pandémie, plusieurs travailleurs migrants ne sont pas admissibles aux prestations de soutien du revenu du gouvernement fédéral et se battent pour avoir accès à la vaccination.
Les travailleurs migrants constituent une section permanente en croissance de la classe ouvrière canadienne. En 2000, près de 60 000 permis de travail ont été délivrés et, en 2021, le nombre était d’un demi-million. Comparativement, pendant la même période, le nombre de résidents permanents ou d’immigrants ayant des droits complets n’a augmenté qu’au rythme de la croissance de la population. Au cours des deux dernières années, le parcours des travailleurs migrants a été parsemé de crises, mais aussi d’actions, de manifestations devant les bureaux des députés ainsi que des actions de masse où les travailleurs migrants ont pris la parole et présenté la demande d’un statut pour tous et toutes ! Plus de 1 000 personnes ont participé à une marche à Ottawa le 25 juillet 2021. Ce sont ces actions qui ont empêché l’expulsion de 52 000 étudiants alors que leurs permis de travail pour étudiants postuniversitaires ont été prolongés, et ont permis d’obtenir le statut de résident permanent pour 90 000 travailleurs migrants dans le cadre d’un programme à court terme. Au Québec et dans les provinces, les travailleurs migrants et les activistes luttent pour l’assurance-santé et des changements aux lois du travail.
Les cinq panélistes ont expliqué les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ena, une aide-soignante, a dit que plusieurs aides-soignantes qui sont venues au Canada avec un permis de travail lié à un employeur ont perdu leur emploi lorsque leurs employeurs ont perdu le leur en raison de la COVID-19. Lorsque leur permis de travail arrive à échéance, elles doivent en demander un autre, mais il y a d’importants arriérés dans le traitement des demandes. En Colombie-Britannique, les travailleurs ont perdu l’assurance-santé. Sans travail, ils ne peuvent subvenir à leurs besoins ni envoyer de l’argent très attendu à leur famille. Les travailleurs qui ont demandé le statut de résident permanent doivent attendre à cause des délais dans le traitement de leur demande, ce qui prolonge la séparation de leur famille. Elle a dit que le message au gouvernement Trudeau est que le travail que font les aides-soignantes — s’occuper des enfants, des aînés et des personnes ayants des besoins particuliers — est essentiel et permanent et elles ne demandent rien de moins qu’un statut complet et permanent. « Finis les projets pilotes ou les voies d’accès », a-t-elle dit, les lois et les politiques canadiennes doivent protéger tout le monde contre le racisme, le colonialisme, l’exploitation et l’oppression et « notre lutte pour la justice et l’égalité des migrants est aussi essentielle que le travail que nous faisons ».
Abu Hena, un étudiant international, a expliqué que les étudiants paient des frais de scolarité très élevés et sont limités à travailler seulement 20 heures par semaine. Lorsque la pandémie a éclaté, les parents de plusieurs d’entre eux ont perdu leur emploi, exacerbant la situation. Il a été forcé de passer de l’université au collège pour ensuite complètement abandonner ses études, perdant ainsi son permis d’étudiant ainsi que l’assurance-santé. Les entreprises et les établissements d’enseignement profitent de la vulnérabilité des étudiants étrangers. L’année dernière, l’unique mesure d’exception du gouvernement a permis à des étudiants de troisième cycle de renouveler leur permis de travail, mais elle n’est plus en vigueur. En vertu des règles actuelles, les étudiants étrangers sont pénalisés s’ils travaillent trop et peuvent être expulsés s’ils travaillent plus de 20 heures par semaine. En outre, le travail n’est pas comptabilisé, ce qui permettrait à la personne d’atteindre le nombre d’heures de travail requis pour obtenir le statut de résident permanent. Il a souligné que le statut de résident permanent n’est pas un cadeau, mais bien un droit humain et le gouvernement doit agir maintenant pour mettre fin à l’injustice envers les travailleurs étrangers et étudiants internationaux.
Teresa, une demandeuse d’asile travaillant en soins de longue durée, a dit que les gouvernements ont négligé les résidences de soins de longue durée et leurs résidents pendant plusieurs années. La pandémie a exacerbé la situation alors que les travailleurs n’ont pas obtenu ce dont ils avaient besoin pour travailler en toute sécurité, ont dû travailler à court de personnel et se présenter au travail pour un quart de travail de huit heures pour en travailler obligatoirement seize et même vingt-quatre. Sans statut, a-t-elle dit, vous êtes perçues comme n’étant rien, et si vous subissez un accident de travail, le gouvernement s’en fout, il ne s’occupe pas de vous. Le programme gouvernemental l’année dernière — Voie d’accès de la résidence temporaire et à la résidence permanente pour les travailleurs essentiels et les diplômés au Canada — qui a couvert certains demandeurs d’asile travaillant en soins de longue durée, étaient si restrictif que plusieurs personnes étaient inadmissibles. Elle a rapporté que plus de 60 travailleurs se sont réunis la semaine dernière pour organiser des actions et plus de 15 000 personnes avaient signé une pétition en appui aux travailleurs de la santé de première ligne. Le message au gouvernement est simple, a-t-elle dit. « Nous voulons un statut pour tous et toutes, que le gouvernement cesse de nous exploiter et qu’il nous accorde ce qui nous revient de droit. »
La réunion publique virtuelle s’est terminée par un appel à tous d’obtenir des exemplaires de l’affiche « Un statut pour tous et toutes » et de les poser dans les bureaux des députés, aux arrêts d’autobus et dans d’autres endroits où les gens peuvent les voir, et que tout le monde appelle le premier ministre et le ministre de l’Immigration pour exiger que le gouvernement agisse maintenant. Pour les affiches et toute autre information et retrouver la réunion publique du « Migrant Rights Network », cliquer ici.
(Forum ouvrier, affiché le 11 février 2022)