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Une organisatrice explique en détail la revendication: Un statut pour toutes et tous !
Sarom Rho est une organisatrice de l’Alliance des travailleurs migrants pour le changement. Lors de l’assemblée publique du 11 janvier 2022 organisée pour défendre les travailleurs en première ligne de la crise d’Omicron, Sarom Rho a expliqué en détail les problèmes auxquels ils sont confrontés, la justesse de leur cause et l’importance de leur revendication : Un statut pour toutes et tous !
Voici ce que Sarom Rho avait à dire :
Dans cette phase de la pandémie, nous assistons à un abandon total de la classe ouvrière par le gouvernement. Il y a ceux qui n’ont pas d’autre choix que d’aller travailler. D’autres sont incapables de trouver un emploi et n’ont pas accès aux prestations, surtout ceux qui n’ont pas de statut. Les travailleurs sont obligés de se faire vacciner pour travailler, alors que d’un autre côté il y a ceux qui veulent le vaccin mais ne peuvent pas l’obtenir. Les enseignants et les travailleurs du secteur de la santé sont opposés aux patients, aux parents et aux étudiants. Nous devons agir en solidarité les uns avec les autres au lieu de nous laisser monter les uns contre les autres.
Le système d’immigration fait partie de cela avec des droits fondés sur le statut de citoyenneté. Le statut d’immigration est utilisé pour créer des travailleurs avec moins de droits. Chaque année, 360 000 personnes obtiennent le statut d’immigrant ou de réfugié, ce qu’on appelle le statut de résident permanent au Canada. Ensuite, après avoir été ici pendant trois ans, elles peuvent demander la citoyenneté.
En même temps, chaque année, plus d’un million de personnes viennent au Canada avec un permis temporaire. Qui sont ces personnes ? Des milliers de travailleurs agricoles sont des migrants. Ils risquent cinq fois plus à risque de contracter la COVID que les autres travailleurs canadiens. Ils vivent dans des logements exigus, dorment littéralement les uns sur les autres sur des lits superposés. Dans ces conditions, il leur est impossible de se protéger contre la COVID. Si vous dénoncez votre patron, en tant que migrant, vous risquez de perdre votre emploi, de vous retrouver sans abri et même d’être expulsé.
La seule façon d’avoir des droits égaux est d’avoir un statut égal. L’égalité d’accès aux soins de santé passe par l’égalité de statut. Tout le monde doit avoir la possibilité d’être avec sa famille et cela signifie que tout le monde doit avoir un statut égal. Tout le monde doit pouvoir faire valoir ses droits au travail et cela passe par l’égalité de statut.
Une autre section est constituée par les travailleurs migrants qui s’occupent des enfants, des malades et des personnes âgées. L’an dernier, une travailleuse migrante sur trois auquel nous avons parlé a été licenciée et n’a pas pu trouver de travail. Dans le même temps, celles qui étaient employées se sont retrouvés à travailler des heures incroyablement longues, souvent sans pouvoir quitter la maison où elles étaient employées. En 2020, les travailleurs du secteur des soins ont demandé au gouvernement de modifier les lois afin d’être réunis avec leur famille plus rapidement. Cela fait des années qu’elles attendent des changements. Il y a 1,8 million de demandes d’immigration en retard.
Les étudiants internationaux, actuels et anciens, constituent une autre catégorie de travailleurs migrants. Près de 60 % d’entre eux travaillent actuellement, souvent dans des emplois mal rémunérés, en garnissant les rayons des magasins, en préparant et en livrant de la nourriture, en tant que travailleurs à la demande, qui sont mal classifiés comme tels et se voient refuser leurs droits en tant que travailleurs.
L’une de ces travailleuses de Brampton, membre du Najwan Support Network, poursuit courageusement son employeur en justice pour récupérer plus de 18 000 dollars de salaire qui lui ont été volés. Elle était payée 8 dollars de l’heure. Les employeurs savent qu’ils peuvent maltraiter et exploiter les étudiants internationaux, comme ils le font pour les ouvriers agricoles et les travailleurs du secteur de la santé , car eux aussi sont des migrants, avec un statut temporaire.
Les foyers de soins de longue durée (FSLD) disent être confrontés à une pénurie de personnel de l’ordre de 20 à 30 %. La fin de semaine dernière, nous avons organisé une réunion avec des travailleuses de FSLD, qui ont toutes la COVID ou dont les conjoints ont la COVID. Elles ont dit qu’elles n’avaient tout simplement pas d’autre choix que d’aller travailler. Pas une seule d’entre elles n’a accès à des prestations qui lui permettraient de rester à la maison lorsqu’elle est malade.
Quelle est notre tâche ? Elle est très évidente. Nous devons nous unir, refuser d’être dressés travailleur contre travailleur, exiger de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, des droits et des protections pour tous les travailleurs, quel que soit leur statut d’immigration.
Nous savons ce dont nous avons besoin : un salaire minimum de 20 dollars, 10 jours de congé de maladie payés en permanence, la fin de la classification erronée (en tant que travailleur à la demande), l’accès à la PCU (Prestation canadienne d’urgence) et aux lois sur les normes du travail. Nous avons besoin d’un statut complet et permanent pour tous les migrants et les personnes sans papiers. Nous avons besoin d’un système d’immigration à un seul niveau qui assure l’égalité des droits et la dignité de chacun d’entre nous.
Que vous soyez migrant ou non, nous avons un ennemi commun et partageons une lutte commune contre l’ordre du jour de privatisation et d’austérité, contre l’augmentation du caractère temporaire et précaire des travailleurs. La seule façon d’améliorer notre situation est de nous organiser et de construire des infrastructures pour que nous gagnions et que notre communauté reste organisée de façon permanente.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous, organiser et être organisé ? Si vous êtes sur un lieu de travail, commencez à vous réunir régulièrement avec vos collègues. Si votre lieu de travail n’est pas syndiqué, lancez une campagne de syndicalisation. Si vous êtes syndiqué, impliquez-vous. Si vous êtes étudiant, rencontrez les autres étudiants de votre établissement. Si vous êtes membre d’une organisation, quelle qu’elle soit – une organisation religieuse, une équipe sportive, n’importe quel groupe -, commencez à agir sur des sujets qui vous tiennent à coeur et joignez-vous à d’autres comme vous. Rejoignez la campagne Justice pour les travailleurs et si vous êtes un migrant, des organisations comme l’Alliance des travailleurs migrants pour le changement sont des lieux où vous pouvez vous joindre à d’autres personnes comme vous et mener une action collective.
C’est la seule façon d’aller de l’avant. Lorsque vous êtes dans une organisation avec d’autres personnes qui sont comme vous, vos camarades ne vous abandonneront pas. Le pouvoir des travailleurs est éternel et nous ne reculerons jamais.
(Forum ouvrier, affiché le 27 janvier 2022)