Dans l’actualité
Les travailleurs migrants de la santé
Rappel du mépris du gouvernement Legault pour les travailleurs de la santé vulnérables
Un an et demi après l’annonce par les gouvernements fédéral et québécois d’un programme spécial de régularisation pour les personnes ayant travaillé dans le milieu de la santé pendant la première vague de la pandémie, de nombreux demandeurs d’asile qui se sont qualifiés pour le programme attendent toujours que leur résidence permanente et celle de leur famille soit finalisée pour eux-mêmes et leur famille. Le programme spécial de régularisation a pris fin le 31 août dernier.
Le programme spécial a vu le jour après que de nombreuses actions impliquant les travailleurs essentiels vulnérables eux-mêmes et les nombreuses organisations au Québec qui travaillent à leur défense aient fait pression sur les gouvernements du Québec et du Canada pour qu’ils reconnaissent la précieuse contribution de ces travailleurs pendant la pandémie en leur accordant le statut de résident permanent.
Ainsi, une voie spéciale vers la résidence permanente a été créée pour eux. Toutefois, les conditions établies par le gouvernement Legault pour se qualifier pour ce programme différaient de celles exigées dans le reste du Canada. Dans le premier cas, les travailleurs de la santé devaient avoir fourni des soins directs aux patients pendant la pandémie, alors que dans le reste du Canada, ce n’était pas le cas.
Cela a amené certains de ces travailleurs vulnérables à déménager rapidement en Ontario pour être admissibles.
Dans une entrevue à la presse à la fin du programme en août dernier, Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti, l’une des organisations qui accompagnent ces travailleurs et militent pour leur défense, a déclaré avec sarcasme : « On est content d’avoir lancé un mouvement qui a plus profité aux gens de l’Ontario qu’au Québec. » « Si le travailleur n’avait pas le bon titre de poste, il ne pouvait pas être sélectionné par Québec », a-t-elle ajouté. « Pourtant, on l’a vu, avec le manque de personnel dans les CHSLD, tout le monde a mis la main à la pâte et ont fait d’autres tâches, même si ce n’était pas l’intitulé du poste. »
Selon Marjorie Villefranche, si le programme avait été le même que pour le reste du Canada, 10 000 personnes au Québec auraient pu demander la résidence permanente. « C’est un peu mesquin quand on regarde tout ce que ces gens ont fait. »
Stephan Reichhold, le directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a déclaré : « C’est très décevant… Dès le départ, le programme aurait dû être élargi, notamment dans le contexte de la pénurie de main-d’oeuvre… On se complique la vie inutilement. »
L’évaluation de Marjorie Villefranche selon laquelle le programme a profité davantage aux Ontariens qu’aux Québécois est confirmée par les statistiques fournies récemment au Devoir par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Elles montrent qu’au Québec, sur un total de 2 275 dossiers ouverts représentant 4 535 personnes (y compris les membres de la famille des demandeurs), à peine 28 % ont été finalisés à ce jour, même si 70 % de toutes les demandes ont été approuvées et sont maintenant entre les mains du gouvernement fédéral à la dernière étape du processus.
En Ontario, sur les 3 385 demandes soumises (représentant un total de 8 110 personnes), 40 % ont été finalisées. Pourtant, la majorité d’entre elles sont toujours en attente d’une décision finale.
Dans l’ensemble du Canada, jusqu’à présent, sur un total de 5 930 demandes déposées, 2 050 (35 %) ont abouti à une résidence permanente. Si l’on tient compte de tous les dossiers qui ont reçu une approbation de principe, ce pourcentage passe à environ 50 %.
(Avec de l’information de Radio-Canada, Le Devoir, entrevues personnelles.)
(Forum ouvrier, affiché le 2 février 2022)