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Les conséquences de l’offensive antisociale dans la santé
La lutte des paramédics pour trouver des solutions aux pénuries de personnel à l’échelle de la province
Après des années de sous-financement, tous les aspects de la santé en Colombie-Britannique, y compris les services ambulanciers, ont atteint un point de rupture, compte-tenu en plus de l’impact de la pandémie, du dôme de chaleur et des feux de forêt de l’été dernier, les tempêtes et les inondations de novembre, et maintenant la propagation dans la communauté de l’Omicron. Selon les médias, dans les terres basses continentales de la Colombie-Britannique, dans la fin de semaine du 8 au 9 janvier, près de 50 des 120 ambulances étaient hors de service en raison de l’absence des travailleurs due à la maladie.
Troy Clifford, le président des Ambulanciers paramédicaux de la Colombie-Britannique, a dit à CBC que la pénurie de paramédicaux a eu un impact sur toute la province. « Nous travaillions déjà au sein d’un système poussé à la limite et aux prises avec de nombreuses difficultés, et puis il faut y ajouter les problèmes de personnel en raison des expositions communautaires à l’Omicron et la COVID », a-t-il dit.
À l’extérieur des terres basses de la Colombie-Britannique, il dit qu’ « un grand nombre de communautés sont réduites à une ambulance ou à aucune ambulance, et qu’elles doivent donc être couvertes par une autre communauté, ce qui est devenu, de toute évidence, problématique ». Depuis l’été, a-t-il dit, en moyenne 30 % des postes de paramédicaux n’ont pas été comblés. Les personnes qui restent, paramédicaux et répartiteurs, « sont extrêmement fatigués et épuisés avec les blessures psychologiques qui s’ensuivent ».
Le problème n’est pas une pénurie de paramédicaux. Les paramédicaux se battent depuis plusieurs années pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail afin de régler le problème de recrutement et de rétention dans le service. Les salaires traînent derrière les salaires comparables de travailleurs dans le système de santé et des autres premiers répondants, tels que les pompiers.
Un des problèmes le plus importants est le système sur appel, qui rend l’embauche de nouveaux travailleurs très difficile. Les paramédicaux commencent généralement sur appel. Les travailleurs sur appel sont payés 2,00 dollars de l’heure et reçoivent un salaire horaire régulier seulement lorsqu’ils sont appelés à répondre à une urgence. Alors que cela est particulièrement problématique dans les petites communautés en raison de la nature imprévisible et rare des urgences, l’impact se ressent aussi dans les communautés plus grandes. Les travailleurs s’engagent à de longs quarts de travail et ne sont payés que 2,00 dollars l’heure pour l’ensemble du quart de travail, à moins qu’on ait besoin d’eux pour un appel d’urgence. Par conséquent, plusieurs partent dans l’espoir de trouver un revenu plus stable.
Clifford a expliqué que cela a vraiment influencé le recrutement dans les professions, surtout lorsqu’elles rivalisent avec d’autres disciplines du système de santé, de la sécurité publique et de l’industrie. « C’est particulièrement vrai dans le nord et les régions avoisinantes de Prince George où un grand nombre d’industries recrutent des paramédicaux et les rémunèrent bien pour leur travail…Lorsque vous avez un modèle sur appel qui repose sur du travail précaire à temps partiel selon votre disponibilité, vous ne pouvez pas les maintenir dans cette situation sans vous retrouver avec des ambulances hors service », a-t-il dit.
Les pénuries de personnel ont aussi des répercussions sur les centres de répartition, causant des délais dans les réponses aux appels 911 et dans les services appropriés pour répondre à ces urgences. Clifford a souligné que le système de santé qui a recours au 911 plutôt que de subvenir avec des soins adéquats auprès des gens en crise, qui ont des problèmes de santé mentale ou des dépendances, est problématique et cela ne sert ni les patients ni les paramédicaux.
Les ambulanciers paramédicaux de la Colombie-Britannique ont mis de l’avant des solutions à la crise du personnel depuis bien avant la pandémie. La solution à long terme est clairement d’embaucher plus de travailleurs. Cela exige que le modèle sur appel soit changé, qu’on veille au mieux-être des paramédicaux et des répartiteurs, et qu’on garantisse des salaires et des avantages sociaux qui se rapprochent davantage de ceux des autres premiers répondants. En outre, des soins de santé appropriés doivent être dispensés aux patients dont les besoins ne sont pas bien servis par le système d’urgence.
(Forum ouvrier, affiché le 29 janvier 2022)