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Exemples de conspiration séditieuse dans l’histoire
Il reste à voir si aux États-Unis aujourd’hui, dans l’espoir de préserver l’Union, le président Biden choisira de ne pas inculper Donald Trump et/ou ses principaux partisans, y compris au sein de l’armée, pour conspiration séditieuse dans la planification de l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021. Si l’histoire de la guerre civile est un guide, il ne le fera pas. Mais cela reste à voir car les conditions aujourd’hui ne sont pas les mêmes.
D’un point de vue historique, dans un effort pour restaurer l’Union après la défaite de la Confédération durant la guerre civile, les principaux généraux impliqués dans la sécession violente de l’Union, comme Robert E. Lee, n’ont pas été accusés de sédition ou d’insurrection. Ce sont ces mêmes généraux qui avaient mené la guerre d’agression contre le Mexique avant la guerre civile. Dans le passé, la guerre impérialiste a été un moyen pour les États-Unis d’éviter ou de retarder la guerre civile et, étant donné les menaces actuelles contre la Russie, elle pourrait bien l’être à nouveau.
Il est également vrai qu’aux alentours de la Première Guerre mondiale, qui fut également une période d’activité croissante de groupes racistes organisés par l’État comme le Ku Klux Klan (KKK), l’armée a donné à plusieurs de ses bases militaires le nom de généraux confédérés. Il s’agit notamment de Fort Bragg en Caroline du Nord, nommé d’après le général Braxton Bragg, de Fort Hood au Texas, nommé d’après le général John Bell Hood, et de Fort Polk en Louisiane, nommé d’après le général Leonidas Polk. Il y a aussi les Forts Beauregard, Benning, Lee, Pickett, Rucker, A.P. Hill et Gordon, tous situés dans le Sud – tous nommés d’après des généraux confédérés. Ce n’est que maintenant, après des manifestations massives et répétées, que ces noms sont retirés, ainsi que les nombreuses statues qui les représentent.
En ce qui concerne les accusations de conspiration séditieuse, elles ont le plus souvent été utilisées à plusieurs reprises pour réprimer et emprisonner les patriotes portoricains luttant pour l’indépendance. Les patriotes portoricains accusés de cette manière ont souvent été condamnés à la prison à vie, bien que l’accusation soit généralement assortie d’une peine maximale de 20 ans. En 1936, Pedro Albizu Campos et d’autres personnes luttant pour l’indépendance de Porto Rico ont été accusés et condamnés à 26 ans d’emprisonnement. En 1954, la célèbre patriote Lolita Lebron et trois autres personnes sont entrées dans l’édifice du Capitole et ont tiré des coups de feu sur les membres de la Chambre des représentants depuis la galerie des visiteurs en déclarant que Porto Rico ne serait pas une colonie et serait libre. Ils ont été emprisonnés, Lolita Lebron condamnée à 50 ans de prison. Étant donné que Porto Rico est une colonie des États-Unis, les Nations unies et le droit international sanctionnent la résistance et le recours à la force pour obtenir l’indépendance, mais les États-Unis refusent de le reconnaître.
De nouveau en 1981, le combattant pour l’indépendance de Porto Rico et défenseur des droits humains Oscar Lopez Rivera et Carmen Hilda Valentín Perez et 11 autres personnes ont été accusés de conspiration séditieuse, bien qu’Oscar n’ait commis aucun acte violent.
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La conspiration est utilisée contre des forces telles que les combattants de la liberté portoricains, car il n’est pas nécessaire de prouver qu’un acte violent de sédition a été commis, mais plutôt qu’il y a eu une conspiration pour en commettre. Toutes les personnes impliquées ont combattu à juste titre pour l’indépendance de Porto Rico et ont refusé de reconnaître l’autorité des États-Unis de les inculper et les juger, plutôt que de les reconnaître comme des prisonniers de guerre. Lui et les autres ont tous été condamnés à des peines exceptionnellement longues, Oscar à 55 ans et Perez à 90 ans. Tous ces patriotes ont participé aux efforts organisés pour vaincre le colonialisme américain et libérer leur Porto Rico bien-aimé. C’est parce que les États-Unis ont voulu se venger d’eux pour avoir défendu fermement l’indépendance de Porto Rico que des accusations de conspiration séditieuse et de longues peines leur ont été imposées. Même en prison, les combattants de la liberté ont refusé de se soumettre à ce traitement vindicatif et subissent des années d’isolement cellulaire.
Aujourd’hui, le gouvernement semble cibler les forces qui s’opposent au gouvernement, cette fois-ci l’extrême-droite, tout en renforçant l’usage de la conspiration séditieuse pour une utilisation future contre les opposants à la guerre, les antiracistes et les défenseurs des droits. La question est présentée comme une affaire d’extrêmes, plutôt que de reconnaître l’échec du gouvernement, le dysfonctionnement des institutions existantes et la répression qui s’ensuit.
(LML Quotidien, affiché le 5 février 2022)