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Prenons la route! Un groupe citoyen réclame un service de transport public
L’idéologie néolibérale du « chacun pour soi » domine la pensée et les politiques des gouvernements au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Il s’ensuivit des plans de sauvetage massifs pour dépanner les institutions financières et les entreprises, la sous-traitance, ainsi que la déréglementation, la privatisation et les compressions dans les services publics. Comme conséquences, il y a eu stagnation des salaires et détérioration des conditions de vie et de travail pour de nombreux Canadiens, ainsi qu’une croissance de l’itinérance partout.
Une des sphères les plus touchées par cette idéologie est le transport public, surtout dans les régions rurales et éloignées de la Colombie-Britannique. Il y a plusieurs années, BC Rail avait un service aux passagers couvrant Vancouver Nord jusqu’au plus profond de l’Intérieur de la province. Pour sa part, Greyhound avait aussi un réseau d’autobus reliant les communautés de la province.
BC Rail a depuis longtemps été privatisé et le service aux passagers éliminé, tandis que Greyhound a abandonné son service d’autobus non seulement en Colombie-Britannique, mais partout au Canada. Plusieurs petites communautés n’ont même pas de service de taxi.
Cette idéologie du « chacun pour soi » a occasionné de sérieux problèmes aux résidents des petites communautés, à la fois autochtones et non autochtones, qui doivent respecter leurs rendez-vous médicaux et d’autres services essentiels dans les grands centres. Dans bien des cas, les gens doivent passer la nuit dans des hôtels, parfois plusieurs nuits, en attendant le prochain autobus qui les amènera chez eux (si le service existe) ou encore se fier à des amis et à leur famille pour un moyen de transport dans des conditions d’hiver souvent pénibles.
Des problèmes de transport du même ordre existent pour les étudiants et les gens qui ont des emplois à l’extérieur de leurs localités. En outre, de plus en plus d’aînés qui ne peuvent plus conduire sont coincés dans leurs communautés et ne peuvent maintenir un contact avec leur famille et leurs amis ni avoir accès aux services de santé et aux autres nécessités non disponibles dans leurs localités.
Pour certaines personnes, l’obligation de faire de l’autostop a contribué à des tragédies indicibles comme celle des femmes disparues et assassinées sur la Route des larmes. Pour compliquer encore plus les choses, il y a des problèmes de coûts excessifs, ainsi que des difficultés dans certains endroits de transférabilité de billets lorsqu’on doit avoir recours à plusieurs services de transport privés.
Partout dans la province, il existe un pot-pourri d’entreprises d’autobus privées et subventionnées par la province. Malgré tout, plusieurs petites communautés ont toujours un service inadéquat ou pas de service du tout, que ce soit dans l’Intérieur, dans le Nord ou sur l’Île de Vancouver.
Pour pallier ces difficultés, certains résidents de la Colombie-Britannique ont pris l’initiative et sont passés à l’action. Ils ont formé une organisation, « Prenons la route ! — Pour un transport public à la grandeur de la Colombie-Britannique », et réclament un service de transport public à la grandeur de la province, qui pourrait éventuellement être relié à un service national[1].
« Prenons la route ! » fait valoir que le système de transport actuel ne répond pas « adéquatement aux préoccupations de sécurité ou aux besoins sociaux de nos citoyens, dont un grand nombre vit dans des régions rurales, des petites municipalités ou des communautés éloignées. »
Il fait aussi valoir que le « transport partout en Colombie-Britannique est plutôt une mosaïque de bons services, de mauvais services et d’aucun service du tout, dépendant de votre lieu de résidence. L’obligation de se fier à des compagnies privées pour des services de transport laisse ces gens sans recours lorsque ces compagnies ferment leurs portes ou s’en vont ailleurs. » Ce qu’il faut, c’est « un réseau unifié intercommunautaire qui garantira pour tous les Britanno-Colombiens un accès au reste de la province ».
En outre, le groupe a lancé une pétition à l’intention du parlement fédéral exhortant le gouvernement du Canada de « créer ou d’habiliter une société d’État nationale pour qu’elle fournisse des moyens de transport par autobus et par voie ferrée aux Canadiens, avec la mission de relier toutes les communautés dans chaque province et territoire sur la base d’un service sécuritaire, abordable, accessible, résilient et intégré. »
La pétition est parrainée par Taylor Bachrach, député néodémocrate dans Skeena-Bulkley Valley, et peut être signée jusqu’au 9 mars. Vous pouvez la signer ici.
Note
1. Prenons la route ! Pour un transport public à la grandeur de la Colombie-Britannique — Campagne pour un service d’autobus public sécuritaire, abordable et de qualité (bcwidebus.com).
(Forum ouvrier, affiché le 7 février 2022)